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Le Front Farabundo Marti de Libération Nationale au Salvador: 1980- 2009

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par Kacou Elom Jean-Michel ADOBOE
Université de Lomé Togo - Maà®trise en histoire contemporaine 2010
  

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Chapitre 4 : LE FRONT FARABUNDO MARTå DE LIBERATION NATIONALE DANS LA LUTTE ARMEE AU SALVADOR

Les années 1980 à 1992 marquent le déroulement d'une nouvelle guerre au Salvador. Guerre « civile » pour les uns et guerre « révolutionnaire » pour d'autres ; mais ce qui est certain est que cette guerre va opposer les forces armées gouvernementales et le régime en place aux organisations révolutionnaires dont le Front Farabundo Martí de libération nationale. Ainsi, comment a participé donc ce front révolutionnaire à la lutte armée ?

Cette question nous amène à voir dans un premier temps la stratégie de guerre des combattants du FMLN, dans un deuxième temps les offensives armées, et dans un troisième temps les appuis étrangers reçus par la guérilla et le pouvoir en place.

1. Stratégie et moyens d'action de la guérilla

Le revirement de la stratégie politique des mouvements révolutionnaires (mouvements de masse, partis politiques de gauche et mouvements de guérilla) suite à la persistance des maux dont souffre le Salvador, a amené ces différentes organisations à rejoindre la ligne tracée par les mouvements armés. Il a s'agi de faire une guerre populaire prolongée pour aboutir à ses fins. C'est dans ce sillage que les mouvements armés et les différentes organisations révolutionnaires ayant appris des expériences ratées des guérillas des années 1960 en Amérique latine, vont se lancer dans une nouvelle stratégie révisée de la guerre de guérilla.

1.1. La guerre de guérilla

Face à un combat qui l'oppose à l'Etat qui est supposé se trouver dans une position de force, il était important pour les mouvements révolutionnaires engagés dans la « libération nationale » d'éviter tout affrontement direct qui lui conduirait et le condamnerait au suicide. Il fallait trouver une stratégie donc pour affaiblir l'Etat et l'armée gouvernementale, de tenter de déstabiliser l'adversaire dans un premier temps, pour acquérir l'avantage et remporter la victoire définitive par les moyens de la guerre classique ou de l'insurrection populaire. La « guerre de guérilla » tel que nous peint Che Guevara fut adoptée mais révisée eu égard les expériences fâcheuses des guérillas des années 1960 qui ont suivi ses directives. Qu'est que donc la guerre de guérilla ?

S'inscrivant dans la logique de lutte armée, les organisations révolutionnaires réunies au sein du FMLN, optèrent pour la guerre de guérilla qui fut une de leur stratégie de luttes. La guérilla est une guerre. Non conventionnelle, certes, mais tout de même une guerre opposant des bandes armées à une armée régulière, les premières évitant les confrontations directes avec la seconde en multipliant les coups de main et les opérations de harcèlement55(*). Abondant dans le même sens, voilà ce que nous en dit Gandolfi (1989 : 66-67): « La guérilla ou « petite guerre » est l'arme du faible contre le fort. C'est une technique qui permet à une petite troupe aux moyens limités de harceler l'armée régulière de l'ennemi par de rapides coups de main, de l'attaquer par surprise et de lui causer des pertes sans que l'attaquant en subisse de semblable. ».

La guerre de guérilla mène une guerre populaire dans un climat de violence à laquelle adhèrent toutes les couches pauvres et marginalisées de la société, lutte contre des régimes non démocratiques comme c'est le cas au Salvador et vise à contrôler le territoire et s'accaparer du pouvoir de l'Etat, en vue de la réalisation de leurs objectifs. Selon A. Gandolfi, la guerre de guérilla est un prélude à la guerre conventionnelle et à l'insurrection. Elle doit permettre le conditionnement de l'ennemi tant sur le plan matériel que psychologique afin de mobiliser toutes les forces nécessaires et d'établir un équilibre avec les forces adverses pour les affronter en combat régulier. Il est rare sinon plus qu'elle ne permet pas une victoire militaire décisive. Les expériences catastrophiques des mouvements de guérilla des années 1960 à travers l'échec de la théorie du « foquisme », de certains autres mouvements tels le sentier lumineux au Pérou etc., et même de l'échec sur le plan de la conquête militaire du FMLN au Salvador témoignent bien cet état de fait et conduisent à montrer que le succès d'une guerre de guérilla est possible que si certaines conditions sont réunies. Ces conditions, Alain Gandolfi les relève dans son ouvrage en analysant les actions des mouvements de libération nationale. Elle ne peut réussir que si trois conditions sont réunies : 1) un idéal politique, exprimant le projet d'une société meilleure, et conforté par une abnégation et un moral à toute épreuve chez les combattants; 2) le soutien inconditionnel de la population, la guérilla devant pouvoir évoluer en son sein « comme un poisson dans l'eau »56(*); 3) un espace géographique favorable, la guérilla rurale trouvant ses terrains de prédilection dans les forêts et les montagnes d'Amérique latine, d'Afrique ou d'Extrême-Orient, la guérilla urbaine rencontrant des conditions de déroulement plus difficiles s'apparentant au terrorisme (Gandolfi 1989 : 67).

Par ailleurs il est à noter qu'il arrive qu'on confonde les deux concepts à savoir guérilla et terrorisme. Surtout qu'aujourd'hui, il n'y a pas de moments où on ne parle pas d'actions « terroristes » par rapport aux différentes actions de violence enregistrées ça et là dans le monde. Cette situation a amené de nombreux chercheurs à se poser de nombreuses questions sur les actions qui relèvent de la guérilla et celles qui viennent du terrorisme; bref qu'est-ce qui distingue la guérilla du terrorisme?

Nous n'allons pas trop nous attarder dans un développement qui risque de nous éloigner de l'essentiel de notre thématique mais nous essayerons d'en dire quelques mots en vue de lever l'équivoque.

Comme la guérilla, le terrorisme est aussi un moyen de déstabilisation de l'adversaire mais les fins diffèrent. Le terrorisme utilise des moyens plus déconcertants, plus limités sans doute mais plus efficaces, en vue de résultats plus spectaculaires. De plus, pour paraphraser Luis Mercier-Vega, la guerre de guérilla c'est fondamentalement « deux pouvoirs se disputant le contrôle des populations.»57(*). Or le terroriste ne veut pas contrôler la population; il veut la « terroriser », et par elle terroriser les acteurs politiques centraux. On dira donc que la guerre de guérilla est une forme de mobilisation politique qui implique nécessairement une modification de la compétition politique (c'est-à-dire l'apparition d'une guerre interne), tandis que le terrorisme, par sa portée et par ses buts et objectifs, ne vise pas à infléchir la compétition proprement dite, mais tout au plus une ou des politique(s) d'un gouvernement donné. A l'opposé du guérillero, le terroriste oeuvre essentiellement dans la clandestinité. Il se déploie indépendamment des sympathies populaires : elles ne lui sont pas nécessaires, ni pour l'organisation de ses opérations ni pour produire ses effets, a fortiori quand les civils en sont les victimes.

Précisons par ailleurs qu'il existe un autre concept du terrorisme qui caractérise notamment certains régimes dictatoriaux en Amérique latine et dans d'autres régions du monde. Il s'agit du « terrorisme d'État ». On pourrait le définir approximativement comme une forme de gouverne étatique, dans laquelle le but prioritaire, voire l'obsession des acteurs centraux est le maintien de la sécurité de l'État, et l'objectif, la liquidation physique et systématique de l'opposition interne ou du moins son aile perçue comme « subversive ». Les principaux portefaix sont alors la police et autres forces paramilitaires (avec bases civile ou militaire), et les moyens sont ceux de la violence et de la terreur. Ce qui dans cette forme de gouverne s'apparente au terrorisme, c'est, d'une manière apparemment paradoxale, la « personnalisation de la répression » -- qui touchera tel chef syndical, tel leader étudiant, etc. --, et simultanément, l'indiscrimination avec laquelle on frappera dans les populations civiles58(*).

Mais la lutte violente à travers la guerre de guérilla n'est pas le seul moyen. Ainsi comme le souligne (Gandolfi 1989 : 65): « si la lutte violente et clandestine apparaît indispensable, rien n'exclut cependant l'utilisation d'autres moyens pacifiques, surtout quand ils sont susceptibles de conduire à une victoire plus sûre et à moindre frais ». Par rapport à cet état de fait d'autres moyens dont la négociation, furent engagées.

* 55 Information tirée de Régimbald P. (2004) : « Qu'est-ce qui distingue la guérilla du terrorisme ? » in www. Cvm.qc.ca/encephi/syllabus/Hist..., consulté le 1er mars 2010à 13h 27 min.

* 56 Précepte de Mao, selon lequel le révolutionnaire ou le guérillero doit s'immerger dans la population civile et y «être comme un poisson dans l'eau » : il y trouve les complicités et les sympathies nécessaires pour son ravitaillement, son financement tout en offrant une couverture pour déjouer les tentatives de répression de l'État. Information tirée de Régimbald P. (2004) : « Qu'est-ce qui distingue la guérilla du terrorisme ? » in www. Cvm.qc.ca/encephi/syllabus/Hist..., consulté le 1er mars 2010 à 13h 27 min.

* 57 Mercier-Vega L., Techniques du contre-État: les guérillas en Amérique du Sud, Paris, Belfond, 1968, p. 107 cité par Grenier Y., (s.d) : « Guérilla et terrorisme en Amérique latine » disponible sur http://id.erudit.org, consulté le 25 décembre 2009 à 19h 12 min.

* 58 Grenier Y., (s.d) : « Guérilla et terrorisme en Amérique latine » disponible sur http://id.erudit.org, consulté le 25 décembre 2009 à 19h 12 min.

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