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La politique étrangère américaine à l'épreuve des évènements du 11 septembre 2001: Le cas irakien

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par Mamadou DIA
Université de Toulouse I Sciences Sociales - Master de Relations Internationales 2005
  

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SECTION III : Une guerre aux conséquences multiples et diverses sur les relations internationales

A - L'ONU sacrifiée

· Le rôle des Nations Unies : un enjeu pour l'avenir

La position européenne est la suivante : pour toute action militaire, il faut une légitimation des Nations Unies. Ceci est reconnu dans les conclusions du Conseil européen d'Helsinki des 10 et 11 décembre 1999, au paragraphe 26 : « l'Union reconnaît que le Conseil de sécurité des Nations Unies est l'instance à laquelle il appartient en premier de veiller au maintien de la paix et de la sécurité internationale ».161(*)

L'enjeu de l'après guerre est crucial pour les Nations Unies car le rôle qui leur sera assigné sera un test important pour leur avenir. Ce n'est pas pour rien que les pays européens insistent pour que leur rôle dans l'après-guerre soit « central ». Le premier ministre britannique, Tony Blair, dont le pays est un pilier de la coalition dans la guerre en Irak reconnaissait le 16 avril 2003 « l'importance du rôle des Nations Unies dans la période post conflit en Irak. Ce rôle ne doit pas être rempli simplement par des questions politiques et de reconstruction. »162(*) L'attitude de l'administration Bush par rapport à l'ONU, avant et après la guerre en Irak occupe aujourd'hui une place importante dans la campagne pour la prochaine élection présidentielle au point que John Kerry, le challenger de Georges Bush n'hésite pas à reprocher à Georges Bush de ne pas avoir laissé continuer les inspections de l'ONU et d'avoir tenu à l'écart l'organisation internationale, non seulement pour déclencher la guerre mais aussi, ensuite, une fois la victoire acquise, pour reconstruire le pays. « Notre diplomatie a été aussi arrogante et inefficace que possible » proclame le candidat démocrate.163(*) Mais cette situation n'était-elle pas prévisible au vu de l'approche stratégique unilatérale défendue par les Etats-Unis ? En effet, elle va à l'encontre du droit international qui exige que le recours à la force soit légitimé par la communauté internationale, regroupée dans les Nations Unies. En adoptant une stratégie de frappe préventive unilatérale, le gouvernement Bush se doit de mettre les Nations Unies à l'écart, sinon de neutraliser l'organisme international dans son fonctionnement. Si le monde allait entériner cette doctrine de Bush et le nouvel ordre international qu'elle contient, il s'en suivrait une mise au rancart de facto des Nations Unies, du moins en ce qui concerne la superpuissance américaine. Les Etats-Unis pourraient contourner en tout temps l'ONU pour faire unilatéralement la guerre, non seulement contre des groupes terroristes, mais aussi contre des Etats souverains chaque fois que le gouvernement américain et lui seul, jugerait que cela est nécessaire pour défendre les intérêts nationaux américains. L'une des raisons pour laquelle les Etats-Unis s'appuient moins sur les alliances officielles et les organisations multilatérales de sécurité est, selon David Gompert, que ces institutions n'ont pas évolué, et qu'elles ont, ces dernières années, montré leur impuissance face aux dangers nouveaux et accrus qui pèsent sur la sécurité dans le monde sans oublier les hésitations et lenteurs inhérentes à ces organisations au moment où les décisions et l'action sont nécessaires. 164(*) Toutes raisons qui font que les Etats-Unis ne veulent pas s'encombrer de procédures au moment où la guerre contre le terrorisme est à son paroxysme.

Ainsi, une fois les Nations Unies éclipsées qui pourra prévenir les guerres ? Ce sera un retour à l'anarchie des relations internationales du XIXè siècle, quand des empires armés jusqu'aux dents faisaient la pluie et le beau temps dans le monde. Il s'agirait véritablement d'un recul de civilisation : le droit de la force remplacerait le droit démocratique. Entre la violence anarchique des terroristes et ce que Rodrigue Tremblay appelle la « violence impériale américaine », l'auteur reconnaît qu'il n'y a plus de place pour organisation internationale comme les Nations Unies pour agir en gendarme légitime et prévenir les conflits meurtriers, tant régionaux que mondiaux.165(*)

B- L'opposition de l'opinion publique

La guerre en Irak, en raison des causes invoquées par la coalition et la façon dont elle a été provoquée fut certainement l'un des conflits les plus controversés de ce début de siècle. Elle aura, en outre, ressuscité l'anti-américanisme mis en veilleuse depuis les attentats du 11 septembre.

De fait, la politique étrangère américaine et l'hostilité qu'elle suscite, notamment dans le monde arabe, de même que la problématique très largement occidentale de la mondialisation sont depuis longtemps les principaux aliments de l'anti-américanisme de gauche sur les registres de l'anti-américanisme et de l'antilibéralisme.

Laurent Cohen Tannugi tente d'apporter une explication à ce sentiment anti-américain en affirmant : « la suprématie stratégique des Etats-Unis, leur rayonnement culturel et leur attachement à la sécurité d'Israël irritent, du reste bien au-delà de la gauche, et l'exagération systématique de certaines divergences transatlantiques actuelles rappelle fortement les vieilles passions antiaméricaines166(*) Mais selon l'auteur, la fidélité constante manifestée à Israël est naturellement le point d'impact le plus important de la politique étrangère de Washington sur le sentiment antiaméricain dans le monde, tant par le nombre des Etats et des populations concernés que par l'intensité des réactions qu'elle suscite, notamment dans le monde arabo-musulman et en Europe. L'opinion publique européenne est contre cette guerre. L'Union comme institution a été divisée en deux lignes inconciliables. En attendant une politique étrangère commune, les évènements ont créé un axe Paris-Bruxelles-Berlin qui s'étend jusqu'à Moscou. Qu'elles en sont les lignes ?

· Remettre le droit international au centre du dispositif

· Donner une dimension régionale à l'après-guerre

· S'opposer à l'américanisation et à la privatisation de la phase de reconstruction. L'ONU n'est pas reconstructrice, elle retrouve sa fonction décolonisatrice. En face la ligne américano-britannique défend.

· Le recours à la force comme moyen légitime de transformation politique et sociale.

· La « communauté internationale » comme source de financement des objectifs définis par la puissance dominante, qui en détermine l'agenda et l'étendue territoriale.

· Le développement du marché et l'existence d'Etats minimums, non tyranniques, institués « de gré ou de force ». Les citoyens doivent choisir. En Europe, de leur détermination dépend la position de leurs dirigeants. Au Maghreb et au Machrek, les gouvernements ne pourront contenir longtemps l'humiliation, communautaire. Aux Etats-Unis les forces opposées à la guerre peuvent pallier l'incapacité des élus démocrates à proposer une alternative transnationale.

* 161 Lire le rapport de l'Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale « L'Europe et la stratégie de sécurité nationale des Etats-Unis » mai 2003

* 162 Ibid.

* 163 Patrick Jarreau « La situation se détériore pour l'administration Bush » Le Monde 23 04 04

* 164 David Gompert, « La transformation de l'appareil militaire américain » op cit

* 165 Rodrigue Tremblay, Le nouvel empire américain opcit p 161

* 166 Laurent Cohen Tannugi, Les sentinelles de la liberté op cit pp 25-26

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