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Analyse sociopolitique de la crise de l'enseignement supérieur au Burkina Faso: Cas de l'université de Ouagadougou

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par SIDI BARRY
Université de Ouagadougou (UO) - DEA Droit Public: Option: Science Politique 2011
  

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CHAPITRE 2 : EVOLUTION DU MOUVEMENT ÉTUDIANT ET ENSEIGNANT BURKINABÉ

SECTION 1 : EVOLUTION DU MOUVEMENT ÉTUDIANT BURKINABÉ

Né dans le contexte général de la lutte pour l'indépendance et l'émancipation des peuples d'Afrique, le mouvement étudiant Burkinabé s'est doté très rapidement d'une ligne politique et idéologique qui lui permit de jouer un rôle majeur dans l'histoire politique du pays. En effet, après le « repli tactique » du RDA qualifié de trahison et d'abandon de la lutte, les étudiants prirent la relève de la lutte anticoloniale à travers la création de la Fédération des Etudiants d' Afrique Noire en France (FEANF).

L'Association des Etudiants Voltaïques de France (AEVF) fut créée en 1950 en tant que section de la FEANF et six années après, c'est-à-dire en 1956 à Dakar, c'est l'Association des Stagiaires Voltaïques (ASV) qui vit le jour et devint une section de l'Union Générale des Etudiants d'Afrique de l'Ouest (UGEAO) créée la même année. Ces deux associations voltaïques ont pris une part active dans la lutte anticoloniale aux côtés de la FEANF jusqu'à la création de l'Union Générale des Etudiants voltaïques (UGEV) le 27 juillet 1960. L'UGEV a occupé pendant plusieurs décennies la scène syndicale et son histoire s'est toujours confondue à celle du syndicalisme étudiant burkinabè dont elle a été la principale animatrice.

Depuis sa naissance, elle a toujours prôné un syndicalisme révolutionnaire, avec d'un côté la défense des intérêts matériels et moraux des étudiants et de l'autre, la lutte aux côtés des peuples pour leur émancipation, d'où son opposition traditionnelle aux pouvoirs dits « néocoloniaux ». Son discours politique et idéologique a été marqué par le marxisme-léninisme sous ses différentes variantes, à savoir pro-soviétique, pro-chinois puis pro-albanais jusqu'à la chute du mur de Berlin en 1989.

A travers une analyse de l'évolution du mouvement étudiant Burkinabé, nous nous intéresserons aux périodes décisives qui ont marqué son évolution. Il s'agit de 1960 à 1971, de 1971 à 1983 et de 1983 à nos jours.

PARAGRAPHE 1 : DE 1960 À 1971

Aux côtés de la FEANF, le mouvement étudiant Burkinabé mène une campagne pour le «non » au Référendum de 1958 et demande immédiatement et sans condition l'indépendance des pays africains. C'est dans ce contexte que le pays accède à l'indépendance le 5 août 1960.

Mais à partir de 1960, l'UGEV qui refuse de s'enfermer dans une orientation corporatiste est traversée par des crises multiples et des dissensions internes. Ces crises portent essentiellement sur la ligne idéologique, la nature, l'orientation et le rôle du mouvement étudiant. Notons aussi que ces contradictions internes et luttes de lignes avaient pour origine réelle les luttes hégémoniques que se livraient les partis politiques pour le contrôle de l'UGEV qui évoluait dans un contexte de sollicitations idéologiques et politiques intenses.

La première république se radicalise très tôt en proclamant le parti unique et en supprimant les libertés syndicales et politiques. Cette situation contraint l'UGEV et plusieurs forces politiques (MLN, PRA, PAI, GAP) et syndicales à entrer dans la clandestinité. C'est dans ce climat social et politique délétère qu'intervient le soulèvement populaire du 3 janvier 1966 qui voit la chute de la première République. L'UGEV a pris une part active dans ces évènements à travers sa section locale (l'AEVO) car selon les témoignages des acteurs de ce soulèvement, les premiers mouvements seraient partis du lycée Philippe Zinda Kaboré, puis du cours normal des jeunes filles.

Cependant, l'unité politique et idéologique qui prévaut au sein de l'UGEV vole en éclat suite aux multiples analyses et interprétations des évènements du 3 janvier 1966. En effet, pendant que l'aile proche du MNL, soutient que le soulèvement populaire est une révolution, l'aile dissidente voit plutôt dans ce soulèvement l'instauration d'un « pouvoir pro-impérialiste » qu'il faut vite balayer et préparer l'avènement d'une vraie révolution. Cette situation s'explique en ce sens que de 1960 à 1966, « la seule base d'unité politique au sein de l'UGEV fut l'opposition au gouvernement Yaméogo »26(*)

Ainsi, la ligne dominante au sein de l'UGEV et inspirée par le MNL est taxée désormais de « courant réformiste » du fait de sa participation au gouvernement du nouveau régime.

Notons que le mouvement étudiant a toujours été traversé par plusieurs courants politiques et idéologiques et tout changement dans la société entraine nécessairement des interprétations et analyses diverses en son sein. Cela a toujours débouché sur des crises qui ont pour conséquence une grande démobilisation et le désarroi au sein de L'UGEV.

Ainsi, la ligne «réformiste» proche du MLN est battue en brèche au cinquième congrès de l'UGEV en Août 1971 qui dégage une « ligne anti-impérialiste » proche de la pensée maoïste.

Le Vè congrès marqué par le renversement de la majorité au profit du PAI, adopte le mot d'ordre d'intégration aux masses en ces termes : «L'objectif fondamental de notre lutte étant la libération totale des masses de toutes les formes d'exploitation, les militants de l'UGEV doivent s'intégrer aux masses ouvrières et paysannes, pour s'éduquer auprès d'elles, s'instruire de leurs problèmes et de leurs aspirations profondes. Pour les éduquer et élever leur conscience politique. Les aider à dégager en leur sein des organisations d'avant garde...».

Cet important mot d'ordre qui fixe la ligne idéologique et la direction de la lutte fera désormais du mouvement étudiant l'avant-garde pratique, le guide des luttes sociales. Pendant ce congrès, « on procède à l'analyse des couches et classes sociales composant la société voltaïque, en identifiant des catégories sociales qui pourraient constituer le `'camp de la révolution'' et celles qui relèvent du `'camp de la réaction''. Ainsi sont potentiellement révolutionnaires la classe ouvrière, la paysannerie, la petite bourgeoisie, les intellectuels patriotes. Par contre, la bourgeoisie politico-bureaucratique, la bourgeoisie compradore et les vestiges de forces `'féodales'' constituent la base sociale de l'impérialisme français ou le `'camp de la réaction''»27(*).

* 26 Document du IXè congrès de l'UGEV, p 47.

* 27 HAMIDOU Diallo, le rôle du mouvement étudiant dans l'évolution politique du Burkina Faso 1960-1983 ; in D'ALMEIDA-TOPOR, COQUERY VIDROVITCH ; Les jeunes en Afrique : La politique et la ville, tome2, l'Harmattan, 1992 ; p315.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo