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La contribution de la coopération décentralisée au processus du développement local au Tchad: le cas du jumelage entre les villes de Moundou (Tchad) et de Poitiers (France)


par Christian ALLANDIGUIM REOUMBAYE
Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) - Master 2013
  

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Paragraphe II : Un bassin au rendement agricole abondant

Située dans une zone climatique assez clémente avec des précipitations pluviométriques abondantes, la ville de Moundou constitue un bassin de production agricole (A) très important dans la partie méridionale du pays, les principales cultures vivrières (B) servent aussi au commerce et d'autres activités économiques.

A. un bassin de production agricole

De facon generale, la région du logone occidentale selon le découpage administratif compte 563 villages, 433 dans le departement de lac Wey dont 20 cantons et 7 sous - préfectures pour une population de 331 496 habitants et 689 044 habitants pour la région avec

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près de 99% pourcent de sedentaire. Cette région occupe une zone d'environ 8000km2, si l'on considère le découpage administratif pour une maximale d'environ 100ha/km2. En ajouts aux conditions démographiques et naturelles tres clement,cette région est dotée d'une énorme ferme agricole sur l'axe allant vers N'Djamena à Deli. Cette ferme bénéficie de l'expérience de l'ONDR, de l'ITRAD, l'ONASA, du FAO et des nombreuses autres structures installées dans la commune de Moundou avec pour vision de faire de l'agriculture le pilier du développement en garantissant la sécurite alimentaire. Ainsi, les agriculteurs de cette région bénéficient d'un appui technique et materiel en termes de crédit pour fonds de fonctionnement ou de subvention quant aux intrants et ventes des récoltes. Ceci a une incidence évidente sur la production agricole. Les rapports fournis par l'ONDR ces dernières années sur les différentes campagnes agricoles laissent apparaitre une situation alimentaire calme bien qu'il y a eu flambée des prix des denrees alimentaires et déficience de la situation pluviométrique. Nul cas de famine n'a été mentionné au sein de la RDRCS dont fait partie Moundou.

Tableau 1: Situation alimentaire à Moundou entre 2007 et 2012

Année

Production

céréalière en tonne

Nombre d'habitants

Besoin de la population

Bilan céréalier

2012

57 867

300 369

59 332

-1464

2007

21 329

266 933

40 846

30 983

Source : rapports ONDR 2007 et 2012

Sur ce tableau nous remarquons que la situation de production céréalière est croissante de 2007 à 2012 ainsi le nombre d'habitant et le besoin de la population.

B. principales cultures vivrières

Les principales cultures vivrières destinées à la commercialisation sont le sésame et l'arachide. Ces cultures constituent l'essentiel de l'investissement des populations villageoises, le haricot, le riz et le manioc ne sont pas exclus. Il faut également noter que l'extraction de l'huile d'arachide et du sésame prend de l'ampleur grâce à l'industrie « Al Douria33 » et entrainant ainsi la reconversion des nombreux producteurs de coton. La production animale enregistrée auprès des Agro-éleveurs, puis que la population étant par

33 Industrie locale d'extraction de l'huile d'arachide

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extrapolation essentiellement agricole, avait des traits positifs et ceci à la même période aout 2012. Les estimations des espèces sont en progression pour les bovins 15%, ovins 5%, caprins 22% et volailles 7%, seul chez les porcins ou on a enregistré une variation négative de 31%34.

Toutes ces potentialités du milieu physique justifient l'accroissement de la population et sont à l' origine des conflits fonciers.

- Un cadre économique et urbain favorable

La ville de Moundou a été érigée en capital économique du Tchad après l'accession à la souveraineté internationale, ce qui lui a permis de bénéficier d'un léger investissement dans le secteur économique et urbain.

- Un tissu économique dynamique mais restreint

Moundou demeure la plus grande ville industrielle du Tchad, elle compte un germe assez restreint mais dynamique d'unité industrielle, ce sont des unités essentiellement agricoles.

? La filière coton

La société cotonnière (COTONTCHAD SN) est l'acteur principal de la filière et partenaire des producteurs de coton. A sa naissance en 1930, elle était sous le label de société cotonnière franco-belge (Coton CO). En 1960, la France devient le propriétaire unique de la société, elle prend alors l'étiquette de société cotonnière française. La date du 07 juin 2012 marque la dissolution véritable de la cotontchad suite à la décision du pouvoir centrale de restructurer la société, la cotonnière du Tchad Société Nouvelle (COTONTCHAD SN) a donc été créée le 18 janvier 2012, elle est dite de droit prive tchadien au capital de 5,01 milliards de francs CFA. De 1997 à 2010, la production a chuté de 263 000 t à 35 000 t, cette filière fait vivre 1/3 de la population tchadienne soit 4 millions d'âmes et est le second pourvoir d'emplois après l'Etat. Elle embauche plus de 2 500 âmes, sa zone de production s'étend d'environ 750km2 de long sur 250km2 de large au sud du pays.

34 Source: rapport 2013 de l'ONDR

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Tableau 2: Evolution de la production cotonnière au Tchad de 2008-2012

Années

2008

2009

2010

2011

2012

Surface (ha)

44 487

2054

29303

30883

50143

Production (t)

33779

7499

19088

15609

254 993

Rendements (Kg / ha)

759

374

651

505

507

Source : différents rapports de l'ONDR de 2008 à 2012.

A travers ce tableau nous remarquons que la production cotonnière au 2008 à 2012 est croissante malgré la chute du prix de ce dernier sur le marché mondial.

? La filière Tabac

La manufacture des cigarettes du Tchad (MCT) est la principale usine de fabrication et commercialisation des cigarettes fondée le 9 mai 1968. Elle emploie 160 habitants dont 80 à Moundou. La MCT est l'une des principales filiales du Groupe Imperial Tobacco, elle est l'usine la plus grande d'Afrique centrale avec une production annuelle d'un milliard cinq cent millions d'unités (1 500 000 000d'unité).

? La filière Sésame

Moundou abrite une usine d'exploitation de sésame dénommée « Sésame Tchad », c'est une jeune filière née sur les cendres de « Gomme Tchad », exporte ses produits vers Londres, Paris et Bombay. En 2012, la société a produit 6 000 t de sésames, elle emploie 600 habitants environ.

? La filière pétrole

Dans le secteur pétrolier, une usine de traitement des boues hydrocarbures, solides d'une capacité de 10 080 t et une usine de recyclage des eaux usées d'une capacité de 116 640 t sont en train d'être montées à Moundou. La société est appelée SOTRADA (Société de Traitement de Déchets et d'Assainissement). Elle est dotée d'une usine complète de recyclage des eaux usées d'une capacité respective de 1440 t/an et 8640 t/an pour les deux incinérateurs arrimés aux normes européennes et asiatiques. La SOTRADA est le fruit de la filiale BOCOM internationale du Cameroun et la société des hydrocarbures du Tchad. Ce projet est l'expression de la capacité de Moundou à s'ouvrir à une coopération sud-sud.

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? Le secteur bancaire en pleine expansion

Le secteur bancaire du Tchad est constitué de huit (08) banques dont Moundou abrite toutes les agences, ces banques sont les suivantes : Banque agricole et commerciale du Chari, Banque commercial du Chari, Ecobank Tchad, Banque sahélo saharienne pour l'investissement et le commerce, Commercial bank Tchad, Financial bank Tchad, Société générale de banque et United bank for Africa Tchad. A cote ces filières, l'on constate une panoplie d'entreprises opérant dans le domaine des BTP (ENCOBA, SETUBA, SOLVET etc.). Avec une part importante dans le développement socio-économique de la cite moundoulaise.

? Une population jeune et cosmopolite

La population du Tchad en général et celle de Moundou en particulier est caractérisée par sa jeunesse selon les résultats du recensement général de l'habitat et de la population.

Une population jeune et dynamique

Les données du RGPH2 publiées en 2009 par l'INSSED permettent d'avoir une idée sur le profil démographique de la population tchadienne en général, du département de lac Wey donc de Moundou en particulier.

D'après les résultats de ce recensement, le Tchad en 2008 avait 11.039.873 habitants dont plus de la moitié était formée de femmes avec un pourcentage de 50.6% et taux de croissance moyenne de 3.6% pour une densité de 8.6 habitants au Km2. La population effectivement dénombrée était de 10.941.682 habitants avec un taux d'accroissement de la population nomade de 0.3%. Il faut tout de même souligner que 50% de cette population était âgée de moins de 15 ans et 68% de plus 25 ans.

On remarque donc que la population tchadienne est fortement jeune et dominée par les femmes, on compte 98 hommes pour 100 femmes. Cette population de 1993 à 2009 a pratiquement doublé de densité qui est passée respectivement de 4.9 à 8.6 habitants au Km2. Cette croissance se justifie par la stabilité relative (il y a eu des troubles en 2006, 2007, et 2008) que le pays est en train de retrouver depuis près d'une décennie. Il y a lieu de prendre en compte les multiples efforts consentis pour faciliter l'accès à l'eau potable, à la sante et à l'éducation des populations. Durant la période de 1993 à 2009 le pays n'a pas connu de famine à l'instar de celles des années 1970 ou 80.

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La population de Moundou quant à elle est dénombrée à 150 115 habitants en 2009. Elle se caractérise par un pourcentage élevé de la population masculine soit 75 817 hommes contre 74 298 femmes. Ceci s'explique par le fait qu'une bonne partie de la population est constituée des jeunes gens venus des régions périphériques à la quête d'un emploi. Le taux de chômage y est de 15% avec 45% des actifs si l'on considère les actifs comme les domestiques, les commerçants ambulants et occasionnels, les pousseurs, les cireurs, les menuisiers, les maçons occasionnels, les chauffeurs des véhicules et moto-taxis.

Figure 4: Evolution de la population de Moundou (1950-2009)

Source : INSEED

L'évolution de la population de Moundou tel que représentée sur l'histogramme de la figure no 5, est très accélérée. En 60 ans la population s'est multipliée par huit. Entre 1975 et 1993 malgré les troubles politiques, la population a doublé parce que Moundou était en ce temps relativement calme. La sécheresse au Nord a également contribué à une forte migration vers le Sud, ce qui peut expliquer d'ailleurs la présence des autres communautés comme les Gouran, les Zaghawa et les Ouaddaien etc à Moundou.

Par ailleurs, Moundou en tant que chef-lieu de région représente le troisième poids démographique national et renferme la plus forte densité du pays évaluée à 100 habitants au Km2 pour une densité brute de 97 habitants par hectare. Cette densité s'explique par le fait que la population est essentiellement sédentaire. C'est un atout pour la production agricole vu que la région est un bassin de production, ceci est pareillement avantageux.

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? Une diversité de richesses culturelles

L'appellation « Moundou » qui veut dire « botte de paille » en Ngambaye renferme en soi une richesse culturelle immense. L'on peut déjà constater le peuple Ngambaye est autochtone de cette ville, même si beaucoup de langues laissent croire que les Baguirmi seraient les premiers occupant du site de la commune. On dénombre au total une soixantaine d'ethnies au sein de cette collectivité. La commune de renferme un creuset de populations. Une partie est venue du sud du pays, on peut citer les Sara, les Mbay, les Kaba et les Gore etc. une autre partie est venue du nord du pays, on peut citer les peuples tels que les Baguirmi, les Ouaddaiens, le Bornou, les Arabes, les Gouranes etc, il y'a aussi un nombre important de ressortissants nigérians. Bien que cette diversité soit à l'origine des conflits identaires, elle revête tout de même une hétérogénéité culturelle socle du développement et des échanges culturels. Plusieurs manifestations culturelles permettent de connaitre les potentialités culturelles du peuple Ngambaye autochtone de la région et celle des autres qui cohabitent avec elle.

Du point de vue de l'éducation, il existe une pratique initiatique appelée « Laou » ou tous les garçons de 18 ans y vont pour recevoir une éducation traditionnelle qui prépare à devenir « homme » et à être apte à diriger son foyer. En ce qui concerne la danse, on dénombre un certain nombre de festival servant de cadre d'expression.

Nous avons le festival d'art et de la culture Ngambaye dénommé « NDO NAIN LE NGAMBAYE DJE » dont la première édition s'est tenue en décembre 2012 a réuni les Ngambaye du Tchad et de la diaspora, cette rencontre culturelle contribue à renforcer le tourisme régional au travers les expositions d'oeuvres d'art et du savoir-faire local.

L'autre festival majeur qui subsiste encore de nos jours est le festival « SEM TA DOUA »

La deuxième édition du festival culturel « SEM TA DOUA » est l'initiative de l'association « Tchad héritage », la deuxième édition s'était tenue aux abords de BEAC de Moundou. Ce rendez vous culturel a réuni les artistes traditionnels venus de plusieurs régions du pays.

Il existe dans le même sillage un conservatoire de la culture Ngambaye où sont gardés les objets d'art, des images et des documents sur le peuple en question constituant ainsi une potentialité touristique pour satisfaire la curiosité des visiteurs lors des grandes manifestations.

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Photo 1: Danseurs Ngambaye au festival SEM TA DOUA

Source : Djim Black

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry