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De la responsabilité de l'Etat congolais dans les crimes commis par les groupes armés étrangers: cas des FDLR (Force Démocratique pour la Libération du Rwanda )

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par Paulin KATSUVA KIBENDELWA
Université de Goma - Licencié en droit option droit public interne et international 2008
  

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§2. L'intervention rwandaise en RDC (1998)

En 1998, le Rwanda déploie des troupes dans l'Est de la République Démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre) afin d'assurer sa « sécurité » face aux extrémistes hutu qui s'y réfugient. Aux côtés du Rwanda, l'Ouganda et le Burundi soutiennent la rébellion du RCD/Goma (Rassemblement congolais pour la démocratie) contre le régime de Laurent-Désiré Kabila. Toutefois, l'Ouganda prend rapidement ses distances vis-à-vis de son allié rwandais et des affrontements sanglants opposent sporadiquement à Kisangani les corps expéditionnaires des deux pays, entraînant même des tensions sur leurs frontières communes (1999- 2000). Les autorités ougandaises négocient directement avec le président congolais Kabila un retrait qui se fait attendre, laissant le Rwanda, et en partie le Burundi, supporter seuls l'impopularité de l'occupation de cette région.

La mort de Laurent-Désiré Kabila en 2000, auquel succède son fils, Joseph Kabila, ainsi que l'arrivée au pouvoir de l'administration Bush aux ÉtatsUnis, plus critique que l'équipe Clinton à l'égard de Kigali, entraînent une évolution de la situation dans la région. Après la signature d'un accord de paix avec l'Ouganda en novembre 2001, le Rwanda signe un accord historique avec la RDC en juillet 2002 : les forces congolaises s'engagent à procéder au regroupement et au désarmement des miliciens extrémistes hutu, tandis que le Rwanda s'engage à retirer ses troupes. Au mois d'octobre suivant, le Rwanda affirme avoir rapatrié la totalité de son contingent.

§3. Statut des réfugiés

La Convention relative au statut des réfugiés a été Adoptée le 28 juillet 1951 par une conférence de plénipotentiaires sur le statut des réfugiés et des apatrides convoquée par l'Organisation des Nations Unies en application de la résolution 429 (V) de l'Assemblée générale en date du 14 décembre 1950. Elle est Entrée en vigueur : le 22 avril 1954, conformément aux dispositions de l'article 43.

A. Aux fins de cette Convention, le terme "réfugié" s'applique à toute personne :

Qui, par suite d'événements survenus avant le premier janvier 1951 et craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays; ou qui, si elle n'a pas de nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa résidence habituelle à la suite de tels événements, ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retourner.

Dans le cas d'une personne qui a plus d'une nationalité, l'expression "du pays dont elle a la nationalité" vise chacun des pays dont cette personne a la nationalité. Ne sera pas considérée comme privée de la protection du pays dont elle a la nationalité toute personne qui, sans raison valable fondée sur une crainte justifiée, ne s'est pas réclamée de la protection de l'un des pays dont elle a la nationalité.

B. 1) Aux fins de la présente Convention, les mots "événements survenus avant le premier janvier 1951" figurant à l'article 1, section A, pourront être compris dans le sens de soit a) "événements survenus avant le premier janvier 1951 en Europe", soit b) "événements survenus avant le premier janvier 1951 en Europe ou ailleurs"; et chaque Etat contractant fera, au moment de la signature, de la ratification ou de l'adhésion, une déclaration précisant la portée qu'il entend donner à cette expression au point de vue des obligations assumées par lui en vertu de la présente Convention.

C. Cette Convention cessera, dans les cas ci-après, d'être applicable à toute
personne visée par les dispositions de la section A ci-dessus :

Si elle est retournée volontairement s'établir dans le pays qu'elle a quitté ou
hors duquel elle est demeurée de crainte d'être persécutée; ou

Si, les circonstances à la suite desquelles elle a été reconnue comme réfugiée ayant cessé d'exister, elle ne peut plus continuer à refuser de se réclamer de la protection du pays dont elle a la nationalité ;

F. Les dispositions de cette Convention ne seront pas applicables aux personnes dont on aura des raisons sérieuses de penser :

a) Qu'elles ont commis un crime contre la paix, un crime de guerre ou un rime contre l'humanité, au sens des instruments internationaux élaborés pour prévoir des dispositions relatives à ces crimes ;

b) Qu'elles ont commis un crime grave de droit commun en dehors du pays d'accueil avant d'y être admises comme réfugiés ;

c) Qu'elles se sont rendues coupables d'agissements contraires aux buts et aux principes des Nations Unies.

Article 2. -- Obligations générales

Tout réfugié a, à l'égard du pays où il se trouve, des devoirs qui comportent notamment l'obligation de se conformer aux lois et règlements ainsi qu'aux mesures prises pour le maintien de l'ordre public.18

Conformément aux dispositions de ces statuts, en autorisant aux FDLR d'entrer librement dans La République démocratique du Congo avec leurs

18 Convention relative au statut des réfugiés, Adoptée le 28 juillet 1951 par une conférence de plénipotentiaires sur le statut des réfugiés et des apatrides convoquée par l'Organisation des Nations Unies en application de la résolution 429 (V) de l'Assemblée générale en date du 14 décembre 1950, Articles 1 et 2.

armes, a été pour les autorités de ce pays une faiblesse et un manquement grave au devoir lié à la protection de leurs citoyens. Ce fait de pénétrer comme réfugiés armés dans un pays voisin prédisposaient déjà ces fils du Rwanda à commettre des crimes. Cela n'a pas tardé, et conformément aux articles 1er et 2ème du statut ci haut cité, ils ont perdus de plein droit la qualité des réfugiés.

Par conséquent, la RDC devrait les considérer comme ennemis du pays et en tirés toutes les conséquences possibles relatives à la protection des sa population, de son territoires, de sa flore et faune ainsi que de ses frontières. Chose que jusqu'aujourd'hui nous considérons à notre humble avis qu'elle n'a jamais été faite.

Tel que nous venons de le constater, ceux qui étaient auparavant des réfugiés sont devenus au contraire, des criminels avérés contre les nationaux.

44 Section II : Les réfugiés devenus FDLR

Au lendemain du génocide rwandais de 1994, plus de deux millions de Hutu rwandais se réfugièrent dans les pays voisins, la majorité d'entre eux en RDC (Zaïre). La plupart des réfugiés étaient des civils ordinaires, menés par leurs anciens dirigeants, des fonctionnaires, une grande partie des Forces Armées Rwandaises (ex-Far) et un grand nombre des miliciens Interahamwe.

Immédiatement après la fermeture de la zone Turquoise en juin 2004, une initiative française avalisée par les Nations Unies, les fugitifs du régime de Habyarimana et du groupement politique qui a orchestré le génocide créèrent un gouvernement rwandais en exil dans les camps de réfugiés de l'Est de la RDC (Les dirigeants de ce gouvernement reconstitué étaient les mêmes que ceux qui avaient dirigé le Rwanda pendant le génocide (après que l'avion du président Habyarimana ait été abattu) : l'ancien président Théodore Sindikubwabo et l'ex-premier ministre Jean Kamanda. Le chef d'état-major des FAR, le Général Augustin Bizimungu a également gardé ses fonctions au sein des ex-FAR/Interahamwe reconstituées et tous les autres dirigeants militaires de la nouvelle armée reconstituée étaient aussi des officiers des anciens FAR). La majorité des réfugiés fortunés, dont beaucoup étaient personnellement accusés de génocide, continuèrent leur fuite vers des destinations telles que la France, la Belgique. Le Canada ou des pays africains francophones qui leur offraient la sécurité et un exil confortable.

Ce départ signalé de plusieurs génocidaires bien connus conduisit à un changement dans l'organisation politique des réfugiés en RDC. En mars 1995, un groupe de responsables militaires (et quelques dirigeants politiques dont un certain Nzavahimana était apparemment le plus important) créa le Rassemblement pour le Retour des Réfugiés Rwandais [RDR, Ce rassemblement était aussi connu sous le sigle de RDR (Retour Démocratique au Rwanda)]. L'objectif du RDR, outre le retour et la restauration d'un gouvernement à majorité Hutu au Rwanda, était de marquer une certaine distance entre les réfugiés restés dans les camps de réfugiés de la RDC et les organisateurs du génocide qui s'étaient enfui vers des pays tiers. D'après plusieurs anciens officiers des FDLR, le RDR était idéologiquement moins extrémiste que le gouvernement en exil.

Entre 1995 et 1996, le RDR lança des opérations militaires au Rwanda et essayèrent d'augmenter ses capacités militaires par des recrutements et des exercices d'entraînement dans les camps des réfugiés en RDC. Le RDR se procurait des armes et munitions auprès des soldats des Forces Armées Zaïroises (FAZ) d'alors, l`armée du Zaïre du temps du président Mobutu (Les ex-FAR avaient également traversé la frontière avec la quasi-totalité de leur arsenal militaire pendant leur fuite du Rwanda en 1994). Les opérations d'insurrection lancées contre le Rwanda de 1994 à 1996 étaient concentrées dans les provinces de Cyangugu, Kibuye, Ruhengeri et Gisenyi à l'Ouest du Rwanda. Au début, le RDR évita toute confrontation directe avec l'APR et privilégia des attaques qui perturbaient la vie quotidienne dans les quatre provinces frontalières de l'Ouest. A titre d'exemple ils posaient des mines sur des pistes rurales ou attaquaient des voyageurs sur la route Kigali-Gisenyi. En outre, ils recrutaient au Rwanda, en partie de force, en particulier dans les provinces de Ruhengeri et Gisenyi. L'on enregistrait aussi des cas de tueries ciblées, les victimes étant principalement des civils Tutsi.

La majorité des miliciens lnterahamwe et un grand nombre de jeunes hommes venant des camps de réfugiés et du Rwanda étaient recrutés et entraînés dans les camps de réfugiés protégés par les FAZ et gérés par le HCR et d'autres organismes humanitaires. La direction de cette nouvelle armée était principalement composée des officiers des ex-FAR, de la Gendarmerie et de la Garde présidentielle. Certaines informations indiquent que durant cette période les miliciens rwandais comptaient jusqu'à 70.000 hommes. Malgré leurs origines diverses, les miliciens étaient généralement appelés Interahamwe ou ex -FAR lnterahamwe.19

Après que l'Armé Patriotique Rwandaise (APR), avec l'appui de l'AFDL et d'autres alliés, ait attaqué et démantelé les camps de réfugiés à la mi1996, une partie de la milice contraignit des centaines de milliers de réfugiés à les suivre encore plus à l'intérieur du Zaïre. Certains de ces groupes composés de miliciens et de réfugiés se cachèrent dans les forêts des provinces du Kivu, tandis que d'autres continuèrent à pied jusque dans la partie occidentale du Zaïre, parfois jusqu'en Angola et en République du Congo. Pendant cette période, le

19 M. KALULAMBI, Transition et Conflits politiques au Congo-Kinshasa, éd. KARTHALA, Paris, 2001, p. 310.

commandement central de la milice s'effondra et chaque unité essaya de s'organiser individuellement. D'après certaines estimations, un million de réfugiés rwandais sont rentrés au Rwanda tandis qu'environ 200 000 ont fui vers l'intérieur du Zaïre et jusqu'à 30 000 combattants miliciens et ex-FAR ont été rapatriés au Rwanda.

Il apparaît que les plus modérés parmi les anciens militaires et réfugiés qui n'avaient pas été rapatriés sont restés à l'Est du Zaïre tandis que les plus extrémistes se sont retirés vers l'Ouest du Zaïre et au-delà. Un ancien combattant a expliqué que la différence entre ceux qui ont fui à l'autre bout du Zaïre et ceux qui sont restés dans les provinces du Kivu en 1996 était que les « fuyards » échappaient non seulement à l`APR mais aussi à la justice, tandis que ceux qui restaient au Kivu s'attelaient à réaliser leur objectif politique de renverser le gouvernement du Rwanda. La plupart de ceux qui ont fui vers l'Ouest ont rejoint des pays voisins du Zaïre, dont la République du Congo où plusieurs camps de réfugiés furent créés et un nombre considérable d'exilés rwandais ont combattu aux côtés du Président Sassou Nguesso contre les forces de Pascal Lissouba.

La coordination au sein des forces survivantes du RDR a été graduellement rétablie en 1997 et a conduit à la création, la même année, de l'Armée de Libération du Rwanda (ALIR) ainsi que son aile politique, le PALIR. La distance séparant les différentes unités a bientôt conduit à la division de facto de l'ALIR. Les groupes qui opéraient dans l'Est de la RDC sont devenus ALIR-I tandis que les forces de l'ALIR-ll opéraient à l'Ouest de la RDC, en République du Congo, en Angola et peut-être au Burundi et en Tanzanie.

Une antenne du groupe de l'Ouest créa les FDLR en mai 2000 dans la ville de Lubumbashi située au Sud de la RDC. Initialement, ses membres se limitaient aux Rwandais qui avaient combattu aux côtés du gouvernement de la RDC après 1998 lors de la seconde guerre du Congo. A l'Est de la RDC, les rebelles rwandais opposés au gouvernement du Rwanda ont continué sous la bannière de l'ALIR (ALIR-l) jusqu'au début de 2002. Au début, ils ne reconnaissaient pas le nouveau mouvement qui, de leur point de vue, n `était pas réellement un groupe d'intérêt rwandais, mais un mouvement suscité par le président de la RDC d'alors, Laurent Désiré Kabila. Ils ont changé de position quand le gouvernement des EtatsUnis ajouta l'ALIR à la liste des organisations terroristes en décembre 2001. Les

branches militaires et civiles des FDLR furent (partiellement) séparées en septembre 2003 au moment où fut créée la branche armée: les Forces Combattantes Abacunguzi (FOCA).

Les FDLR ont essayé de prendre leurs distances par rapport au génocide de 1994. Le site web du mouvement, ses pamphlets (Qu'on pouvait trouver à l'Est de la RDC dès 2002) et ses dirigeants déclarent que les FDLR sont un mouvement de « Rwandais opprimés et exclus » dont des (Tutsi) survivants du génocide rwandais. En outre, ils ont proclamé à maintes occasions qu'ils sont prêts à collaborer avec le TPIR. La tentative de créer un nouveau mouvement sans rapport avec le génocide était peut-être sincère pour certains de ses leaders et membres, mais elle s'est avérée impossible. Tout comme PALIR, les FDLR dépendent, jusqu'à ce jour, des individus personnellement impliqués dans la planification et l'exécution du génocide.

De plus, les suspects du génocide occupent de plus en plus de postes clés au sein des FDLR. Ceci s'explique par deux facteurs. En premier lieu, plusieurs membres modérés des FDLR sont rentrés au Rwanda au cours des dernières années, tandis que la plupart des déserteurs ont été remplacés par des cadres plus extrémistes. Deuxièmement, le manque de succès enregistré récemment tant sur le plan politique que militaire a conduit à un scepticisme grandissant parmi les troupes et les officiers des FDLR, ce qui a conduit à un retrait progressif des éléments modérés de la direction du mouvement. Paradoxalement, plus les FDLR sont affaiblis par la désertion des modérés, plus son leadership devient extrémiste.

La déclaration par les FDLR de leur disposition à collaborer avec la communauté internationale pour livrer les suspects du génocide à la justice manque de sincérité. Il n'existe pas d'exemples connus de collaboration entre le TPIR et la direction des FDLR. De plus, au cours de cette étude, nous avons reçu à plusieurs occasions des informations sur au moins deux suspects du génocide connus qui sont sur la liste des personnes « les plus recherchées » par le gouvernement des États- Unis et des « suspects en fuite » du TPIR et qui sont bien protégés par le mouvement à l'Est de la RDC.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo