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La libéralisation des marchés et le developpement durable en Afrique: le cas du secteur agricole au Cameroun

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par Jean de Dieu AWOUMOU
ENA - Master en Administration Publique 2006
  

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2. Les difficultés de fonctionnement et externalités de la libéralisation du secteur agricole.

Les mutations en cours depuis la libéralisation concernent toute la chaîne agricole de la production à la commercialisation, en passant par toutes les phases du circuit.

a. Les externalités de la libéralisation en ce qui concerne la production. La libéralisation signifiait la responsabilisation des paysans et la fin des subventions de l'Etat. Dès lors les paysans sont tenus de se procurer par leur soin tout ce qui est nécessaire dans la chaîne de production. En 1988-1989 la distribution gratuite des intrants sera interrompue. Elle sera accompagnée de la suppression du système de subventions aux engrais pesticides et herbicides. Le programme de réforme du secteur engrais en 1993 imposera la privatisation intégrale de la distribution des engrais. Pour ce qui concerne le cacao et le café, on note ainsi l'entrée d'une multiplicité d'acteurs privés dans le marché des intrants. Une étude1 sur l'impact de la libéralisation du secteur cacao dans la province du Sud Cameroun démontre que le paysage du marché de fourniture des intrants agricoles a été reconstruit comme suit : 80% du marché est détenu par les entrepreneurs privés. Parmi ceux-ci seuls 52% sont reconnus et agréés par l'administration. Les autres évoluent en marge de la légalité. Les organisations paysannes créées à la suite de la loi de 1992 relative à la création des organisations paysannes quant à elles ne contrôlant que 20% de part du marché. En ce domaine il est avéré que 40% seulement des paysans sont membres des dites organisations professionnelle. Le manque d'organisation du secteur a entraîné une augmentation des prix des intrants agricoles. Pour le café, le sac de 50 kg de l'engrais de formule NPK couramment utilisé est passé de 2.500 FCFA (soit 3,84 euros) à 9.500 FCFA (soit 14,50 euros). Dans ce contexte les paysans ne pouvaient plus disposer de la même quantité d'engrais. Une démontre que 80% des paysans du centre et du sud Cameroun utilisaient encore les engrais bien qu'en quantité réduite mais que 20% avaient abandonné l'usage des engrais.

b. Les externalités en ce qui concerne le financement.

Le financement des opérations agricoles a été progressivement abandonné l'occasion de la libéralisation. Le secteur privé notamment bancaire qui devait reprendre le témoin n'a pas suivi. Dans le secteur cacao le financement sur recettes d'exportations ou le recours au crédit se sont substitués aux subventions et autres concours techniques de l'Etat. Toutefois le constat démontre que seuls 7% des paysans ont accès aux crédits. Bien que le secteur agricole représente 30% du PIB de l'économie nationale, les statistiques révèlent que seuls 8% des crédits bancaires sont alloués au financement des activités agricoles. La cartographie des instituts de financement est

1 Folefack Pompidou et Jim Gockowski ; libéralisation et système de commercialisation du cacao en zone forestière du Sud Cameroun ; 12 janvier 2004

marquée par le rôle quasi exclusif des tontines et prêts familiaux. Il convient donc de constater que l'accès des paysans aux crédits bancaires est marginale. Le retrait de l'Etat du circuit de financement par la liquidation du Crédit Agricole Camerounais (CAC) aura pour conséquence une rupture des flux de financements des activités agricoles. La difficulté d'accès aux crédits pour les paysans est le fait d'une désorganisation du secteur après le retrait de l'Etat. Plusieurs considérations excluent les producteurs du système bancaire. En amont, la volatilité des prix des produits agricoles, les risques de production et les carences d'un système de garantie ou de cautionnement des producteurs. En aval les carences d'une politique claire en direction du monde agricole et les taux d'intérêts élevés pratiqués par les banques. La création des organismes de micro crédits destinés à financer les activités communautaires est venue prendre le relaie. Toutefois la condition d'organisation de la paysannerie en Groupe d'Initiative Commune n'a pas toujours fonctionné pour pouvoir bénéficier de ces dispositifs rares. En effet les données recueillies dans les zones agricole de l'Est, du Centre et du Sud révèlent que seuls 40% des producteurs sont membres des GIC et que 60% n'appartiennent à aucun groupement de ce type1. La libéralisation agricole en consacrant le donc un retrait de l'Etat du financement des activités agricoles n'a pas arrangé la situation des agriculteurs ; ceux-ci du fait de l'instabilité des cours des produits agricoles sont devenus des clients insolvables pour les organismes bancaires privés. La conséquence est l'effet d'éviction des paysans des circuits de financements. A l'heure actuelle il n'existe aucun mécanisme de garanti permettant de favoriser l'accès des petits producteurs au financement de leurs activités2. Seules les caisses villageoises d'épargne et de crédit appelées localement Tontines constituent des réseaux de micro finance consacrés à l'agriculture ou à d'autres activités du monde rural. On note aussi des initiatives de coopération comme le projet canadien dénommé micro projets productifs en faveur des femmes (MPPF). Il s'agit d'un projet qui poursuit l'objectif de lutter contre la pauvreté et améliorer la condition socio-économique des femmes en leur facilitant l'accès au crédit pour la mise en oeuvre de leurs projets. Ce projet a eu une phase orientée vers le milieu rural notamment dans la Lekié (province de centre) en 1999. Toutefois de telles initiatives sont rares et dispersées pour avoir une réelle incidence sur le besoin d'accès au crédit dont souffre les populations agricoles.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand