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Quel est l'impact de la précarité sur la famille et sur l'enfant?

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par Romain CORDIER
Haute Ecole en Hainaut de Tournai - Educateur Spécialisé 2015
  

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II. LA VISION DU ROLE PARENTAL DANS LES MOEURS :

1. LE DEVOIR DE TRANSMISSION DES CONNAISSANCES :

Le premier grand rôle qui me vient à l'esprit, est celui de la transmission des connaissances, en voyant la famille comme le lieu des premières expériences. Elle est le point de départ du processus de socialisation, essentiel à l'apprentissage des règles du vivre ensemble, et à la formation de l'identité de l'adulte en devenir. La famille transmet à l'enfant, dès son plus jeune âge, le langage et les codes sociaux les plus élémentaires, mais aussi les valeurs et les normes qui l'aideront ensuite à développer des relations sociales.

i. La famille comme premier lieu d'apprentissage des règles :

Au-delà de la transmission du langage, la famille a pour rôle d'éduquer l'enfant dans le sens « d'élever vers le haut ». En effet, comme l'indique la Convention Internationales des Droits de l'Enfant, à l'article 29 : « Les Etats parties conviennent que l'éducation de l'enfant doit viser à favoriser l'épanouissement de la personnalité de l'enfant et le développement de ses dons et de ses aptitudes mentales et physiques, dans toute la mesure de leurs potentialités ».

D'emblée, l'éducation est perçue comme la nécessité de développer la personnalité de l'enfant, cela passe évidemment par l'apprentissage des codes et des règles sociales en vigueur dans son pays. A la maison, les parents ne font pas la loi, mais ils la représentent. Ils se soumettent aux règles communes de la société dans laquelle ils vivent, et c'est donc au nom de quelque chose qu'ils respectent également, qu'ils peuvent prendre des décisions. Ainsi, les adultes introduisent l'enfant à la vie sociale dans laquelle il devra s'insérer. C'est tout simplement ce que l'on nomme l'autorité parentale, qui ne doit jamais être une soumission de l'enfant, mais une compréhension. Lui faire comprendre que certaines choses ne sont pas acceptables dans notre société (se marier avec son père, frapper son camarade, prendre ce qui

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n'est pas à soi, etc.) est plus éducatif que de lui interdire fermement, car il peut apprendre les règles de façon extérieure sans les avoir intégrées intérieurement.

Mettre des limites à l'enfant, c'est lui faire comprendre qu'il ne peut pas vivre dans l'illusion qu'il peut toujours avoir davantage. C'est le canaliser. Tel est le premier grand rôle des parents, instaurer un cadre de base inspiré de la Loi dans l'optique de favoriser au mieux son intégration sociale future.

ii. Ce que les parents DOIVENT transmettre à leurs enfants :

Arrivent ensuite ce que les parents doivent idéalement inculquer à leurs enfants. Une fois encore, la Convention Internationale des Droits de l'Enfant déclare que l'éducation de l'enfant doit viser à :

- « Inculquer à l'enfant le respect des droits de l'homme et des libertés

fondamentales, et des principes consacrés dans la Charte des Nations Unies;

- Inculquer à l'enfant le respect de ses parents, de son identité, de sa langue et de ses valeurs culturelles, ainsi que le respect des valeurs nationales du pays dans lequel il vit, du pays duquel il peut être originaire et des civilisations différentes de la sienne;

- Préparer l'enfant à assumer les responsabilités de la vie dans une société libre, dans un esprit de compréhension, de paix, de tolérance, d'égalité entre les sexes et d'amitié entre tous les peuples et groupes ethniques, nationaux et religieux, et avec les personnes d'origine autochtone;

- Inculquer à l'enfant le respect du milieu naturel. »15

Il y a ici l'idée d'une éducation morale de l'enfant, parallèlement à l'apprentissage de la culture dans laquelle il vit. Lui enseigner d'où il vient, lui apprendre les valeurs de son pays, de ses coutumes, c'est l'élever vers une citoyenneté intelligente et responsable dès le plus

15 Convention Internationale des Droits de l'Enfant, Article 29, 1989.

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jeune âge. Connaître l'endroit où l'on vit, et le respecter, c'est poser des repères qui le rassurent, et lui ouvrir une route à suivre. Favoriser l'ouverture aux autres, l'égalité et tous les concepts idéologiques et philosophiques de notre société, c'est donner du sens à sa vie.

Outre les principes énoncés ci-dessus, les parents doivent aussi permettre à l'enfant de se développer le plus convenablement possible, et ce, dans un environnement rassurant.

En premier lieu, j'évoquerai ici le concept de « confiance », dans le sens d'instaurer une confiance en soi à l'enfant. Le nouveau-né ne vient pas au monde avec un mental de fer. Comme toutes capacités, il les acquiert au fil des expériences et des stimulations externes de l'entourage. La confiance en soi est quelque chose qui se construit au contact des autres, et en premier lieu, au contact de ses parents. Se sentir en sécurité et en confiance, c'est pouvoir compter sur la présence et l'attention de ses parents, pour ensuite oser explorer le monde. Car comme l'a dit Nathaniel BRANDEN, psychothérapeute et écrivain américain :

« C'est l'image que nous avons de nous-mêmes qui fait notre destin. »16

2. LE DEVOIR D'ASSURER UN EQUILIBRE PHYSIQUE ET PSYCHOLOGIQUE :

Le préalable de la confiance en soi n'est-il pas le maintien du lien affectif entre parents et enfants ? Vivre dans un climat de bien-être et d'amour mutuel, semble être le point de départ du développement psychologique et physique idéal de l'enfant. Car « c'est aux parents ou autres personnes ayant la charge de l'enfant qu'incombe au premier chef la responsabilité d'assurer, dans les limites de leurs possibilités et de leurs moyens financiers, les conditions de vie nécessaires au développement de l'enfant »17. Mais comment y parvenir ?

16 BRANDEN Nathaniel, L'estime de soi : une force positive, 2011.

17 Convention Internationale des Droits de l'Enfant, Article 27.2, 1989.

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i. Du point de vue de l'esprit :

Si un enfant n'est pas stimulé activement par ses parents dès la naissance, le risque de retard mental est alors décuplé. D'où la véritable importance d'offrir à l'enfant toute une variété de possibilités d'expérimenter, d'explorer et de jouer avec les choses autour de lui. La stimulation concerne ainsi tous les mouvements du corps et l'utilisation de tous les sens, et en particulier de la vue, de l'ouïe et du toucher.

Mais assurer un équilibre psychologique à l'enfant, ce n'est pas seulement se limiter à ces stimulations, c'est aussi montrer que l'on s'intéresse à lui et à ce qu'il fait. Montrer que l'on est investi dans le suivi de son travail scolaire, mais aussi extra-scolaire. C'est passer du temps avec lui en lui accordant des moments privilégiés de discussions, de jeux, de tendresse, etc. Remarquer et encourager ses progrès dans tout ce qu'il entreprend. Instaurer des rituels familiaux. Laisser l'enfant à l'écart des disputes conjugales. Tout cela, c'est ainsi préserver les liens dans la famille.

ii. Du point de vue du corps :

L'équilibre psychologique va aussi de pair avec un soin particulier accordé au corps de l'enfant. J'entends par là tout ce qui est relatif à sa santé physique.

En premier lieu réside l'assurance de la prodigation des soins médicaux : « Les Etats parties reconnaissent le droit de l'enfant de jouir du meilleur état de santé possible et de bénéficier de services médicaux et de rééducation. Ils s'efforcent de garantir qu'aucun enfant ne soit privé du droit d'avoir accès à ces services. »18 Ainsi, les parents doivent s'efforcer de garantir la surveillance, et si nécessaire, l'amélioration, de l'état de santé de leur enfant. Il s'agit ici

18 Convention Internationale des Droits de l'Enfant, Article 24, 1989.

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d'un devoir parental, non négociable aux yeux des autorités publiques. La non application de ce devoir, entraîne irrémédiablement une réponse juridique.

Les parents ont notamment le devoir de nourrir leur enfant de la meilleure façon qu'il soit, et dans la mesure de leurs ressources financières. Car manger sainement aujourd'hui, comme cité au point 4-3 du premier chapitre, est bien plus souvent une question de portefeuille, que de volonté.

Enfin, jusqu'à 7 ans, le système immunitaire d'un enfant n'est pas mature. L'hygiène est donc plus que jamais essentiel. Se laver les mains, les dents, se moucher, etc. Tant de réflexes d'hygiène corporelle que les parents doivent inculquer à l'enfant. Un enfant doit aussi pouvoir avoir des vêtements propres et ajustés à sa taille en fonction de son âge.

3. QUELLE DISTRIBUTION DES ROLES PARENTAUX ?

Je ne pouvais pas aborder l'ensemble des devoirs des parents envers l'enfant, sans parler de la manière dont les fonctions parentales sont distribuées.

Comme je l'ai brièvement expliqué au début de ce chapitre, la place du père et de la mère a toujours évoluée au fil des siècles. La toute-puissance paternelle et le surinvestissement maternel d'autre fois, se gomment peu à peu, laissant place aujourd'hui, à une véritable difficulté de dissocier ces deux rôles tant ils deviennent égaux. L'évolution des lois et la promotion de l'égalité des sexes tendent vers ces nouvelles constructions familiales.

En effet, notre société actuelle laisse la part belle à la paternité, qui est de plus en plus reconnue et valorisée, plaçant également l'homme au coeur des soins et de l'éducation de l'enfant. Bien que la responsabilisation des mères reste toujours très orientée, le déclin du père dans son rôle de « celui qui fait vivre la famille », lui donne aujourd'hui une place privilégiée, où pères et mères accordent leurs violons pour l'éducation de leurs enfants.

Ces profondes modifications comportementales, sociales et psychologiques créent d'ailleurs des déséquilibres importants sur le plan intergénérationnels, dans la mesure où ces

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nouveaux parents « ne peuvent que difficilement se référer aux représentations d'antan (de leurs propres parents, qui ont des conceptions archaïques) et du coup réinterrogent leur place et leur rôle au sein de l'éducation de leur enfant. »19

Mais il est une dualité, qui a faibli certes, mais qui résiste dans le fait que l'enfant en a terriblement besoin pour se construire, c'est que le père est souvent la figure d'autorité (infligeant les punitions, imposant les règles, etc.) et la mère, la référence affective (celle qui console, celle qui raconte les histoires, celle qui donne les soins, etc.). Cette dualité sexuée semble dans certains cas s'échanger, où le père devient affectif, et la mère « sanctionneuse », mais je pense sincèrement que ces deux rôles doivent être présents bien que nuancés : que l'un ne soit pas borné à rester dans l'autorité, et que l'autre ne fasse pas uniquement figure d'affection. Un équilibre vaut toujours mieux qu'un extrême.

Tout cela est vrai pour ce qui est du couple parental qui survit au temps. Mais qu'en est-il des parents seuls ? Des parents divorcés ? Comment établir des rôles distincts dans un couple divisé ?

Il est essentiel d'évoquer le fait qu'il est souvent très difficile pour un couple qui se sépare, de maintenir des liens familiaux forts. Et c'est pourtant ce qu'il est vivement conseillé de faire par les psychologues et autres spécialistes, et ce, notamment vis-à-vis du développement de l'enfant. Cela diminue, en effet, les angoisses liées à la séparation de ce que l'enfant vénérait le plus : l'amour de ses parents. Le maintien des routines et du cadre éducatif posé antérieurement à la séparation est aussi très recommandé. Mais contrairement aux idées reçues, aucune étude ne prouve que les enfants de familles monoparentales ou séparées soient, à long terme, plus fragiles que les autres. L'idéal voudrait que les enfants aient des contacts réguliers avec leurs deux parents, se sentent aimés par chacun d'eux et soient placés à l'écart des conflits.

Le parent seul, qu'il le soit d'une séparation ou d'un abandon, doit garder la tête haute, et assurer tous les rôles qu'un couple aurait eu : sécurité, équilibre, cadre, éducation, etc. Au niveau de la gestion du temps, le plus simple étant de demander de l'aide à son entourage

19 BIDON-LEMESLE Céline, Thérapie Familiale, 2011.

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lorsque ce n'est plus tenable. Et côté budget, si un salaire ne suffit pas, les aides gouvernementales sont, pour certaines, bonifiées pour les familles monoparentales.

Cette partie, intitulée « Vision du rôle parental dans les moeurs », se veut être un exemple de ce qui est admis par la société comme devant être ce que doivent faire les familles envers leur enfant. C'est ici une vision idéale de l'éducation de l'enfant en milieu sain, avec des parents jouissant de toutes les assurances leur permettant de vivre dignement dans notre société.

La prochaine partie sera consacrée à ce que j'ai pu observer sur le terrain, et ce, au regard des idéaux cités plus haut. Car comment une famille peut-elle accomplir pleinement ses devoirs de parents dictés par nos moeurs et nos lois, alors qu'elle se trouve dans une situation de précarité ? Comment éduquer ses enfants aussi idéalement que possible, lorsque leur propre éducation a été le fruit de la pauvreté de leurs parents ?

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1. DES DIFFICULTES LIEES A L'EDUCATION DES PARENTS EUX-

MEMES

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus