Section II : Moundou, une ville limitée tant sur
le plan humain que
physique
Bien que la capitale du Logone occidentale regorge
d'énormes potentialités naturelles et humaines pour son
développement, des nombreuses contraintes s'érigent sur la voie
de son développement.
Ses préoccupations s'étendent des
réalités naturelles aux réalités humaines.
Paragraphe I : Un milieu naturel contraignant
Le milieu naturel en dépit des avantages qu'il offre
pour la transformation de la ville de Moundou, apparait tel qu'une ronce au
milieu de laquelle pousse une rose. Ainsi la dynamique tant sociale que
démographique se heurte à des nombreuses limites au rang
desquelles un site contraignant(A) avec des précipitations très
abondantes sur des sols hydromorphes (B).
A. Un site contraignant
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Le site d'une ville est le terrain sur lequel celle-ci est
bâtie. C'est l'emplacement ou est localisée la ville. Il
conditionne la communication et les diverses activités qui s'y
développent bref, il est un facteur clé pour le
développement parce qu'il peut être facilitateur ou limitant.
Un site est le lieu précis sur lequel la ville a
été construite. C'est l'assiette de la ville. Le site d'une ville
est toujours et souvent caractérisé par un ensemble de conditions
physiques sinon topographiques ayant présidées à son
implantation et qui déterminent son extension future.
Dans la partie sud du territoire tchadien, les fleuves
entaillent profondément leurs cours dans les formations
sédentaires anciennes et le paysage se présente sous la forme de
plateaux très étendus alternant avec des larges vallées
encaissées de 40 à 60 m (vallées des Logone occidental et
occidental, de la Tandjilé, de l'Ouham, du Chari).
Le site de la ville de Moundou est une cuvette plate en
bordure du fleuve Logone. Le plateau sur lequel s'est développé
le pays Ngambaye est découpé par des vallées d'altitude de
+ 450m à + 627m. Cette topographie plate a contribué à la
densification du réseau hydrographique provoquant ainsi des inondations
abondantes pendant la saison de pluies. Ces inondations sont dues aux
débordements du lit du fleuve Logone.
La ville est enclavée entre le Lac Taba au Nord-est, le
Lac Wey à l'Ouest et le fleuve Logone au sud. Les eaux dessinent une
couronne sous la forme d'un « U » au tour de la ville. La partie
ouverte du « U » constitue la partie surélevée de la
ville située à l'Ouest vers ou peut s'étendre la ville.
Cette partie forme la zone de contournement vers les zones inondables et sert
de trait d'union entre le Lac Wey au Nord-ouest et le Lac Taba à
l'Ouest. Tout le long de cet élément du relief de la ville, se
sont développés des secteurs inondables. Ce sont les quartiers
Doumbeur, Dokab, et Djarabé connu pour la recrudescence des
inondations.
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Photo 2: vue montrant le blocage du drainage des eaux
vers le lac Taba
Source : Google Earth 2012.
B. Des précipitations très abondantes sur
des sols hydromorphes Le Tchad se situe dans une gamme de climats
très variés.
« La pluviométrie de Moundou est en moyenne de
1000mm/an avec des précipitations journalières allant à
plus de 12mm en un jour. Compte tenu de la structure hydromorphe des sols, les
eaux ne peuvent que couler en surface après les précipitations
»35
La genèse des sols et leur évolution sont la
résultante de divers facteurs parmi lesquels les conditions climatiques
régnant dans le lieu de formation sont particulièrement
importantes. Il faut rappeler que « les unités
géologiques du Tchad restent dominées par des terrains
sédimentaires sur lesquels les dépôts continentaux
tertiaires et quartenaires occupent une place prépondérante en
dehors de la partie du Nord du pays ou les grès primaires et secondaires
forment l'essentiel du sous-sol »
La structure géologique de Moundou est également
comprise dans cette zone sédimentaire. Il résulte de sa
composition trois types des sols caractéristiques de la zone soudanienne
dont
35 Fluctuations de la pluviométrie de Moundou
(2007 à 2011). Source : données services météo
Aéroport de Moundou
35
deux sont très favorables à l'écoulement
en surface des eaux de pluie et donc favorisant les inondations.
Ce sont : premièrement les sols hydromorphes, ils sont
recouverts d'alluvion récente et ancienne dans les plaines inondables.
La texture de ce sol est beige et composée d'argile sableux et limoneux
qui en saison de pluie est très tôt saturée par les eaux et
entraine le débordement de la plaine. La voie est alors ouverte aux
inondations puisque la pente est faible et la problématique de la
canalisation n'est pas encore maitrisée.
Les sols ferralitiques lessivés constituent le
deuxième type, ils se situent dans les parties exondées de
couleur gris brun, très sableuse en surface et argileux sableux en
profondeur. La couche superficielle provient du phénomène
d'érosion précisément fluviale. Ce sol est fortement
vulnérable à l'érosion fluviale et éolienne qui
transporte les matières organiques lorsque la surface est nue c'est pour
quoi l'on dit qu'il est fortement lessivé. La seconde couche qui est
mélangée à l'argile se sature très vite et facilite
l'écoulement en surface des eaux qui lessive le sol. Ce sol est alors
réputé pour son infertilité et n'est pas prospère
pour l'agriculture, car nécessitent également beaucoup
d'années de jachère.
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