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Le nouveau paradigme économique turc


par Jonathan Martinez
Université Jean Moulin Lyon 3 - Master 2 Relations internationales : Sécurité internationale et Défense 2020
  

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A. Une première phase centrée sur l'intégration européenne : 2002 à 2008

Deux éléments caractérisent cette première période. D'une part, il est a considérer qu'en dépit du caractère islamo-conservateur de l'AKP, la politique diplomatique de la Turquie s'est inscrite, au moins jusqu'en 2007, dans la continuité des politiques conduites par les précédents gouvernements. Celle-ci, en droite ligne avec « La profondeur stratégique » de 2001, entreprend alors une politique dites « zéro problèmes avec les voisins ». Cette politique tend à mettre en évidence la responsabilité de la Turquie dans la stabilité de son ensemble régional, et vise, au travers d'une politique multidimensionnelle préventive à supprimer toutes les difficultés politiques, économiques et sécuritaires pouvant entraver les coopérations interétatiques. Désireuse d'établir des rapports gagnants-gagnants avec ses voisins au travers de mécanismes de dialogue, de coopération et de

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négociation, la Turquie - sent toutefois tomber dans le réactif - affirme tant son occidentalité que son appartenance au monde musulman. Devenant le pont entre ces deux mondes, on observe une volonté de s'affirmer pacifiquement au sein de sa zone d'influence.

Cette politique de bon voisinage s'illustre de nombreuses façons. Il peut notamment être cité le refus de la Turquie de fournir des bases aériennes aux forces de la coalition lors de la guerre d'Irak en 2003 et du soutien financier et logistique tuc visant à la reconstruction. C'est également le soutien turc au plan de réunification de l'île de Chypre proposé par le SGNU en 2004, ou par le développement de relations économiques avec la région autonome du Kurdistan irakien - alors que le PKK avait annoncé en 2000 la fin des hostilités. Enfin, il peut être cité le rafraichissement, et l'approfondissement des relations politiques et économiques avec la Syrie d'Al Assad entre 2007 et 2010, notamment facilité par l'expulsion d'Abdullah öcalan, leader du PKK en 199889.

D'autre part, cette première période est marqué par une volonté de la part de la Turquie de faire aboutir le projet européen, un projet initié le 14 avril 1950 par son adhésion au Conseil de l'Europe et par la volonté exprimé par le Premier ministre turc Adnan Menderes de participer aux initiatives de la communauté économique européenne en 1957. Elle constitue à ce titre la consécration pour la Turquie du modèle Kémaliste - l'intégration au sein du système qui l'avait qualifié des années auparavant « d'homme malade de l'Europe », et la possibilité d'intégrer un système économique et politique développé. Plus encore, elle constitue pour la Turquie une opportunité économique majeur, lui permettant d'intégrer le marché commun, et d'accroitre sa proximité avec son premier partenaire économique. A titre d'exemple, en 2019, l'Union des 27 représentait 42,4% des exportations turques, et 32,3% de ses importations90.

Cette volonté s'est néanmoins heurtée, durant le processus, aux difficultés pour la Turquie de réformer son système afin de pouvoir être pleinement intégrée. Rappelons l'accord d'Ankara91, ou accord d'association entre Turquie et Communauté économique européenne du 12 septembre 1963 dont l'article 28 de l'accord spécifiait : « lorsque le fonctionnement de l'accord aura permis d'envisager l'acceptation intégrale de la part de la

89 Rapport d'information de MM. Ladislas PONIATOWSKI, co-président, Jean-Marc TODESCHINI, co-président et René DANESI, fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées ; n° 629 (2018-2019) - 3 juillet 2019 ; p.42

90 Site officiel du Trésor : https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/TR/commerce-exterieur-turc, consulté le 25 mars 2021

91 « Accord d'association et protocoles CEE-Turquie et autres textes de bases » ; Conseil des Communautés européennes ; Bruxelles 1992 ; ISBN 92-824-0906-6

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Turquie des obligations découlant du traité instituant la communauté, les parties contractantes examineront l'éventuelle possibilité d'une adhésion de la Turquie à la Communauté ».

Le 14 avril 1987, Turgut ...zal déposa officiellement une candidature tenant à l'adhésion pleine et entière à l'Union Européenne (CEE), qui aboutit à un échec en 1989, notamment en raison de son économie, des relations tendues avec la Grèce et de la crise chypriote susceptible de créer un climat défavorable à l'aboutissement des négociations. Au bout du compte la candidature turque ne fut reconnue par les Européens que lors du Conseil Européen d'Helsinki en 1999.

L'Europe a en réalité attendu de la Turquie qu'elle franchisse le pas, endossant pleinement son rôle d'Etat européen. La crispation des négociations s'est ainsi matérialisée autour de la question des critères d'adhésion - « Critères de Copenhague » formulés lors du sommet de 1993. Le conseil Européen est venu préciser que l'adhésion de tout nouveau pays devait être soumis à des conditions préalables tenant notamment à la mise en place « d'institutions stables garantissant l'état de droit, la démocratie, les droits de l'homme, le respect des minorités et leur protection », tout autant que souscrire aux objectifs de l'union politique, économique et monétaire. Ainsi, pour que des négociations sur l'adhésion à l'Union Européenne puissent débuter et plus encore aboutir, le pays demandeur doit a minima respecter le premier critère.

Alors que l'agenda d'intégration à l'Union Européenne fixait le début des négociations à 2005 le blocage des négociations est pourtant intervenu au niveau intra-européen, notamment de par la position tenue par la France et l'Allemagne en 2007, ces derniers contestant la légitimité d'une telle intégration et se rapportant principalement aux caractéristiques de la Turquie : quelle histoire commune et quelle proximité géographique doit fonder la construction européenne ? Quid de la laïcité à la turque qui ne signifie pas la séparation de l'Eglise et de l'Etat, mais le contrôle de la religion dominante par l'Etat ? Avec ses 80 millions d'habitants quel serait le poids politique de ce nouvel Etat dans les institutions européennes et dans les prises de décisions ? Comment appréhender l'économie turque et ses importants déséquilibre extérieurs et tendances inflationnistes, les cas avérés de corruption au sein de l'Etat notamment en considération des montants des aides économiques, transferts et prêts qu'il faudra accorder à la Turquie...

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Plus encore, la problématique Chypriote a constitué un facteur déterminant dans le ralentissement du processus, résultant de l'opération « Paix pour Chypre » (en turc : Atilla Harekâtõ ou Kõbrõs Barõþ Harekâtõ) : l'offensive militaire des forces armées turques lancée le 20 juillet 1974 ayant conduit à l'occupation de 38 % du territoire chypriote par la Turquie92.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984