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Le malaise dans l'oeuvre de Ken Bugul: cas de "la folie et la mort " et "de l'autre côté du regard "

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par Kouessi Jacques Richard CODJO
Université d'Abomey- Calavi Bénin - Maà®trise ès- lettres modernes 2004
  

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b- « La Codiware » dans De l'autre côté du regard

Dans De l'autre côté du regard, la cruauté du milieu urbain est essentiellement manifestée dans la « Codiware » qui ne représente pas une ville mais une grande zone urbaine constituée de plusieurs villes, une mégalopole. Elle pourrait équivaloir aux dimensions d'un pays tout entier. Et à l'instar de toutes les zones urbaines, la « Codiware » exerce un attrait irrésistible sur ses victimes. C'est ainsi que Maguèye Ndiare, le frère de l'héroïne Marie, après ses études primaires, « fut reçu à un concours d'entrée dans une école militaire »14(*) qui se trouvait à « Ouagadougou, en Haute Volta, à l'époque »15(*). Quelques mois plus tard, deux Blancs viennent annoncer qu'après une grève, Maguèye Ndiare avait quitté l'école militaire avec un groupe d'élèves et qu'il serait en Codiware. La nouvelle de sa mort vient huit années plus tard. Il serait « mort à Boua-Kê en Codiware »16(*). Le lien homophonique qui existe entre la Codiware et la Côte d'ivoire et entre Boua-Kê et Bouaké où se trouve une école militaire panafricaine donne des indices sur le cadre dans lequel se déroule le récit. Ainsi, la Codiware qui exerçait une grande fascination sur les jeunes de l'école militaire, venait d'arracher la vie à l'un d'eux, dans des conditions qui ne seront élucidées que bien plus tard.

Quand le frère du défunt se rend dans ce pays pour retrouver les traces de Mbaye Maguèye, c'est avec un coeur plein d'appréhensions :

« Les gens de Codiware ne mangeaient-ils pas les êtres humains ? (...). Il paraît que dans ces pays on mange la chair humaine. Il paraît que dans ces pays des cadavres humains sont utilisés. Pour des sacrifices à des esprits »17(*).

La découverte que fait Moundaye, le frère du défunt, le conforte dans ses opinions. Il découvre que son frère est mort au moment où son entourage s'y attendait le moins. La voisine qui le renseigne n'hésite pas à lui faire savoir que son frère avait de curieuses fréquentations qui, après sa mort, n'ont pas tardé à vider sa chambre de tous les biens qui s'y trouvaient. Le corps de son frère a même disparu. C'est quand il arrive à la mosquée qu'il apprend ce pan de l'histoire de son frère :

« - Il y a quelque temps, des jeunes gens sont arrivés ici.

- Ces gens nous ne les avions jamais vus auparavant.

- Ils n'étaient pas d'ici.

- Ils venaient d'une autre région du pays.

- Ils étaient venus nous demander de faire une prière pour un mort.

- Nous avions demandé où était le mort.

- Ils avaient répondu que le mort n'était pas là.

- C'est un ami à nous qui est mort, avaient-ils dit.

- Nous voulons faire faire une prière pour lui, pour son âme.

- Sinon, nous ne serons pas en paix.

- Quelqu'un nous a conseillé de venir ici.

- Et où est le corps de votre ami ? leur avait-on demandé.

- Les jeunes gens nous avaient dit qu'ils ne savaient pas où il était.

- Ils ne savaient pas ce qui s'était passé ni où il avait été enterré.

- Leur ami mort venait souvent les déranger dans leur sommeil, en rêve.

- C'était pour cela qu'ils avaient consulté un devin.

- Ce dernier leur avait dit qu'ils devaient faire une prière pour lui ».18(*)

Ces jeunes gens avaient poursuivi leur histoire en racontant aux gens de la mosquée que leur ami les pourchassait dans la rue en leur demandant de lui retrouver son âme qu'on lui avait volée.

Moundaye est demeuré troublé par ces révélations. Ce qu'il en retient le plus, c'est que les gens de la Codiware méritaient bien leur réputation de mangeurs d'hommes et que ce pays représentait une véritable jungle.

Ces deux exemples de la « ville » et de la « Codiware » montrent le caractère infernal des villes dans La folie et la mort et De l'autre côté du regard. A cela viendra s'ajouter le temps comme pour renforcer le malaise qui s'en dégage.

* 14 KEN BUGUL, De l'autre côté du regard, Paris, Ed. Serpent à Plumes, 2002, p.147.

* 15 Idem, p.147

* 16 Idem, p.190.

* 17 Idem, p.195.

* 18 Idem, p.214.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius