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La politique étrangère américaine à l'épreuve des évènements du 11 septembre 2001: Le cas irakien

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par Mamadou DIA
Université de Toulouse I Sciences Sociales - Master de Relations Internationales 2005
  

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CHAPITRE III : Guerre en Irak : seul contre tous

SECTION I - La guerre en Irak, ultime stade du néo-conservatisme

La guerre en Irak est la transcription exacte de cette doctrine unilatéraliste. Mais elle aussi le produit de la rencontre de certains éléments :

· une obsession qui remonte pour certains (comme Paul Wolfowitz) aux années 1970, et qui a été sensiblement renforcée par la frustration de n'avoir pas été jusqu'à Bagdad en 1991.

· La formulation d'un projet politique clair et, depuis le 11 septembre, attractif pour les Américains.

En se mettant dans cette posture de puissance hégémonique, le risque pour la puissance américaine est de multiplier ses exigences, lesquelles pouvant paraître excessives selon l'Etat faible, peuvent le pousser « à combattre pour son honneur tout en sachant que sa défaite est inéluctable » selon Thomas Lindemann.135(*) On peut raisonnablement penser que c'est ce qui est arrivé à Milosevic et surtout à Saddam Hussein lors de la dernière guerre contre l'Irak. Georges W Bush n'a-t-il pas exigé 48 heures avant le déclenchement des opérations le départ de Saddam et de ses deux fils ?

A - Les raisons de l'invasion américaine

Loin, très loin des enjeux pétroliers, certainement présents mais bien ridicules pour Alexis Debat, l'administration Bush réalise avec l'Irak, et pour la première fois depuis 1941, la conjonction parfaite de l'exceptionnalisme et de l'exigence de sécurité absolue. Il s'agit, là encore, d'assurer la sécurité de l'Amérique en imposant la liberté à une région qui, jusque là, a été incapable de la faire naître elle-même.

Mais l'objectif de la Maison-Blanche dépasse de beaucoup cette seule perspective : il ne fait aucun doute, pour le président Bush ainsi que pour la plupart de ses conseillers, que la bataille de Bagdad constitue le point de départ d'une révolution similaire à celle qui avait suivi le débarquement des troupes américaines en Europe en 1944. Pour l'administration américaine, les soldats qui se sont battus et qui sont morts en Irak sont la nouvelle « plus grande génération » de l'Amérique, débarquée au Moyen-Orient pour y apporter la démocratie et la prospérité comme ses aînés l'avaient fait en Europe et en Asie. Selon Michel Fortmann, « la volonté d'en découdre avec l'Irak peut-être vue comme un désir inconscient, chez les réalistes néoconservateurs de trouver un ennemi bien identifiable, territorialement marqué, que l'on puisse désigner aux foules comme sources de menace, à qui l'on puisse ensuite faire la guerre selon les canons « classiques ».136(*)

En agissant de la sorte, l'administration et les néo-conservateurs font, néanmoins, un pari dangereux. Ils prennent d'abord le risque de heurter une partie de leurs opinion, traditionnellement attachée au multilatéralisme. Ensuite, en promettant de préempter les situations où s'exerce la tyrannie, ils mettent le doigt dans un engrenage dont personne ne maîtrise l'issue. Enfin, en liant aussi étroitement son discours et son avenir à ce qui s'annonce comme une délicate transition démocratique en Irak et dans l'ensemble du Moyen-Orient, l'aile souverainiste du Parti républicain, se lance dans une croisade historique pour le moins hasardeuse. Le triomphe purement militaire des forces américaines sur le régime irakien n'est que la toute première étape d'un long et complexe processus.137(*) L'exercice est particulièrement périlleux, d'autant que les terribles images du 11 septembre tendent à s'estomper et que la faiblesse de l'argument menace de plus en plus le consensus interne.

B - Coopération entre Al Qaïda et le régime irakien ?

On n'a pu établir à ce jour aucun lien entre l'Irak et Al Qaïda, ni que ce pays possédait des armes chimiques et de destruction massive, ni que ses fusées avaient une portée suffisante pour atteindre les Etats-Unis. On peut même présumer que l'Irak, affaibli et appauvri par la guerre du Golfe en 1991, les attaques américaines répétées depuis ainsi qu'un embargo dévastateur, n'a tout simplement pas les moyens de posséder de telles armes. A moins que quelque riche pays, ami de circonstance, lui en ait fait cadeau, par exemple, du temps de la guerre contre l'Iran. Pourtant, sans aucune preuve, l'administration Bush n'a cessé de déclarer le contraire pour justifier, à l'encontre du droit international, la « légitime défense » et sa politique d'invasion. C'est ainsi que le rapport de l'ancien inspecteur Richard Butler n'hésita pas à reconnaître ce lien en parlant « d'évidence dans l'association entre le régime irakien et Al Qaïda ». Pour Butler, ces contacts datent de 1998 alors que le groupe terroriste cherche des produits toxiques et sont poursuivis et sont poursuivis en 2000 en Afghanistan ; avec l'expulsion d'Al Qaïda de ce pays, le groupe terroriste aurait trouvé refuge dans le nord de l'Irak, où Abu Musa Al Zarqawi était relativement libre de se déplacer et de recevoir à sa guise.138(*)

Après le 11 septembre 2001, la guerre en Afghanistan et le démantèlement des bases d'Al Qaïda ont constitué l'objectif principal des Etats-Unis. Mais, en janvier dernier, une fois les talibans chassés de Kaboul et Ben Laden disparu quelque part entre l'Afghanistan et le Pakistan, Saddam est revenu sur le devant de la scène, protagoniste de « l'axe du Mal » de Georges Bush aux côtés de l'Iran et de la Corée du Nord. Le but : profiter de le guerre contre le terrorisme pour mettre en oeuvre le grand dessein des faucons. Dans certaines rédactions on n'hésite plus à affirmer que l'administration Bush envisageait initialement une confrontation avec Saddam Hussein cet automne, une fois qu'il aura monté un dossier aux Nations Unies prouvant que le leader irakien les inspections. De hauts responsables reconnaissent maintenant qu'une offensive sera probablement repoussée au début de l'année prochaine, pour se donner le temps de créer les bonnes conditions militaires, économiques et diplomatiques.139(*)

Peut-on ignorer les liens entre les membres de cette administration et les puissants groupes et lobbies qui ont des intérêts à défendre comme le Carlyle Group considéré comme le fonds d'investissement le plus puissant du monde, le plus discret aussi vu qu'il n'est pas côté en bourse ni obligé de dévoiler ses membres. Dans son comité de direction, d'ex-ministres côtoient d'anciens représentants des principales agences de régulation américaine et deux anciens directeurs de la CIA. Etroitement relié au secteur de la défense, il est capable de répondre à n'importe quel appel d'offres, de l'aéronautique aux télécoms, de l'électronique de défense à la décontamination nucléaire, bactériologique et chimique, en passant par la production de chars, de canons, de missiles.140(*) C'est ainsi qu'après les attentats du 11 septembre, l'augmentation des budgets militaires est devenue « une aubaine dont le Carlyle Group entend bien profiter ». Le 26 septembre 2001 nous rappelle Dallecoste, Donald Rumsfeld, secrétaire à la Défense, « déterre le programme « Crusader », un contrat d'armement de 11 milliards de dollars porté par United Defense, la filiale du Carlyle Group que préside son vieil ami Franck Carlucci ».141(*)

* 135 Thomas Lindemann, « Les guerres américaines.... » opcit p 43

* 136 Michel Fortmann, « L'obsolescence des guerres interétatiques ? » in Raisons politiques, Etudes de pensée n° 13 fev 2004 p 89

* 137 William Kristol, Notre route commence à Bagdad, Denoel, Paris, 2003

* 138 Lire le rapport de Richard Butler in Review of Intelligence on Weapons of Mass Destruction p119

* 139 Eric Maurice, Comment Bush a programmé sa guerre » Courrier International30 mars 2004

* 140 Pascal Dallecoste « Qui veut vraiment du Carlyle Group » laboratoire de recherche de l'école de guerre économique ( LAREGE)

* 141 Ibid.

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