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Mourir au Burundi: gestion de la mort et pratiques d'enterrement (de la période pré- coloniale à  nos jours )

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par Emmanuel NIBIZI
Université du Burundi - Licence en histoire 2005
  

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II. 4. Un secteur abandonné

II. 4. 1. La situation en Mairie de Bujumbura

Selon une enquête effectuée auprès de la population municipale, les familles rencontrent beaucoup de problèmes quand elles vont enterrer les leurs. Ces difficultés sont en grande partie liées à la distance entre les sites funéraires et les habitations. On est souvent plus d'une dizaine de kilomètres.

Les morts de la Mairie sont principalement inhumés soit à Mpanda soit à Kanyosha. Avec l'avènement de la crise de 1993, il est né d'autres types de cimetières.

- Cimetières créés anarchiquement par la population indigente, incapable d'arriver au lieu habituel d'enterrement : à ce titre, on peut noter le cimetière de Kamenge. Celui-ci a été mis en place par un père blanc connu sous le nom de « Buyengero »,

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qui voulait que les indigents qui se faisaient soigner dans son hôpital puissent, en cas de décès, y être enterrés sans problèmes.

- Cimetières « inconnus » créés à la suite de la crise de 1993 et localisés dans des zones d'affrontement rebelles. Ainsi, par exemple, à Bujumbura rural, au mois de février 2006, une visite de la Radio publique africaine a découvert des cimetières105 créés par des rebelles ou des groupes armés opérant dans la province. Précisons que des familles dont un membre est enlevé, recourent à ces lieux pour voir s'il n'y a pas une tombe récente qui pourrait contenir le disparu.

Ainsi, parmi ces cimetières, on peut en citer trois:

- le cimetière de Bisekuro sur la colline Sororezo où 19 tombes ont été identifiées,

- le cimetière de Muha sur la colline Rweza où 20 tombes ont été repérées,

- le cimetière de Bugazi, à un lieu communément appelé "projet", sur la colline

Muhanamboga, au-dessus du campus Kiriri.

Signalons que ces cimetières ne sont pas les seuls qui existent, il y a d'autres endroits sur le territoire national qui abritent les corps humains et dont l'identification s'avère nécessaire pour que les proches des disparus puissent les enterrer avec dignité.

II. 4. 2. Cimetière de Mpanda

Ce cimetière se situe à environ vingt kilomètres de la capitale Bujumbura, en commune Gihanga ( Bubanza), de part et d'autre de la route nationale Bujumbura-Cibitoke. La partie qui se trouve à droite de la route est pleine, ce qui fait que l'enterrement ait lieu dans la partie gauche, à l'ouest de la route macadamisée, vers la rivière Rusizi. A l'Est, on a la rivière Kajeke . Notons qu'au sud du cimetière, on a la rivière du même nom, Mpanda. Ce site funéraire a d'abord servi d'enterrement pour les habitants de la zone Buringa ou des environs. Ce n'est qu'à la suite de la crise d'octobre 1993 que, d'autres personnes en provenance de la ville de Bujumbura sont venues inhumer là. Il s'agit d'une des conséquences de la "balkanisation" de la ville, en zones hutu et en zones tutsi. Ce phénomène a également affecté les cimetières qui ont été tribalisés à l'occasion de la guerre civile. Le cimetière est ouvert généralement à neuf heures et il ferme vers quatorze heures, à cause de l'insécurité.

105. Enquête réalisée auprès de Sindayigaya Merveille, journaliste de la RPA, Bujumbura, août 2005.

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En effet, comme toute ville est habitée par des riches (haut standing) et par des pauvres, Mpanda n'échappe pas à cette triste réalité. Il y a deux parties observables:

L'une construite à l'image d'un bidonville est rarement entretenue. On a peur d'y entrer car des herbes y sont abondantes comme à la forêt. Il n y a pas de constructions et mêmes les rares qu'on peut y localiser sont envahies par la végétation. Les tombes sont construites en terre, comme les maisons que les défunts occupaient de leur vivant. Il n' y a ni pierres sépulcrales ni croix ou autres signes funéraires sur les tombes, excepté celles qui sont fraîches où une croix modeste en bois résiste encore au temps et aux termites. C'est un domaine des pauvres. Ceux -ci ne se préoccupent pas de son entretien faute de moyens. Cette catégorie de population ne recourt pas aux services des pompes funèbres. Ils préparent les places et construisent eux-mêmes des tombes en terre, sans ciment. C'est un lieu où des inhumations ne respectent pratiquement aucune réglementation. Selon une enquête effectuée auprès de la population résidant aux environs dudit site, certaines personnes démunies y enterrent les leurs sans permis d'inhumation, sur d'autres tombes et en dehors du temps réglementaire. La raison principale est que l'on n'a pas des frais pour s'acheter une place, des habits et de cercueil. D'où, ils préfèrent enterrer clandestinement.

La deuxième constitue un domaine réservé aux riches. Les places sont bien aménagées et les fossés creusés à l'avance. Les tombes sont en matériaux durables et elles sont clôturées à l'image des parcelles des quartiers Rohero ou Mutanga. On rivalise dans l'invention des modèles architecturaux comme si la mort offrait l'occasion d'étaler la richesse du défunt ou celle de sa famille. Des maçons sont engagés sur une période d'une semaine pour peaufiner la nouvelle demeure du défunt.

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