Paragraphe II : Un bassin au rendement agricole
abondant
Située dans une zone climatique assez clémente avec
des précipitations pluviométriques abondantes, la ville de
Moundou constitue un bassin de production agricole (A) très important
dans la partie méridionale du pays, les principales cultures
vivrières (B) servent aussi au commerce et d'autres activités
économiques.
A. un bassin de production agricole
De facon generale, la région du logone occidentale
selon le découpage administratif compte 563 villages, 433 dans le
departement de lac Wey dont 20 cantons et 7 sous - préfectures pour une
population de 331 496 habitants et 689 044 habitants pour la région
avec
26
près de 99% pourcent de sedentaire. Cette région
occupe une zone d'environ 8000km2, si l'on considère le
découpage administratif pour une maximale d'environ
100ha/km2. En ajouts aux conditions démographiques et
naturelles tres clement,cette région est dotée d'une
énorme ferme agricole sur l'axe allant vers N'Djamena à Deli.
Cette ferme bénéficie de l'expérience de l'ONDR, de
l'ITRAD, l'ONASA, du FAO et des nombreuses autres structures installées
dans la commune de Moundou avec pour vision de faire de l'agriculture le pilier
du développement en garantissant la sécurite alimentaire. Ainsi,
les agriculteurs de cette région bénéficient d'un appui
technique et materiel en termes de crédit pour fonds de fonctionnement
ou de subvention quant aux intrants et ventes des récoltes. Ceci a une
incidence évidente sur la production agricole. Les rapports fournis par
l'ONDR ces dernières années sur les différentes campagnes
agricoles laissent apparaitre une situation alimentaire calme bien qu'il y a eu
flambée des prix des denrees alimentaires et déficience de la
situation pluviométrique. Nul cas de famine n'a été
mentionné au sein de la RDRCS dont fait partie Moundou.
Tableau 1: Situation alimentaire à Moundou entre
2007 et 2012
Année
|
Production
céréalière en tonne
|
Nombre d'habitants
|
Besoin de la population
|
Bilan céréalier
|
2012
|
57 867
|
300 369
|
59 332
|
-1464
|
2007
|
21 329
|
266 933
|
40 846
|
30 983
|
Source : rapports ONDR 2007 et 2012
Sur ce tableau nous remarquons que la situation de production
céréalière est croissante de 2007 à 2012 ainsi le
nombre d'habitant et le besoin de la population.
B. principales cultures vivrières
Les principales cultures vivrières destinées
à la commercialisation sont le sésame et l'arachide. Ces cultures
constituent l'essentiel de l'investissement des populations villageoises, le
haricot, le riz et le manioc ne sont pas exclus. Il faut également noter
que l'extraction de l'huile d'arachide et du sésame prend de l'ampleur
grâce à l'industrie « Al Douria33 » et
entrainant ainsi la reconversion des nombreux producteurs de coton. La
production animale enregistrée auprès des Agro-éleveurs,
puis que la population étant par
33 Industrie locale d'extraction de l'huile
d'arachide
27
extrapolation essentiellement agricole, avait des traits
positifs et ceci à la même période aout 2012. Les
estimations des espèces sont en progression pour les bovins 15%, ovins
5%, caprins 22% et volailles 7%, seul chez les porcins ou on a
enregistré une variation négative de 31%34.
Toutes ces potentialités du milieu physique justifient
l'accroissement de la population et sont à l' origine des conflits
fonciers.
- Un cadre économique et urbain
favorable
La ville de Moundou a été érigée en
capital économique du Tchad après l'accession à la
souveraineté internationale, ce qui lui a permis de
bénéficier d'un léger investissement dans le secteur
économique et urbain.
- Un tissu économique dynamique mais
restreint
Moundou demeure la plus grande ville industrielle du Tchad,
elle compte un germe assez restreint mais dynamique d'unité
industrielle, ce sont des unités essentiellement agricoles.
? La filière coton
La société cotonnière (COTONTCHAD SN) est
l'acteur principal de la filière et partenaire des producteurs de coton.
A sa naissance en 1930, elle était sous le label de
société cotonnière franco-belge (Coton CO). En 1960, la
France devient le propriétaire unique de la société, elle
prend alors l'étiquette de société cotonnière
française. La date du 07 juin 2012 marque la dissolution
véritable de la cotontchad suite à la décision du pouvoir
centrale de restructurer la société, la cotonnière du
Tchad Société Nouvelle (COTONTCHAD SN) a donc été
créée le 18 janvier 2012, elle est dite de droit prive tchadien
au capital de 5,01 milliards de francs CFA. De 1997 à 2010, la
production a chuté de 263 000 t à 35 000 t, cette filière
fait vivre 1/3 de la population tchadienne soit 4 millions d'âmes et est
le second pourvoir d'emplois après l'Etat. Elle embauche plus de 2 500
âmes, sa zone de production s'étend d'environ 750km2 de
long sur 250km2 de large au sud du pays.
34 Source: rapport 2013 de l'ONDR
28
Tableau 2: Evolution de la production cotonnière
au Tchad de 2008-2012
Années
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
Surface (ha)
|
44 487
|
2054
|
29303
|
30883
|
50143
|
Production (t)
|
33779
|
7499
|
19088
|
15609
|
254 993
|
Rendements (Kg / ha)
|
759
|
374
|
651
|
505
|
507
|
Source : différents rapports de l'ONDR de 2008
à 2012.
A travers ce tableau nous remarquons que la production
cotonnière au 2008 à 2012 est croissante malgré la chute
du prix de ce dernier sur le marché mondial.
? La filière Tabac
La manufacture des cigarettes du Tchad (MCT) est la principale
usine de fabrication et commercialisation des cigarettes fondée le 9 mai
1968. Elle emploie 160 habitants dont 80 à Moundou. La MCT est l'une des
principales filiales du Groupe Imperial Tobacco, elle est l'usine la plus
grande d'Afrique centrale avec une production annuelle d'un milliard cinq cent
millions d'unités (1 500 000 000d'unité).
? La filière Sésame
Moundou abrite une usine d'exploitation de sésame
dénommée « Sésame Tchad », c'est une jeune
filière née sur les cendres de « Gomme Tchad », exporte
ses produits vers Londres, Paris et Bombay. En 2012, la société a
produit 6 000 t de sésames, elle emploie 600 habitants environ.
? La filière pétrole
Dans le secteur pétrolier, une usine de traitement des
boues hydrocarbures, solides d'une capacité de 10 080 t et une usine de
recyclage des eaux usées d'une capacité de 116 640 t sont en
train d'être montées à Moundou. La société
est appelée SOTRADA (Société de Traitement de
Déchets et d'Assainissement). Elle est dotée d'une usine
complète de recyclage des eaux usées d'une capacité
respective de 1440 t/an et 8640 t/an pour les deux incinérateurs
arrimés aux normes européennes et asiatiques. La SOTRADA est le
fruit de la filiale BOCOM internationale du Cameroun et la
société des hydrocarbures du Tchad. Ce projet est l'expression de
la capacité de Moundou à s'ouvrir à une coopération
sud-sud.
29
? Le secteur bancaire en pleine
expansion
Le secteur bancaire du Tchad est constitué de huit (08)
banques dont Moundou abrite toutes les agences, ces banques sont les suivantes
: Banque agricole et commerciale du Chari, Banque commercial du Chari, Ecobank
Tchad, Banque sahélo saharienne pour l'investissement et le commerce,
Commercial bank Tchad, Financial bank Tchad, Société
générale de banque et United bank for Africa Tchad. A cote ces
filières, l'on constate une panoplie d'entreprises opérant dans
le domaine des BTP (ENCOBA, SETUBA, SOLVET etc.). Avec une part importante dans
le développement socio-économique de la cite moundoulaise.
? Une population jeune et
cosmopolite
La population du Tchad en général et celle de
Moundou en particulier est caractérisée par sa jeunesse selon les
résultats du recensement général de l'habitat et de la
population.
Une population jeune et dynamique
Les données du RGPH2 publiées en 2009 par
l'INSSED permettent d'avoir une idée sur le profil démographique
de la population tchadienne en général, du département de
lac Wey donc de Moundou en particulier.
D'après les résultats de ce recensement, le
Tchad en 2008 avait 11.039.873 habitants dont plus de la moitié
était formée de femmes avec un pourcentage de 50.6% et taux de
croissance moyenne de 3.6% pour une densité de 8.6 habitants au
Km2. La population effectivement dénombrée
était de 10.941.682 habitants avec un taux d'accroissement de la
population nomade de 0.3%. Il faut tout de même souligner que 50% de
cette population était âgée de moins de 15 ans et 68% de
plus 25 ans.
On remarque donc que la population tchadienne est fortement
jeune et dominée par les femmes, on compte 98 hommes pour 100 femmes.
Cette population de 1993 à 2009 a pratiquement doublé de
densité qui est passée respectivement de 4.9 à 8.6
habitants au Km2. Cette croissance se justifie par la
stabilité relative (il y a eu des troubles en 2006, 2007, et 2008) que
le pays est en train de retrouver depuis près d'une décennie. Il
y a lieu de prendre en compte les multiples efforts consentis pour faciliter
l'accès à l'eau potable, à la sante et à
l'éducation des populations. Durant la période de 1993 à
2009 le pays n'a pas connu de famine à l'instar de celles des
années 1970 ou 80.
30
La population de Moundou quant à elle est
dénombrée à 150 115 habitants en 2009. Elle se
caractérise par un pourcentage élevé de la population
masculine soit 75 817 hommes contre 74 298 femmes. Ceci s'explique par le fait
qu'une bonne partie de la population est constituée des jeunes gens
venus des régions périphériques à la quête
d'un emploi. Le taux de chômage y est de 15% avec 45% des actifs si l'on
considère les actifs comme les domestiques, les commerçants
ambulants et occasionnels, les pousseurs, les cireurs, les menuisiers, les
maçons occasionnels, les chauffeurs des véhicules et
moto-taxis.
Figure 4: Evolution de la population de Moundou
(1950-2009)
Source : INSEED
L'évolution de la population de Moundou tel que
représentée sur l'histogramme de la figure no 5, est très
accélérée. En 60 ans la population s'est multipliée
par huit. Entre 1975 et 1993 malgré les troubles politiques, la
population a doublé parce que Moundou était en ce temps
relativement calme. La sécheresse au Nord a également
contribué à une forte migration vers le Sud, ce qui peut
expliquer d'ailleurs la présence des autres communautés comme les
Gouran, les Zaghawa et les Ouaddaien etc à Moundou.
Par ailleurs, Moundou en tant que chef-lieu de région
représente le troisième poids démographique national et
renferme la plus forte densité du pays évaluée à
100 habitants au Km2 pour une densité brute de 97 habitants
par hectare. Cette densité s'explique par le fait que la population est
essentiellement sédentaire. C'est un atout pour la production agricole
vu que la région est un bassin de production, ceci est pareillement
avantageux.
31
? Une diversité de richesses
culturelles
L'appellation « Moundou » qui veut dire « botte
de paille » en Ngambaye renferme en soi une richesse culturelle immense.
L'on peut déjà constater le peuple Ngambaye est autochtone de
cette ville, même si beaucoup de langues laissent croire que les Baguirmi
seraient les premiers occupant du site de la commune. On dénombre au
total une soixantaine d'ethnies au sein de cette collectivité. La
commune de renferme un creuset de populations. Une partie est venue du sud du
pays, on peut citer les Sara, les Mbay, les Kaba et les Gore etc. une autre
partie est venue du nord du pays, on peut citer les peuples tels que les
Baguirmi, les Ouaddaiens, le Bornou, les Arabes, les Gouranes etc, il y'a aussi
un nombre important de ressortissants nigérians. Bien que cette
diversité soit à l'origine des conflits identaires, elle
revête tout de même une
hétérogénéité culturelle socle du
développement et des échanges culturels. Plusieurs manifestations
culturelles permettent de connaitre les potentialités culturelles du
peuple Ngambaye autochtone de la région et celle des autres qui
cohabitent avec elle.
Du point de vue de l'éducation, il existe une pratique
initiatique appelée « Laou » ou tous les garçons de 18
ans y vont pour recevoir une éducation traditionnelle qui prépare
à devenir « homme » et à être apte à
diriger son foyer. En ce qui concerne la danse, on dénombre un certain
nombre de festival servant de cadre d'expression.
Nous avons le festival d'art et de la culture Ngambaye
dénommé « NDO NAIN LE NGAMBAYE DJE » dont la
première édition s'est tenue en décembre 2012 a
réuni les Ngambaye du Tchad et de la diaspora, cette rencontre
culturelle contribue à renforcer le tourisme régional au travers
les expositions d'oeuvres d'art et du savoir-faire local.
L'autre festival majeur qui subsiste encore de nos jours est le
festival « SEM TA DOUA »
La deuxième édition du festival culturel «
SEM TA DOUA » est l'initiative de l'association « Tchad
héritage », la deuxième édition s'était tenue
aux abords de BEAC de Moundou. Ce rendez vous culturel a réuni les
artistes traditionnels venus de plusieurs régions du pays.
Il existe dans le même sillage un conservatoire de la
culture Ngambaye où sont gardés les objets d'art, des images et
des documents sur le peuple en question constituant ainsi une
potentialité touristique pour satisfaire la curiosité des
visiteurs lors des grandes manifestations.
32
Photo 1: Danseurs Ngambaye au festival SEM TA
DOUA
Source : Djim Black
|