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Une institution culturelle dans le champ de la professionnalisation d'acteurs culturels : le Palais de Tokyo et son projet de Licence en apprentissage médiateur jeune public

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par Vincent Gicquel
Université Paris XII, Faculté des Sciences de l'éducation et des sciences sociales - Master professionnel Sciences de la sociéte, mention Travail, Education, Formation, spécialité Conduite de projets et management 2006
  

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2.3.2 Une institution inexpérimentée dans le domaine de la formation

Mais ces compétences en médiation culturelle ne doivent pas masquer son inexpérience en matière de formation. En effet, on peut se demander s'il suffit d'être compétent dans un domaine pour être en capacité de former des personnes à un métier.

Nous avons pu voir que le Palais de Tokyo souhaite s'inscrire dans une démarche de professionnalisation du métier de médiateur jeune public et qu'il a une certaine légitimité à se lancer dans cette voie. Nous allons maintenant essayer de voir quels sont les points sur lesquels ce projet de formation pourrait rencontrer des difficultés.

2.3.2.1 Des moyens humains suffisants ?

On peut tout d'abord s'interroger sur les ressources humaines du Palais de Tokyo. Même si le partenariat avec d'autres organismes qu'il soit universitaire ou privé est prévu, un certain nombre de cours devra être assuré par le Palais de Tokyo. Les cours concernant directement le Service jeune public représente déjà un volume horaire conséquent pour ce service. Celui-ci sera-t-il en mesure de les assurer ? De même, il a été convenu qu'un certain nombre de professionnels du Palais de Tokyo puissent intervenir dans les cours dispenser par le Palais de Tokyo. Ceux-ci seront-ils en mesure d'intervenir sur ces cours ? On sait en effet que les bons professionnels ne sont pas toujours les meilleurs pédagogues. Comment cette ressource humaine doit-elle être gérée ? Enfin, la gestion d'une formation en apprentissage comprend nécessairement un suivi approfondi des apprentis notamment par le développement des relations avec les entreprises et de la mise en place du tutorat. Ceci doit nécessairement inclure des moyens humains suffisants et des compétences dans ce domaine.

2.3.2.2 Le Palais de Tokyo, une « organisation apprenante » ?

Selon Jeanne Schneider, un organisme de formation traditionnel, dans sa finalité, est censé être particulièrement concerné par le processus d'apprentissage et la production de compétences. Ceci bien qu'important n'est pourtant pas toujours le cas. On trouve en effet selon elle de nombreux organismes de formations qui, en leur sein même,  ne permettent pas à leurs salariés d'apprendre au travail et de se construire des compétences. On peut se demander si le Palais de Tokyo en tant que futur « organisme de formation » peut-être considéré comme une organisation apprenante. Commençons d'abord par définir ce qu'est une organisation apprenante. Il s'agit selon Jeanne Schneider « d'une organisation qui place la production des compétences au centre de sa dynamique pour mieux répondre aux besoins de ses clients et se trouver en mesure de faire face aux évolutions économiques et technologiques ». Pour elle, la question de la compétence renvoie à trois niveaux d'apprentissage : individuel, collectif, organisationnel qui sont très étroitement liés les uns aux autres. Pour être apprenante, une organisation doit optimiser ces trois niveaux d'apprentissage. Elle doit tout d'abord être formatrice, c'est-à-dire qu'elle doit être centrée sur l'acquisition de connaissances et de compétences pour résoudre des problèmes économiques, techniques, humains, sur des projets d'investissement. Elle vise à assurer le transfert des acquits dans les pratiques professionnelles. Ce modèle renvoie à des pratiques formatrices qui relèvent de l `apprentissage individuel. Elle doit ensuite être qualifiante, c'est-à-dire qu'elle doit fournir des situations d'apprentissage dans l'organisation du travail. Ce n'est plus l'individu qui est visé mais l'équipe de travail. Enfin elle doit être apprenante, c'est-à-dire qu'elle doit viser l'apprentissage de l'organisation elle-même à travers l'apprentissage individuel et collectif. Ici, c'est l'entreprise qui crée, acquiert, stocke et transfère de la connaissance. Ce modèle renvoie à des pratiques formatrices qui relèvent de l'apprentissage organisationnel.

Pour Jeanne Schneider, l'organisme de formation est concerné au premier chef par la compétence puisqu'il a pour finalité de produire de la compétence à travers les jeunes en formation. Il est également concerné par l'apprentissage organisationnel à deux titres :

· À l'interne vis-à-vis de ses salariés auxquels il demande de travailler en équipes, de construire la compétence collective à travers la mise place de projets de se centrer sur les besoins de ses clients, de construire leurs apports en fonction de la compétence professionnelle. Pour elle, pour que les formateurs mettent en oeuvre des actions qui relèvent d'un apprentissage organisationnel, il faut que l'organisation elle-même soit porteuse de ce modèle.

· À l'externe vis-à-vis des entreprises partenaires qui prennent en apprentissage les jeunes en formation. Elle se demande si les organismes de formation pensent, de la même manière qu'ils engagent les entreprises à le faire, que les situations de travail peuvent être formatrices, que les compétences de leurs salariés doivent être managées, qu'elles peuvent être des organisations productrices et non consommatrices de compétences.

Pour elle, une véritable réflexion par rapport à ce modèle, permettrait à ces organismes de formation de sans doute mieux comprendre les difficultés et les freins rencontrés par les entreprises partenaires pour être véritablement des entreprises formatrices.

Qu'en est-il du Palais de Tokyo ? Peut-on le considérer comme une organisation apprenante ?

Plutôt que d'analyser l'ensemble du Palais de Tokyo, nous nous arrêterons plutôt sur le Service jeune public, principal concerné par le projet de formation. On peut considérer le Service jeune public comme un service formateur car il a un réel souci de former individuellement les médiateurs jeune public travaillant en son sein. Le responsable du service cherche en effet à faire acquérir des savoirs et des savoir-faire aux médiateurs(trices), en mettant à disposition des ressources documentaires, en conceptualisant des formats d'accompagnements, en construisant des outils et en suivant individuellement ces médiateurs. On peut alors se demander si ce service est suffisamment qualifiant. En effet, l'organisation du travail fournit-elle suffisamment de situation d'apprentissage ? Les médiateurs ont une certaine autonomie dans la mise en oeuvre et l'animation des activités, mais il semble qu'ils soient souvent contraints d'appliquer des formats déjà existants. Peut-être ne disposent-ils pas assez de libertés ou de motivations pour construire de nouveaux types de formats d'accompagnements ? Enfin, le Service jeune public est-il un service apprenant ? C'est-à-dire est-il dans une logique de création, d'acquisition, de stockage et de transfert de connaissances ? On peut penser que oui dans la mesure ou ce savoir-faire est reconnu par l'administration du Palais de Tokyo et par les autres entreprises et institutions oeuvrant dans la culture. L'exposition Monumenta en est la preuve. En effet, le Palais de Tokyo a offert son savoir-faire au ministère de la Culture dans le cadre de l'exposition d'Anselm Kiefer au Grand Palais. Le Service jeune public, ne disposant pas suffisamment de moyens humains pour encadrer les médiations jeune public au Grand Palais a su cependant créer de nouveaux formats. Il a ainsi su transférer ses savoirs en formant et en suivant de nouveaux médiateurs qui purent encadrer ces activités, construisant ainsi chez eux de la compétence.

On peut ainsi voir que le Service jeune public du Palais de Tokyo peut être considéré comme un « service apprenant ». En revanche, on peut s'interroger sur le coté apprenant du Palais de Tokyo en tant qu'institution. En effet, on peut se demander si le fort taux de stagiaires dans les équipes est réellement un moyen de développer de la compétence. Il permet de développer de la compétence individuelle certes, mais en ce qui concerne l'organisation, le fort turn-over que cela entraîne est peut-être parfois préjudiciable à l'organisation. De même, le fait que cette médiation jeune public ne soit pas toujours identifiée comme une priorité peut freiner les acteurs et l'organisation. Le pouvoir-agir est en effet une notion importante dans le développement de la compétence et celui-ci n'est pas toujours pris en compte. Des choix allant dans ce sens se profilent cependant comme la volonté de créer cette formation de médiateur jeune public, de développer l'offre jeune public au Palais de Tokyo avec les futurs apprentis, ou encore de monter un espace d'activité consacré au jeune public.

Ainsi on peut considérer que le Service jeune public est un service apprenant. Il a conscience de la nécessité de développer la compétence de ses acteurs, de son équipe et de son organisation. Il devrait pouvoir naturellement communiquer avec les entreprises accueillant les apprentis, sur cette notion de compétence à acquérir.

Après avoir vu que le Palais de Tokyo était dans une démarche de professionnalisation vis-à-vis du métier de médiateur jeune public, nous avons pu voir que cette démarche de professionnalisation passant notamment par le choix d'une formation en apprentissage nécessitait d'adopter les outils de la démarche compétences que sont les référentiels métier. Nous nous sommes ensuite interrogés, sur les compétences qu'à cette institution culturelle pour se lancer dans le champ de la formation. Le Palais de Tokyo en tant qu'institution renommée et expérimentée dans le domaine de la médiation culturelle semble tout à fait légitime pour se lancer dans ce champ, mais il ne doit pas être perdu de vue que cette activité constitue pour elle une nouveauté et qu'elle est par conséquent inexpérimentée dans ce domaine. Ainsi, même si le choix du partenariat apparaît comme tout à fait judicieux, le Palais de Tokyo en tant que pilote de ce projet devra développer des compétences liées à la gestion d'une formation en apprentissage. Nous allons donc maintenant voir les projets et propositions que j'ai réalisés ou que je conseille pour assurer la réussite de cette formation qui se veut professionnalisante.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon