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Essai sur la question de responsabilité humaine, de Jean-Paul Sartre.

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par Jean Mosesy HOBIARIJAONA
Toamasina, Madagascar - Maîtrise 2016
  

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I.II.2. La liberté sartrienne

Généralement les mots ne doivent changer, pour moins ou plus, de sens strict : peu importe le domaine, le temps, le lieu ou l'aspect de la situation, la similitude demeure. C'est dans cet état de princeps que nous exposerons cette fois-ci.

Le Grand Roberts définit assez largement le mot liberté comme aisance et élégance : du latin « libertas », le mot désigne vers 11901e « liureteit » ou le libre arbitre, qui ne sera cependant attesté qu'en 1324 ; en 1266,libertés signifient « franchises accordées à une ville ». Ainsi, la liberté fut l'expression d'un état d'indépendance et d'autonomie par rapport aux causes extérieures, ou encore absence, suppression ou affaiblissement d'une contrainte.

D'abord à partir de 1324, la liberté est au sens étroit « état, situation de la personne qui n'est pas sous la dépendance absolue de quelqu'un »2 ; puis« situation de celui qui n'est pas retenu captif »3, « caractère indéterminé de la volonté humaine (...) Fondement du devoir, de la responsabilité, de la morale ». Au sens large, la liberté signifie « état de ce qui ne subit pas de contrainte »4 (libertinage) ; c'est synonyme de « rare » ; ou bien « possibilité, pouvoir d'une personne, d'agir sans contrainte »;« droit (au sens large), permission »5 ; « familiarité inconvenante »; sinon « absence de contrainte dans la pensée, dans l'allure et le comportement,... », d'où l'expression « liberté d'esprit », c'est-à-dire la disponibilité, le droit, la faculté de juger, de décider par soi-même, oule libre examen... Puis en 1835, l'on parle de la franchise, de hardiesse comme « liberté de langage », à l'origine de la formule expression libre ; et enfm, la liberté est synonyme de « laisser aller », de « licence », de « émancipation », et de « sans-gêne ». Ceci, sans aborder encore ce qu'il en est de la liberté politique. C'est-à-dire, une liberté comme pouvoir d'agir, limite et limité des règles sociales définies : « ...propriété de soi; ...la liberté naturelle, la liberté civile, la liberté politique; c'est-à-dire la liberté de l'homme, celle du citoyen et celle d'un peuple... »5. Simplement, est liberté ce qui s'oppose à « contrainte, défense, gêne, obligation, obstacle, confusion, dépendance, dictature, domination, oppression, servitude, tyrannie, formalité, réglementation, déterminisme, fatalité, passion. »5

'Le Grand Robert de la langue française.

2Cf. esclavage et servitude.

3Cf. captivité, emprisonnement.

4lbid. (Cf. Liberté cartésienne).

5 C'est-à-dire, d'une part, répondre librement, avec assurance et sans inouïe.

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Il est donc effective si certains disent avoir vu le mot qui a le plus de sens en ce monde lorsqu'ils discutent de la liberté. Pour certains, une chose sans limite et absolue se contredit de la liberté. Pour d'autres, la liberté pratique n'existe point puisque, la liberté ne peut l'être pour eux que lorsqu'elle est « liberté »et donc, antonyme de « limite », « contingence », « relativité ». Ainsi, si la liberté sera pour les uns un état de conscience ; pour les autres, aujourd'hui surtout, être libre serait un état d'inadvertance, voire même une inattention qui est un précepte conférant le bonheur et l'exultation. Parlons ainsi de la conscience ad hoc, pour voir quel constat aurions-nous de cela.

Après la conscience positionnelle et une conscience perceptive, vient la conscience comme liberté. Cette conscience objective et cette conscience du dehors s'appliquent à l'affirmation : « En me choisissant, je choisis l'homme »1. À noter que le « je » est impersonnel, la conscience objective de l'homme exprime l'homme à ma conscience, qui implique également une liberté, une « propriété » dansl'extérieur, qui est un autre « moi ». Cette conscience me pousse et me permet avec celles autres de reconnaître une responsabilité, une correspondance. C'est un phénomène qui apparaît, car la Conscience n'est ni « thétique » c'est-à-dire qui pose un contenu de pensée comme thèse, ni « savoir » : c'est une réflexion spontanée de consciences, un cogito préréflexif, contingence de la réflexion. Ainsi, sans cette intention opératoire, toute activité et affectivité sera inconscientes, si bien qu'il faudra ensuite vouloir volontairement exister responsable pour qu'il y ait existence ou conscience de responsabilité. C'est là qu'intervient la liberté : ce phénomène est naturel ou identitaire. En un mot, la liberté, sous cet angle, est toujours individuelle, et donc éventuelle.

Dans la Nausée, Sartre écrit :

Ce matin à 8 heure et quart, comme je sortais de l'hôtel Printania pour me rendre à la
bibliothèque, j'ai voulu et je n'ai pas pu ramasser un papier qui traînait par terre. C'est

tout... Oui, mais, pour dire toute la vérité, j'en ai été profondément impressionné : j'ai pensé que je n'étais plus libre.2

Je n'ai pas pu ! Une métaphrase bien courante, libre, existentielle. Ce n'est effectivement rien, or c'est tout. Il reprend ensuite : « Je ne suis plus libre, je ne peux plus faire ce que je veux. Les objets[...] ils sont utiles, rien de plus[...]et moi, ils me touchent, c'est insupportable[...]une sorte de nausée... ». Mais voir l'expression finale sur la

'SARTRE, Jean Paul, L'Existentialisme est un humanisme, collection pensées, les éditions Nagel, Paris, 1946, p.13.

2SARTRE, Jean-Paul, LaNausée, Éditions Gallimard, 1938, p. 23, §2, p. 25.

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damnation de la liberté, tout ceci n'est qu'un des chemins vers la liberté comme il avait été édité et que l'on va voir plus tard : « toute existence consciente existe comme consciente d'exister », expression existentielle, déjà, de la liberté. La liberté est donc en quelque sorte, une maîtrise de soi, ensuite et de près, une responsabilité humaine.

En d'autres cas, un athées se trouve libre étant lui-même rien d'autre que lui, avec indépendance et non sans dépendance2 : il en faut un état, dont celui d'un athée qui dixit « Si Dieu n'existait pas, alors tout serait permis et le monde sombrera dans le chaos3 », qui dixit que «Dieu n'existe pas »5, et qui dixit pourtant que le mondeest là. Un monde « incohérent »,qui n'adhère donc pas ensemble, mais qui est « ordinaire », qui est conforme à un certain ordre. Cela n'est que pour dire l'omis : l'homme et le monde, à la fois incitant à se poser la question comme un être libre, et affirmant une certitude que l'homme est une existence dans le monde, strictement humaine, et indépendante des mondes.

Pour une liberté plus pragmatique, ceux qui s'élèvent au-dessus des autres ont, déjà, dépassé « la statue de la Liberté »4. La liberté est en fait le caractère commun des hommes, chaque homme étant personne ; c'est à dire : « un néant d'êtres humains »5, puis la fm ou « l'unité synthétique des moyens »6 de l'être humain. Ainsi, la liberté est à la fois le principe et le but des activités humaines : « elle est pure jouissance d'elle-même »7, comme fin et moyen. À ce titre, voici ce que Sartre dit : « (...) il est (..) faux que l'on doive juger les moyens sur la fin et la fin sur les moyens(..)Il y a (..) des moyens qui risquent de détruire la fin qu'ils se proposent de réaliser(...) »3. Liberté est alors une question de sens, de jouissance,... une certaine autonomie de la pensée qui s'applique comme condition d'agir en toute situation et en tout état quels qu'ils soient. Mais à vrai dire, « la personne n'est rien d'autre que sa liberté »8 : elle est entendement, conscience de liberté.

Ainsi donc, la liberté politique n'est qu'une mystification, autant que la liberté de penser : la liberté est la fin de l'exploitation de l'homme par l'homme, une égalité humaine.

1 II est à souligner que l'athéisme sartrien n'est qu'idéologique, et ne s'applique pour lui-même que dans le cadre de l'existentialisme, et ainsi donc pour souligner le trait de « l'existence humaine ».

z « Épictète, dans les chaînes ne se révolte pas, c'est qu'il se sent libre, c'est qu'il jouit de sa liberté. Dès lors, un état en vaut un autre (...) » - Situations III, pp. 196-197.

a SARTRE, L'Existentialisme, Op.cit., p.5. [« Rien ne sera changé si Dieu n'existe pas »].

4SARTRE, Jean-Paul, Situations III, Gallimard, Paris, 1947, p. 87.

5 SARTRE, L'Être, Op.cit., p. 51.

6 SARTRE, Situations II, Op.cit., p. 308. SARTRE, Situations III, Op.cit., pp. 196-197. 8 SARTRE, Situations II, Op.cit., p. 26.

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En effet, quelle liberté aurait la pensée d'un esclave s'il arrive jusqu'à rêver de sa liberté ? Pourtant, Épictète était bel et bien libre sous ses chaînes ! Et quelle idée de se présenter égal à autrui en fonction de sa liberté, puisque chacun est chacun et que chacun est «personne» ? Ainsi, Sartre même écrit : « (...) la Resistance fut une démocratie véritable : pour le soldat comme pour le chef, même danger, même responsabilité, même absolue liberté dans la discipline »l. S'il y a un quelque rient entre l'acte et les motifs de cet acte, c'est ceci la liberté : cette faculté commune et universelle d'affirmer ou de nier, conférant la psychologie cartésienne au « choix ».3 La liberté est la simple humanité de chaque être humain : une sensation du rien sauf la conscience d'exister.4 Et par le mot « avenir », la liberté (accompagnée d'actes) prend une dimension dans le temps : l'avenir est la dimension des actes et de la libertés, d'où c'est un but. La liberté en soi ne suffit ainsi donc jamais pas en principe.

De façon plus concise, l'existentialisme étant un mode de pensée sans contenu prédéterminé, la liberté est un état de conscience, une conscience d'être conscient de sa liberté. Elle n'est pas pouvoir, elle est vouloir et faculté de jouir de ce vouloir selon sa position. Qui voudrait être libre est donc libre, sauf que vouloir cette liberté exige une grande responsabilité pour qu'elle soit une véritable jouissance. Autrement, ce serait une semblable d'illusion, à chaque fois : un risque voué à échouer.

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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire