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La redéfinition du rôle géopolitique Vénézuelien


par Nicolas Lehoucq
Institut d'étude des Relations Internationales Paris - Licence en Relations Internationales 2006
  

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III Le pétrole comme arme de pression et d'indépendance

A. La gestion de la rente pétrolière

« Rendre le pétrole au peuple » : tel est le mot d'ordre affiché par Hugo Chavez lors de son élection. Ceci passera par « une redistribution de la dépense publique en faveur des secteurs populaires » avait il annoncé. Nous avons pu noter dans la partie précédente que en effet son programme politique était essentiellement basé envers les plus démunis.

Ceci est d'abord passé par la reprise en main de la compagnie pétrolière nationale : la PDVSA. En effet, partant du bilan que la part des recettes perçues sur les exportations et versées par la PDVSA à l'Etat s'était constamment amenuisée, passant de 70,6% en 1981 à 38,6% en 2000, Hugo Chavez a réformé en profondeur cette compagnie. Pour cela, depuis Novembre 2004 M. Rafael Raminez Carreno cumule les mandats de ministre de l'énergie et du pétrole ; et de président de la PDVSA. Ceci a eu un effet quasi immédiat car en 2004 sur un chiffre d'affaires de 60 milliards de dollars, la contribution de la PDVSA au budget national s'est élevée à 11,4 milliards de dollars soit environ 50% des recettes fiscales.

Toutefois « en dessous de 29 dollars le baril, la PDVSA ne pourra plus fournir un tel effort financier » ceci nous explique pourquoi Hugo Chavez tente aujourd'hui de maintenir un prix du baril le plus haut possible via une pression sur l'OPEP. Son plaidoyer en faveur d'une remontée du prix du pétrole et allé, en Mars dernier, jusqu'à s'opposer à une augmentation des quotas de l'OPEP contribuant au reflux des prix. N'oublions pas au passage que l'OPEP fut fondée sur une idée du ..... Venezuela ; ceci lui confère un rôle primordiale et historique dans l'organisation comme le souligne les dirigeants de l'Arabie Saoudite. De plus on peut dire que le président Vénézuelien fait d'une pierre deux coups car en maintenant un prix du baril haut il s'assure de fortes recettes fiscales et il continue sa politique anti-américaine car les Etats-Unis restent à ce jour les principaux importateurs de pétrole. En effet, les Etats-Unis sont très dépendants du pétrole et plus particulièrement de son prix qui peut rapidement faire chuter le Dow Jones ou ralentir la croissance américaine.

B. La diversification des débouchés pétroliers

Sa politique contre le système américain via le pétrole ne s'arrête d'ailleurs pas là, en effet Hugo Chavez mène aujourd'hui une diplomatie pétrolière tous azimuts. Il a ces derniers mois signé de nombreux accords cadres de coopération notamment avec l'Argentine, le Brésil, la Chine, l'Espagne, l'Inde, l'Iran, la Libye, le Nigeria, la Qatar, la Russie, l'Uruguay... En analysant cette liste, nous pouvons affirmer que la plupart de ces accords ont une forte connotation politique :

§ L'Argentine de Kirchner fut le théâtre il y a peu de temps d'une crise économique et financière majeure orchestrée par le FMI. Cet accord de coopération avec le Venezuela peut donc l'aider à se relancer. Par la même cet accord la place dans le giron du Venezuela dans l'optique d'un projet d'une « grande patrie » en Amérique Latine.

§ Dans le même ordre d'idée, le Brésil avait acquis dans les années 1990 une quasi indépendance au pétrole notamment par le biais d'énergies alternatives comme l'éthanol, le gaz non liquéfié. J'ai moi-même pu noter lors d'un séjour au Brésil que les voitures étaient dotées de moteur pouvant fonctionner via ces trois sources d'énergie et qu'un simple sélecteur permettait d'activer le gaz ou l'éthanol. Mais ce système innovant fut totalement remis en question par la banque mondiale. En effet le président Lula cherchant à obtenir une annulation partielle de la dette brésilienne, la banque mondiale lui a proposé un deal consistant à annuler une partie de la dette s'il ne poursuivait pas sa politique d'indépendance pétrolière. Bien sûr ceci fut officieux mais quand on sait que ce sont les USA qui dominent la banque mondiale (aujourd'hui il s'agit de M Wolfowitz) on peut se demander si le pétrole n'est pas une arme de contrôle des USA contre les pays du sud. L'accord de coopération proposé par Hugo Chavez a de nouveau l'ambition de préparer la « grande patrie » d'Amérique Latine en ramenant le Brésil dans les bras du Venezuela.

§ Les pays comme l'Inde, la Chine ou encore la Russie sont en revanche des pays constituant les principales puissances en devenir du 21e siècle. En signant ces accords de coopération, Hugo Chavez limite l'influence américaine sur sa politique pétrolière. Notons au passage que selon les estimations les besoins en pétrole Chinois vont exploser au cours des vingt prochaines années. D'ailleurs le ministre du pétrole vénézuelien M. Ramirez a déclaré que « l'objectif est de diversifier les débouchés pétroliers, avec une prédilection pour l'Inde et la Chine ». Pour ce qui est de la Russie, un accord d'Octobre 2004 fait que les ventes de pétrole russe sur le continent américain sont honorées par les Vénézueliens et de même les ventes de pétrole vénézuelien en Europe sont assurées par la Russie. Dans la pratique, quand un Etat américain achète du pétrole russe c'est un pétrole vénézuelien qui lui est livré, ceci pour diminuer les coûts de transport.

§ Quant aux pays comme l'Iran et la Libye, les accords ont bien sûr pour but de choquer la communauté internationale car il s'agit de pays en marge ; même si la Libye a récemment adoucie sa politique en mettant une politique anti-terroriste en oeuvre.

Il n'empêche que la diversification prendra du temps car elle implique, d'une part, la construction de nouvelles infrastructures de transports, comme un oléoduc traversant le Panama pour ouvrir une voie vers la côte pacifique et, d'autre part, l'adaptation des raffineries destinataires, chinoises ou indiennes, aux spécificités du brut lourd vénézuelien. D'ailleurs le ministre du pétrole a souligné que « tout en cédant les actifs les moins rentables, nous maintiendrons notre présence sur le marché nord américain, qui est l'un de nos marchés les plus importants »

En réaction à cette politique de diversification, le grand voisin américain s'efforce se son côté de diversifier ses sources d'approvisionnement en Afrique et en Asie Centrale. Bien sûr on ne peut s'empêcher de se remémorer les discours tenu par Bill Clinton bien avant que Hugo Chavez n'entre en scène, en effet le président des Etats-Unis avait alors affirmé que « comparé aux autres grands pays pétroliers comme l'Irak, l'Iran, l'Arabie Saoudite ou la Russie, le Venezuela est accessible et relativement stable ». Avec l'apparition du facteur d'indépendance, le Venezuela n'est plus l'allié d'antan.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo