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La structure de la phrase interrogative en shupamem


par Ernest NJIFON NGOUPAYOU
Université de Yaoundé I - Master 2 en Linguistique Graduat 2017
  

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4.3 Analyse des interrogations à Qu multiple

Il sera question pour nous ici de parler des questions à Qu multiple ; c'est-à-dire des interrogations qui ont plusieurs syntagmes Qu. Pour cela, nous allons analyser les différents déplacements des syntagmes Qu dans une interrogation à Qu multiple. Pour se faire, nous

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allons nous appuyer sur la contrainte de supériorité, Attract Closest Principle et la contrainte sur les dépendances emboîtées.

La contrainte de supériorité (superiority condition) stipule que dans une interrogation à Qu multiple, le syntagme Qu en position basse29 ne peut pas se déplacer avant le syntagme Qu en position haute30.

Considérons les phrases suivantes :

(38) a. wo ja' n?Ì?
Qui où M Int « Qui est où ? »

b. *ja' wo n?Ì ?

Où qui M Int «Où est qui ?»

(39) a. k÷?ì ja' n?Ì ?
quoi où M Int «Qu'est-ce qui est où ? »

b. *ja' k÷?Ì n?Ì ?

où quoi M Int
« Où est quoi ? »

Dans les phrases (38a) et (39a), nous avons à faire à des interrogations averbales à Qu multiple. Dans (38a) et (39a) nous avons les syntagmes Qu en position haute qui sont wo (qui) et k÷?Ì (quoi) et le syntagme Qu en position basse qui est ja' (où) dans toutes les deux phrases. Nous constatons que la contrainte de supériorité est respectée dans cette interrogation. Ceci parce que les syntagmes Qu en position haute wo (qui) et k÷?Ì (quoi) se déplacent avant le syntagme Qu en position basse ja' (où).

Contrairement aux phrases (38a) et (39a) qui sont grammaticales, nous constatons que les phrases (38b) et (39b) ne le sont pas. L'agrammaticalité de (38b) et (39b) s'explique par le fait que la contrainte de supériorité n'est pas respectée ici car en (38b), le syntagme Qu en position basse ja' (où) s'est déplacé avant le syntagme Qu en position haute wo (qui), et ja' (où) s'est déplacé avant k÷?Ì (quoi) en (39b).

Selon Bayer (2004), dans une question à Qu multiple, la trace du syntagme Qu en position initiale doit c-commander le syntagme Qu in-situ. C'est ce que nous montre l'exemple anglais ci-dessous :

29 Les syntagmes Qu en position basse sont les adjoints référentiels et les adjoints non référentiels. En Shupamem, les syntagmes Qu en position basse sont : ja' (où), f?ì?n?Ì (quand) et m?ì?ga`k÷?Ì (pourquoi).

30 Dans une interrogation à Qu multiple, les syntagmes Qu en position haute sont les arguments. En Shupamem, les syntagmes Qu en position haute sont wo (qui) et k÷?Ì (quoi).

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(40) [[Comp whatj whoi] ti read tj]

(Strik 2004:92), ex. 148)) Pesetsky 1987: 100), ex.6))

`Attract Closest Principle', ce principe syntaxique stipule que dans une interrogation à Qu multiple, « a head which attracts a given kind of constituent attracts the closest constituent of the relevant kind »31 (Radford 2006: 136)

En fait, cela revient à dire que dans une interrogation à Qu multiple, c'est le syntagme Qu qui est en position haute qui doit se déplacer en premier lieu ; or comme nous l'avons dit un peu plus haut, il y a deux syntagmes Qu qui sont en position haute. Il s'agit des arguments wo (qui) et k÷è (quoi). Ceci veut dire que ce sont ces deux arguments qui doivent se placer avant les adjoints référentiels et les adjoints non référentiels. Les exemples (38a) et (39a) illustrent très bien ce que nous venons d'expliquer.

Nous devons aussi noter que même dans les interrogations à Qu multiple avec focalisation d'un syntagme Qu, ce sont toujours les syntagmes Qu en position haute qui se déplacent avant les syntagmes Qu en position basse (adjoints référentiels et adjoints non référentiels). C'est ce qu'illustrent les exemples suivants :

(41) a. aì ø-?gwoìn wo jaì n?Ì ?

c'est PRS- partir qui où M Int « Qui part où ? »

b. aì wo juoì I ø-?gwoìn jaÌ n?Ì?

c'est qui que 3sg PRS- partir où M Int
« C'est qui qui part où ? »

*c. aì jaì juoì ø-?gwoìn wo n?Ì ?

c'est quoi que PRS- partir qui M Int « C'est où qui part ? »

Nous pouvons observer que dans la phrase (41a), nous avons deux syntagmes Qu qui se trouvent en fin de phrase ; il s'agit de wo (qui) et jaì (où). Dans la phrase (41b), wo (qui) est focalisé et nous avons une phrase grammaticale. Mais (41c) est agrammaticale parce que c'est jaì (où), syntagme en position basse qui est focalisé au lieu de wo (qui), syntagme en position haute.

La Contrainte sur les Dépendances Emboîtées (Nested Dependency Condition) stipule que si deux dépendances de trace Qu se chevauchent, l'une doit contenir l'autre. L'exemple (50) ci-dessous nous illustre cette contrainte.

(42) a Whoi did you persuade ti to read what?

qui.Wh faire.PRET.2sg tu.NOM convaincre.INF de lire.INF quoi.Wh

31 Une tête qui attire un constituant donné attire le constituant du même genre le plus proche.

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« Qui as-tu convaincu de lire quoi ? »

*b ??What1 did you persuade who(m) to read t1 ?

que.Wh faire.PRET.2sg tu.NOM convaincre.INF qui.Wh de lire.INF « Qu'as-tu convaincu à qui de lire ? »

(Strik 2004 : 93, ex. 151a&b) Pesetsky 1987 : 104, ex. 20))

Strik (2004) estime que la phrase (42a) est grammaticale alors que la phrase (42b) ne l'est pas, cela s'explique par le fait que dans (42a), le déplacement de who est emboîté dans le déplacement de what, alors que dans (42b) les deux déplacements se croisent. Il continue en disant que (42a) est jugé meilleur que (42b). Cela s'explique si on prend en considération la représentation de ces questions en FL. Par hypothèse, la représentation en FL de (42a) et (42b) correspond aux structures suivantes :

(43) a [S' what1 [S' whoi [S you persuade ti to read t1]]]

b)?? [S'whoi [S' what1 [S you persuade ti to read t1]]]

(Strik 2004 : 93, ex. 152a et b)

La Contrainte sur les Dépendances Emboîtées vient confirmée l'hypothèse selon laquelle le syntagme Qu en position haute se déplace toujours avant les syntagmes Qu en position basse.

4.3.1 Distribution des syntagmes Qu en Shupamem

Pour savoir la distribution des syntagmes Qu dans une interrogation à Qu multiple nous allons analyser les interrogations ayant plusieurs syntagmes Qu.

Soient les phrases suivantes :

(44) a. m?Ìn ka`pî - tá? k÷?Ì f??n?Ì m??ga'k÷?Ì n?Ì ?

enfant P4 vouloir quoi quand pourquoi M Int « L'enfant voulait quoi quand et pourquoi ? »

*b. wo ka`pi'- tá? k÷?Ì f??n?ì m??g'ak÷?Ì n?Ì?

qui P4-vouloir quoi quand pourquoi M Int « Qui voulait quoi quand et pourquoi ? »

Nous constatons que dans la phrase (44a), l'argument wo est focalisé. C'est pour cette raison qu'il se trouve à la périphérie gauche. La phrase (44b) est agrammaticale parce que wo (qui) se trouve à la périphérie gauche de la phrase interrogative. Or, pour que le syntagme wo

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(qui) soit en initial de phrase, il faut que ce syntagme soit focalisé ou que nous ayons à faire à une interrogation averbale.

La phrase (44a) nous permet d'identifier l'ordre des syntagmes Qu dans une interrogation à Qu multiple. L'ordre des syntagmes Qu dans une interrogation à Qu multiple est le suivant :

Argument + Adjoints référentiels +Adjoints non référentiels

Si cet ordre n'est pas respecté, la phrase sera agrammaticale. Nous allons représenter la phrase (44a) sur un arbre.

(45) SInt

Spéc Int'

Int° ST

`

n?

Spéc

 

T'

T° SV

Spec

V'

SN Spec

N'

Adv'

SAdv

Spéc Adv'

Adv°

Adv°

N° SAdv

Spec

 

m?Ìn

enfant

ka`pî

P4

tá?

k÷?Ì

vouloir quoi

f??n?Ì

quand

m??ga'k÷?Ì

pourquoi

 

L'arbre (45) ci-dessus représente la phrase (44a). Cet arbre nous permet de voir les différents mouvements qui se sont opérés.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld