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Le malaise dans l'oeuvre de Ken Bugul: cas de "la folie et la mort " et "de l'autre côté du regard "

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par Kouessi Jacques Richard CODJO
Université d'Abomey- Calavi Bénin - Maà®trise ès- lettres modernes 2004
  

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b- Le temps environnemental

Il renvoie aux changements atmosphériques et aux climats, liés à la variation des saisons. Dans La folie et la mort, la nuit joue un rôle capital dans l'assombrissement de l'histoire. Et le narrateur, un peu comme pour planter le décor de cette histoire complexe et triste, précise dès le début du roman :

« Il fait nuit. Une nuit terriblement noire »29(*). Ces tous premiers mots de l'ouvrage ne sont que le signe annonciateur de tout ce qui se passera dans la nuit. C'est dans cette nuit « étrangement noire »30(*) que Mom Dioum rend visite à son amie d'enfance Fatou Ngouye au village. Et c'est cette même nuit noire qui couvrira sa disparition : «  Mom Dioum disparut brutalement dans la nuit terriblement noire. (...) Fatou Ngouye voulut la suivre, mais y renonça car Mom Dioum s'était comme évaporée dans la nuit terriblement noire, comme happée, absorbée, par l'obscurité totale »31(*). Elle est partie se « tuer pour renaître »32(*). Elle était partie se faire tatouer les lèvres. Un tatouage très douloureux que d'ailleurs Mom Dioum ne subira pas jusqu'à son terme : « Le tatouage des lèvres était l'une des épreuves les plus dures que les femmes subissaient dans ces contrées. Cette épreuve était d'une douleur épouvantable »33(*). C'est aussi dans la nuit que Mom Dioum fera ses expériences avec l'homme « au chapeau en astrakan noir »34(*).

Après sa fuite du bateau sur lequel vivait cet homme, le fameux décret qui voulait qu'on tue les fous qui raisonnaient et ceux qui ne raisonnaient pas, fut pris. Le temps environnemental prend un autre aspect dans De l'autre côté du regard.

C'est la chaleur qui, dans De l'autre côté du regard semble inhiber toutes les initiatives pour laisser planer une grave impression de malaise. Une chaleur torride et constante qui enveloppe toute la ville de Hodar qui a vu naître Marie l'héroïne et dans laquelle s'est concentrée la plus grande partie de l'histoire. Cette chaleur moite entourait les activités des adultes et les jeux d'enfants : « Il faisait chaud et j'avais chaud »35(*). Cette insistance révèle l'intensité de la chaleur qui sévissait dans cette ville. La chaleur était également ressentie par les adultes :

« J'ai imaginé ma nièce Samanar allant acheter ce pagne. Par un après-midi chaud et ensoleillé. (...) Quelle chaleur devait-il faire ce jour-là ! Comment avait-elle pu supporter cette chaleur au ? Comment avait-elle fait pour arriver sous cette chaleur au marché ? »36(*)

C'est aussi cette chaleur qui verra la mère de Marie mourir : « Le jour de sa mort, ma mère s'était rendue chez Samanar, dans l'après-midi (...) Sous une chaleur torride à une heure où le soleil était haut dans le ciel ! »37(*). Non seulement la chaleur était omniprésente dans cette ville de Hodar, mais elle était également prémonitoire. A chaque fois qu'elle se faisait sentir avec acuité, un événement malheureux se produisait. Lorsque c'était au cours d'un jeu d'enfants, celui-ci s'achevait presque toujours par une bagarre. Avec Samanar, le pagne qu'elle a acheté ce jour où il faisait très chaud, a scellé la rupture définitive entre elle et sa tante Marie qui estimait qu'elle lui avait arraché l'affection de sa mère. Le caractère négatif de la chaleur s'étalera jusqu'à la fin de l'ouvrage où, pour que Marie puisse entrer en contact avec sa mère défunte, ce qui lui procurait une grande sensation de bien-être, il faut qu'il se mette à pleuvoir. L'apparition de la mère étant incompatible avec la chaleur.

Ainsi, le temps environnemental, caractérisé par la fraîcheur de la nuit et la chaleur du milieu du jour, contribue pour une grande part à la construction des intrigues dans les deux ouvrages. Cette participation du temps environnemental à l'intrigue renforce énormément le caractère général du malaise car les actions qui se sont produites au cours de ces moments ont été empreintes d'une grande tristesse et ont parfois été fatales pour leurs auteurs. Ces moments ont d'ailleurs abrité plusieurs scènes de violences.

* 29 La folie et la mort, p.11.

* 30 Idem, p.14.

* 31 Idem, p.29.

* 32 Idem, p.28.

* 33 Idem, p.39.

* 34 Idem, p.210.

* 35 De l'autre côté du regard, p.17.

* 36 Idem, p.50.

* 37 Idem, p.47.

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