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Le nouveau paradigme économique turc


par Jonathan Martinez
Université Jean Moulin Lyon 3 - Master 2 Relations internationales : Sécurité internationale et Défense 2020
  

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Annexe 9 : Les dix premiers clients de la Turquie en 201975.

Importations

S1 2018

S1 2019

Part de marché

S1 2019

Valeur (USD)

Valeur (USD)

Evolution S1

2018-S1 2019

Total

122 960 309

98 565 835

-19,8%

100%

Russie

11 423 382

10 542 010

-7,7%

10,7%

Chine

11 737 400

8 594 214

-26,8%

8,7%

Allemagne

11 181 604

8 427 515

-24,6%

8,6%

Etats-Unis

6 259 818

5 326 586

-14,9%

5,4%

Italie

5 677 033

4 100 208

-27,8%

4,2%

75 Données du Service économique régional de l'ambassade de France, sur les sources de TürkStat, https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/TR/indicateurs-et-conjoncture

52

Inde

 

3

754

938

3

251

373

-13,4

3,3%

France

4

425

923

3

022

846

-31,7%

3,1%

Corée du Sud

3

597

586

2

878

494

-20%

2,9%

Iran

3

810

401

2

718

133

-28,7%

2,8%

Royaume Uni

4

839

071

2

467

109

-49%

2,5%

Annexe 10 : Les dix premiers fournisseurs de la Turquie en 201976.

B. Une configuration nationale limitant son expansion

La Turquie se confronte également à ses propres limites structurelles. Si son économie à pu maintenir une croissance particulièrement importante sur les deux dernières décennies (en moyenne 5% depuis 2002) et la place à la 19ème place des plus importantes puissances économiques mondiales, cette croissance ne lui assure toutefois pas la capacité d'être un moteur de croissance au niveau régional et d'être un acteur de développement prépondérant auprès de ses voisins.

A bien des égards, on a pu apercevoir que la Turquie a pu revendiquer une position d'Etat hégémonique dans son ensemble régional. Selon la Théorie de la stabilité hégémonique de Charles Kindleberger, et développée par Robert Keohane77, un tel État se caractérise78 d'une part par sa capacité à créer et à vouloir créer des normes internationales et s'employant à les faire respecter, l'exemple de l'Accord d'Astana le 4 mai 2017 ayant conduit à l'établissement quatre zones de cessez-le-feu en Syrie ; et d'autre part une certaine prédominance caractérisée à la fois dans les domaines économiques, technologiques mais également militaire. Si la Turquie se place juste derrière l'Arabie Saoudite, 18ème puissance économique mondiale, celle-ci ne dispose pas de capacité économique lui permettant de revendiquer le rôle d'hégémon bienveillant, c'est à dire pourvoir aux besoins économiques, politiques et sécuritaires de ses pays voisins. Si d'une part un tel rôle lui est refusé de par le souvenir de la domination ottomane sur l'ensemble des pays arabes, ses capacités économiques la limite également. Dépendant des capitaux extérieurs, et incapables de fournir à ses partenaires commerciaux des débouchées pour les exportations, son principal enjeu était et demeure encore aujourd'hui la consolidation de sa puissance et de ses acquis économique. De fait, quoique volontaire, son statut en l'état la

76 Ibid.

77 VANEL Grégory. Le concept d'hégémonie en économie politique internationale. 2003. halshs-00129192

78 Ibid. cit. Keohane, Robert O. 1984. After Hegemony

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rend inapte à être investit du rôle de locomotive économique pour l'ensemble de la région, plus encore alors que son taux de croissance annuel du PIB s'élevait à 1,8% en 202079.

IV. La mobilisation d'un « néo-ottomanisme » visant à répondre à l'instabilité économique et politique de la Turquie

Si l'on constate une appropriation de l'héritage ottoman, par les politiques comme un outil marchand dans l'ensemble régional turc, notamment par la valorisation et la mise en avant d'un passé commun et d'affinité culturelle et religieuse, ce discours incarne également un remède face à l'instabilité politique et sociale que traverse la Turquie à partir de 1980. Comme nous l'avons vu précédemment, le kémalisme n'a pas été en mesure d'apporter des réponses à la crise identitaire latente au sein de l'Etat turc, incapable d'endiguer la vague de violence découlant des problématiques kurdes autant que nationaliste au cours de la « décennie noire ».

Cette période se caractérise par un double phénomène à la fois politique mais également économique. D'une part après trois ans de dictatures, conséquemment au coup d'Etat militaire de 1980, un processus de démocratisation et de décentralisation est mis en place à partir de 1983. Toutefois, cette ouverture à la démocratie porte le poids de la tutelle militaire, et la vie politique se polarise autour de l'affrontement entre islamistes d'une part et laïques d'autre part. Dans ce climat, se développe un « clientélisme » de la part des politiques désireux de tirer le meilleur parti de la fragmentation sociale, la cohésion étant d'autant plus fragmenté par l'aggravation de la question kurde. Développement du populisme, qui, en dépit de la libéralisation de l'économie, va entrainer une forme « d'intrusion » du politique dans l'économie : l'objectif n'est plus en effet la recherche de croissance mais la distribution de rentes dans l'objectif de satisfaire les soutiens politiques, entrainant par ailleurs le développement de la corruption.

Cette situation emporte un certains nombres de conséquences économique pour le pays. Notamment un manque de discipline fiscale qui conduit à un endettement particulièrement lourd du gouvernement turc. Avec des dépenses fiscales trop importante en comparaison avec les revenus, l'Etat cherche à compenser l'endettement, ce qui entraine des taux d'inflation particulièrement élevé et chroniques. A titre d'exemple, entre 1982-2002, la moyenne pour cette hausse de prix annuelle s'élevait à 63 %, le plafond

79 Op. cit. Données du Service économique régional de l'ambassade de France, sur les sources de TürkStat, https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/TR/indicateurs-et-conjoncture

54

ayant été atteint en 1994 avec un taux d'inflation établi à 125 %80. Toutefois dans un climat de libéralisation de l'économie, ces crises périodiques, quoique de plus en plus fréquentes, n'ont jamais durées assez longtemps pour remettre en cause l'ensemble du système.

Ce n'est qu'à partir de Février 2001 que l'intensité de la crise économique a pu renverser le système établi. En effet, la Turquie avait négociée un plan de stabilisation par le change (PSC) avec le FMI, accord entré en vigueur au début de l'année 2000. Celui-ci devait en outre conduire à une réduction de l'inflation, qui oscillait alors entre 40% et 100% depuis les années 80, autant que freiner l'endettement public puisque le besoin de financement des administrations publiques était passé de 4,5% en 1980 à près de 15% du PIB en 199981.

Bien que de nombreux facteurs structurels et économique caractérise cette crise, il est à retenir que c'est par l'intermédiaire d'une violente altercation entre le Premier ministre Bülent Ecevit et le président Ahmet Necdet Sezer le 19 Février 2001 lors de la réunion du Conseil de sécuritéì nationale, que va s'établir la « crise de trop » pour la Turquie82. Cette « grave crise » politique au sein de l'appareil étatique turc va entrainer une série de conséquences sur les marchés financiers, amplifié par une perte de confiance dans la résilience du pays ayant déjà conclu près de seize accords préalable avec le FMI depuis 1961 : dépréciation de la libre turque de 40% par rapport au dollar dans les jours qui suivent, hausse importante de l'inflation conséquemment à la fuite des capitaux et une crise des liquidités, etcÉ C'est finalement la mise en place de mesure par le ministre de l'Économie Kemal Dervis, avec l'aide du FMI, qui évitera à la Turquie de connaître une véritable faillite.

Selon Sinan †lgen83 : « La Turquie était face à une crise de gouvernance. La solution passait par une réforme ambitieuse des institutions et des règles. Il était finalement temps de rompre le lien nuisible entre la politique traditionnelle populiste et l'économie (É) L'objectif principal de ce programme était tout d'abord d'instaurer la confiance afin de limiter les dégâts immédiats. Ensuite, le programme en question visait la

80 †LGEN Sinan, « La transformation économique de la Turquie : une nouvelle ère de gouvernance ? », Le Seuil | « Pouvoirs », 2005/4 n° 115, pages 87 à 99

81 HERICOURT, Jérôme, et REYNAUD Julien, « La crise monétaire turque de 2000/2001 : une analyse de l'échec du plan de stabilisation par le change du FMI », Économie internationale, vol. 108, no. 4, 2006, pp. 526.

82 VANER Semith, - Turquie : chronique d'une crise - Septembre 2001 ; http://www.ceri-sciences-po.org

83 Op. cit. †LGEN, Sinan. « La transformation économique de la Turquie : une nouvelle ère de gouvernance ? », Pouvoirs, vol. 115, no. 4, 2005, pp. 87-99.

55

mise en place d'un nouveau cadre de gouvernance économique. Il prévoyait ainsi l'indépendance totale de la Banque centrale, le renforcement de la capacité administrative et de l'indépendance des autorités de réglementation comme l'autorité bancaire ou le Conseil de concurrence. Il prévoyait aussi la dérégulation et la libéralisation de plusieurs secteurs d'activités économiques essentiellement dans les services. Les secteurs des télécommunications, de l'électricité, du gaz naturel et du transport aérien tombaient dans le champ des réformes (É) Les résultats de ces réformes ne se sont pas fait attendre. L'économie turque a rebondi l'année suivante en enregistrant une croissance de 8 %. L'année d'après, c'est-à-dire en 2003, la croissance ralentissait quelque peu à 6%pour rebondir encore une fois et atteindre le cap de 10% en 2004 ».

C'est dans ce cadre qu'un gouvernement de coalition adoptera, avec l'appuie du FMI, une série de mesure économiques en 2001 devant permettre au pays de sortir de la conjoncture économique et des politiques menées. Si celles-ci venaient en effet conférer des avantages à certains secteurs à des fins électoralistes, favorisaient également l'inflation pour compenser l'endettement public ou l'augmentation de la fiscalité.

Il est en réalité intéressant de considérer et de mettre en parallèle l'arrivée au pouvoir de l'AKP en 2002, parti islamo-conservateur tout juste créé en 2001, avec la crise identitaire turque affectant le tissu social d'une part, et d'autre part l'émergence d'un clientélisme et l'essor de populisme ayant indirectement conduit à l'instabilité économique du pays. Porté par son charismatique président général et fondateur, Recep Tayip Erdogan, sa popularité se fonde largement sur le succès de son programme économique réformateur, autant que par sa volonté de lutter contre la corruption. Celui-ci répond aux nécessité du moment : nouvellement créé c'est un parti ne portant pas de fardeau politique (bien qu'héritier de mouvements antérieurs), son programme hybride ne vise pas seulement l'électorat islamique mais s'appuie sur une doctrine économique libérale, qui va venir appuyer le programme du FMI visant à sortir de la crise, et, plus que tout, il vient répondre à un besoin de moralisation de la vie politique turque (AKP, ou « Parti de la justice et du développement », étant notamment un jeu de mot sur « Ak » ou « blanc » en langue turc, un parti pur sans pêché84). Selon Gerard Groc : « c'est aussi la victoire d'une volontéì devenue majoritaire de voir une dimension sociologique et culturelle prégnante, la

84 SEMO Marc, « L'AKP, un ambigu parti turc », Libération, le 28 septembre 2004, consulté le 24 Mars 2021

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foi musulmane, sortir de la marginalisation dans laquelle elle est confinée par une laïcité dominante et s'affirmer au grand jour comme une option politique acceptable »85.

Cette nouvelle donne politique et économique correspond également à l'importante remise en question de la figure patriarcale d'Attatürk au sein d'une partie de la population et de la classe politique. Cette remise en question concorde, nous l'avons vu, avec une montée du nationalisme turc mais également avec la montée de la radicalisation, elle-même conséquence de la montée du nationalisme kurde et de la politique du PKK particulièrement violente durant la « décennie noire » 1990. Elle est également l'expression, pour reprendre Didier Billion, d'un « sursaut de fierté nationale face à ce qui est perçu comme l'arrogance européenne, en particulier en raison du rejet de la candidature turque lors du conseil européen de Luxembourg en décembre 1997 »86.

L'AKP devient le bénéficiaire politique des mesures prises en 2001 et de l'intervention du FMI, augmentant considérablement sa popularité à l'intérieur du pays, et sa crédibilité à l'extérieure de ses frontières. Le « miracle turc » se caractérise notamment par la mise en place d'une nouvelle livre turc à partir du 1er Janvier 2005 qui divise la monnaie par un million, par la multiplication par trois du PIB par habitant exprimé en dollars courants entre 2002 et 2008, ainsi qu'une augmentation de la confiance des investisseurs étrangers qui facilite l'émergence de plateformes de production et donc l'augmentation de l'activité industrielle. Sur cette même période les exportations turques sont multipliées par quatre (dépassant 130 milliards de dollars en 2008), et la croissance des investissements directs étrangers passe de 628 à 21957 millions de dollars87.

V. Le basculement progressif d'un « pragmatisme économique » vers un « idéalisme politique » néo-ottoman

Plus largement, trois phases semblent se dégager dès lors que considère l'ensemble des politiques menés par l'AKP depuis presque 20 ans.

La première phase peut en effet se caractériser par une volonté de l'AKP de faire aboutir le projet d'intégration européen. En effet entre 2002 et 2008 l'islamisme a très peu

85 G. Groc, « Islam et démocratie en Turquie : une nouvelle dimension », Revue des deux mondes, n° 4, avril, 2003, p. 116-131

86 BILLON Didier, « L'enjeu Turc », Éditeur : Armand Colin (01/05/2006), ISBN : 2200269528

87 ÇAGLAR, Esen. « Où va l'économie turque ? Trois scénarios à long terme et leurs répercussions sur les politiques menées », Hérodote, vol. 148, no. 1, 2013, pp. 138-155.

57

été au coeur des débats politiques concernant la Turquie. Cette première phase se caractérise au contraire par une recherche à la fois d'autonomie, mais aussi de reconnaissance sur la scène internationale, notamment du fait que la pays - de par se « miracle turc » - fait désormais partie des « nouvelles puissances moyennes émergentes 88» ; c'est à dire une puissance étatique dont les acquis économiques sont assez assainis pour pouvoir prétendre à la conversion de sa puissance économique en pouvoir politique à l'international.

La deuxième phase, à partir de 2008-2009 est caractérisée par trois événements distincts. D'une part la crise des subprimes qui vient remettre en question la dynamique économique extrêmement positive turque. D'autre part l'échec d'une adhésion pleine et entière au sein de l'Union Européenne, alors que la France et l'Allemagne désirent la mise en place d'un « partenariat privilégié », cette proposition est appréhendé comme une trahison par le politique turc, notamment au vu de la résilience du pays pour satisfaire au modèle européen et d'une forme d'hypocrisie pouvant se résumer au « je t'aime moi non plus ». Enfin la mise en place d'une diplomatie pro-active au Moyen-Orient et dans les zones d'influences turques - soit la consécration de la théorie de la « profondeur stratégique » du ministre des affaires étrangères (2009-2014), Ahmet Davutoðlu, qui va tendre à abandonner le modèle d'Etat nation kémaliste, marquée par une certaine distance vis à vis des affaires orientales, pour embrasser une identité « islamique » dont les opportunités économiques et politiques seraient en capacité de compenser le rejet européen et d'asseoir la position stratégique de la Turquie en tant que puissance centrale.

La troisième phase, enfin, qui correspond à la remise en question de la stratégie turque au Moyen-Orient, notamment l'échec de la politique syrienne en 2016. La Turquie constate ses propres limites et ne semble pas in fine disposer des moyens de ses ambitions, délaissant peu à peu l'idéalisme pour retourner au pragmatisme. En effet, en se détachant de ses ambition européennes, la Turquie a perdu un certain « attrait » vis à vis des autres pays arabe, n'incarnant finalement plus le pays ayant un pied dans l'islam politique et un pied dans le « développement occidental ». A la recherche d'alliés dans une région particulièrement instable, et se trouvant au carrefour des luttes d'influences entre l'Occident, la Russie et la Chine, le pragmatisme turc sait toutefois mobiliser son héritage

88 JABBOUR, Jana. « La Turquie : une puissance émergente qui n'a pas les moyens de ses ambitions », Politique étrangère, vol. , no. 4, 2020, pp. 99-108.

58

historique et politique pour revendiquer et sécuriser ses intérêts économiques et politiques vitaux.

Si la politique « néo-ottomaniste » turque peut répondre à un projet politique tendant à affirmer le pays non plus comme une puissance régionale mais bien en tant que puissance internationale, celle-ci sert avant tout d'outil pour assurer la pérennité économique de la Turquie. En ce sens, après avoir étudié les tenants et caractéristiques de l'héritage ottoman sur les politiques économiques et les politiques internes de la Turquie sur la seconde moitié du XXème siècle, on a pu observer que la mobilisation dans les discours de cet héritage « ottoman » servait une vision à la fois mercantile vis à vis de l'extérieur, mais également une vision « fédératrice » de l'intérieur. S'emparant d'un idéal d'islam politique, l'AKP rappel au bon souvenir l'Empire ottoman comme une époque d'unité de l'Umma, qui, rassemblée autour de valeurs religieuses, se trouvait abritée de la corruption et du clientélisme.

En réalité, si l'AKP ne se revendique pas ouvertement comme héritier de l'Empire ottoman, les nombreuses références dans les discours, doctrines, et politiques conduites illustre cette dynamique. Le paradigme économique toutefois avancée vient toutefois illustrer l'instrumentalisation du « néo-ottomanisme » par le gouvernement de l'AKP pour répondre aux nécessités économiques que lui impose son environnement naturel, ainsi que la conjoncture qu'elle se doit d'endurer : marginalisation politique de la part de l'Union européenne, instabilité régionale, non appartenance claire à l'Asie ou à l'Occident...

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus