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La politique étrangère américaine à l'épreuve des évènements du 11 septembre 2001: Le cas irakien

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par Mamadou DIA
Université de Toulouse I Sciences Sociales - Master de Relations Internationales 2005
  

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PREMIERE PARTIE : Le 11 septembre où la vulnérabilité des Etats-Unis mis à nu

PREMIERE PARTIE : Le 11 septembre où la vulnérabilité des Etats-Unis mis à nu

Même si pour certains auteurs les évènements du 11 septembre ne constituent pas une césure dans le jeu des relations internationales comme le fut la chute du mur de Berlin 1(*) , il n'en demeure pas moins que ces attentats, par leur portée médiatique et leurs conséquences politique et militaire dans le jeu des relations internationales marqueront à coup sûr notre époque. « Le 11 septembre 2001 est un tournant dans l'histoire politique de la puissance » dira à cet effet Zbigniew Brzezinski.2(*) Par sa nature, le 11 septembre nous a fait entrer dans une ère nouvelle du terrorisme. En effet, comme l'affirme Sergio Romano, « il existe désormais dans la guerre moderne un nouveau front sans tranchées ni positions militaires, où l'ennemi ne porte pas d'uniforme et où l'action est d'autant plus efficace que les règles des conflits conventionnels ne sont pas respectées »3(*).

Dans ces formes de guerre, le soldat est devenu un terroriste qui se meut dans la société ennemie et frappe la population civile. L'exemple algérien, le conflit israélo-arabe, le conflit tchétchène etc. sont autant de cas qui révèlent la difficulté des gouvernants à faire face à ce type de conflit ce qui ne leur permet pas d'échapper à d'éventuelles critiques si les mesures prises ne semblent pas être efficaces4(*). Dans un article, le journal Le Monde déclare que Richard Clarke, un des membres de l'administration Bush5(*) avait aussi plaidé en 2001 pour une aide militaire secrète à l'opposition aux Taliban en Afghanistan mais que la conseillère pour la sécurité nationale, Condoleeza Rice, a refusé d'entériner dans l'immédiat cette proposition, suggérant de procéder à un examen plus large et aussi plus long des options pour répondre à la menace d'Al Qaïda. « La proposition de M. Clarke n'a été soumise au président Georges W Bush que quelques semaines avant les attentats du 11 septembre »6(*).

CHAPITRE I : L'administration Clinton et le voeu des « faucons » d'en découdre ?

SECTION I : 11 septembre : exploitation par l'administration Bush ?

Quel bilan laissent finalement les deux administrations Clinton ? L'Amérique de janvier 1993 ne manquait pas d'atouts, ni de défis à relever. Pour la première fois de l'histoire, elle jouissait d'une position dominante incontestée et le système démocratique et capitaliste auquel elle s'identifiait bénéficiait d'une nouvelle légitimité. A l'extérieur, sa nouvelle hégémonie risquait de la pousser à abuser de sa suprématie. Le défi étant pour le nouveau président des Etats-Unis à parvenir à transformer une prééminence dont, avec le temps, les fondements seraient contestés en un leadership ralliant, outre le peuple américain, un maximum d'amis ou d'anciens ennemis derrière un nouvel ordre pour les prochaines années. N'a-t-il pas déclaré : « Notre politique doit oeuvrer dans deux directions. D'abord en faisant face aux défis immédiats lancés à nos intérêts par les Etats voyous, par les explosions soudaines de haines ethniques, raciales et religieuses, par les crises à court terme, et ensuite, en effectuant des investissements à long terme dans la sécurité, la prospérité, la paix et la liberté qui pourront empêcher ces problèmes de simplement apparaître ».7(*) Dans cette optique, l'Administration n'hésita pas à envisager des opérations limitées et à rompre avec la doctrine très restrictive à laquelle, à son arrivée, le nom de Colin Powell était accolé. Elle refusa donc l'idée que tout engagement devrait être massif et comporter un dispositif clair de sortie.

Le 26 janvier 1998 - bien avant la guerre contre le terrorisme » - un groupe d'amis politiques, conservateurs, adressait une lettre ouverte au président Clinton. Constatant que « la politique américaine actuelle à l'égard de l'Irak est stérile », les signataires suggéraient une nouvelle stratégie dont « le but serait, avant tout, de renverser le régime de Saddam Hussein », ce dernier menaçant « les troupes américaines dans la région, nos amis et alliés comme Israël, les Etats arabes modérés et une partie significative de l'offre mondiale de pétrole ». Au nom de « la sécurité du monde dans la première moitié du XXIè siècle », les auteurs appelaient à « l'action militaire ».8(*)

Cette conception selon laquelle le 11 septembre n'a servi que de prétexte pou la mise en oeuvre d'une politique établie longtemps en avance est partagée par Stanley Hoffmann qui déclare : «  le président a trouvé dans ces actes criminels non seulement la raison d'être qui avait manqué jusqu'alors à son administration, mais un levier qu'il a pu utiliser pour accroître sa puissance et celle de son pays »9(*). Pour arriver à cette solution, poursuit-il, la technique que l'administration Bush a utilisée de la façon la plus brillante est ce qu'il appelle «  la manipulation de la peur »10(*) en déclarant que les Etats-Unis étaient en guerre, d'étendre cette guerre aux Etats qui soutenaient les terroristes ou leur donnaient asile tel que l'Afghanistan, et de soutenir qu'il y avait un lien intime entre les terroristes islamistes et les « Etats voyous » que sont l'Iran, l'Irak ou encore la Corée du Nord. En portant un coup brutal à l'âme même de l'Amérique, les terroristes islamistes ont validé, de la manière la plus dramatique, les fantasmes hobbesiens et manichéens de la représentation néo-conservatrice du monde déclare sans ambages Alexis Debat11(*).

De son côté, le financier Georges Soros enfonce l'administration Bush : « Je prétend que l'administration de M. Bush a sciemment exploité les évènements du 11 septembre pour s'engager dans une voie politique que la population américaine n'aurait pas acceptée en d'autres circonstances »12(*) alors que pour Ignacio Ramonet, ces évènements sont une aubaine pour les hommes entourant Georges Bush en leur « restituant un donnée stratégique majeure dont l'effondrement de l'Union soviétique en 1991 les avait privés depuis dix ans : un adversaire »13(*). En 1987, un conseiller de Mikhaïl Gorbatchev Gueorgui Arbatov annonçait à ses interlocuteurs américains : « Nous allons vous rendre le pire des services : vous priver d'ennemi ».14(*) Aurait-il pu penser qu'elle allait être, en fin de compte, à la fois confirmée et infirmée par les évènements ? Dans l'esprit d'Arbatov pense savoir Boniface, il s'agissait simplement de proclamer que la « perestroïka » lancée par Mikhaïl Gorbatchev allait mettre fin à la rivalité soviéto-américaine et lui substituer une véritable politique de coopération.15(*)

Donc le 26 janvier 1998, 3 ans avant le 11 septembre, des hommes de l'actuelle administration avaient pensé à se débarrasser du dictateur irakien alors que pour l'administration Clinton, l'objectif premier est de « contenir Saddam dans sa boîte »16(*). Dans leur lettre, les néo-conservateurs contestent cette politique de « containment » qui, à leurs yeux a montré ses limites. « Nous ne pourrons plus longtemps compter sur nos alliés de la coalition de la guerre du Golfe pour faire respecter les sanctions de l'ONU et empêcher Saddam de bloquer le travail des inspecteurs (...). Si nous acceptons cette situation de faiblesse, nous mettons nos intérêts et notre avenir en danger ».17(*)

Cette différence de perception dans la mise en oeuvre de la politique étrangère a commencé dés l'arrivée de Clinton à la Maison-Blanche lorsque ce dernier s'est vu reprocher de porter attention à des parties du monde qui n'étaient pas essentielles pour les intérêts stratégiques des Etats-Unis. Ces critiques sont balayées d'un revers de mains par Madeleine Albright qui les considèrent comme injustes arguant que l'administration à laquelle elle appartient s'emploie à traiter les dossiers prioritaires comme renforcer les liens avec les alliés européens et asiatiques, établir des rapports nouveaux avec la Russie, oeuvrer pour la paix au Proche-Orient ou encore rechercher des appuis pour un accord de libre-échange avec le canada et le Mexique18(*) toute chose qui va à l'encontre des idées des néo-conservateurs qui prônent la défense des intérêts des Etats-Unis.

Le récit de Richard Clarke19(*) le jour de attentats achève de montrer que l'administration Bush avait déjà réfléchi sur les coupables qui allaient payer. Selon Clarke, dans la soirée du 12 septembre, il rencontre le Président Bush qui a « manifestement une idée en tête » dit il. « Ecoutez, lui dit le Président Bush, je sais que vous avez des tonnes de choses à faire mais je veux vous voir tous (...) tout repasser au peigne fin depuis le début, voir si Saddam est à l'origine de tout ça. Voir s'il y est lié d'une manière ou d'une autre ». Ce à quoi, Clarke répond : « Mais M. le Président, c'est Al Qaïda... ». « Je sais, je sais mais voyez quand même si Saddam n'est pas dans le coup (...) » rétorque le Président Bush. Devant l'insistance de Clarke qui lui rappelle que des recherches avaient déjà été faites afin de savoir qui finançait la nébuleuse terroriste et qu'en aucun cas, le nom de l'Irak n'est apparu, Bush lui assène : « Cherchez du côté de l'Irak de Saddam » entraînant ce commentaire de Lisa Gordon-Hagerty, une conseillère : « Wolfowitz lui a bourré le mou ». Cet échange entre le chef de l'exécutif américain et celui qui est chargé de coordonner la lutte anti-terroriste n'est que le dernier avatar d'une lutte féroce dans l'administration entre ceux qui veulent s'en prendre à l'Irak et ceux qui ne comprennent pas le besoin de s'en prendre à d'autres à la place des vrais coupables.

Le second exemple vient d'une réunion du PC opérationnel de la Maison-Blanche en Avril 2001, 5 mois avant le 11 septembre lors d'une opposition avec Paul Wolfowitz l'actuel secrétaire adjoint à la Défense et un des théoriciens de l'aile dure de l'administration Bush.

A Clarke qui demandait qu'on mette la pression à la fois sur les Talibans et sur l'Afghanistan en armant l'alliance du Nord, mais aussi sur Ben Laden en reprenant les vols du Predator, Wolfowitz affirme : « Je ne comprends pas pourquoi on commence à parler de ce Ben Laden il y a d'autres terrorismes notamment le terrorisme irakien ». Malgré les objections de Clarke pour qui, aucune menace terroriste en provenance d'Irak n'est en sa possession, ni en celle du FBI et de la CIA ce qui a été confirmé par John Mc Laughlin Directeur adjoint de la CIA à l'époque (mais qui a remplacé Georges Tenet après la démission de celui-ci). Wolfowitz lui rétorque : « Le fait que le FBI et la CIA ne soient pas parvenus à établir des liens ne signifie pas qu'il n'y en a pas ».

Même si sur le fond Wolfowitz n'a pas tort, on peut alors légitimement se poser des questions sur l'efficacité voire le rôle des grands organes de service américain lesquelles questions ont atteint le paroxysme lors de l'après guerre en Irak avec le problème des rames de destruction massive. Lors de sa comparution le 24 mars devant la commission nationale enquêtant sur les attaques terroristes du 11 septembre, et dans un entretien d'une heure durant le programme d'information de la chaîne NBC - Meet the press du 28 mars - l'ancien responsable de l'anti-terrorisme de l'administration Bush, Richard Clarke, a réitéré ses accusations quant à la sous-évaluation par l'administration Bush de la menace d'attaques terroristes venant d'Al Qaïda jusqu'aux détournements d'avions et à leur chute sur le Pentagone et sur le World Trade Center, et aussi quant à l'utilisation de ces attaques comme prétexte pour mettre en application des plans d'invasion de l'Irak prévus de longue date.

Les accusations de Clarke sont exposées dans son livre récemment paru, Against All Ennemies.20(*) Une ribambelle de représentants officiels de l'administration, de leaders Républicains au Congrès et d'experts médiatiques de droite ont contesté vivement les affirmations de Clarke, sans pour autant fournir de réfutation des faits exposés par celui-ci. Pas plus qu'ils n'ont pu justifier pourquoi l'ancien assistant du président en charge du contre-terrorisme, qui est officiellement membre du Parti Républicain, voudrait détruire la crédibilité politique de Bush sur le point précis sur lequel le président Bush a largement basé sa campagne de réélection, c'est-à-dire sa gestion de la « guerre à la terreur ».21(*)

Les accusations de Clarke attirent l'attention sur la question politique la plus explosive : la connexion entre les attaques terroristes du 11 septembre 2001 et la décision de l'administration Bush de déclarer la guerre à l'Irak. Clarke lie explicitement et à plusieurs reprises l'inaction de l'administration Bush, avant le 11 septembre et à propos de la menace d'attaques d'Al Qaïda, avec son obsession de l'envahissement de l'Irak. Il maintient que le consensus au sein des agences de renseignement américain était que l'Irak n'avait aucun lien avec les attaques terroristes du 11 septembre, et dénonce la guerre en Irak comme une déviation de «  la guerre à la terreur » et comme une gaffe stratégique qui a enflammé le monde musulman et a renforcé politiquement Al Qaïda.

Avec 30 ans d'expérience dans les agences de sécurité nationale américaine, incluant des postes stratégiques sous les administrations Reagan, Bush père et Clinton avant de servir Bush fils, Clarke n'est pas un dissident anti-guerre. Il est un défenseur impitoyable d'actions militaires directes ou discrètes au service des intérêts américains rendant ainsi son témoignage contre l'administration Bush dévastatrice.

A la fois dans sa déclaration devant la « commission du 11 septembre » et dans l'entretien télévisé du 28 mars, Clarke a mis en exergue la différence entre l'approche de l'administration Clinton face à une croissance de la menace terroriste et celle de l'administration Bush dans des circonstances similaires.22(*)

Dans la période précédent les célébrations du nouveau millénaire en Décembre 1999, les services de renseignement américains ont rapporté un accroissement dramatique des interceptions de communication menaçante mettant en cause Al Qaïda. A la demande de Clinton, son conseiller à la sécurité nationale, Samuel Berger, participa à des réunions quotidiennes avec les plus hauts dignitaires des agences de sécurité, incluant les dirigeants de la CIA et du FBI, pour suivre les efforts entrepris pour devancer une attaque planifiée pour la Saint Sylvestre contre l'aéroport de Los Angeles, quand les membres opérationnels d'Al Qaïda enrôlé dans cette action avaient été arrêtés dans leur tentative de franchir la frontière américano-canadienne prés de Vancouver, British Columbia.

Clarke insiste sur le fait que si un effort d'une intensité similaire avait été mise en oeuvre durant l'été 2001, quand les services de renseignement ont commencé à nouveau à intercepter un nombre croissant de messages sur des menaces d'Al Qaïda, les attaques du 11 septembre auraient pu être perturbées ou empêchées.

Une grande part de l'attention des médias sur ce témoignage a concerné une série de réunions et d'échanges de mémorandum entre les officiels de la Maison-Blanche durant les premiers mois de 2001, et sur les différences supposées entre les déclarations de Clarke alors qu'il était le conseiller de Bush et ses déclarations actuelles. Mais Clarke insiste sur le fait que l'administration a traîné les pieds, bureaucratiquement, et que cela a eu des conséquences réelles sur les efforts en vue de prévenir une attaque terroriste sur le sol américain.

* 1 Hubert Védrine, Face à l'Hyperpuissance, Fayard, Paris, 2003

* 2 Zbigniew Brzezinski, Le Vrai Choix l'Amérique et le reste du monde, Odile Jacob, Paris, 2004, 310 p

* 3 Sergio Romano, Le grand désordre mondial, Ed Syrte, 2001

* 4 Le Monde du 23-4-04 « 11 septembre : un rapport critique l'administration Bush »

* 5 Sur le cas Richard Clarke, nous y reviendrons car après avoir fait partie de l'administration Bush, il a fait des déclarations retentissantes sur le bien fondé de la guerre en Irak.

* 6Le Monde du 23-4-04 « 11 septembre... » opcit

* 7 Cité par Pierre Mélandri, Justin Vaïsse, l'Empire du Milieu, les Etats-Unis et le monde depuis la fin de la guerre froide, Odile Jacob, 2001, Paris, 550 p

* 8 « Avec l'Irak, l'objectif serait de redessiner le Moyen-Orient » www.geostrategie.com

* 9 Stanley Hoffmann, « Régression américaine » in revue Esprit juillet 2003 pp 44-58

* 10 Ibid.

* 11 Alexis Debat, « Vol au dessus d'un nid de faucons » Politique Internationale n°99 printemps 2003

* 12 Georges Soros, Pour l'Amérique contre Bush, Donod, Paris, 2004, 221 p

* 13 Ignacio Ramonet, Guerres du XXIè siècle, Galilée, Paris, 2002, 183 p

* 14 Pascal Boniface, Vers la 4è guerre mondiale, Armand Colin, 2005, Paris, 172 p

* 15 Ibid.

* 16 Madeleine Albright, « Madame le Secrétaire d'Etat... » Mémoires, Albin Michel, Paris, 2003, 652 p

* 17 Letter to President Clinton www.newamericancentury.org

* 18 Ibid.

* 19 Richard Clarke, Contre tous les ennemis, Albin Michel, Paris, 364 p

* 20 Richard Clarke, Contre tous les ennemis, opcit.

* 21 Patrick Martin « L'administration Bush et le 11 septembre : les implications des révélations de RICHARD Clarke » www.wsws.org

* 22 Patrick Martin, « L'administration Bush et le 11 septembre... » opcit

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