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Les aspects juridiques de la transformation de l'Organisation de l'unité africaine en Union africaine


par Elodie INAMAHORO et Guy-Fleury NTWARI
Université du Lac Tanganyika
Traductions: Original: fr Source:

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CONCLUSION GENERALE

Au terme de ce travail, il sied de regrouper les idées essentielles développées et

de formuler dans la suite quelques recommandations.

En entreprenant cette réflexion, notre objectif était de faire ressortir les aspects juridiques qui ont entouré la transformation de l'Organisation de l'unité africaine

(OUA) en Union africaine (UA).

A cette fin, dans un premier chapitre consacré aux généralités, nous nous sommes attelés à dégager quelques notions sur la théorie générale des organisations internationales. Il n'avait d'autres buts que celui d'éclairer le lecteur sur des concepts utiles dans les développements ultérieurs.

Deux enseignements se dégagent de cette première articulation.

D'un côté, les organisations internationales sont multiples et diverses en raison de leurs objectifs, structures et fonctionnement, bien qu'elles dégagent certaines tendances générales qui constituent le droit des organisations internationales.

D'un autre côté, une organisation internationale est, par essence, destinée à durer. Aussi existe-t-il rarement dans les actes constitutifs une disposition particulière qui fixe le terme de la durée de chaque organisation. Cette conception optimiste de la part des rédacteurs des actes constitutifs les amène à éluder la définition exacte du régime applicable lors de la succession d'une organisation internationale, d'où l'absence d'une quelconque théorie générale de la succession des organisations internationales.

Acquis à ces deux enseignements, nous avons abordé le deuxième chapitre afin

de replacer notre réflexion dans sa véritable perspective.

Ainsi, en procédant à la présentation générale de l'OUA, avons-nous voulu nous pencher sur les raisons majeures de la disparition de l'OUA. Une telle approche nous a permis de dégager trois idées essentielles.

D'abord, il ressort de cette analyse que l'OUA s'est révélée démunie face au

large éventail d'objectifs qui lui étaient assignés.

Les insuffisances liées aux moyens humains et financiers, l'environnement international qui ne lui était pas favorable - quand il ne lui était pas complètement hostile - et la faiblesse de son système juridique, sont autant de difficultés auxquelles l'OUA a dû faire face.

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En réalité, les causes profondes dont l'existence a permis d'envisager la transformation

de l'OUA sont nées en même temps qu'elle.

En effet, elles résultent de sa Charte même et elles lui sont, pour ainsi dire, congénitales. Cependant, elles sont restées sans efficacité durant toute son existence tant que l'idéal commun (l'unité africaine et la libération de l'Afrique) était le seul moteur qui animait l'institution.

A l'aube du XXIème siècle, les causes congénitales susvisées ont trouvé là l'occasion

d'acquérir de la vitalité et par conséquent, ont pu contribuer à provoquer la disparition

de l'OUA par sa transformation.

Ensuite, tout effort d'appréciation de l'action de l'OUA doit à la vérité tenir compte des moyens, aussi bien juridiques que matériels, mis à sa disposition.

Ainsi, force est d'admettre que l'OUA a manifesté une certaine vitalité dont témoigne

sa participation à la réflexion sur des questions engageant l'avenir du continent, et à bien des égards à l'élaboration d'un droit international africain.

Enfin, si l'OUA, dans ses structures comme dans son fonctionnement, a demeuré bien éloignée de l'idéal panafricain, elle est toujours apparue comme le vecteur de l'unité africaine. Cette charge symbolique est-elle aussi la raison qui est à la base de la création de l'Union africaine.

Le troisième et dernier chapitre nous a permis, précisément de relever « le comment » de la transformation de l'OUA en UA avant d'embrayer sur les innovations majeures contenues dans l'Acte constitutif de l'UA.

A cet égard, deux constats peuvent être dégagés :

Le premier constat est que la transformation de l'OUA en UA a été menée dans un processus qui s'est étalée sur trois ans avec comme arrière fond le souci constant non seulement de bâtir sur les forces et les acquis de l'OUA, mais aussi de mettre fin à l'existence de l'OUA dans des conditions d'opposabilités juridiques parfaites.

Le deuxième constat est qu'on peut inscrire à l'actif de l'Acte constitutif de l'Union africaine des innovations dont la pertinence est sujette à controverse.

En effet, au regard des grands chantiers qui interpellent l'UA, l'interrogation qui perdure est celle de la viabilité de ces innovations.

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Si par viabilité on entend la capacité d'adaptation aux situations et de les gérer de manière à y apporter des solutions adéquates et efficaces, nous dirions avec force que ces innovations sont opportunes, en ce qu'elles répondent aux mutations des contextes internes (à l'Afrique) et internationaux.

Pourtant, il nous est aussi un devoir de souligner que sa viabilité demeure fortement tributaire de l'évacuation de certaines hypothèques à son essor. En effet, la rupture tant annoncée avec les égarements de l'OUA se heurte une nouvelle fois aux réalités d'une Afrique toujours repliée sur le dogme de la souveraineté étatique et confrontée à des difficultés financières et économiques qui risquent de renvoyer à un avenir plus lointain

les vastes chantiers de l'UA.

Quels que soient les regrets que l'on ait de cette situation, on ne peut avoir la prétention d'y apporter remède ici.

Outre les recommandations et propositions exprimées précédemment, il nous parait

indispensable de formuler deux recommandations ponctuelles qui permettront à l'Union africaine de fonctionner efficacement en attendant de plus amples réformes.

D'une part, il faudrait tenir désormais les réunions du Conseil exécutif et celles de la Conférence de l'Union au siège de l'UA, à Addis-Abeba et non plus dans la capitale d'un pays choisi chaque année par rotation. Cette formule serait à la fois moins coûteuse que les sommets actuels qui nécessitent une préparation onéreuse pour des raisons de prestige, et plus efficace pour des réunions qui disposeraient sur place des services de la Commission de l'union.

D'autre part, en ce qui concerne le maintien de la paix et de la sécurité sur le continent africain, l'Union africaine doit, à travers le Conseil de paix et de sécurité, élaborer une stratégie de localiser par sous-région des forces de paix.

Chaque armée nationale dans chacune des sous-régions mettrait à la disposition du CPS,

un contingent de soldats formés et équipés pour des opérations de maintien et de rétablissement de la paix.

Pareille étude a été menée non sans quelques difficultés.

Ainsi, nous n'avons pas pu trouver d'ouvrages d'ensemble traitant de la succession des organisations internationales en général et ceux de la transformation de l'OUA en UA

en particulier. Si des sources officielles existent, certaines nous étaient inaccessibles.

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A toutes fins utiles, nous tenons à rappeler que pour les questions que nous pensions ne pas avoir épuisées ou exploitées à suffisance, nous avons fait oeuvre - autant que faire

se peut - d'orientation bibliographique.

A beaucoup d'égards, ce travail pourrait présenter des imperfections en raison des multiples questions qu'il soulève notamment sur l'Union africaine. C'est la raison pour laquelle nous implorons la clémence du lecteur pour les imperfections scientifiques qui seraient contenus dans notre travail.

Nous espérons toutefois avoir non seulement servi de pont entre une génération de chercheurs qui ont consacré leurs travaux à l'OUA et ceux qui s'intéressent ou s'intéresseront à l'UA, mais aussi d'avoir ouvert des pistes de recherches pour contribuer à ce que.... vive l'Union africaine.

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