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Les enjeux d'une évaluation préalable d'un projet culturel. Cas de l'appel à  propositions du programme ACP cultures+ (Afrique, CaraàŻbes, Pacifique).

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par Eric LOEMBET
Université Lille 3 - Charles de Gaule - Master 2 - Recherche 2015
  

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1.3. L'état de la question

L'évaluation préalable est devenue l'outil par excellence pour pouvoir mesurer, juger, évaluer et contrôler une action dans le but d'obtenir les résultats fixés en amont de la conception de cette action ou du projet à réaliser. Anne-Catherine De Perrot et Tina Wodiunig, spécialistes de l'évaluation dans le domaine de la culture, définissent l'évaluation comme un examen ciblé de la conception au timing d'exécution, et limité dans le temps suivant les objectifs et la finalité préétablie du projet (De Perrot, Wodiunig, 2008). C'est une démarche et une pratique pour juger un projet en cours ou achevé, y compris sa conception, sa mise en oeuvre et ses résultats, tout en respectant les étapes de sa hiérarchisation conceptuelle.

Mesurer une action dans le cadre de la conception d'un projet, d'un programme ou d'une politique et fixer des indicateurs de réussite, c'est analyser la dimension des résultats ou l'amélioration que cette action produirait. Une action ou un projet répondent à des normes et à des règles auxquelles l'initiateur se réfère pour bâtir des stratégies de réussite et de faisabilité, tout en suivant le processus d'étude préalable. Il est important de mettre au centre de cette étude préalable la question de l'évaluation afin d'anticiper et de mesurer dans le temps les résultats. En effet, évaluer une action, c'est déterminer la finalité immédiate du projet tout en se demandant si les objectifs formulés sont vérifiables c'est-à-dire mesurables, qualifiables et interrogeables (De Perrot, Wodiunig, 2008). Il s'agit également de vérifier les chances de réussite afin d'éviter les erreurs. Évaluer devient la mesure principale pour déterminer les résultats et donner des réponses puisqu'il n'y a pas d'évaluation sans un effort d'objectivation (Hadji, 1997, p.71), dans une finalité déterminante. Objectiver l'action évaluative, c'est s'assurer des mesures vérifiables concernant les résultats attendus ainsi que les réponses sur la problématique posée en amont de la conception de son projet durant l'évaluation préalable.

Une évaluation a un caractère normatif (Martucceli, 2010) parce qu'elle détermine des normes à suivre et des critères à respecter dans le cadre d'un projet dont les indicateurs mesurent les résultats. Elle a aussi une dimension performative puisqu'elle finit par définir le

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type d'activité à effectuer. Ainsi, à la base, l'évaluation est un outil normé au service de résultats fixés en amont, dans l'analyse des objectifs préétablis dont la finalité détermine son objet à évaluer avec des termes clairement définis et conçus. Dans un contexte dans lequel les logiques managériales néolibérales sont dominantes, aucun projet ou aucune action ne se passe d'une évaluation. La démarche de l'évaluation reste le point central pour mesurer des résultats à l'aide d'indicateurs qui se veulent objectivement vérifiables. Dans le cadre de notre étude, l'affirmation des logiques d'évaluation ne va pas de soi. En effet, « la question de l'évaluation fait largement débat dans le secteur culturel. On la dit dévoreuse de temps et d'énergie coûteuse et réclamant une expertise difficile à mobiliser ; on croit deviner derrière ses beaux atours l'ombre des logiques d'audit et de contrôle ; et surtout on la considère comme inadaptée au champ culturel, où règnent le sensible et le subjectif... bref, le non quantifiable2 ». Face à cette situation, l'évaluation est considérée comme l'épée de Damoclès pour les porteurs de projet, du fait qu'ils doivent se questionner sur la « finalité de l'évaluation3 » : que doit-on évaluer exactement ? Que souhaite-t-on évaluer ? Que veut-on vérifier ? Que veut-on tirer de cette action ? Il s'agit pour nous de mettre l'accent sur l'importance de la prise en compte des réalités sociales dans l'élaboration des politiques et stratégies de l'évaluation préalable, qui concerne en particulier le secteur culturel. Le politiste Julien Damon soutient que l'évaluation soulève des critiques, voire des disputes virulentes, car tout ne serait pas évaluable (2009, p.18-23). Par ailleurs, si l'évaluation est un contrôle ou un audit, reste-t-elle encore utile dans sa fonctionnalité ? Une évaluation préalable serait-elle une solution dans cette situation de doute ? Quelle que soit la forme de l'évaluation, son objet ou sa cible s'inscrit dans une logique de mieux tenir les engagements fixés dès la conception des indicateurs et d'agir efficacement (Hadji, 1997, p.19) dans l'obtention des données nouvelles afin d'analyser les résultats.

S'il y a aujourd'hui et de toute évidence un besoin d'évaluer dans les domaines scientifiques, politiques et de la recherche, la réponse à ce besoin s'exprime par des moyens stratégiques pour susciter la qualité via l'évaluation préalable et la référentialisation (Figari, 1994). Dans le domaine de la communication, l'évaluation a été pendant très longtemps considérée comme une démarche utile pour vérifier si la transmission d'un message d'un

2 Arcadi, « L'évaluation dans le secteur culturel. Entre exigence démocratique et efficacité décisionnelle », Colloque du 2 avril 2010, Paris, Comptoir général.

3 Idem, Colloque du 2 avril 2010.

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émetteur à un destinataire arrivait à obtenir le résultat espéré (un émetteur, un objectif, un destinataire)

Dans un ouvrage sous la direction de Jacques Weiss (1991), Michèle Genthon (1991) définit l'évaluation comme un processus de communication suivant les informations qui circulent et les données qui sont produites. Dans une démarche d'évaluation préalable, le porteur de projet est face à un terrain qu'il doit s'approprier pour recueillir des informations et des données, qui seront diffusables après analyse et étude. En désignant l'évaluation comme un processus de communication, Michèle Genthon la représente dans un milieu d'apprentissage et de formation dont les acteurs font partie en tant qu'apprenants en quête de savoir et dont l'évaluation doit vérifier les acquis et les connaissances. Les apprenants ont des représentations, des valeurs, des projets, des intentions, des objectifs, des critères privilégiés (Idem, 1991) censés être évalués dans une logique de communication. Ainsi, s'il y a communication, c'est qu'il y a des informations qui circulent dans le but de transmettre des données et des informations recherchées. En revanche, pour le dossier de présentation d'un projet culturel, il pourrait être envisagé comme un outil de communication ayant la fonction de valoriser les atouts du projet en vue de son financement. Un document présentant les éléments de réussite, des indicateurs pouvant déterminer la faisabilité du projet ainsi que la présentation des ressources possibles de réaliser l'action.

Un projet culturel dont l'évaluation préalable détermine les stratégies et les méthodes à mettre sur pied pour collecter des informations, permettra aux évaluateurs de projets d'émettre leurs assentiments évaluatifs. Le support du projet culturel ainsi conçue, permettra au porteur de projet de communiquer avec les éventuels organismes d'octroi de subvention, du fait qu'il transmet un message, des données évaluables et mesurables.

Communiquer autour d'un projet culturel ou d'une action, c'est transmettre les informations ou les données recueillies durant l'évaluation préalable afin de poser les bases d'une analyse des résultats. La conduite d'une évaluation préalable d'un projet culturel en amont de la conception ouvre les brèches de la faisabilité d'une action en évitant les erreurs et les ratés dans les résultats par le suivi des indicateurs mis en place.

En nous intéressant à l'évaluation préalable, notre mémoire cherche à problématiser pourquoi les porteurs de projet doutent du système d'évaluation des projets soumissionnés

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dans le cadre du programme ACP Cultures+, craignant que le leur soit rejeté. Il analyse aussi le dispositif d'accompagnement des propositions des soumissionnaires et les acquis, les expériences, les connaissances ainsi que les compétences de ces derniers dans la conception d'actions. Il examine la manière dont ils appréhendent la notion d'évaluation préalable ainsi que les règles concernant l'octroi de la subvention. Il cherche à comprendre comment l'évaluation est menée au sein de l'organisme d'octroi de subventions.

Cette démarche va nous permettre de confronter nos savoirs, nos savoir-faire et nos connaissances en évaluation préalable avec les réalités du terrain. En somme, la recherche, bien qu'étant une activité de production de connaissances et de savoirs, est aussi une manière de voir, de regarder un objet et de le connaître afin de renouveler constamment les conceptions, les méthodes et les techniques.

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"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"