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La politique étrangère américaine à l'épreuve des évènements du 11 septembre 2001: Le cas irakien

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par Mamadou DIA
Université de Toulouse I Sciences Sociales - Master de Relations Internationales 2005
  

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DEUXIEME PARTIE : LA NOUVELLE STRATEGIE NATIONALE DE SECURITE DE L'ADMINISTRATION BUSH ET SES IMPLICATIONS SUR LE TERRAIN

Deuxième partie : la nouvelle stratégie de sécurité de l'administration Bush et ses implications sur le terrain

Le premier rapport du président Georges Bush sur la stratégie de sécurité nationale, publié par la Maison-Blanche le 20 septembre 2002, a fait l'objet d'une vive attention aux Etats-Unis comme à l'étranger et a été accueilli comme un énoncé de la stratégie des Etats-Unis dans le monde de l'après-11 septembre.

Quatre thèmes clés de la stratégie de sécurité nationale de Georges Bush ont suscité des controverses.

· Premier thème : le document prévoit des actions militaires préventives contre les Etats hostiles et les groupes terroristes cherchant à se doter d'armes de destruction massive.

· Deuxième thème : le document annonce que les Etats-Unis ne permettront pas que leur puissance militaire mondiale soit concurrencée par un autre pays.

· Troisième thème : la nouvelle stratégie, après avoir exprimé la volonté de coopération internationale multilatérale, précise explicitement que les Etats-Unis « n'hésiteront pas à agir seuls, s'il le faut » pour défendre leurs intérêts nationaux et leur sécurité.

· Quatrième thème : la stratégie de sécurité nationale affirme avoir pour but la propagation de la démocratie et des droits de l'homme dans le monde entier, en particulier le monde musulman.88(*) Bien entendu pour chacun des thèmes précités, des développements seront apportés afin de mieux comprendre les dessous de cette stratégie qui guide de nos jours l'action de l'administration néo conservatrice à la Maison-Blanche.

CHAPITRE I : L'unilatéralisme américain : historique et vision proposée dans le jeu des relations internationales

« Le danger le plus grave pour la liberté est l'alliance de l'extrémisme et de la technologie. Si les armes chimiques, biologiques et nucléaires se répandaient en même temps que la, technologie des missiles balistiques, même de petits groupes pourraient disposer d'une puissance leur permettant de frapper les grands pays de manière catastrophique. Nos ennemis pont déclaré leur intention de se doter de ces armes terribles et ont été surpris en train de chercher à s'en procurer. Ils veulent pouvoir nous faire chanter, nous faire du mal ou en faire à nos amis - et nous lutterons contre eux de toutes nos forces »

Président Bush West Point, New York le 1er juin 2002

SECTION I: L'unilatéralisme, assumation de la puissance

Cet unilatéralisme était déjà en germe dans le discours d'adieu prononcé par le président George Washington en 1796 : « Notre situation détachée et distante nous permet de poursuivre un chemin différent (...). Pourquoi renoncer aux avantages d'une situation si particulière, (...) Pourquoi, en liant notre destin avec celui de quelque partie de l'Europe, empêtrer notre paix et notre prospérité dans les peines de l'ambition, des rivalités, des intérêts, des humeurs et des caprices de l'Europe ? »89(*). Même s'il a été plus ou moins appliqué - l'Amérique ayant tissé, depuis, un grand nombre d'alliances -, cet élan doctrinaire en faveur d'une « diplomatie de l'offre » a toujours imprégné la pensée de l'aile conservatrice de l'establishment politico-intellectuel américain, depuis la controverse sur les euromissiles jusqu'à la défense antimissile. Il inspire aujourd'hui le « discours de la méthode » internationale de certains hauts responsables de l'administration Bush, comme le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, qui livrait, début 2002, sa vision des alliances : « Il faut que la mission détermine la coalition et non que la coalition détermine la mission ».

L'unilatéralisme renvoie autant à une idéologie qu'à un projet politique et dépasse largement le cadre de la diplomatie. Comment comprendre, autrement, que la National Security Strategy of the United States aille jusqu'à promettre l'universalisation des réductions d'impôts ou des « politiques de régulation favorables à la croissance économique » (euphémisme pour désigner un relâchement des lois sur l'environnement) ? Ne s'agit-il pas, ici, de l'attachement à une forme d'organisation socio-politique tout autant que du rôle de l'Amérique dans le monde ? Et cet attachement n'est-il pas de la même nature que celui que les néo-conservateurs éprouvent pour la famille, la religion, l'initiative économique émancipée de toute forme d'arbitrage étatique (l'unilatéralisme lui-même n'est-il pas une forme d'individualisme stratégique?), l'économie de l'offre, le droit de porter des armes à feu, ou encore une certaine prédilection pour la peine de mort ?

L'unilatéralisme américain en ce moment constitue une rupture avec le multilatéralisme de l'administration Bush en 1990-1991. En faisant cavalier seul, les Etats-Unis illustrent la thèse hobbienne de l'impossible coopération en matière de sécurité, vu que tout Etat doit être soupçonné de vouloir profiter de la foi de ses partenaires dans les engagements qu'il a pris pour les duper. Pour Dario Battistella, en accusant Saddam Hussein de tergiversations diverses, le président Georges W Bush ne fait que paraphraser Hobbes pour qui « c'est un précepte de la raison que tout homme doit s'efforcer à la paix aussi longtemps qu'il a un espoir de l'obtenir ; et quand il ne peut pas l'obtenir, il lui est loisible de rechercher et d'utiliser tous les secours et tous les avantages de la guerre90(*) L'autre côté de l'unilatéralisme est le refus d'alliance des Etats-Unis, pratique inaugurée au moment des bombardements de l'Afghanistan en riposte aux attentats du 11 septembre 2001. Ils ont préféré substituer au principe « les coalitions déterminent les missions », le principe « les missions déterminent les coalitions » défendu par Wolfowitz alors que le Secrétaire général de l'OTAN, Lord Robertson avait fait savoir que ces attentats entraient dans le cadre de l'article 5 du traité de l'Atlantique Nord.91(*)

Bref, c'est l'âme de l'Amérique qui est en jeu. D'où, sans doute, le rejet viscéral et violent par la mouvance néo-conservatrice des valeurs issues de l'establishment idéologique des années 1960 (liberté sexuelle et sociale, Etat-providence, féminisme, affirmative action). Cette attitude, qui n'est pas sans rappeler celle de la droite française à l'égard du Front populaire à la fin des années 1930, confère au débat droite gauche américain depuis le début des années 1990 des allures de « guerre culturelle » entre les partisans d'une Amérique arc boutée sur ses valeurs traditionnelles, et ceux d'une Amérique débarrassée des pesanteurs religieuses et sociales de son passé, héritière de l'esprit de tolérance et d'émancipation sociale du baby-boom. Même la relation transatlantique est désormais polluée par cette confusion des genres. Ce rejet de l'Europe, soit dit en passant, est moins celui du Vieux continent que celui d'une tradition de gauche et de laïcité honnie par les néo-conservateurs, pour qui le président Clinton est européen, ou du moins pense comme un Européen ».

A - L'unilatéralisme, nostalgie d'une époque révolue ?

Le discours néo-conservateur se forme très amont de la réalité des enjeux stratégiques et politiques de l'après guerre froide. On a même pu voir transpirer, dans certains commentaires ou déclarations officielles, l'idée que les actes terroristes du 11 septembre 2001 constituaient une sorte de « test » du caractère de l'Amérique, l'occasion d'en finir avec la « crise morale » de la nation en troquant les valeurs de confort, de cosmopolitisme et de sécularisme contre celles de courage, de sacrifice et de foi en Dieu. En cultivant la similitude entre la période actuelle et 1941 - sans doute est-ce là l'une des raisons de l'attachement de l'administration à la formule « axe du mal », qui fait référence à l' « Axe » tout court -, le président George W Bush et ses principaux conseillers veulent signifier que l'heure est venue de se hisser au niveau de la génération de leurs pères : « la plus grande génération ». L'Amérique, n'hésita pas à déclarer le président George W Bush dans un hommage aux héros du 11 septembre, a abandonné son slogan national, qui consistait à dire : « si cela est agréable, faisons le », pour en découvrir un nouveau : « on y va » [ Let's Roll] , la dernière parole prononcée par Todd Beamer, l'un des passagers du vol United Airlines 93, avant de ravir avec quelques autres les commandes de l'appareil pour le jeter au sol en Pennsylvanie.92(*)

B - Une volonté hégémonique à toute épreuve

La succession de Clinton engagée, au printemps 2000, William Kristol et Robert Kagan, publient un manifeste unilatéraliste profilant la ligne politique de l'administration Bush : « le système international actuel ne repose pas sur l'équilibre entre puissances, mais sur l'hégémonie américaine. Les institutions financières internationales ont été développées par les Américains et servent les intérêts américains. Les structures de sécurité internationale sont essentiellement une succession d'alliances dirigées par les Etats-Unis (...) L'environnement international actuel, relativement pacifique, étant le produit de notre influence hégémonique, tout amoindrissement de cette influence laisserait à d'autres le soin de jouer un plus grand rôle afin de modeler le monde selon leurs besoins . Des Etats comme la Chine et la Russie, si on leur en donnait l'occasion, appliqueraient au système international une configuration très différente. (...) Par voie de conséquence, il faut activement travailler au maintien de l'hégémonie américaine. »93(*)

L'élection de George W Bush va sans conteste profondément modifier l'état des relations internationales. L'unilatéralisme est déjà sur ses rails avec la primauté des intérêts particuliers des Etats-Unis clairement affirmée, entraînant la dépossession des Nations Unies de compétences inscrites dans la Charte, l'attribution de nouvelles missions à l'Otan et un retour, comme moyen ou menace, à la politique de la canonnière à des fins de domination ou de partage. C'est le constat que fait William Pfaff pour qui l'activisme libéral et l'unilatéralisme néo conservateur, évidents dans la politique étrangère américaine de des dernières années, trahissent un esprit hégémonique.

Cette volonté hégémonique américaine selon Thomas Lindemann, divise l'école réaliste entre le réalisme « hégémonique » qui défend la thèse que « les guerres sont seulement déclenchées si leur issue est certaine et calculable (...)» et l'école réaliste de l'équilibre des puissances laquelle admet, selon Lindemann, que « les coûts d'une agression armée sont en effet très élevés lorsque des adversaires à peu prés équivalents s'affrontent et sont en revanche minimes pour un Etat lorsqu'il possède une supériorité militaire écrasante ».94(*) Quelle vision l'a emportée avec l'implosion de l'ex Union soviétique ? Aucune dira Lindemann qui en analysant les guerres interétatiques américaines majeures reconnaît le recours à la force a pu être éviter dans les cas de Haïti en 1996 mais pas dans le cas somalien.95(*)

* 88 http://usinfo.state.gov/journals/itps/1202/ijpf/ippf1202.htm

* 89 Alexis Debat, « Vols au dessus d'un nid de faucons » opcit.

* 90 Dario Battistella, « « Liberté en Irak » ou le retour de l'anarchie hobbienne », Raisons politiques, n° 13, février 2004 p 72

* 91 Ibid

* 92 Alexis Debat, « Vol au dessus d'un nid.... » op cit

* 93 Nils Andersson : « Le mal américain l'unilatéralisme » www.cicg.free.fr

* 94 Thomas Lindemann, « Les guerres américaines dans l'après-guerre froide. Entre intérêt national et affirmation identitaire » in Raisons politiques, Etudes de pensée politique, n°13, février 2004 pp 42-43

* 95 Ibid.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984