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Approche du concept de développement durable et des outils macro économiques de protection de l environnement à  travers le problème du réchauffement climatique


par Nadim El Ghezal
Ecole des Mines de Nancy -  2002
  

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23 - comment choisir?

Les détracteurs de la taxe pigouvienne13 soutiennent qu'en l'absence d'autorité mondiale, il est impossible de généraliser le recours à des instruments fiscaux. C'est là un argument fallacieux car la mise en place d'un marché de permis d'émission requiert également l'existence d'institutions internationales : si ce système a bien fonctionné au Etats-Unis, c'est parce qu'il y a dans ce pays un pouvoir législatif, éxécutif et judiciaire réel, assisté pour l'occasion par un organe de surveillance et de régulation du marché des permis, l'EPA. Il est donc clair que permis et écotaxes nécessite tous deux un cadre économique et politique encore inexistant14 : ce n'est pas sur ce point que doit se faire le choix.

Il existe en fait une différence fondamentale entre ces deux outils économiques : comme l'Etat n'a qu'une vague idée du coût des réductions, il ne peut pas être sûr du résultat en terme de réduction d'émissions au moment de fixer la taxe, tandis qu'avec les permis, on sait chiffrer la réduction mais pas son coût. Face à cette double incertitude, il faut se référer aux critères de choix établis par l'économiste Martin Weitzman, à condition toutefois d'avoir une idée de l'allure des courbes des coûts. Si les coûts des dommages croissent plus vite que ceux des réductions d'émissions, il vaut mieux être sûr de contrôler la pollution, donc utiliser un système de permis. En revanche, si les coûts qui ont la plus forte croissance sont ceux de la diminution des rejets, il est préférable d'utiliser l'écotaxe afin de plafonner le coût de l'effort de dépollution. Il y a bien sûr d'autres paramètres de décision. Il est par exemple plus aisé d'utiliser les permis dans le cas d'une pollution industrielle : les Etats-Unis ont montré que la mise en place d'un tel système ne posait pas de problème majeur. On voit moins comment, en revanche, on pourrait établir un marché de permis d'émission à l'usage des conducteurs automobiles. Il existe bien à Singapour un système de licence pour acheter une voiture, mais il sert surtout à limiter les importations automobiles. De même, comment s'attaquer à la réduction des émissions dues au chauffage domestique ? L'écotaxe semble alors plus appropriée, mais il est quand même possible d'imaginer encore dans ce cas un système de permis : il s'agirait de le mettre en place en amont, à l'usage de ceux qui font rentrer du carbone dans l'économie : les coûts financiers retomberaient alors sur leurs clients tout se passerait comme si les conducteurs ou les ménages payaient une écotaxe.

L'Union Européenne serait plutôt partisane de l'écotaxe, essentiellement parce qu'elle en espère un double dividende : d'une part l'écotaxe permettrait de réduire les émissions de CO2, et d'autre part elle permettrait de diminuer les charges sociales qui sont à l'origine de pertes économiques. La diminution du coût du travail permettrait donc de diminuer le chômage. L'exemple suédois a montré que, si ce deuxième dividende n'était pas miraculeux, il a bel et bien existé. Le gouvernement français a cherché à utiliser la taxe pigouvienne pour financer le passage aux 35 heures. Cependant, pour ne pas handicaper les industries dont le coût énergétique est beaucoup plus important que le coût salarial, le programme présenté par Lionel Jospin en janvier 2000 proposait une exemption de taxe pour les entreprises fortement consommatrice, à condition qu'elle entre dans un système restreint de permis. Ce mécanisme hybride a le mérite de permettre la convergence des coûts marginaux dans le secteur où ils sont élevés, et de préserver la concurrentialité de l'économie française. C'est peut-être dans cette combinaison entre taxes et permis que se trouve la meilleure solution. L'Union Européenne en a d'ailleurs inventé une variante : chaque pays membre s'est vu assigné un

objectif de réduction de ses émissions, de telle sorte que la réduction globale corresponde à l'engagement pris de réduire d'ici 2010 les émissions de CO2 de 8% par rapport à 1990, mais avec un coût global le plus faible possible. Ainsi, la France, dont les émissions par habitant sont déjà très basses, doit se stabiliser à 0% tandis que l'Allemagne, dont les coûts marginaux de réduction sont peu élevés à cause de la restructuration à l'est, doit réduire ses émissions de 35% par rapport à 1990. A chaque pays d'adopter par la suite les mesures qu'il préfère : permis, taxes pigouviennes ou une combinaison des deux. Touj ours est-il que le système de Jospin est bien mal engagé depuis qu'il a été annulé par le Conseil Constitutionnel en décembre 2000. Ce système ne touchait en effet qu'une minorité d'entreprise, par souci de ménager les secteurs délicats des transports et de l'agriculture. De plus, il avait provoqué de vives protestations car les entreprises fortement énergivore avait déjà fortement réduit leur consommation depuis les chocs pétroliers des années 70.

En ce qui concerne les négociations autour de l'application du protocole de Kyoto, elles ont tendance à piétiner, essentiellement à cause de l'intransigeance des américains et de leurs alliés15, qui ne retiennent du protocole que la nécessité de flexibilité, et aussi d'un certain manque d'ouverture de l'Europe. Le protocole est en train d'être littéralement dénaturé notamment depuis que les européens ont dû céder sur les « puits de carbone » : les forêts et les cultures donneront droit à des abattements importants dans les objectifs de réduction d'émissions, alors que la communauté scientifique est très réservée quant à la pertinence de cette mesure, car il est très difficile d'évaluer la quantité de CO2 réellement absorbée par les forêts. Certains projets de reforestation sont même considérés comme des aberrations, plus nuisibles qu'autre chose.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe