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Les enjeux d'une évaluation préalable d'un projet culturel. Cas de l'appel à  propositions du programme ACP cultures+ (Afrique, CaraàŻbes, Pacifique).

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par Eric LOEMBET
Université Lille 3 - Charles de Gaule - Master 2 - Recherche 2015
  

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3.3.3. Paroles d'acteurs sur la définition de l'évaluation

Dans la définition de ce qu'est l'évaluation, il faut tenir compte du point de vue des divers acteurs impliqués dans ce processus. Ce point de vue n'est pas uniforme. En effet, selon les porteurs de projet, évaluer son projet en amont de sa conception permettrait de mieux approprier son projet, question d'éviter les erreurs et les pièges constants de l'évaluation. Une action de pouvoir respecter les consignes et les recommandations d'un dispositif, le cas de notre étude sur l'évaluation préalable, dont devrait faire tout porteur de projet qui aspire aux subventions et à l'argent public. Le respect des valeurs d'une évaluation préalable (objectif, résultats, indicateurs...) éviterait au porteur de projet d'avoir des soucis avec les décideurs financier dans la gestion d'une subvention ou de l'aide de l'Etat. Certes que l'argent publique demande de la rigueur et des exigences contraintes, une évaluation préalable bien conduite en amont épargnerait le porteur de projet des surprises désagréables. Avoir un regard sur son action afin d'améliorer ses pratiques relève bien d'une préoccupation d'animateur de projet.

En revanche selon les décideurs, les porteurs de projet à la quête de financement ne se donnent de la peine de mieux conduire une évaluation pour son projet. Un projet bien construit avec des garantis possibles se verrait attribuer une subvention ou l'aide d'Etat au regard de son évaluation préalable répondant aux normes du dispositif établi par les décideurs. Mais attention, bénéficier l'aide de l'argent public pour son projet une chose, mieux gérer, décider rationnellement de l'utilisation des fonds publics en est une autre, tout aussi légitime selon les décideurs.

Une évaluation est une construction collective et négociée, la prise en compte de multiples points de vue, une méthode rigoureuse. Plus qu'une définition, ce sont les propres attentes des acteurs (Jabot, 2007). Il s'agit de la rétrospective sur soi et sur les autres pour mieux s'identifier dans un environnement suscitant un droit de regard, un droit à la reconnaissance et un droit à la valorisation.

3.3.4. L'origine de la notion d'évaluation en bref

Tout est parti des États-Unis dans les années 1960, dans le cadre d'un programme dit Planning Programming Budgeting (PPB) pour planifier les programmes de gestion budgétaire du gouvernement. Cette planification se justifiait dans l'objectif de mieux stabiliser le système

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budgétaire, l'organisation des programmes publics dans une vision d'évaluer les actions ainsi que leur objet social dans la société. De la planification et de la vérification des programmes, le contrôle est très tôt associé à l'idée d'une évaluation de l'efficacité avec la création, en 1921, du General Accounting Office. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la multiplication des programmes de Welfare suscite une mutation des méthodes de contrôle qui se traduit par un appel plus fréquent aux sciences sociales5. Ce planning avait pour mission de réguler la gestion des comptes de l'État et de mieux évaluer les résultats dans sa réalisation et sa mise en pratique.

En France, l'évaluation va apparaître dans le cadre de la Rationalisation des choix budgétaires (RCB) comme une première tentative pour instituer l'évaluation ex ante (par opposition à l'évaluation ex post qui domine actuellement le paysage de l'évaluation) comme un rouage de la décision publique. Initiative d'origine purement technocratique et inspirée d'une conception trop rationnelle de la décision, elle n'a pas abouti aux résultats escomptés mais a toutefois permis d'amorcer le développement d'une culture de l'évaluation dans l'administration française (Perret, 2003) de 1970 à 1984 sous le gouvernement de Michel Rocard. Cette démarche s'est inscrite dans le but de réaliser des analyses sur les coûts et sur l'efficacité des programmes publics, de vérifier la fonctionnalité des services et d'évaluer le niveau de réussite des programmes. Mais c'est réellement dans les années 1980 qu'on parlera de l'évaluation en France. En 1989 sont ainsi mis en place un Comité national d'évaluation de la recherche ainsi qu'une Commission nationale d'évaluation du RMI. Un Conseil supérieur de l'évaluation (CSE) est créé en 1990. Il sera remplacé par un Conseil national de l'évaluation (CNE) en 1998, aujourd'hui disparu (Damon, 2009). L'évaluation va prendre place dans les discours, dans les institutions et dans tous les domaines selon l'ingénieur et socio-économiste Bernard Perret (2003) parlant ainsi de la fièvre de l'évaluation qui s'est installée dans le pays. Pour couronner cette volonté de mieux évaluer le travail et les institutions, la Société française de l'évaluation en 1999 devient une institution dynamique avec toutes les prérogatives de réussite.

Dans les autres pays du monde, la première vague d'évaluation a été généralement dirigée par des réformistes en période de croissance (sociaux-démocrates en République fédérale d'Allemagne et en Suède, libéraux au Canada). La deuxième vague d'évaluation a

5 Le portail de l'évaluation des politiques publiques : aperçu des évaluations. Disponible sur : http://www.evaluation.gouv.fr

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plutôt été le fait de gouvernements conservateurs dans des périodes moins favorables (par exemple aux États-Unis entre 1968 et 1974, puis après 1979 ; en Grande-Bretagne entre 1970 et 1974, puis après 1979 ; au Danemark après 1982 ; en Norvège de 1981 à 1986 ; aux Pays-Bas après 1982). Dans ce cas, l'évaluation a été davantage orientée vers la perspective d'économies budgétaires (Idem, http://www.evaluation.gouv.fr ).

3.3.5. Mobilisation de la notion d'évaluation du champ de la recherche au champ professionnel

Une organisation professionnelle ou de recherche scientifique vise la performance et la qualité à travers les objectifs fixés en amont dans le cadre d'un développement stratégique basé sur des finalités de croissances pédagogiques, intellectuelles et professionnelles. Cette finalité passe par le système évaluatif interne qui détermine les capacités quantifiables et qualifiables des contenus à diffuser ou à communiquer. Par exemple, le chercheur, dans les sciences sociales est soumis à une exigence de résultats basée sur les communications scientifiques que Viviane Couzinet (1999) qualifie de transmission entre chercheurs des connaissances et des informations produites au cours des activités de recherche. C'est une manière d'évaluer le travail des chercheurs scientifiques dans les universités et les laboratoires de recherche. Il on est de même dans l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, la question d'évaluation est devenue un enjeu crucial et capital comme le souligne Julie Bouchard (2011), la question de la compétitivité, la transparence, l'excellence, l'autonomie, la responsabilité et visibilité sur l'échiquier internationale. Le niveau des enseignements reflètent la qualité de l'établissement en se positionnant au même titre que les autres universités de qualité dans le monde. Le défi de la compétitivité consiste à promouvoir une production du savoir compétitive à l'échelle internationale, et ce souvent en dehors de l'État nation, à travers des formes plus ou moins hybrides de coopération ou d'organisation. Le défi de l'évaluation accompagne un contexte global et concurrentiel régulé par des dispositifs d'évaluation, d'assurance-qualité et d'accréditation qui se systématisent, se professionnalisent et se multiplient (Bouchard, 2011).

L'évaluation est l'instrument par excellence pour mesurer dans un environnement d'apprentissage professionnel ou universitaire, de valorisation des connaissances et de contrôle de la situation. Les données produites dans cette démarche de recueil d'informations doivent servir de supports de vérification du niveau de réussite et de l'atteinte des objectifs. Devenue incontournable dans tous les domaines professionnels, de la recherche, de la

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politique et de l'éducation, l'évaluation fonde ses stratégies sur un triptyque : mesure - jugement - décision (Cardinet, 1989, p. 9) dans le but d'améliorer les résultats d'une manière quantitative et qualitative, visant une finalité objective et positive sans erreurs. Sans être exhaustif, nous allons déterminer l'ancrage de l'évaluation dans les sciences de l'information et de la communication, dans l'éducation, dans les politiques publiques, dans les politiques culturelles et dans l'administration sanitaire.

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