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Les petites constitutions en Afrique: essai de réflexion à  partir des exemples de la Côte d'Ivoire, de la RDC, de la Tunisie et du Togo.

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par Kakessiwa Kokou KOMLAN
Université de Lomé - Master 2 en Droit Public 2015
  

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B. La restauration des pouvoirs de l'organe législatif

Il faut dire qu'avant les transitions démocratiques de 1990, étaient reconnues, à l'institution parlementaire, des compétences nécessaires à la production des normes et au contrôle du pouvoir exécutif. Mais la situation du Chef de l'Etat, faisant de lui chef unique de l'exécutif et chef du parti unique, lui permettait de dominer l'institution parlementaire et de la transformer en chambre d'enregistrement. Le parlement était donc cantonné dans un rôle d'approbation. « Son droit d'initiative demeure largement théorique et la prérogative qui lui est reconnue de contrôler l'action du pouvoir exécutif n'a que valeur de symbole »151.

148 Voir l'article 36 de l'acte no7 du 23 août 1991 portant Loi constitutionnelle durant la période de transition au Togo.

149 Ces propos ont été tenus par le Premier ministre de transition congolais, André MILONGO. Interrogé par François SOUDAN et Albert BOURGI à propos de ses rapports avec le Président Sassou NGUESSO, il répond en ces termes : « Il est là. Il incarne une institution qui doit être respectée. La cohabitation se passe bien. Je le rencontre de temps à autre, sans lui rendre de compte, car l'esprit de l'acte fondamental ne l'exige guère. Par exemple je suis allé le voir, lorsque j'ai formé mon Gouvernement, avant d'en annoncer officiellement la composition. Il a fait des remarques, sans me demander de modifier quoi que ce soit. Je ne l'aurais d'ailleurs pas accepté » ; Jeune Afrique no1595-Du 24 au 30 juillet 1991, P 28.

150 Article 40 de l'acte no7 du 23 août 1991 portant Loi constitutionnelle durant la période de transition au Togo.

151 Voir, SOMALI (K.), Le parlement dans le nouveau constitutionnalisme en Afrique : Essai d'analyse

comparée à partir des exemples du Bénin, du Burkina Faso et du Togo, Thèse de Doctorat en Droit public, Université Lille 2- Droit et santé, 2008, p. 22.

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C'est ainsi que la restauration de l'organe législatif a été rendue nécessaire par la Conférence Nationale Souveraine de 1991, pour la période de transition. Cette restauration s'est traduite par un renforcement théorique des pouvoirs de l'organe législatif. En effet ce dernier est non seulement chargé de légiférer mais aussi et surtout de contrôler l'Exécutif en veillant à l'exécution du cahier des charges de la transition.

Cette mission de contrôle se manifestait en amont lors de la formation du Gouvernement, car le Haut Conseil de la République (HCR), organe qui faisait office de parlement durant la période transitoire de 1991 au Togo152, donnait son avis153 sur la désignation des membres du Gouvernement. En effet, conformément à l'acte no7 du 23 août 1991, le HCR était chargé de donner son avis sur la désignation des membres du Gouvernement154. L'article 34 de l'acte no7 était clair, puisqu'il faisait de cet avis un avis conforme155. En application de cette disposition, le Premier ministre Kokou KOFFIGOH a été contraint par le HCR de revoir la première mouture de son Gouvernement en décembre 1991156.

En aval, les moyens d'action du HCR sur le Gouvernement de transition se manifestaient par des interpellations, des questions orales ou écrites, des séances de concertation, voire la mise en jeu de la responsabilité politique du Gouvernement. En effet

152 Aux termes de l'article 17 de l'acte du 23 août 1991, portant Loi constitutionnelle organisant les pouvoirs durant la période de transition au Togo, « la Conférence Nationale Souveraine élit en son sein un Haut Conseil de la République qui est l'organe suprême de la République » ; aux termes de l'article 19 du même acte, « le Haut Conseil de la République est chargé : de contrôler l'exécution des décisions de la Conférence Nationale Souveraine, de contrôler l'exécutif, d'exercer la fonction législative, de donner son avis sur la désignation des membres du Gouvernement, d'approuver l'avant-projet de constitution, de prendre des dispositions en vue d'assurer l'accès équitable des partis politiques aux médias officiels et de veiller au respect de la déontologie en matière d'information,... »

153 En droit administratif, l'avis est la « dénomination générique donnée aux actes des organes administratifs dans l'exercice de la fonction consultative ; à la différence des voeux émis de façon spontanée, les avis supposent donc une demande préalable de l'autorité investie du pouvoir de décision. Comme acte préliminaire à un acte administratif ou à un contrat, l'avis est préparatoire à ceux-là. Dans ces conditions, c'est un acte juridique qui n'est pas en principe normateur, mais considéré comme un élément de la procédure » ; voir KPODAR (A.), Commentaire des grands avis et décisions de la Cour constitutionnelle togolaise, Presse de l'UL. Lomé, 2007, p. 11

154 Voir l'article 19 de l'acte no7 du 23 août 1991 portant Loi constitutionnelle durant la période de transition au Togo.

155 Article 34 de l'acte no7 du 23 août 1991 : « Le Premier ministre désigne chacun des membres de son gouvernement après avis favorable du Haut Conseil de République ».

156 KOUPOKPA (E. T.), Le modèle constitutionnel des Etats d'Afrique noire francophone dans le cadre du renouveau constitutionnel : cas du Bénin, du Niger et du Togo, op.cit., p. 48.

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aux termes de l'article 53 de l'acte no7, « les membres du Gouvernement peuvent être entendus sur interpellation par le haut Conseil de la République, sur des questions écrites ou orales qui leur sont adressées ».

C'est ainsi qu'en rupture avec l'ordre institutionnel du régime précédent, on assiste pour la première fois, à la restauration de l'organe législatif disposant désormais de moyens théoriques appropriés pour jouer pleinement le rôle de législateur et de censeur du gouvernement. Cependant cette rupture observée au niveau des institutions s'inscrit dans une dynamique qui n'épargne pas les textes régissant l'Etat.

§ 2. LA DISCONTINUITE AU NIVEAU DES TEXTES

Pour parvenir à la réelle démocratisation, la conférence nationale souveraine, par le biais de l'acte no7 du 23 août 1991, opéra une rupture avec l'ancien régime, au niveau des textes qui régissent l'Etat, en abrogeant d'abord, toutes les lois en vigueur (A) et en consacrant ensuite, de nouveaux droits et libertés (B).

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