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Problématique de la fondation épistémologique des sciences de la culture chez Ernst Cassirer

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par Marcellin Tibérius KALOMBO MBUYAMBA
Université catholique du Congo - Master  2011
  

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CHAP.III

Plaidoyer pour une épistémologie de la coopération

III.O. Introduction

Le deuxième chapitre nous a permis de jeter regard fondamental sur la principale thèse de notre étude qui est le fondement épistémologique des sciences de la culture. Les éléments tels que : la conceptualisation à travers le langage et la logique conceptuelle, le principe de subsumption, ont constitué le pivot autour duquel a tourné la problématique de la scientificité des sciences de la culture, en la comparant avec les sciences de la nature. Au regard des études menées dans les deux premiers chapitres, nous pensons que, les sciences sont appelées aujourd'hui à l'ère de l'interdisciplinarité, à se mettre ensemble dans une perspective unitaire.

C'est ainsi que la présente étude se propose de tenter une approche unitaire de sciences. Cette idée nous vient déjà de Cassirer qui veut promouvoir l'unitaire des sciences en proposant son épistémologie qui se veut unificatrice du savoir. C'est pourquoi, nous commencerons d'abord par donner une appréciation critique de la vision cassirérienne de la science qui nous donne les éléments afin de constituer notre théorie sur l'épistémologie de la coopération. Mais, quelques auteurs comme Taine, Rickert à travers leurs théories d'abord la fusion des sciences et ensuite les concepts axiologiques, nous donnent une perspective tant unitaire que diversifiée. Il y a aussi Granger et Akenda, qui nous proposent la vision unitaire des sciences d'abord dans l'analyse des concepts et ensuite par le réexamen des procédures méthodologiques, telles que l'explication, la vérification, la confirmation.

Eu égard à ce qui précède, les éléments qui constituent l'épistémologie de la coopération sont puisé à travers les points saillants des auteurs que nous avons évoqué. Il s'agit en outre du monde-de-la-vie(Lebenswelt) ou de l'expérience vécue (Erleben), de la conceptualisation et de l'opérationnalité. Une conclusion partielle bouclera la boucle.

III. 1. Le regard cassirerien de la science : critique et dépassement

La pensée d'Ernst Cassirer que nous avons analysé tout au long de notre étude, est d'une richesse, voire d'une actualité on ne peut indéniable. Sa contribution dans le débat de l'épistémologie contemporaine est également conçue dans une originalité indiscutable. C'est pourquoi, nous commencerons par donner ses points positifs. En effet, Cassirer conçoit la science comme étant une forme symbolique, et tente en même temps d'établir une épistémologie conçue comme une herméneutique de la connaissance.

En outre, son épistémologie est « radicalement novatrice qui établit un cadre d'interprétation capable d'embrasser toutes les formes de production culturelle(...) ».211(*)Tel est le programme de cette connaissance qui veut passer de la critique de la raison à la critique de la culture. Dans la stratification des formes symboliques, la science constitue chez Cassirer comme la dernière étape du développement intellectuel de l'homme, elle est « considérée comme la réalisation la plus haute et la plus haute caractéristique de la culture humaine. ».212(*)A cet effet, il renchérit qu'aucune force dans ce monde ne saura être comparée à la force de la science. Ainsi, la science est la représentation du sommet et de l'aboutissement de toutes les productions de la culture humaine.

De ce qui précède, la pensée scientifique constitue le socle de la stabilisation et de la consolidation de notre monde perceptif et des pensées. En un mot, la science cassirérienne est un processus d'interprétation. Dans ce processus, il s'agit de traduire nos observations du monde en des systèmes de «  symboliques bien ordonnés »213(*) afin de les rendre interprétables en termes de concepts scientifiques. Il s'ensuit que, la connaissance scientifique se distingue des autres modes de connaissance explicites et systématiques de la loi. Nous devons encore rappeler que tout au long de l'histoire, l'absolutisation des sciences de la nature n'a pas permis l'émergence des sciences de la culture. D'ailleurs, cette distinction des sciences nous provient de la dichotomie méthodologique constatée dans l'histoire des sciences. Ainsi, ces différentes méthodologiques dichotomiques ont entrainé les conflits des identités éthiques et celles-ci ont à leur tour favorisé « l'appauvrissement et un raccourcissement de la mission réelle de la philosophie appelé à porter un regard unificateur sur le réel au lieu de se perdre dans les régionalismes épistémologiques et moraux »214(*). Face à un tel danger, c'est Cassirer qui a eu le mérite d'avoir relevé cet appauvrissement en proposant une philosophie des formes symboliques qui a pour objet d'élucider la totalité de l'expérience humaine en examinant les diverses manifestations de cette expérience.215(*) Ainsi, Cassirer est très préoccupé d'élaborer une philosophie dont l'unité (Einheit)216(*) serait une des propriétés principales. Aussi, ce thème de l'unité va de pair avec celui de l'universalité. De là, dans le symbolique, les manifestations ne doivent pas être éparpillées. C'est ici qu'il faut comprendre son souci d'unifier les sciences de la culture et celle de la nature qui constituent l'objet principal de notre étude.

En plus, nous ne pouvons pas oublier que Cassirer a eu à lutter contre deux doctrines : d'une part, le monisme méthodologique des sciences de la nature, d'autre part, le dualisme épistémologique du néokantisme de l'école de Bade, dont Rickert est la principale figure de proue et que Windelband est le principal inspirateur. Ainsi, la conception cassirerienne de l'unité de la science se base sur une théorie du concept afin de résoudre le problème crucial de la scientificité des sciences de la culture en recourant en même temps à la fameuse problématique de l'unité et de la diversité du savoir ou encore de la continuité et de la discontinuité des sciences. Il s'ensuit que, Cassirer croit fonder l'unité et la diversité de l'avoir sur la nature et la fonction logique des concepts217(*), tout en dépassant à la fois les théories monistes et dualistes du savoir.

A cet effet, contre le monisme méthodologique des sciences de la nature avec le seul modèle physicaliste qui prétend à l'universalité en matière d'intelligibilité scientifique, Cassirer va « établir la légitimité épistémologique des procédés logiques spécifiques des sciences de la culture »218(*) et contre le dualisme épistémologique du néokantisme de l'école de Bade et celui de Dilthey, Cassirer « fonde l'indéfectible unité de la science sur le travail du concept dont l'essence et la fonction sont toujours et partout les mêmes. ».219(*)C'est ainsi que l'épistémologie actuelle qui est marquée par le trait du positivisme et l'indifférence mutuelle des sciences, doit se tourner vers une telle pensée afin de constituer notre projet, celui de fonder le dialogue entre les différentes sciences à travers le processus de l'interdisciplinarité.

Par ailleurs, l'analyse cassirérienne de l'unité de la science, laisse couler beaucoup d'encre. C'est ainsi nous décortiquons quelques limites de sa conception, dans la mesure où il ne spécifie pas toujours ces notions surtout celle de la fonction logique du concept comme fondement de l'unité du savoir. Mais, cette analyse conceptuelle chez Cassirer permet de fonder l'unité de la science et non leur diversité. De l'avis d'Akenda, dans quelle mesure peut-on fonder l'unité et la diversité des sciences sur la structure logique du concept sans arriver à un cercle vicieux ? Dans ce sens, le recours à la nature logique du concept ne suffit pas pour fonder la scientificité des sciences de la culture au moyen de l'unité et de la diversité à établir le savoir. Ce critère fonde l'unité et non la diversité. D'où, il faut un réexamen des procédures méthodologiques pour relever à la fois la continuité et la discontinuité entre les sciences et fonder dans cette même perspective, la scientificité des sciences de la culture.

En plus, nous comprenons que le souci majeur de Cassirer est de fonder une science de la culture autonome sans se calquer sur le modèle des sciences de la nature. Une très bonne démarche mais difficile à atteindre les objectifs, car les enjeux sont de taille. La prédominance des sciences de la nature sur celles de la culture, est l'oeuvre du destin. D'ailleurs, à la création selon les perspectives bibliques, la nature a existé avant l'homme ce qui fait que nous ne pouvons pas comprendre l'homme avant de comprendre les enjeux de son environnement physique. Raison pour laquelle, les sciences de la nature ont évolué beaucoup par rapport aux sciences de l'homme.

En sus, la structure interne des sciences de la nature évolue avec les nouvelles approches, les méthodes et les paradigmes. Alors, peut-on évoquer le terme paradigme en science de l'homme ? Encore, cette science évolue-t-elle par essais ou par erreurs ? Voilà mille et une questions qui nous préoccupent à notre tour. Il faut encore savoir que les recherches dans les sciences de la culture posent problème du point de vue validité dans la mesure où le critère de scientificité pour ces sciences n'est pas encore clair jusqu'à nos jours. Chaque auteur propose un critère qui ne tient pas toujours car il s'agit des faits humais dont on veut appliquer les mêmes procédures que les sciences de la nature. En plus, une théorie en sciences de la culture peut se muer en une idéologie et qui peut freiner l'élan de la recherche. Aussi, beaucoup de réalités rencontrées dans ces sciences se présentent en court-circuit et ne permettent pas aux chercheurs d'avancer parce qu'il s'agit des réalités qui relèvent de notre propre expérience ordinaire de la vie. Alors, comment transmuer ces expériences ordinaires à un degré élevé de scientificité ? Nous reprochons également aux chercheurs qui s'adonnent à l'épistémologie des sciences humaines, de passer sous un silence coupable leurs échecs et de penser expliquer après coup ce qu'ils auraient pu être leurs prévisions220(*).

Il appert de ce qui précède, qu'un obstacle épistémologique se présente devant nous et nous demande de changer de direction. Comment changer la direction dans la mesure où toute science doit avoir son objet, sa méthode et son but propre ?  Ainsi, le changement de direction que nous évoquons ici n'à rien à voir avec le changement des enjeux méthodologiques ou spécifiques des sciences. Il s'agit en outre de considérer chaque science comme telle qu'elle soit de la nature de la culture, et chercher les mécanismes qui aboutissent au dialogue, à l'ouverture vers les autres domaines de la connaissance. C'est l'oeuvre de l'épistémologie de la coopération qui consiste à étudier ce rapport entre sciences que nous développerons lors de nos études ultérieures.

Certes, notre auteur Ernst Cassirer avait déjà cette vision unificatrice susceptible d'amener les sciences au dialogue interdisciplinaire. Déjà dans les formes de productions culturelles, le langage, l'art, la religion, le mythe, la science, ... Cassirer pense que ces formes spirituelles présentent une certaine unité au niveau de l'esprit. Cette unité est fonctionnelle. A partir de ces formes de vie spirituelle, nous pouvons ressortir l'idée de l'ouverture à d'autres formes d'esprit. Ainsi, Cassirer reste le fils de son époque, et philosophe de son temps. Il ne pouvait que philosopher par rapport aux réalités de son époque. C'est à nous des continuateurs d'élargir et de dépasser sa pensée, de l'adapter par rapport aux réalités de notre temps. Quoi qu'il en soit, Cassirer demeure une figure de proue, sa philosophie est d'une pertinence extraordinaire. Il est globus intellectualis221(*), il est épistémologue de la troisième voie,222(*)sa pensée est encore d'actualité dans l'épistémologie contemporaine. Cependant, en vue de constituer notre théorie sur l'épistémologie de la coopération, nous ne servons nous pas seulement de Cassirer, mais quelques auteurs ont comme lui pensé à l'idée l'unité des sciences bien que leurs pensées ne soient pas parfois bien explicitées.

* 211 C. SCHMITZ., Science et symbole : un regard cassirérien, dans Cassirer 1945-1995,

Sciences et cultures S.dir. De Nathalie Janz, Etudes de lettres, Revue de la

faculté des lettres de l'université de Lausanne, 1997, p.63

* 212 E. CASSIRER., Essai sur l'homme, p.289

* 213 S-G-LOFTS., La vie de l'esprit, p.103

* 214 J-C AKENDA., Epistémologie structuraliste et comparée, p.25

* 215 J-C AKENDA., O.C., p.25

* 216 NATHALIE JANZ., Globus symbolicus. Ernst Cassirer un épistémologue de la troisième

voie ? p.345

* 217 E. CASSIRER., Logique des sciences de la culture, p.37

* 218 E. CASSIRER., O.C., p.37

* 219 E. CASSIRER., O.C., p.38

* 220 J-C AKENDA., O.C., p.303

* 221 Ernst Cassirer comme épistémologue, historien des sciences, philosophe de la culture et

fondateur de la philosophie des fromes symboliques.

* 222 NATHALIE JANZ., Globus intellectualis. O.C., p.372 : la pensée de Cassirer me semble

donc correspondre davantage à une épistémologie de la troisième

voie, car il ouvre une piste médiane entre une analyse de la

perception de type empiriste ou sensualiste et une analyse rationaliste

ou intellectualiste.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore