WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Sculpture et vidéo, modes de fabrication et présentation : le processus d'une coalescence des formes.

( Télécharger le fichier original )
par Kevin Fouasson
Université Rennes 2 - Master 2 Arts Plastiques 2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Conclusion.

«L'art est le seul domaine où la toute-puissance des idées se soit maintenue jusqu'à nos jours. Dans l'art seulement il arrive encore qu'un homme, tourmenté par ses désirs, fasse quelque chose qui ressemble à une satisfaction ; et, grâce à l'illusion artistique, ce jeu produit les mêmes effets affectifs que s'il s'agissait de quelque chose de réel. C'est avec raison qu'on parle de la magie de l'art et qu'on compare l'artiste à un

magicien. Mais cette comparaison est peut-être encore plus significative

qu'elle le paraît. L'art, qui n'a certainement pas débuté en tant que « l'art pour l'art », se trouvait au début au service de tendances qui sont aujourd'hui éteintes pour la plupart. Il est permis de supposer que parmi ces tendances se trouvaient bon nombre d'intentions magiques101. » Sigmund Freud, Totem et tabou

La sculpture et la vidéo comme formes palimpsestes résultent donc, tant par leurs procédés de production que par leurs modes d'exposition, d'une logique de tourment des matériaux plastiques, se retrouvant alors en état de coalescence. A travers cet état singulier de la matière, on en vient à considérer ces artefacts bien au-delà de leur simple aspect plastique et artistique; ils réinstaurent avec le spectateur un rapport situé entre crainte et fascination, celui du tabou.

Par la mise en scène, par cette théâtralisation des avatars artistiques, c'est toute la dimension primitive du rapport à l'art qui resurgit. On se retrouve dès lors du côté d'un art magique et théâtral, à travers lequel l'artiste devient l'instigateur d'un rituel, l'architecte d'un singulier cirque de puces, où chaque spectateur est invité à imaginer, à observer les choses pour y déceler l'invisible. L'artefact, oscillant entre figure humaine et informe figure, se trouve donc investi d'une force, d'une aura particulière, et nous renvoie à la dimension tragique de notre condition d'êtres partagés entre l'être là et l'être au-delà.

« Quels que soient les avatars de la peinture, quels que soient le support et le cadre, c'est toujours la même question : qu'est-ce qui se passe, là ?

{...} Aussi faut-il prendre le tableau (gardons ce nom commode, même s'il est ancien) pour une sort de théâtre à l'italienne : le rideau s'ouvre, nous regardons, nous attendons, nous recevons, nous comprenons ; et la scène passée, le tableau disparu, nous nous souvenons : nous ne sommes plus les mêmes qu'avant : comme dans le théâtre antique, nous avons été initiés102. »

101 Sigmund Freud, Totem et Tabou, op. cit., p.130.

102 Roland Barthes, L'obvie et l'obtus, Essais critiques III, Sagesse de l'art, op. cit., p.163.

Se retrouver face à une oeuvre, c'est donc bien, comme le souligne Roland Barthes, suivre une sorte d'initiation à travers elle. Il s'agit de l'éprouver, et de se retrouver aliéné, contaminé par elle. Dans l'installation-vidéo-projection Spectres, l'intention consiste bien à éprouver ce phénomène de coalescence des formes, jusque dans ces aspects les plus étranges.

A travers les lents tourments de la matière, il nous est donc possible de percevoir un mouvement, celui des formes qui sombrent et qui surgissent, qui coagulent entre elles. Mouvement sourd et lent qui réside en chaque lieu, chaque être, chaque chose, mouvement multiséculaire de la pierre, mouvement fugace d'un trait de lumière, mouvement fou et flou de l'humanité.

Nous dépassons alors le simple cadre du manichéisme, de la séparation claire et établie entre les choses ; les frontières entre la pierre, la chair et la lumière sont abattues, et l'on cherche à contempler le sacré dans l'ignoble, l'humain dans le monstre, la figure dans l'informe.

Cette immersion au sein d'un espace qui contribue à troubler nos perception, jusqu'à réveiller chez nous un certain sentiment « d'inquiétante étrangeté », cette initiation proche du rituel, à laquelle nous convient ces formes d'art, ce besoin de penser des liens entre les choses, c'est sans doute là l'expression formelle d'une tentative de remède à ce que Georges Batailles qualifie d'« abîme » et de « discontinuité » qui résident « entre un être et un autre103 ».

Cet art magique nous offre donc le spectacle d'une transcendance des individualités, et ouvre nos consciences aux architectures invisibles qui jalonnent notre monde.

79

103 Georges Bataille, L'Erotisme, Paris, Editions de Minuit, 1957, p.19.

80

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery