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Essai sur la question de responsabilité humaine, de Jean-Paul Sartre.

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par Jean Mosesy HOBIARIJAONA
Toamasina, Madagascar - Maîtrise 2016
  

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I.II. EXISTENCE ET EXISTENTIALISME DE JEAN-PAUL SARTRE

Liberté, conscience, existence, c'est en ces termes que Jean-Paul Sartre étudie l'homme Ce qui laisse comprendre que ces mots n'ont aucune valeur insistante lorsqu'il

1 Le droit ne sera qu'une situation comme d'autres, permettant inexistence et excuse : aux abords de la liberté s'améliorera cette situation.

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s'agit de les traiter un à un tel qu'on vient de le faire avec le mot responsabilité. Cela nous conduit à exposer sur les sens de ces quelques mots pour mieux appréhender leur essence. Puisque chaque courant littéraire ou philosophique ou poétique présente chacun un point de vue, selon lequel un concept est semblablement ou contradictoirement repris et réexposé. Ce qui entraînerait une véritable confusion. Ainsi va-t-on disposer, à chaque niveau, de deux grandes approches : celle de la généralité) et celle du sujet appropriée, afin de distinguer une toute autre précision des quiddités des idées présentées, mais aussi pour mieux appréhender le fond et la matière de ces idées même.Sachant que Sartre fut influencé par la Phénoménologie husserlienne, nous allons voir que dans ce chapitre se révèle une continuité référentielle de la pensée sartrienne avec les idées et concepts husserliens. S'il y a d'abord un rapport immédiat qui est une conscience perceptive, cette conscience implique le primat du moi-homme bien perçu plutôt que du « soi », le percipiens3. Ensuite, viendra une intention comme conscience positionnelle : il faut vouloir avoir conscience d'être conscient de l'homme pour avoir effectivement conscience d'exister « homme ». Cela implique l'interaction nécessaire avec l'homme qui n'est pas soi-même, en tant que réalité corrélative. D'où, ce, est une confirmation du « cogito » cartésien.

I.II.1. La conscience sartrienne

Le mot conscience s'attribue deux mots combinés : « cum » qui signifie « avec »et « scientia » qui signifie « science »ou savoir. Le mot conscience apparaît à la fm du XIIesiècle : du latin« conscientia », il signifiait connaissance et exprimait généralement la « Faculté qu'a l'homme de connaître sa propre réalité et de la juger »4 mais aussila connaissance de cette connaissance-là. On pourrait citer Gustave Le Clézio qui dit : « C'est elle (la conscience) qui éduque, qui affine, qui sensibilise »5.

D'abord, la conscience trouve généralement deux sens selon ce qu'elle est psychologique ou morale6. La conscience est en psychologie principalement didactique, une « connaissance immédiate et réflexive que certains organismes vivants, et, spécialement, l'homme, ont quant à leur propre activité psychique » ; sinon, la conscience est une certaine

1 « Liberté, conscience, existence » en général.

z « Liberté, conscience, existence », selon Sartre.

3 C'est-à-dire : celui qui, ontologiquement, perçoit un « percipi » (perçu) par le « percipere » (percevoir)

facultaire. Il s'agit d'un être transphénoménal (« percipi-percipiens ») qui sera l'être du sujet. Voir « être et

conscience », In SARTRE, Jean-Paul, L'Être et le Néant, Gallimard, Paris, 1943, pp.16-24.

a « Conscience », In Le Grand Robert; et http://fr.wikipedia.org/wiki/Conscience.

5LE CLÉZIO, L'Extase matérielle, p. 71; cité dans Le Grand Robert.

6 Pourrait-on dire « déontologique » ou « éthique » ?

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présence mentale dans son sens absolulou bien aussi, mentalement être avant ce qui est ou non, et mentalement sentir qu'on sent quelque chose ou rien. Enfin, la conscience est la «faculté d'avoir une connaissance intuitive de soi,...»2. C'est la partie de la vie, de l'activité psychique dont le sujet a une connaissance intuitive : un sentiment inconscient qui arrive à la conscience, qui pénètre dans le champ de la conscience ; conscience des sensations internes,et externes. Mais principalement dans la psychologie courante, la conscience est une « connaissance immédiate, intuitive, plus ou moins vague »3 : on parle ainsi d'Intuitionetde Perception.Néanmoins, la philosophie pédagogique définit la conscience comme « Acte ou état dans lequel le sujet se connaît en tant que tel et se distingue de l'objet qu'il connaît »2. L'on parle donc de conscience du soi, ou bien du moi.

Puis, par métonymie, par-delà les singularités de la philosophie et de la psychologie, la conscience est « le siège des phénomènes psychiques conscients et notamment des convictions, des croyances (avec un impact moral) »2 : une conscience qui cornait liberté et devoir ; ou encore, une «personne ». La conscience, dite, morale est en effet « une connaissance intuitive par l'être humain de ce qui est bien et mal, et qui le pousse à porter des jugements de valeur morale sur ses propres actes; [et aussi la] personnalité humaine sur le plan de cette connaissance morale »2 : c'est un cas4, un aveu5, une pénitence6, un dictamen7, un examen8, etc. Ainsi, la conscience est simplement le sens moral d'une personne : une honnêteté, une probité, un courage, un scrupule,... La conscience est le premium sens de la personne. Et ceci montre surtout que la conscience n'est aucunement un mot propre à aucun domaine préétabli. D'où l'on ne juge pas un inconscient, en vue du droit de la personne.

1 C'est-à-dire « La conscience de soi, de son existence », « Avoir conscience, jouir de sa conscience »... « Avoir conscience, c'est sentir qu'on sent », citerait un certain Edmond Goblot, voir « Conscience », Le Grand Robert.

2 Le Grand Robert.

3lbid. ; et DORON, Roland et PAROT, Françoise, Dictionnaire de psychologie, P.U.F, 1991, 3e éditions, « Quadrige/puf », 2011, pp.147-150.

a Vers 1220, quas; latin casus « chute », puis « circonstance, hasard », de cadere « tomber » : Ce qui arrive ou est supposé arriver -- XIVe - (Accident, aventure, circonstance, conjoncture, événement, éventualité, fait, occasion, occurrence, situation).

s En histoire : Déclaration écrite constatant l'engagement du vassal envers son seigneur, à raison du fief qu'il en a reçu (Hommage). Et en littérature : l'aveu est l'action de déclarer qu'on agrée, qu'on autorise.

6 Vers 1050; latin poenitentia « repentir, regret », de poenitere « se repentir » : profond regret, remords d'avoir offensé Dieu, accompagné de l'intention de réparer ses fautes et de ne plus y retomber...

Vers 1282; du latin scolastique dictamen, de dictare « suggérer » : Ce qui est dicté par la raison.

8 En 1339 ; du latin examen, au propre « aiguille de balance », de exigere, au sens de « peser » : c'est l'action, le fait de considérer, d'observer avec attention.

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On peut en constater que sur la liberté et la conscience : soit l'une précède l'autre, soit l'autre suit l'une ; soit l'une prescrit l'autre, soit l'autre conditionne l'une. Ni l'une ni l'autre ne peut se proscrire sans écarter l'autre également et immédiatement.

Mais particulièrement, selon l'existentialisme sartrien, « le percipiens, est le connu à la connaissance, et à l'être connaissant en tant qu'il "est"1, non en tant qu'il est connu... »2 La conscience désigne alors l'être connaissant, connu à la connaissance en tant qu'il se révèle connaissant. C'est ce qui caractérise donc la conscience entreprise par Sartre, de Husserl : «La conscience n'est pas un mode de connaissance particulier, (...) c'est la dimension transphénoménale de l'être du sujet »3. D'où «toute conscience,...est conscience de quelque chose »2, au-delà de la conscience de soie, en dehors.

La conscience est sanscontenu, elle est elle-même, elle confirme le cogito ; elle est en rapport avec le monde comme conscience positionnelle4, donc autotranscendante et autotranscendante dans la saisie de l'objet, d'où elle est « intention »5. Ainsi, « toute conscience n'est pas connaissance, mais toute conscience connaissante ne peut être connaissance que de son objet »6. Ma conscience se connaissant elle-même, se libère ainsi pour ne pas être conscience de l'objet sans en être consciente. Il faut avoir « conscience d'avoir conscience » de quelque chose pour en avoir effectivement conscience6. La dualité sujet-objet se réduit ainsi à la connaissance seulement.

La réflexion ou conscience positionnelle sera-t-elle donc le reflet du moi qui existe pour moi et non d'un moi idéal (quelque chose qui n'est pas moi) ? Cela signifierait qu'elle est rapport immédiat et non cognitif de soi à soi : elle sera donc perception objective.

La conscience est donc finalement rapport immédiat' et non cognitif de soi à soi : c'est la positionnalité du monde. Voilà pourquoi, le concept de l' alter ego2 se repose fortement sur la condition de la conscience, puisque pour Sartre en effet, « la vérité réside dans la consistance positionnelle »5. Et cette consistance n'est pas qu'un mot tout aussi

1 C'est-à-dire qu'il existe et apparait avec connaissance et ainsi se révèle.

2 SARTRE, Jean-Paul, L'Être et le Néant, Gallimard, Paris, 1943, pp.17-18.

a L'autre moi, ou la responsabilité ; Cf. « La subjectivité : l'Universalisme ».

a SARTRE, E&N, Op.cit., p.21.

s C'est-à-dire, « activité, affectivité,... » qui se transcendent.

6 C'est-à-dire : dans une situation ou une position à laquelle une chose se trouve, une consistance s'approprie ;

et seule cette consistance peut déterminer ce que cette chose est en vérité. Encore ce terme de « l'existence

précède l'essence » !

C'est-à-dire qu'il n'y a pas de soi, il y a seulement moi-homme : ni jugement, ni honte, ni vouloir,... ; aucune

perception qui puisse ne pas être objective.

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profane que littéraire : elle est de la linguistique onto-phénoménologique sartrien, et a, à elle sa consistance également. La consistance de l'homme est en effet le véritable contenu de cet « humanisme » que Sartre entretient à travers son existentialisme. Cette ontologie phénoménologique est donc approprié au « être en tant qu'être » : d'où le terme de « pour soi », exprimant l'être conscient, en tant que conscient de sa conscience. Pourrait-on en dire que la conscience est ainsi donc, consistance de l'homme, son ensemble : l'homme, de toute son existence, ne peut ne pas être conscient quel qu'en soit l'être et le néant'. La conscience est ainsi donc faculté d'admettre et d'accepter sa position, et ce, après auto-constatation.

Mais encore, la conscience est un juge personnel2, un principe de conviction et un type général des logiques. Elle a d'abord l'aspect d'un réceptacle nouménal auquel tout phénomène se fracasse sans que ce réceptacle les reçoive pour se rendre mémoire ou récipient3, mais il les reçoit quand même. C'est ensuite que, d'une part, la conscience se fera personne de sa personne, pour ainsi joindre le « cogito » cartésien. Autant Sartre traite de l'examen de conscience comme une conscience inspectant, non le bien ou le mal, mais elle-même selon un principe de sa conscience de ce qui est bien et de ce qui est mal, et alors il cite Husserl4 pour exposer que la conscience n'est réductible à aucun psychologisme.5 D'autre part, la conscience est à la fois spontanéité immédiate et réfléchie, selon sa position : dès lors qu'elle s'engage, elle devient donc responsabilité et engage alors elle-même mais aussi les autres consciences.

C'est alors qu'une personne acquiert le perçu et s'acquitte de sa perception qui est elle-même. Il s'agit plus exactement de ce fait de « se sentir essentiel par rapport au monde »6, de se sentir consistant à, conscience de. Sartre écrit dans les Situations : « Seules les choses sont : elles n'ont que des dehors. Les consciences ne sont pas : elles se font. »7En un mot, la conscience est fond du monde : elle est surtout jouissance, une condition à la liberté, un état de tout être libre, une faculté à être libre.

1 Si l'être est la généralisation du néant : le néant est pour les choses, le « rien » ; et pour l'être humain, le « personne ». Voir, SARTRE, Op.cit., p. 51.

2 De tous les termes prononçables, disons que la personne est l'être auquel est reconnue la capacité d'être sujet: la raison individuelle y est en cause, les sensations, et l'ipséité.

3 (...) « La conscience est absolu », d'un apport phénoménologique, donc « elle est vide, sans contenu ».

a « On ne peut pas dissoudre les choses dans la conscience. » In SARTRE, Jean-Paul, Situations II, Gallimard,

Paris, 1946, p. 166.

5Situations II, 1948, p. 141, p. 166, p. 306. (Cf. Age de raison, I, 2).

6 SARTRE, Situation II, Op.cit., p.90.

7Loc.cit. ; et pp. 123-124.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery