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Prise de décision intuitive dans un environnement virtuel.

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par Mickael ESKINAZI
Université Catholique de Paris - Psychologie 2016
  

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Partie théorique

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L'intuition, dans le sens vulgaire, c'est-à-dire un coup d'oeil juste pour saisir les affaires du monde, est le partage du sens commun. L'intuition pure du monde extérieur et intérieur est très rare. Le premier de ces deux genres d'intuition se manifeste avec le sens pratique, par l'action prompte et soudaine; le second, par des symboles, principalement par les rapports mathématiques, par les nombres et les formules, par le langage primitif figuré, comme poésie du génie, comme proverbe du sens commun.

Johann Wolfgang von Goethe

1

L'intuition

Le mot latin intuitere se rapporte à l'oeil et signifie regarder vers l'intérieur~, en chinois le mot intuition est représentépar un binôme de caractère constituéd'un oeil et d'un trait, signifiant »regarder directement», ainsi que d'un verbe signifiant »trouver», »sentir» , »prendre conscience» ou encore »élever son regard»(Faure et Javary, 2012). Ce serait donc une connaissance vraie et directe qui fait force dans la conscience aussi bien qu'une nouvelle façon de percevoir les choses, une manière de percevoir qui s'éloigne de l'habitude, qui s'élève. Le Littrédonne une définition de l'intuition assez similaire, en tant que connaissance soudaine, spontanée, indubitable, comme celle que la vue

nous donne de la lumière et des formes sensibles, et, par conséquent, indépendante de toute démonstration. Véritéd'intuition. Cette définition générale peut s'appliquer aux différents types d'intuition. En effet que ce soit en théologie, en philosophie, en psychanalyse, ou en psychologie, l'intuition comme processus de pensée, a toujours étédéfinie et intégrée comme méthode heuristique.

1.1 L'intuition philosophique

Rien n'est plus vertueux pour l'homme que d'étendre sa connaissance dans le but de comprendre les lois qui le déterminent. Ces lois selon les présocratiques ne peuvent être atteintes que par la contemplation de la loi divine, c'est à dire l'Un qui se dissimule dans le multiple: Ceux qui parlent avec intelligence doivent s'appuyer sur l'intelligence commune à tous, comme une citésur la loi, et même beaucoup plus fort. Car toutes les lois humaines sont nourries par une seule divine, qui domine autant qu'elle le veut, qui suffit à tout et vient à bout de tout. (Héraclite,Vème siècle av. J-C, Fragment 114).

Pour Platon, seule l'intuition élève l'homme vers la connaissance de la vérité(Vanhoutte, 1949). Elle est un aperçu du monde des Formes, des réalités intelligibles et immuables. Cette intuition n'existerait que dans l'âme, et permettrait d'atteindre les réalités universelles et immuables que sont le Juste, le Beau et le Bien. Ce ne serait que lorsque l'âme sera démise du corps, et donc du sensible, du temporel qu'elle pourra avoir un accès direct à ces vérités intelligibles. L'intelligence, voilée par la sensibilitédu corps, ne peut mener qu'àdes biais de raisonnement, c'est pourquoi la mort seule, permet au philosophe de contempler son âme. Privée des illusions du sensible, l'âme

sera alors capable de se souvenir d'elle-même, de contempler ce qu'elle est : Ainsi, immortelle et maintes fois
renaissante l'âme a tout vu, tant ici-bas que dans l'Hadès, et il n'est rien qu'elle n'ait appris; aussi n'y a-t-il rien

20 1 L'intuition

d'étonnant à ce que, sur la vertu et sur le reste, elle soit capable de se ressouvenir de ce qu'elle a su antérieurement ' (Platon, Vème av J.C, Ménon, p.8).

D'autre part, selon Platon, l'intuition pure ne procède pas du sensible, et relève de la contemplation, elle n'est pas une pensée logique, et ne procède pas de l'analyse. Vanhoutte (1949) nous précise que pour Platon, l'intelligence ne peut s'unir à la véritéqu'àtravers le Bien, qui est »l'objet suprême de savoir» : Il reçoit son intelligibilitépar une illumination qui ne vient pas de l'intelligence mais de la véritéelle-même, intermédiaire entre lui et l'intelligence et qui est créée par le Bien' (Vanhoutte, 1949, p.10). Pour se rapprocher de cette Idée du Bien, Platon préconise une ascèse de l'esprit qui passe par l'étude des sciences, dans le but d'atteindre une vision plus ou moins partielle de la réalité. Il est alors possible de parvenir à la connaissance des Idées et en même temps à la science pure ' par une méthode qui est défini dans le mythe du Phèdre : tout d'abord les âmes doivent s'élever vers les cieux visibles, elles doivent donc se mettre à l'étude de l'astronomie pour comprendre les lois qui régissent le mouvement des astres célestes et ainsi se rapprocher de la connaissance des âmes divines qui elles, ont une connaissance parfaite du mouvement qui les animent.

Pourtant la connaissance scientifique seule ne suffit pas, elle doit être transcendée dans le but d'arriver à la dialectique qui précède la contemplation pure des Idées. Ce changement de connaissance ne procède pas par un chemin de pensée linéaire (Vanhoutte, 1949) mais par un bond de la déduction scientifique à l'intuition. Cette idée de changement

de paradigme existe aussi dans la théorie de la connaissance scientifique qu'Einstein propose dans sa lettre àSolovine, et que nous présenterons dans la prochaine partie. Ces étapes sont aussi décrites dans La République, Platon, pédagogue, nous présente son éducation idéale. Les études supérieures commencent par l'apprentissage de

la géométrie, de l'arithmétique, l'astronomie et la science de l'harmonie car la géométrie est connaissance de ce qui est toujours (Platon, République, p.286), l'astronomie car elle force l'âme à regarder vers le haut et qu'elle la conduise d'ici-bas à celles de là-bas' (Ibid, p.288), puis arrivés à l'âge de trente ans, les meilleurs pourront être initiés à l'art de la dialectique lequel est capable en renonçant à se servir de ses yeux, d'accéder en véritéà l'être

lui même. (Ibid, p.296)

L'intuition seule mènerait à la contemplation des Idées, car attribut divin, elle est démise du sensible.

Dans les Ennéades de Plotin, l'intuition est vue comme une saisie directe de l'objet cognitif par la pensée (Lortie, 2010). Elle est une projection de la pensée sur l'objet; cette définition rejoindrait celle de Bergson pour qui l'intuition est la sympathie par laquelle on se transporte à l'intérieur d'un objet pour coïncider avec ce qu'il a d'unique et par conséquent d'inexprimable' (Bergson, 1934 ;2002, p.61), elle s'oppose à l'analyse qui est l'opération qui ramène l'objet à des éléments déjàconnus, c'est à dire communs à cet objet et à d'autres (Ibid, p.61).

L'intuition est donc un acte simple et direct tandis que l'analyse est complexe et infinie (Bergson, 1934). Pour Bergson l'intuition est le plus haut niveau cognitif humain, il est même l'aboutissement de la Nature en tant que conscience d'Elle-même. Bergson dans l'Evolution Créatrice (1907) différencie et associe trois termes : l'instinct, l'intelligence et l'intuition. Pour faire simple, l'intuition est l'enfant prodige d'une union entre instinct et intelligence. L'instinct est une facultéd'utiliser et même de construire des instruments organisés tandis que l'intelligence ~ est la facultéde fabriquer et d'employer des instruments inorganisés. (Bergson,1907, p.141). L'instinct s'appuie donc sur des propositions catégoriques tandis que l'intelligence s'appuie sur des propositions hypothétiques. Le degré

1.2 L'intuition dans l'invention scientifique 21

de conscience présent dans l'acte serait un indicateur permettant de différencier ce qui est de l'ordre de l'instinct et ce qui proviendrait de l'intelligence.

Bergson (1907) définit la conscience comme la différence arithmétique entre l'activitéréelle et l'activitévir-tuelle. Elle mesure l'écart entre la représentation et l'action. (Ibid, p.145 ) Làoùl'action réelle est la seule action possible, la conscience est alors nulle. Il n'y a pas de libertéd'agir, on est agit plus qu'on agit soi-même. L'intuition est aussi ce qui permet de saisir notre vie intérieur et la durée pure c'est à dire une succession de changements qualitatifs, qui se fondent, qui se pénètrent, sans contour précis, sans aucune tendance à s'extérioriser les uns par rapport aux autres, sans aucune parentéavec le nombre ' (Bergson, 1907, p.77). La durée englobe le présent, prolongement du passé, et idée de l'avenir. Bergson fait donc de l'intuition de la durée, le centre de sa philosophie. Toutefois, il ne décrit pas la genèse de l'intuition, le processus qui la fait émerger et les sensations qui peuvent être perçues. Certains inventeurs se sont essayés à décrire et expliquer leurs intuitions, voyons alors si leurs explications nous aident à comprendre le processus d'un point de vue phénoménologique.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon