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La libéralisation des marchés et le developpement durable en Afrique: le cas du secteur agricole au Cameroun

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par Jean de Dieu AWOUMOU
ENA - Master en Administration Publique 2006
  

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2. Concurrence déloyale dans le domaine des soutiens offerts à l 'agriculture dans les pays développés.

L'agriculture est un secteur qui bénéficie d'importants concours financiers de la part des Etats. Ces subventions permettent aux Etats les plus puissants économiquement d'apporter des soutiens à l'exportation de leurs produits de telle sorte qu'ils soient vendus à un prix largement en deçà des coûts de production (dumping). Ces pratiques ont des effets de distorsion sur les prix internationaux qu'ils contribuent à tirer à la baisse au détriment des producteurs des pays les moins avancés. Cette situation est plus déplorable dans la mesure où certains pays ont vu leur production interne décimée du fait de l'invasion des produits étrangers à faibles coûts. Au Cameroun on cite souvent le cas du poulet congelé dont les importations entre 1997 et 2003 ont accru de 300%. La production nationale a risqué la faillite. Elle a décru de 50% passant de 21000 tonnes à 13000 tonnes de 2000 à 2003. Les pressions des producteurs locaux sur les pouvoirs publics ont permis de lever l'exonération bénéficiant aux poulets importés et d'imposer une TVA de 17%. Les mesures prises dans le cadre de l'Accord sur l'agriculture pour corriger de telles situations se sont avérées complètement inefficaces. En fait cet accord prévoyait une réduction progressive des subventions à l'exportation pour les pays qui en faisaient usage. Dans la pratique on est plutôt parvenu à l'instauration d'un régime discriminatoire. Sur 137 pays membres de l'OMC, 25 bénéficient en réalité d'un quasi droit à subventionner alors que d'autres sont exclus de la capacité à soutenir leur agriculture. Les pays développés sont priés de réduire leurs subventions de 36% en valeur et de 21% en quantité. Les pays émergents doivent en ce qui les concernent réduire respectivement de 21% et de 24%. Pour tous les autres pays les plus pauvres, il leur est interdit de recourir à ce type de soutien. Actuellement les négociations commerciales à l'OMC en ce qui concerne l'agriculture portent sur les réductions des subventions des pays développés. Cet objectif de réduction ne devrait pas changer pas grand-chose puisque en définitive on aura touj ours une agriculture injuste et inefficace pour les producteurs des pays en développement. Ceci est d'autant plus certain lorsqu'on considère que dans la déclaration de Doha reconnaissant la nécessité de parvenir au retrait progressif des subventions, les pays membres ont refusé de fixer une échéance à cet objectif. L'UE et les EU sont les premiers bénéficiaires de ce régime discriminatoire. D'après les données du secrétariat de l'OMC les subventions de ces pays en ce qui concernent certains produits ont même

1 L'accord antidumping permet à un pays d'appliquer des mesures de protections à l'égard d'un produit spécifique lorsqu'il est importé dans des quantités telles qu'il cause ou menace de causer un dommage à la production nationale (voir cas textile chinois)

augmenté entre 1995 et 19981. Les produits principalement affectés par ces mesures de Dumping sont les produits laitiers les céréales et la viande de boeuf. Toutefois de nombreuses cultures pérennes impliquant directement le Cameroun sont aussi concernés. Il s'agit par exemple de la culture du coton. Le café et le cacao sont concernés par des mesures indirectes qui sont la conséquence de l'évolution de l'environnement mondial. Selon les analyses du secrétaire exécutif camerounais du CICC, le mouvement mondial va vers la concentration des grands opérateurs dans le domaine. Cette concentration est le fait que la production agricole est désormais dominée par quelques multinationales et des sociétés de production alors que dans le même temps la libéralisation agricole au Cameroun a conduit un éclatement de l'offre nationale. La conséquence est double pour les agriculteurs : la fragilisation dans les procédures de négociation et la baisse continuelle du prix versé au producteur. Le prix versé à l'agriculteur ne constitue plus qu'une part infime du prix final : il est de l'ordre de 7 à 8 % pour le coton brut.

Pour ce qui est des soutiens internes c'est à dire toutes les interventions qui créent des distorsions dans le commerce international, l'objectif est de parvenir à une réduction pour permettre aux forces du marché de déterminer la production agricole mondiale. Les pays développés ont consentis à diminuer leurs soutiens internes de 20% en six ans et les pays en développement de 13,3% en dix ans. Les mesures découplées qui ne sont pas directement liées au volume de la production sont toutefois autorisées. C'est le cas de toutes les mesures qui concernent la protection de l'environnement (boîte verte)2. Les PMA comme le Cameroun, n'ayant notifié aucune aide se sont engagés à ne pas introduire de tels soutiens dans le future. Toute chose qui est de nature à consacrer en pratique un régime juridique discriminatoire. Le rapport d'information de l'assemblée nationale française reconnaît cette difficulté pour les PVD. Pour ses rédacteurs, le fait d'avoir notifié des soutiens nuls à l'OMC les empêche, en raison des périodes de référence utilisées par les règles multilatérales, de mettre en oeuvre, aujourd'hui, des soutiens classés dans la boîte orange, qui regroupe les soutiens aux prix et les mécanismes de régulation des cours. Or, pour ces pays, ce sont les soutiens les moins coûteux, car ils pèsent moins sur un budget de l'Etat limité que les aides directes au revenu. La seule possibilité de soutien disponible actuellement pour un pays en développement est d'utiliser les aides classées en boîte verte, c'est-à-dire entièrement découplées de la production. Etant directement financées par le budget de l'Etat, le faible niveau de ce dernier, conjugué au poids de la dette, les rend de

1 OMC, document G/AG/NG/S/5, 11 mai 2000

2 Dans les négociations à l'OMC, les subventions sont classées en catégories désignées par une couleur à l'image des feux de circulation. On observe une Boîte verte boîte (Aides autorisés concernant la protection de l'environnent, une Bleue (Aides tolérées accordées au cheptel ou à l'hectare payée sur un rendement fixe et non liées au prix), et une Boîte Orange (Aides proscrites directement liées à la production ou aux prix)

fait pratiquement inaccessibles à la plupart des pays en développement1. Par ailleurs comme pour ce qui est des mesures liées aux subventions, les EU et l'UE ont détourné ces objectifs de réduction pour échapper à leurs obligations. Ils ont par exemple négocier pour fixer la période cible pour le calcul des réductions à la période correspondant au pic de leurs soutiens internes c'est à dire entre 1986-1988. De plus, ces pays ont restructurés leurs programmes nationaux de soutiens agricole par rapport à ces nouveaux canevas. On observe un transfert des aides de la boîte bleu vers la boîte verte ; le secrétariat de l'OMC constate que parmi les prestations inscrite dans la boîte verte la part des paiements directes a augmenté de 23% en 1995 à 43% en 1998.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore