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Les transactions commerciales dans le bourré sous le règne de Kankou Moussa (1307-1332)

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par Djenabou Mady KOMA
Général Lansana Conté de Sonfonia-Conakry - Maitrise en Histoire des relations internationales 2008
  

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f-Les Produits Miniers :

- l'or : il a toujours été la principale richesse des Empires Ouest-Africains au Moyen Age.

D'après Komara Sidiki : `' Le principal fournisseur d'or du monde méditerranéen était le Soudan et cela bien avant la découverte de l'Amérique18(*). L'or fut la richesse par excellence que venaient chercher les caravaniers du Nord.

En effet, dès 800, le monde arabe eut la révélation du pays de l'or. Les Arabes intéressés au plus haut point notent avec précision au sein de tous les empires soudanais cette richesse qui attire leurs commerçants.

Al Omari, décrivant la cour de kankou Moussa, note'' Faucon d'or'' surmontant le parasol impérial, fourreaux des sabres faits du même métal, armes en or (ou du moins recouvertes d'or)19(*).

Lors de son voyage à la Mecque, Mansa Moussa 1er aurait fait suivre quelques dix à douze tonnes d'or pour subvenir à ses dépenses de voyage.

Il a fait son entrée au Caire précédé de milliers d'esclaves portant chacun une charge d'or (ce qui eut pour conséquence, de faire baisser pour quelques années, dans le proche Orient, le cours de l'or). Il est important de souligner que cette baisse du cours de l'or n'a eu aucune incidence sur l'afflux des marchands égyptiens au Mali.

Selon la tradition recueillie auprès de Elhadj Oumar Camara20(*), l'éclat du voyage de kankou Moussa à la Mecque serait dû en grande partie à l'or du Bourécar selon la même source, le Bouré était la principale province productrice d'or aux XIIIe et XIVe siècles dans l'Empire du Mali.

E.W. Bovill confirme cette hypothèse en soulignant que `'les mines d'or du Bouré étaient très prospères aux temps des `'Mansa'' du Mali''21(*).

Les données chiffrées à propos de la production d'or du Bouré durant le règne de kankou Moussa sont très rares et presque inexistantes. Néanmoins, nous présentons comme réferenciel très relatif le tableau estimatif ci-dessous pour ce qui est de l'exploitation d'or au Soudan Occidental à l'époque des Grands Empires.

TABLEAU N°1 : Exploitation annuelle d'or au Soudan Occidental du XIIe au XVIe siècle

12000

10000

8000

6000

4000

2000

(Siècles)

12 13 14 15 16

Il ressort de ce graphique que le plus grand chiffre d'exportation fut atteint au XIVe siècle. Ce siècle correspond au règne de kankou Moussa et à l'apogée de l'Empire du Mali.

Le volume des exportations a baissé au XVe siècle. Ce siècle correspond aux périodes de troubles politiques dans l'empire. Ce qui porte à croire que la stabilité politique, la paix et la sécurité des routes commerciales sont des conditions qui ont favorisé l'accroissement de la production du métal précieux.

Si les chiffres avancés nous donnent une image de ce qu'a été l'exportation à cette époque reculée, ils nous paraissent cependant très réduits au regard des largesses de Mansa Moussa 1er.

Il convient de rappeler que c'est au XIVe siècle que le Mali a connu le plus grand afflux de commerçants arabo-berbères venus à la recherche de l'or cela a dû encourager et intensifier la production d'or dans les mines du Bouré.

Il nous est toutefois impossible d'évaluer la part du Bouré dans cette exportation, nous savons du moins que l'or du Mali sous le règne de kankou Moussa provenait, dans une forte proportion, des mines du Bouré22(*).

Les raisons de cette prépondérance résident en partie dans le fait que c'est au Bouré que se rencontrent de bonnes petites d'androïdes ( Sani Kaba, en Maninka) et des blocs de quartz à or à gros grains (Sani bèrè, en maninka). L'or extrait des mines du Bouré était du métal pur. D'après le géologue KomaraSidiki `'La teneur moyenne des gisements aurifères du Bouré était de 5 à 10 grammes d'or par mètre cube. La teneur maximale atteint 32 kg d'or par mètre cube. L'horizon payant des gisements était disponible à moins de 4 mètres de profondeur''23(*).

D'autres raisons non moins déterminantes se rapportent à la position géographique de la localité .En fait, le Bouré était proche de Niani, la capitale de l'Empire et se trouvait sur un territoire rattaché au noyau primitif de l'Empire. L'autorité politique du Mali avait donc la facilité de contrôler l'exploitation des mines.

Retenons que les mines relevaient de l'autorité de l'Empereur qui déléguait un chef des mines ou `'Daman tigui'' en Maninka, choisi parmi les habitants du Bouré sur proposition du Conseil des Anciens. Le `'Daman tigui'' décidait le début et l'arrêt des travaux d'orpaillage sur ordre de l'Empereur. Le Conseil des Anciens assurait la répartition des places à exploiter, réglait les conflits. L'on pourrait se poser la question de savoir comment se faisait l'exploitation de l'or dans les mines du Bouré.

Selon la tradition recueillie auprès de Bassi CAMARA24(*), les orpailleurs ont toujours utilisé deux procédés d'extraction : puits et puits-galeries.

Le premier procédé consiste à creuser une fosse de forme carrée de la profondeur de la taille humaine ou à peu près : on recueille le minerai sur les côtés (de la fosse) et quelquefois on le trouve sur le fond des trous. Il s'utilise dans les zones où il y a assez d'eau.

Le second procédé consiste à creuser un trou de forme circulaire et de 3 à 4 mètres de profondeur. Ensuite l'on creuse des galeries pour s'attaquer aux filons. Ce procédé s'utilise dans les zones où il y a très peu d'eau, ceci pour éviter les risques d'éboulement.

Chacune de ces deux techniques d'extraction fournit des rendements toujours encourageants. Mais la première technique nécessite moins d'efforts et le rendement était plus rapide.

Dans les deux cas, les instruments de travail utilisés par les manoeuvres sont : un pic ou `' soli'' (en Maninka) qui sert à creuser les trous un puiseau fait de calebasse attachée à une corde obtenue à partir de fibre de Kénap ou `'Da'' (en Maninka) ; ce puiseau est appelé `'Dankafé'' (en Maninka des calebasses pour le lavage : une tranche de calebasse ou `'fèkè'' (en Maninka) qui sert à remplir le Puiseau de minerais à faire monter et une lampe à huile pour éclairer les galeries et aussi prévenir la présence d'oxygène dans les galeries.

La montée et le lavage se font à la main. Le lavage25(*) se fait dans une calebasse. Il consiste en un débourbage soigné, obtenu en triturant la terre dans l'eau, puis la concentration de l'or commerce.

La calebasse est animée d'un mouvement de rotation dans le sens des aiguilles d'une montre suivi en même temps de mouvements oscillatoires dans l'eau. Le fond de la calebasse est mis à part dans une deuxième calebasse.

Les fonds de calebasse sont alors concentrés et le résidu est versé dans une sorte de cuiller métallique appelée `'fanfan'' (en Maninka), et mis sur un feu de manière à sécher le minerai, puis le mineur procède à la séparation. Cette dernière opération consiste à recueillir le métal précieux.

L'orpaillage soumis à des rites et à des tabous très stricts était presque monopolisé à l'époque par les familles djalonka et bambara de la localité. Cependant, tout Mandenka était admis s'il savait faire le travail.

Par ailleurs, l'Empereur jouissait du monopole des pépites d'or. Cette politique avait pour but non seulement d'assurer la réserve d'or de la cour impériale, mais aussi de soutenir.

La valeur d'échange de l'or. Ceci pour éviter au métal précieux de perdre sa valeur. A ce propos El Békri souligne `'Toutes les pépites d'or trouvées dans les mines appartiennent à l'empereur mais il laisse à son peuple la poudre d'or... Sans cette précaution l'or perdrait pratiquement sa valeur26(*)''.

ü Le sel : denrée tout aussi importante, le sel n'était pas non plus disponible dans toute la région. On en faisait un commerce lucratif.

Avec une proportion de 94% de Na CL (chlorure de sodium), le sel gemme avait une qualité exceptionnelle par rapport au sel marin. Compact, il pouvait se tailler en barres, ce qui rend son transport plus facile.

Il provenait essentiellement des mines de Teghazza. De ces mines, le minerai est exporté vers le sud. A ce propos, El Békri note `'les marchands ne cessent d'affluer vers cette mine dont les travaux ne s'interrompent jamais27(*)''.

Crozals essayant d'évaluer la production annuelle de ces mines au XIVe siècle, l'estime à douze mille barres de sel.

Comme nous l'avons souligné plus haut, le sel gemme du Sahara était découpé en barres ; d'après Hans Ritter, une barre pesait au maximum 25 kg et mesurait 1,60m de long sur 0,50m de large et 10 cm d'épaisseur. Le même auteur souligne que ces dimensions étaient variables28(*).

Le transport se faisait à dos de chameau et à dos d'âne. Un chanteau ou un âne pouvait porter six à huit barres (150 à 200 kg).

La plupart des historiens soulignent que c'est sur la base de l'échange du sel et de l'or que l'on peut situer les premiers succès de l'organisation commerciale des Empires soudanais en général et du Bouré en particulier.

Le cuivre : il figure parmi les articles du commerce. A ce propos kankou Moussa, au cours d'une interview qu'il accorda à Al Zawawi, déclara `'dans une ville du nom de Tigida (Takedda) se trouve une mine de cuivre rouge lequel est importé en baguettes à Niani. On en tire un revenu tout spécial sans égal. Nous expédions en effet ce cuivre aux pays des Soudan païens où nous le vendons à raison du poids d'unmithkal pour les 2/3 du poids du mithkal d'or29(*)''.

Al Zawawi souligne que l'importation du cuivre au aurait atteint 3.000 baguettes par an. Selon lui, une baguette pourrait peser 100 grammes environ30(*).

Au Bouré les artisans locaux en tiraient les fils pour la fabrication des parures, bijoux, bracelets et des gris-gris. Il servait également de matière première à la manufacture des javelots et des objets de culte animiste.

* 18 KomaraSidiki citant Raymond Mauny in `'l'Or en Guinée'' Comunication Séminaire National sur l'Orpaillage en guinée, Kankan 1988

* 19 Al Omari : cité par Durand Bernard in `'Histoire comparative des institutions'', Dakar, N.E.A

* 20 El Hadj Oumar Camara dit MorifidjanDioubaté : Notable à kankan âgé de 62 ans

* 21 E.W. Bovill, `'Golden Trade of the Moors'' London-Oxford University Press 1963

* 22

* 23 KomaraSidiki : `'l'or en Guinée'' Communication Séminaire de Kankan, indiqué l'année ?

* 24 Camara Bassi, âgé de 79 ans, notable à Kintinya (Bouré).

* 25 Le lavage dans les puits est l'oeuvre des hommes ; en dehors du puits il devient l'affaire des femmes des mineurs.

* 26 El Bekri : cité par Basil Davidson in `'L'Afrique avant les Blancs'' Paris-P.U.F, 1915, p ?

* 27 El Bekri : cité par Ki-Zerbo, Op. Cit.

* 28 Et 27 : Ritter Hans `'Caravane du sel'' Zurich-Artaud-1980, p ?

* 29 Et 30 Al ZAWAWI : cité par Joseph Cuoq in `'Recueil des sources arabes concernant l'Afrique occidentale du VIII è au XVIèsiècle'', Paris-CNRS-1975.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams