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La politique étrangère américaine à l'épreuve des évènements du 11 septembre 2001: Le cas irakien

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par Mamadou DIA
Université de Toulouse I Sciences Sociales - Master de Relations Internationales 2005
  

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CHAPITRE II : LA GUERRE CONTRE LE TERRORISME

« Trois jours seulement après ces évènements, les Américains n'ont pas encore le recul nécessaire. Mais notre responsabilité envers l'Histoire est déjà claire : il faut répondre à ces attaques et débarrasser le monde du mal. On nous a fait la guerre de manière furtive, fourbe et meurtrière. Notre peuple est épris de paix, mais la colère le rend féroce. Le conflit a commencé au moment et d'une manière choisis par d'autres. Il se terminera de la manière et au moment que nous aurons choisis

Président Bush

Washington, D.C. (National Cathedral), le 14 septembre 2001

SECTION I : Une guerre sans fin ?

Pour défendre son pays contre le terrorisme, Bush a déclaré une guerre « dont on ne peut prévoir la fin » selon l'expression de Stanley Hoffmann32(*). Sous le nom de « terrorisme » est désigné comme cible, l'islamisme radical symbolisé par un homme : Oussama Ben Laden. Cela explique l'objectif énoncé au lendemain du 11 septembre par l'administration Bush : démanteler le réseau Al Qaïda et capturer, « mort ou vif » Ben Laden. Ce voeu, facile à formuler, n'est pas simple à réaliser malgré la différence des moyens entre les deux parties. Pourtant certains auteurs font remarquer que la lutte contre le terrorisme que « prétendent mener les Etats-Unis et les Occidentaux est frappée d'impuissance puisqu'ils n'ont pas osé désigné clairement leurs ennemis (l'islam intégriste) et que, par naïveté, ils laissent des millions de migrants allogènes issus du tiers-monde et des pays musulmans s'installer (...) sur leur sol ».33(*) La vraie lutte contre le terrorisme passerait donc par la réduction, puis par l'élimination de la présence massive et organisée de l'islam dans les zones où il n'était pas présent au XXè siècle.

La situation militaire actuelle de l'armée américaine est inédite serait-on tenté de dire vu que c'est la première fois qu'un empire fait la guerre, non pas à un Etat, mais à un homme. Par définition, le terrorisme ne joue pas sur le même échiquier que les adversaires qu'il décide de combattre et ce, en raison de la certitude de n'avoir aucune chance d'emporter la victoire par les moyens de confrontation classiques.

Le caractère révulsant du terrorisme sur les opinions publiques partage certains auteurs quant à la nécessité d'abdiquer ou non toute tentative d'analyse et de réflexion. Ainsi, pour Pascal Bruckner, « la recherche éperdue des causes, même si elle part d'une bonne intention, fait fausse route. La culture de l'excuse, l'explication par le désespoir, l'humiliation, exonère l'acte de son horreur et débouche sur la tentation de l'indulgence ».34(*) Même considération pour André Glucksmann qui croit qu'il ne faut pas chercher à comprendre car « comprendre, c'est excuser. Il faut simplement lutter contre la haine qui ne résulte ni d'un traumatisme ni d'une injustice, ni d'une humiliation, mais qui est inhérente à la nature humaine, à l'Histoire ».35(*) De son côté, Pascal Boniface va à l'encontre de ces thèses en défendant l'idée que le rôle des intellectuels devrait consister à s'emparer, « intellectuellement parlant » précise t-il, de ce phénomène majeur qu'est le terrorisme international et de susciter, de soutenir, d'en alimenter l'analyse : « comprendre n'est pas approuver, expliquer n'est pas légitimer ».36(*) En tout cas pas de doute, des actions terroristes menées par des fanatiques islamistes ou par d'autres seront perpétrés et le risque d'utilisation des moyens biologiques, chimiques ou nucléaires. Guillaume Corvus rappelle que sept redoutables dangers menacent nos sociétés :

- continuation des frappes par aéronefs-suicides, y compris de petits avions ou hélicoptères détournés et bourrés d'explosifs.

- attentats aériens ou par bombes au sol contre les réacteurs des centrales nucléaires

- bioterrorisme par dispersions de souches bactériennes, en réalité peu meurtrières, mais d'un effet psychologique très important

- dispersion dans des lieux clos de gaz toxiques ou empoisonnement des canalisations d'eau potable

- attentats aux camions suicides contenant plus de cent kilos d'explosifs et roulant au coeur des grandes villes, sans aucun contrôle ne soit possible, comme à Beyrouth contre les casernes françaises et américaines

- explosion de bombes atomiques rudimentaires ou miniaturisées dans les grandes villes ou sur des sites sensibles.

- explosion de bombes radiologiques dans les zones urbaines, aux effets dévastateurs, par irradiation massive.37(*)

De plus, il distingue 3 types de terrorisme : le micro-terrorisme (moins de 200 morts), le macro-terrorisme (plusieurs milliers de morts) ex : 11 septembre, et le giga-terrorisme (à partir de 10 000 morts) que, précise t-il, « nous n'avons jamais vu mais que nous verrons ».38(*) Bien entendu le giga-terrorisme constitue la plus forte menace surtout s'il est commis avec des armes nucléaires poussant Corvus à parler de néo-terrorisme.39(*)

Le problème de l'armée américaine est qu'elle demeure formatée pour faire face à des conflits étatiques et non pour affronter un ennemi invisible et diffus. L'histoire militaire n'enseigne t-elle pas que dans un conflit asymétrique, celui qui peut le plus ne peut pas forcément le moins ? L'armée britannique, pendant plus d'un quart de siècle n'a-t-elle pas montré ses limites face à la détermination des éléments de l'Irish Republic Army (IRA)? Car comme le rappelle l'historien Eric Hobsbawn cité par Ramonet, « certes l'IRA n'a pas eu le dessus, mais elle n'a pas été vaincue pour autant ».40(*)

Pire, la situation actuelle de l'armée américaine en Irak, embourbée dans ce pays et subissant quotidiennement des pertes dans ses rangs conforte cet avis qu'elle n'est pas « prête » pour faire face à ce type de guérilla.41(*) Cette guerre s'accompagne de certains nombres de mesures prises par les Etats-Unis dont le fait de renouer des alliances avec des dirigeants, qui hier, étaient infréquentables : le général putschiste Pervez Musharraf du Pakistan, ou le directeur d'Ouzbékistan, Islam Karimov.42(*)

Face à toutes ces affirmations qui feraient croire à une mise en application de la stratégie proclamée en septembre 2002 à travers la guerre en Irak, notons la relative prudence de certains intellectuels arabes comme Ghassam Salamé qui penche de son côté pour une guerre de choix (contrairement à celle du Kosovo ou d'Afghanistan) où Washington ne s'est pas contenté d'user de son aviation pour atteindre un objectif fondamentalement diplomatique ou humanitaire, mais a décidé d'employer massivement son armée de terre. Mais n'empêche, pour l'ancien ministre libanais, « cette guerre est capable d'en enfanter d'autres par un enchaînement qui ne semble pas entièrement maîtrisé par la superpuissance qui l'a engagée ».43(*)

Mais l'une des conséquences les plus vues de cette lutte mondiale contre la terreur est l'atteinte aux droits de l'homme au nom de cette guerre. Avec la chute du Mur de Berlin, la célébration des principes démocratiques, de l'Etat de droit et la glorification des droits humains demeuraient une trinité aussi bien en politique intérieure qu'étrangère pour la plupart des Etats qui en étaient privés jusqu'alors. Les mesures prises pour lutter contre le terrorisme comme le Patriot Act aux Etats-Unis, le recours à la torture44(*), demeurent un retour en arrière dans la lutte en faveur du respect des droits de l'homme.

* 32 Stanley Hoffmann opcit. p 44

* 33 Guillaume Corvus, La convergence des catastrophes, Ed Die, Paris, 2004, 221 p

* 34 Cité par Pascal Boniface, Vers la quatrième guerre mondiale? , Armand Colin, Paris, 2005, 172 p

* 35 Ibid.p 89

* 36 Ibid. p 89

* 37 Guillaume Corvus, La convergence des catastrophes, Ed Die, Paris, 2004, 221 p

* 38 Ibid. p 52

* 39 Ibid. p 53

* 40 Ignacio Ramonet, Guerres du XXIè siècle opcit

* 41 « Washington et Londres sans le bourbier irakien : analyse des contours et des conséquences d'une victoire à la pyrrhus ? » par Jean Emmanuel Pondi dans Une lecture africaine de la guerre en Irak, Ed Maisonneuse §Larose, Paris, 2003, 242 p

* 42 Ignacio Ramonet, Guerres.... opcit

* 43 Ghassan Salamé, Quand l'Amérique refait le monde, Fayard, Paris, 2005, 568 p

* 44 Ibid.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote