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Approche du concept de développement durable et des outils macro économiques de protection de l environnement à  travers le problème du réchauffement climatique


par Nadim El Ghezal
Ecole des Mines de Nancy -  2002
  

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22 - avec quels moyens ?

Il existe différents moyens macro-économiques permettant de réduire les émissions de CO2. Si l'on occulte les limites administratives et les normes, qui ne sont pas suffisamment flexibles, et les labels qui ne sont pas très sûrs, les seules solutions vraiment concurrentes sont les taxes et les PEN ou Permis d'Emission Négociables, qui ont chacun leur légitimité, leurs effets pervers et leurs champs d'application privilégiés. Le choix entre ces deux outils (il n'est pas non plus exclu de les combiner) est au coeur des négociations engagées à partir du protocole de Kyoto. Le principe des taxes, qu'elles portent sur l'énergie ou directement sur les émissions (ce qui demande de mettre en place un dispositif de mesure systématique et précis), est simple : il s'agit d'inciter les unités de production à réduire leurs émissions en pénalisant ces dernières. Le principe des permis d'émissions est moins connu : il s'agit de titres échangeables sur le marché, comme des actions, qui confèrent à leur détenteur un <<droit à polluer». Le volume de titres étant contrôlé par les autorités, le système permet de fixer précisément la quantité d'émissions. De plus, sa grande flexibilité permet de minimiser les coûts de la réduction des émissions de CO2 : il permet en effet de réduire d'abord les émissions là où les coûts marginaux de réduction sont les plus faibles. Ainsi, si l'on est en présence de deux entreprises qui émettent toutes deux des quantités égales de CO2, mais dont les coûts marginaux de réduction diffèrent d'un facteur 10, et que l'on veut réduire les émissions de moitié, il vaut mieux que les entreprises s'entendent pour que l'une ne réduise ses émissions que de 10 % et l'autre de 90 % : elles seront toutes les deux gagnantes puisque l'une évite une réduction d'émission très coûteuse, et l'autre réalise un profit en vendant 40 % de ses <<droits à polluer». Dans ce genre de cas très favorable, l'économie globale peut être très importante. Le marché a naturellement optimisé la répartition de l'effort, alors que si une quelconque autorité avait voulu le faire en assignant des objectifs de réduction différents au cas par cas, cela aurait nécessité une enquête préalable et beaucoup de réflexion : ce n'est pas envisageable à l'échelle nationale, et encore moins internationale. La principale différence entre taxes et permis d'émission tient à ce que, avec les premières, l'Etat prélève de l'argent,

12 la valeur d'option est associée à la possibilité de reconsidérer plus tard une décision et traduit l'intérêt de privilégier la prudence à court terme

et pas avec les seconds, à condition toutefois que les permis soit initialement distribués gratuitement aux entreprises au prorata de leurs émissions passées, et non vendus aux enchères.

Ces deux systèmes économiques ont déjà été expérimentés au niveau national pour résoudre un problème analogue à celui de la réduction des émissions de CO2 : la réduction des émissions d'oxyde de soufre SO2, responsables des pluies acides. A la suite de la première conférence des nations unies sur l'environnement, la Suède envisagea de mettre en place une taxe sur ces émissions. Cette mesure ne fut effectivement adoptée qu'en 1988 et s'accompagna d'une baisse de l'impôt sur le revenu des personnes physiques, afin que la part des prélèvements obligatoires dans le PNB ne fût pas modifiée. Cette écotaxe était réellement incitative puisqu'elle s'élevait à 30000 francs par tonne de SO2 émise. Une taxe sur les émissions de CO2 fut également adoptée, mais elle était peu significative et avait essentiellement valeur d'exemple. Le fait est que la taxe sur le SO2 permit de ramener les émissions à un niveau raisonnable, bien que légèrement en dessous des espérances. De leur côté, les Etats-Unis, fidèles à leur tradition libérale, ont mis en place en 1990 un marché de permis d'émission de SO2 destinés aux centrales électriques consommant des combustibles fossiles, afin de respecter les dispositions du Clean Air Act (40% de réduction des émissions.) La loi de 1990 précise que « les permis alloués [...] peuvent être transférés entre opérateurs des installations polluantes et toutes les personnes qui se trouvent en posséder, ou qui souhaitent en acquérir. L'administrateur de L'Environmental Protection Agency doit mettre en place un système pour émettre et enregistrer les permis et pour recenser les transactions ; il prendra les dispositions nécessaires à un fonctionnement ordonné et concurrentiel du système. >> Elle prévoit une phase I (1995-1999) au cours de laquelle seules les centrales les plus puissantes et les plus polluantes sont impliquées. Au cours de la phase II (2000-2009), toutes les centrales le sont, et les émissions doivent être ramenées à la moitié de ce qu'elles étaient en 1980, soit 9 millions de tonnes par an. Une centrale électrique a donc le choix entre l'adoption de solutions techniques (installation de filtres ou substitution de charbon à basse teneur en soufre au charbon habituel) pour réduire ses émissions et l'achat de permis. Craignant une inflation des prix du charbon et des permis, les entrepreneurs ont massivement investi dans les filtres ou passé des contrats d'achat de charbon « propre >> à long terme. Leurs anticipations étant trop pessimistes, le prix des permis a rapidement chuté de 250 à 100 dollars en 1995. Une fois stable, le marché a parfaitement fonctionné. Quant à la répartition initiale des permis, elle a fait l'objet d'une loi, afin de lui assurer une bonne sécurité juridique. Les permis ont été attribués selon la moyenne des consommations entre 1985 et 1987. Notons

toutefois que les expériences suédoises et américaines ne sont peut-être pas directement transposables à la réduction des émissions de CO2, dans la mesure où il n'existe pas de solutions techniques aussi simples dans ce cas que dans celui du dioxyde de soufre, en particulier il n'existe pas de réel produit de substitution aux hydrocarbures, car la production d'énergie nucléaire émet presque autant de gaz à effet de serre que le gaz naturel dans une centrale de dernière génération (une centrale nucléaire ne rejette que de l'eau mais c'est le bilan de la filière nucléaire entière, de l'extraction au stockage, qu'il faut considérer) ; les faibles gains d'émissions dus au nucléaire ne pèsent pas lourds face aux risques majeurs qu'induit cette technologie.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand