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Le principe de la responsabilité de protéger : une issue pour la protection des populations civiles. Cas de la république démocratique du Congo

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par Patience KATUNDA AGANDGI
Université de Kinshasa RDC - Licence en droit international 2010
  

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Section 2. ECHEC DES OPERATIONS GOUVERNEMENTALES ET DE LA MONUSCO

Les opérations menées par l'armée gouvernementale seule, ou en collaboration avec d'autres armées étrangères (rwandaise et ougandaise), ou encore avec la MONUSCO se sont avérées infructueuses et n'ont pas pu anéantir les FDLR, les LRA ainsi que d'autres groupes armés qui pullulent dans l'Est de la République Démocratique du Congo (§.1), suite à la déficience des FARDC et à l'impuissance de la MONUSCO (§.2).

§.1. Fiasco des opérations tendant à anéantir les forces négatives en matière de protection des populations civiles

A. L'opération Umoja wetu

L'opération Umoja wetu (notre unité), dite opération conjointe (armées congolaise et rwandaise), lancée le 20 janvier 2010 a donné des résultats mitigés. Si sur le plan politique, l'opération Umoja wetu a apporté certains gains, il n'en est pas le cas sur le plan du désarmement des FDLR et du coût ou des conséquences sur la population civile.

Sur le plan politique, l'opération Umoja wetu a permis aux présidents rwandais et congolais, de tirer chacun son épingle du jeu. Le président congolais Joseph Kabila, a pu obtenir la déchéance de Laurent Nkunda qui semait la terreur dans le Kivu et était devenu l'ennemi du pouvoir de Kinshasa. Umoja wetu a aussi permis a Joseph Kabila d'évincer Vital Kamerhe, ancien président de l'assemblée nationale qui s'était vigoureusement opposé à cette opération conjointe. Kabila a ainsi écarté un possible prétendant au poste de chef de l'Etat et potentiel adversaire en 2011.

Le président rwandais Paul Kagamé, a quant à lui renforcé sa crédibilité internationale précédemment entamée par les révélations de soutien de son pays au CNDP. Il a tenu son engagement quant à la date de retrait des troupes rwandaises du sol congolais, a isolé les FDLR, et a réussit à sécuriser pendant quelques semaines la partie du Nord-Kivu la plus proche de sa frontière et à préparer un espace favorable au retour d'une partie de 55 000 réfugiés tutsi congolais vivant au Rwanda. Notons aussi les sanctions individuelles imposées par la communauté internationale à cinq hauts responsables politiques et militaires du CNDP dont Callixte Mbarushimana et le général Sylvestre Mudacumura, moins de dix jours après la fin de l'opération conjointe305(*).

Mais ces gains politiques ne sont pas traduits par un affaiblissement permanent des FDLR au Kivu. Les FDLR ont survécu à cette offensive militaire, se sont réorganisés dans la région, et ont entrepris des campagnes de représailles tout en recrutant de nouveaux combattants dans les villages et camps de réfugiés. Déjà en fin février 2009, le haut commandement des FDLR organisa des célébrations à Bunyakiri et à Hombo au Sud-Kivu pour fêter le retour des RDF et la victoire des FDLR306(*).

Le nombre de combattants rebelles tués, blessés ou capturés, donné par les officiels congolais et rwandais est fort contesté par les officiers de la MONUSCO. Sur les 512 combattants rapatriés au Rwanda par la section DDRRR de la MONUSCO, plus d'une centaine étaient des membres rwandais du CNDP refusant l'intégration. Et la surveillance exercée par la hiérarchie du groupe sur ses soldats, qui avait été temporairement affaiblie pendant la première moitié de février 2010 a été rapidement rétablie par les officiers du groupe rebelle qui se sont adaptés à la méthode de progression de coalition pour reprendre le contrôle de leurs hommes et réduire les défections307(*). Tout cela prouve que les résultats de l'opération étaient en réalité plus modestes que ceux fournis par les officiels.

Quant à la population civile, elle a encore été la première a payé le prix de l'opération conjointe. Pour se faire une idée de la catastrophe humanitaire et des violations massives des droits de l'homme commises par les FDLR, il scruter les rapports des humanitaires sur terrain. Du 1er janvier au 20 février 2009, le bureau de coordination des affaires humanitaires des nations unies (OCHA) comptait près de 30 000 nouveaux déplacés au Kivu suite à l'opération conjointe et aux vengeances exercées par les FDLR. Le 6 mars 2009, UNHCR faisait publiquement part de sa préoccupation devant la dégradation de la sécurité au Nord-Kivu depuis le départ des RDF et le déploiement généralisé de nouvelles brigades intégrées des FARDC. Le 18 mars 2009, la société civile du territoire de Lubero lançait un cri d'alarme face à la montée de la violence et des actions de représailles commises par les FDLR308(*).

Selon le rapport publié par OCHA le 19 mai 2009, au moins douze attaques de grande envergure des FDLR contre la population avaient été enregistrées entre le mois de mars et la mi-mai au Sud Kivu et dans le territoire adjacent de Walikale au Nord Kivu. L'attaque la plus meurtrière s'était déroulée à Busurungi, 40 kilomètres au nord-ouest de Hombo dans le Walikale. Durant la nuit du 10 au 11 mai 2009, 77 personnes avaient été tuées à coup de machette, de hache et de couteaux ou brûlées vives. 700 maisons avaient été incendiées. Dans la province du Sud Kivu, OCHA relevait que 1,128 maisons avaient été incendiées par les FDLR depuis la mi-mars, principalement dans les villages de Chimiro, Chiriba et Kareho309(*).

Le rapport complétait cette liste en indiquant que ces combattants des FDLR, mais également des soldats FARDC, avaient commis de nombreux viols et s'étaient livrés à des actes d'extorsion et de pillage. Durant les trois premiers mois de 2009, la Coordination provinciale pour la lutte contre la violence sexuelle avaient enregistré 463 cas de viol dans une grande partie du Sud Kivu, soit déjà la moitié du nombre établit pour toute l'année 2008 dans la même province. Selon OCHA, la situation concernant les violences sexuelles avait empiré avec le déploiement des nouvelles unités intégrées FARDC se préparant à continuer les actions anti-FDLR après le départ des RDF310(*).

L'on comprend sans passer par le dos de la cuillère que la chaine de commandement des FDLR est toujours intacte et la capacité de nuisance du mouvement reste extrême ; ce qui traduit l'échec de l'opération Umoja Wetu chère à Kabila et Kagamé.

* 305 Rapport Afrique de Crisis Group n° 151, Congo : une stratégie globale pour désarmer les FDLR, 9 juillet 2009, p. 10.

* 306 Idem, p. 11.

* 307 Rapport Afrique de Crisis Group n° 151, Congo : une stratégie globale pour désarmer les FDLR, 9 juillet 2009, p. 11.

* 308 Idem, p. 12.

* 309 Voir « South Kivu Situation Report », n° 1, 19 mai 2009.

* 310 Idem.

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