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Essai sur la question de responsabilité humaine, de Jean-Paul Sartre.

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par Jean Mosesy HOBIARIJAONA
Toamasina, Madagascar - Maîtrise 2016
  

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I.I.Z. Les post-sartriens

Parmi Merleau-Ponty (1908-1961) et Simone de Beauvoir (1908-1986), Emmanuel Levinas (1905-1995) sera l'un des plus connus parmi les penseurs influencés par Jean Paul Sartre dans ce cadre de la Responsabilité même. En effet, Sartre et Levinas auraient eu une seule expression de la responsabilité humaine hormis une question de foi qui englobe à chacun leur attachement : « la responsabilité est toujours responsabilité envers autrui » selon le dernier.

Quant à Hannah Arendt (1907-1975)5, elle sera comme Sartre, influencée par Heidegger et Jaspers. A partir de l'eudaimôn6, l'eudaîmonia est le bien être du daîmon qui

1 II s'agit d'un impersonnalisme, un anonymat de la situation, des phénomènes qui apparaissent comme « pure évènement », voulu, fait, sans regret, mais en dehors du non-sens,...

2 II s'agit d'un personnalisme existentiel qui crée la relation avec le monde, et est l'origine du monde ou le moyen (qui est plutôt qu'un moyen, un état) par lequel une personne pérennise son tranquille existence.

a II s'agit de l'existence d'un autrui que le moi ne connait pas, que je voudrais tuer mais que je ne pourrais pas du fait qu'il est moi et qu'il est en détresse dans sa seule présence.

a II s'agit de la réponse machinale aux visages, une responsabilité pour autrui et non devant autrui.

s Hannah Arendt est connue généralement par son premier grand ouvrage, Les origines du totalitarisme, édité en 1951 sous le nom « The origins of Totalitarism ». Journaliste qui devient philosophe, élève de Martin Heidegger à Marbourg, de Husserl à Fribourg, et fidèle amie de Karl Jaspers, elle est classiciste et s'intéresse particulièrement aux propos éthiques et politiques.

6 « Eudaimôn » est un mot grec qui signifie « heureux» ou « désir, volonté », ou « plaisir » qui se dit plutôt souvent « eudaîmonia ». Hannah Arendt cite : « 11 [l'eudaimônia] exprime une idée de bénédiction, mais sans nuances religieuses, et signifie littéralement quelque chose comme le bien-être du daimôn[esprit, génie] qui accompagne chacun des hommes durant sa vie, qui est son identité distincte, mais qui n'apparaît, qui n'est visible qu'aux autres (...) Différente, par conséquent du bonheur..., l'eudaimônia comme la vie elle-même est un état durable, qui ne change pas et ne peut effectuer un changement (...). Cette identité inchangeable de la personne,...comme telle on ne peut la connaitre...que lorsqu'elle a pris fin. En d'autres termes l'essence humaine -- non la nature humaine en général (qui n'existe pas) [...], mais l'essence de qui est quelqu'un - ne commence à exister que lorsque la vie s'en va, ne laissant derrière elle qu'une histoire. Par conséquent, quiconque vise

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accompagne l'hekastos de chacun des hommes durant sa vie et qui est son identité distincte, n'apparaissant qu'aux autres. Elle explique dans son ouvrage politique) l'eu dzèn (le « vivre bien » grec où l'action fut profondément individualiste) que c'est une révélation de soi, mais que c'est toujours « aux dépens d'autres facteurs »2... L'action est donc le cheirotechnoi3 ou l'artisan du construit qui sera le produit du faire, subséquent à l'architecture : « La polis n'était pas Athènes, mais les Athéniens »4. Mais la « praxis » encore mène à nouveau à l'imprévisible, à la fragilité. Hannah préfère ainsi au vue des rapports humains5, le «poièsis » (le « faire »), à l'action proprement dite (la « praxis ») ; parce que l'action ne peut rien produire que de l'éloignement6 son sens authentique [...]. Et effectivement, reprise d'Aristote en passant par Kant pour être convertie à un collectivisme, la responsabilité est catégoriquement pour cet auteur une coresponsabilité : moi seul peut être le coupable, mais jamais le responsable. Mon père m'éduque : je suis libre ; je tue, je vole ; je suis coupable, j'ai fait l'acte, alors j'ai effectué un choix, mais le responsable est d'abord mon père. Pour Hannah Arendt, les évènements n'ont pas d'origine, c'est l'évènement même qui défmit son origine et ainsi, il n'y a de responsabilité que s'il y a conflit' ; il n'y a de responsabilité que s'il y a morale ; et il n'y a jamais de responsabilité que lorsqu'il n'y a que le bien et l'individualité. Or, « l'homme est un animal politique » comme l'a dit Aristote.

D'ailleurs, la responsabilité va de part en part aujourd'hui. Ainsi, Jean Michel REYNAUD citera :

La philosophie va nous aider à éclairer le concept. C'est avec un philosophe allemand contemporain, décédé il y a une quinzaine d'années, Hans Jonas, que nous pouvons aborder ce principe responsabilité comme il a intitulé un des ses ouvrages, paru en 1979, traduit en 1990. Son approche de la notion de responsabilité est en fait, plus un principe de justice naturelle qu'une conséquence de la réparation d'un tort fait à autrui. La responsabilité, telle qu'étudiée et définie

consciemment à être « essentiel », à laisser une histoire et une identité qui lui procureront « une gloire immortelle », doit non seulement risquer sa vie mais, mais comme Achille, choisir expressément une vie brève... (Sophocle, OEdipe roi, 1186...)».

1 ARENDT, Hannah, Condition de l'homme moderne, Pocket, Agora, France, 1997, p. 251.

2lbid., p.253.

a Le mot cheirotechnoi est composé de deux mots dont « kheiros » (main) et « tekhnê » (métier, procédé), et Arendt, s'en sert pour expliquer l'artisan aristotélicien dans la cité grecque antique.

4lbid., p.254. (Cf. Aristote, Éthique à Nicomaque (Livre III, IV, V, VI), pp.58-61, 82-86, 105-126, 129-145).

5 II s'agit d'une reprise du « syzèn », c'est-à-dire le « vivre ensemble ».

6 Le mot « hekastos » qui désigne vaguement « chacun » est dérivé du mot « hekas » même qui signifie littéralement « loin ». C'est-à-dire que chacun n'est chacun que si chacun est loin de chaque autre chacun ; et le mot adverbial « hekastos » exprime ce phénomène du « chacun ».

« Passions, maux, peines,... ».

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par Hans Jonas, doit interdire à l'homme d'entreprendre toute action qui pourrait mettre en danger autant l'existence des générations futures que la qualité de l'existence sur terre dans le futur (...). Hans Jonas, un philosophe très étudié en Allemagne, a inspiré fortement ce que nous appelons aujourd'hui le principe de précaution. Une éthique de la responsabilité en quelque sorte... Cette responsabilité, Jonas la sent, la ressent : « c'est du monde de la vie, là où elle est menacée, que surgit un appel muet et qu'on préserve son intégrité.'

Cet appel muet, il le définit empiriquement en quelque sorte, à travers ce qui sert à sa découverte. Il parle alors de l'heuristique de la peur, ce qui veut dire que la peur sert à la découverte, mais qu'elle devient un principe cognitif, une éthique de l'urgence pour temps de crise ; une peur positive qui aiguille la responsabilité et qui est donc fondamentalement une sollicitude de l'altérité.

Hans Jonas définit alors, dans son Principe de Responsabilité, ce qu'il nomme

l'impératif catégorique de responsabilité qui est un impératif moral inconditionnel

qu'il formule en quatre items, en héritage de la morale kantienne :

«Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur terre ; Agis de façon que les effets de ton action ne soient pas destructeurs pour la possibilité future d'une telle vie ; Ne compromet pas les conditions de la survie indéfinie de l'humanité sur terre ; Inclus dans ton choix actuel l'intégrité future de l'homme comme objet secondaire de ton vouloir ... »2

Ces quelques auteurs3 ne suffisent pas pour exprimer l'ampleur de la Responsabilité. Ces illustrations nous montrent quand même que ce n'est encore ni le « corps » ni « l'âme » qui est le plus important. À ce stade, ce ne l'est plus : ce sera plutôt l'expérience ou l'action et la pensée, et les paroles que l'on oeuvre et entretienne, ce que l'on fait de notre libre existence. C'est le fondement de toute valeur connaissable ou non du corps et de l'âme.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle