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Les représentations dans la géographie : une approche à valoriser dans les pays du Sud (l'exemple des hautes terres d'afrique de l'Ouest et d'Afrique Centrale

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par David Leyle
Université Bordeaux 3 - DEA de géographie 2001
  

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1.2 La redéfinition des concepts centraux à la discipline sous l'influence des représentations dans le processus de territorialisation: distances et espaces

Après avoir singulièrement enrichi l'approche géographique par l'apport de la subjectivité des représentations, les notions les plus fondamentales de la discipline, à savoir les concepts de distance et d'espace ont été réexplorés, redéfinis, et complexifiés.

Pour le terme de « distance », la conception géométrique du terme ne pouvait plus suffire. En effet, la distance géométrique (ou métrique) standard entre deux ensembles de points, à longtemps été étudiée par les géographes comme moyen de description, comme un outil purement mathématique. Mais les recherches sur les images mentales et les représentations ont montré que leur subjectivité s'applique aux distances parcourues par les individus dans leurs déplacements : « la représentation de la distance dépend non seulement de l'individu, de son environnement (physique et social), mais aussi de sa pratique » (Bailly, A., 1985).

Selon Bailly, A., pour qualifier les différentes significations de la distance on peut distinguer, en plus de la (( distance métrique ,,, (( la distance temps ,, (intervalle de durée entre deux points), (( la distance affective ,, (charge affective rapprochant ou séparant deux points), (( la distance écologique ,, (distance variable mesurant une aire considérée comme nécessaire par une société pour répondre à ses besoins écologiques et donc productifs) et la (( distance structurale ,, ou (( distance sociale ,, (fondée sur la nature des rapports sociaux qui rapprochent ou éloignent les hommes entres eux ou avec un lieu). (voir note 6 pour plus de détails)

Particulièrement observables dans les espaces tropicaux à travers les travaux de Gallais J (1968, 1980), ces différentes formes de distances montrent que les systèmes de coordonnées sont sujet à des distorsions, selon que le référentiel soit égocentré ou exocentré3.

1 « Les convictions, les valeurs et les aspirations ne se traduisent d'habitude pas directement dans l'espace.[... ] C'est donc bien souvent de manière détournée que les modèles imaginés par les hommes finissent par se traduire dans la réalité. » (Claval, P., 1995)

2 Ou par affinité...

3 Si la distance kilométrique est correctement évaluée le long d'un trajet connu par un individu, le passage au système de coordonnées indépendantes du sujet, est source de distorsions. (D'après Bailly, A., 1985)

LA PLACE DES REPRÉSENTATIONS DANS LE PROCESSUS DE TERRITORIALISATION

ESPACE PRATIQUÉ1

ESPACE DE VIE3

ESPACES OBJECTIVÉS8

REPRÉSENTATIONS & ESPACES REPRÉSENTÉS

NATION

RÉGION LOCALITÉ

ESPACE SOCIAL4

ESPACE PERÇU2

ESPACE VÉCU6

ESPACE IMAGINÉ ET CONCEPTUALISÉ5

TERRITOI RES9

RAPPORTS STRUCTURELS AVEC LES LIEUX7

Sphère des rapports sociaux

Sphère de l'individu

DOCUMENT 3

1 Espaces, lieux et trajectoires quotidiennes de nos déplacements .

2 L'espace tel qu'il est perçu et signifié par les sens et interprété par la psyché .

3 Univers objectif des dispositifs spatiaux: matérialités pratiques, concrètes et quotidiennes de l'espace du sujet.

4 Ensemble des interrelations sociales spatialisées (D'après Frémont A., 1976). L'espace social correspond à l'imbrication des lieux et des rapports sociaux. Derrière l'espace social se profilent les rapports sociaux et les pouvoirs qui les organisent et influencent le sujet.(D'après Gilbert, A., 1986)

5 Images mentales résiduelles, réalité spatiale représenté et déformée par l'individu.

6 L'espace vécu est l'espace de vie soumis aux représentations et à l'imaginaire. Il comprend donc l'ensemble des lieux fréquentés par l'individu, les interrelations sociales qui s'y nouent et les valeurs psychologiques qui y sont projetées et perçues.

7 Rapports d'origine économique, idéologique et politico-administrative.

8 Facteurs spatialisés exogènes, voire imposés. Leurs moyens d'action peuvent être les politiques, les programmes ou encore les projets.

p.27 bis

9 Implique une notion d'emboîtement, de superposition d'échelles.

« La territorialité s'inscrit dans le cadre de la production, de l'échange et de la consommation des choses et se manifeste à toutes les échelles sociales et spatiales > (Raffesin, 1980)

« Les représentations de l'espace permettent d'interpréter les sens différentiels que nous attribuons, les uns les autres, à chaque dispositif spatial. > (Di Méo G., 1991)

Outil de mesure, la distance, remaniée par la subjectivité des individus et de leurs groupes, a amené la redéfinition du concept d'espace, objet privilégié de la géographie. Etendue support, matérialité souvent non qualifiée, le concept d'espace est également retravaillé, influencé par la << vague subjective >> des représentations. Toujours selon Bailly, A., tout espace mental est organisé selon trois aspects : !'aspect structure!, qui correspond à l'organisation du réseau d'axes, de repères et de limites par un individu pour qu'il puisse se déplacer et se positionner ; !'aspect fonctionne! est lié à la pratique de cet espace, les déplacements fonctionnels étant en rapport avec les objectifs choisis. Et enfin, !'aspect symbo!ique, souvent le moins abordé, qui résulte du caractère relationnel de la représentation et de la variété des expériences spatiales individuelles. L'espace a donc été redéfini avec de multiples qualificatifs, variant en fonction des auteurs.

En intégrant les différentes distances évoquées plus haut, Frémont A. distingue « !'espace objectif » ou « espace support », fondée sur des métriques dites objectives ou exocentrées , « !'espace de vie », ensemble des lieux fréquentés par le groupe dont l'individu fait partie, « !'espace socia! », mettant en rapport les lieux fréquentés par le groupe social et les relations qui sous-tendent cette fréquentation, et « !'espace vécu » qui fait appel à affectivité des individus et des groupes (voir note 7 pour plus de détails). L'approche que nous retiendrons, inspirée par Di Méo G. (1991, 1998) est mise en évidence dans le document 3, où nous remarquons que l'imbrication de ces différentes formes d'espaces peut être traduite par un processus de territorialisation. En effet, la territorialité se manifeste à toutes les échelles spatiales et sociales. Le territoire, espace temps et mémoire spatiale, est une construction, une reconnaissance collective de l'espace, où certains éléments sont immatériels ou symboliques.

Construction collective, le territoire est manié et déformé par chaque acteur social, au fil de ses pratiques et de ses représentations. (D'après Raffestin et Turco, Barel, Y, 1981 et Nordman, 1986).

Médiatisées par la double appartenance sociale et spatiale des acteurs, les représentations individuelles et collectives engendrent des pratiques et des stratégies qui prennent de singulières distances par rapport au réel et à la vision << objective >> qu'on en a. Elles parviennent toujours à s'ordonner et aboutissent, pour des groupes d'acteurs différents, à un accord sur l'espace, à un consensus territorial plus ou moins puissant (voir doc. 3).

Au total, la focalisation et la superposition de stratégies d'acteurs et de groupes (endogènes ou exogènes) sur un espace, fortement influencés par leurs représentations, contribuent largement à son identification territoriale1. Beaucoup plus en tout cas que les données objectives comme l'environnement, la nature de l'occupation de l'espace (ou une tradition culturelle quelqu'elle soit) ; ces dernier

1 Di Méo, G. emploie pour territoire la << formation socio-spatiale >>, terme qualifié par Brunet R. << d'inutile, flou et n'ajoutant qu'une fausse scientificité >>. Nous touchons là aux difficultés de l'explication en sciences humaines et sociales. (Di Méo, G., 1998)

L'INTERPRÉTATION DU PAYSAGE ET POINTS DE VUE

28 bis

Ce discours, ici fictif est pourtant celui tenu par les techniciens du SNPRV, un service technique local qui souhaite rationaliser ces espace de cultures intensives. Ils véhiculent un savoir qu'ils ont appris au contact des techniciens des projets occidentaux.

Clichés: Beuriot M. et Leyle D., 2000

Ci contre: vue plongeante d'un bas-fond, dans la région de Labé, (Fouta-Djalon, Guinée).

En bas: une planche de culture de ce même bas-fond, associant plusieurs production.

DOCUMENT 4

éléments n'interviennent dans la stimulation de stratégies que parce qu'ils participent, parmi d'autres déterminants, à la formation des représentations (voir doc.4), des rapports et des pratiques.

Le territoire apparaît comme l'aire, ou la série d'aires, limitées et privilégiées dans la pratique par l'homme. Une échelle d'étude intéressante, compte tenu de l'organisation sociale des communautés africaines. En effet, on constate en Afrique de l'Ouest et en Afrique Centrale que la notion de groupe socio-ethnique1, aux identités et aux fondements culturels forts, intervient toujours dans l'organisation de l'espace, sous la forme d'entités villageoises ou de quartiers par exemple; (même si dans beaucoup de pôles urbains, certains aspects cosmopolites, pour ne pas dire occidentaux, éclipsent les structures spatiales traditionnelles.) L'approche territoriale, par la multiplicité des échelles (Etat, région ou encore localité) et des méthodes d'analyses (systémique, dialectique) nous est apparue la plus adéquate pour l'étude des représentations sur les hautes terres d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique Centrale. Issue des représentations des individus et des sociétés, les entités territoriales témoignent des comportements et des logiques individuelles et sociales qui président au rapport des hommes à l'espace.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon