b. Cicéron
Plus tardif mais non moins important, le second
témoignage qui nous semble important de mentionner n'est autre que celui
de Cicéron. L'auteur latin avait séjourné quelque temps
dans la cité d'Athènes à compter de l'année 45
avant notre ère, à une époque par conséquent bien
antérieure à la formation des cercles néo-platoniciens et
à la fin du paganisme agonisant. Le fait est qu'on ne peut donc le
soupçonner d'avoir voulu réinscrire artificiellement la doctrine
de Platon dans une tradition qui n'était pas la sienne. Nous savons par
les historiens que Cicéron a ainsi fréquenté
l'Académie de Platon à l'occasion de son séjour et qu'il a
pu sur place avoir accès à d'excellentes sources. Or l'auteur
également, que ce soit dans son De Republica 186
composé en 54-51, dans le De Finibus 187 ou dans les
Tusculanes 188, tous deux datés de - 45, relate un
voyage de Platon en Égypte. Nous verrions mal Cicéron,
réputé probe dans ses écrits, se livrer sans scrupules
à des fabulations qui l'auraient vite discrédité. La
supercherie n'aurait pas mis longtemps à être découverte
par quelque membre de l'Académie. H. von den Steinen189
insiste en ce sens sur la fiabilité et la valeur historique toute
singulière d'une documentation difficilement falsifiable à une
époque où le souvenir de Platon était encore bien vivant
à l'Académie. Les auteurs postérieurs ne s'y sont pas
trompés qui n'ont cessé de se transmettre comme parole
d'Évangile les notices de l'auteur.
Qu'il s'agisse d'Hermodore ou de Cicéron, il ne peut
plus dès lors être question, quant à l'authenticité
d'un voyage Platon en Égypte, d'une affabulation tardive de philosophes
par trop pressés d'inscrire leur propre doctrine et leurs
spéculations sous le vernis d'autorité d'une tradition remontant
aux sagesses orientales. Ce sont des documents contemporains ou proches de
Platon ; bien mieux, des témoignages de première main produits
par ses disciples qui ont fondé la solide tradition de son
186 Cicéron, De Republica. De la République,
L. I, 10, 16.
187 Cicéron, De fznibus bonorum et malorum.
Sur la fin des bonnes et mauvaises choses, L. V, 29, 87.
188 Cicéron, Tusculanæ Disputationes.
Débats tenus à Tusculum, L. IV, 19, 44.
189 H. von den Steinen, « Plato in Egypt », dans
Bulletin of Faculty of Arts, Fouad I University, vol. XIII, Le Caire,
mai 1951, p. 109.
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voyage d'Égypte. Une tradition que n'ont eu qu'à
reprendre les auteurs postérieurs, quelles qu'aient été
leurs intentions.
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