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L'alternance politique au Sénégal : 1980-2000

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par Adrien THOUVENEL-AVENAS
Université Sorbonne Paris IV - Master 2 2007
  

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3.4. L'opposition : un groupe de pression efficace :

3.4.1. Changement à la tête de l'ONEL :

En 1998, l'ONEL a démontré malgré l'absence de moyens de répression sa volonté de lutter contre la fraude électorale. Une bonne part de ce mérite revient pour l'opposition au général Mamadou Niang qui est allé jusqu'à s'opposer à son supérieur, le général Lamine Cissé, ministre de l'Intérieur. En contrôlant scrupuleusement le fichier électoral et la distribution des cartes, Niang acquiert après les législatives un prestige indéniable qui fait de lui un allié, volontaire ou non, de la cause défendue par l'opposition. Si le règlement de l'ONEL stipule qu'après chaque fin d'élection les membres composant l'observatoire sont invités à quitter leur poste, les contemporains s'attendent à ce que Niang soit reconduit dans ses fonctions pour les présidentielles de 2000.

Or, le chef de l'Etat annonce le 17 mars 1999 que le général de division Mamadou Niang est nommé ambassadeur du Sénégal en Guinée-Bissau. Au vu de la situation politique dans la région - le Sénégal est à cette époque encore très fortement engagé dans le conflit bissauguinéen - le choix de Diouf peut être légitime, le Président ayant besoin sur place d'un homme de confiance, loyal et compétent pour soutenir le régime de Joao Bernardo Vieira et faire face à toute crise diplomatique en cas d'arrivée au pouvoir de Ansumane Mané.

L'opposition demeure cependant perplexe et crie au scandale, Landing Savané faisant remarquer qu' "il est des promotions qui ressemblent étrangement à une sanction" 58. Elle pense en effet que le PS et Abdou Diouf tentent de s'approprier l'ONEL. L'impartialité de l'observatoire est définitivement remise en question après la nomination par le Président de la République d'Amadou Abdoulaye Dieng, lui-aussi général à la retraite 59, homme connu de l'opposition pour appartenir... officiellement à un groupe de soutien en faveur de la réélection de Diouf. Les opposants sont alors indignés, comme l'indique les propos de Djibo Kâ : "le général l'a reconnu lui-même : il est membre d'un mouvement de soutien au Président Diouf. Or le code électoral stipule que l'appartenance à l'ONEL est incompatible avec toute activité partisane. Nous avons donc déposé un recours en annulation du décret de nomination auprès du Conseil d'État" 60.

Ce choix unilatéral d'Abdou Diouf est une nouvelle erreur politique. Il confirme presque sciemment tous les reproches qui lui ont été adressés quelques semaines auparavant lors de la "campagne de Paris" et rompt une fois de plus avec sa politique consensuelle qui a été sa force entre 1995 et 1998.

C'est certainement l'approche des élections et la crainte de ne pas être élu au premier tour qui pousse le chef de l'Etat à prendre des choix contestables et contestés. Mais ceux-ci lui font un tort considérable, Moustapha Niasse s'en servant par exemple dans sa déclaration du 16 juin 1999 pour justifier sa rupture avec le parti gouvernemental :

"ainsi, après les changements opérés récemment, écartant la limitation des mandats présidentiels et modifiant le pourcentage minimum requis pour l'élection du premier magistrat de la nation au premier tour, les Sénégalais

58 Francis Kpatindé, "Diouf, seul contre tous", Jeune Afrique, 30 mars 1999.

59 Le recours aux militaires est devenu une habitude dioufiste. Outre Lamine Cissé et Amadou Abdoulaye Dieng, les anciens généraux se voient confier le plus souvent des ambassades dites stratégiques. Le Sénégal est représenté en 1999 par des militaires dans trois Etats voisins - Guinée-Bissau, Gambie et Guinée - et des pays comme l'Allemagne et les Etats-Unis. Cette "militarisation" de la vie politique et diplomatique souligne le rapprochement qui s'est opéré entre le régime dioufiste et l'armée, notamment depuis l'intensification des combats en Casamance. Voir André Payenne, "En bon voisinage", Jeune Afrique, 15 juin 1999.

60 Francis Kpatindé, "Où s'arrêtera Djibo Ka ? ", Jeune Afrique,1 er juin 1999.

sont, encore aujourd'hui, confrontés au problème du fonctionnement de l'ONEL et de la désignation de son Président. Il demeure évident que le Président de l'ONEL ne peut être crédible que s'il est désigné conformément à la loi sans quoi la neutralité positive de cet organe est gravement compromise. En outre, cette désignation doit être consensuelle et recueillir l'agrément de tous les acteurs politiques. Aussi, changer le Sénégal devient un impératif absolu ".

Devant le tollé général provoqué par ce choix, Abdou Diouf, soucieux de conserver sa crédibilité démocratique, fait machine arrière et choisit Louis Pereira de Carvalho,

personnalité moins controversée puisque ayant été président du Conseil d'État sénégalais. Avec cette nomination, l'ONEL retrouve la confiance de l'opposition et une objectivité un temps menacé. Cette volte-face présidentielle est une victoire pour les opposants qui montrent

qu'ils sont en mesure de faire plier à la fois le PS et le Président de la République. Cette affaire est aussi l'occasion pour l'opposition de démontrer le parti pris du Président, incapable

de s'en tenir à son rôle d'arbitre. Pour elle, "changer devient un impératif absolu" 61. Un impératif confirmé lors de l'affaire dite "des cartes israéliennes".

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore