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Approche du concept de développement durable et des outils macro économiques de protection de l environnement à  travers le problème du réchauffement climatique


par Nadim El Ghezal
Ecole des Mines de Nancy -  2002
  

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3 - Remarques et critiques

31 - qu'attendre du libéralisme?

Les permis d'émissions négociables incarnent bien le libéralisme. C'est pourquoi on peut poser le problème du choix entre permis et écotaxe d'une autre manière : qu'attendre du libéralisme en matière de protection de l'environnement ? C'est une question d'autant plus importante que la doctrine libérale a le vent en poupe.

Michelle Kergoat16 soutient que le renforcement de la propriété privée est bénéfique à la préservation de l'environnement, pour la simple et bonne raison que nous faisons plus attention à ce qui nous appartient qu'à un bien commun. Dans le même ordre d'idée, Bernard Husson signale que les bûcherons de la forêt de Bandia, au Sénégal, respectent la rotation des secteurs pour la coupe des arbres17. Même le conservatoire français du littoral estime que l'appartenance de ce dernier au domaine public est un statut moins protecteur que s'il était sa propriété privée18. Toutefois, je me demande si les céréaliers de la Beauce respectent leur terre et ont bien le souci de sa pérennité. La transformation progressive de leurs exploitations en entreprises les a conduits à considérer leur terre comme un capital que l'on amortit et dont on peut user comme d'un bien renouvelable. La mondialisation accentue encore plus cette irresponsabilité des propriétaires : plus la distance est grande, plus les scrupules sont rares. Ainsi, Candados Prestos, filiale mexicaine d'une multinationale italienne, avait tellement dégradé son environnement qu'elle a été contrainte de fermer par le gouvernement mexicain19.

Michelle Kergoat considère que si des états forts comme les pays de l'ex-bloc soviétique n'ont pas pu préserver leur environnement, il est impensable qu'un état démocratique soit en mesure de le faire. En effet, l'état se trouve face à des intérêts très divergents, ce qui entraîne des complications administratives importantes. De plus, il n'est pas possible de s'appuyer sur un solide droit environnemental : l'ignorance des impacts des dégradations environnementales et l'incertitude des seuils rendent l'appréciation difficile, dépendante de l'évolution des connaissances et des << subjectivités des individus20 >>, et introduit une grande complexité (accumulation de correctifs) qui rend le droit facilement contournable. Ensuite, sous la pression des lobbies, l'Etat se rend lui-même coupable d'erreurs causant d'importants dégâts environnementaux. Par exemple, l'état français a longtemps subventionné l'utilisation d'engrais dans l'agriculture, et a autorisé l'extension de l'élevage porcin en Bretagne sans se préoccuper des conséquences sur les nappes phréatiques (pollution par l'azote du fumier.) Confier la prévention de l'environnement à l'état, c'est aussi prendre le risque de déviances totalitaires (<< dictature verte >>) : l'état en profiterait pour étendre son emprise sur la société civile. Enfin, une centralisation excessive peut être néfaste, notamment en matière d'aménagement territorial : par exemple, en vendant, au nom de l'égalité, de l'électricité à un

16 Libéralisme et protection environnementale, L'harmattan, 1999

17 Bernard Husson, L 'Impératif de croissance, Alternatives économiques, hors-série n°17, 3e trimestre 1993, p.41

18 Véronique Inserguet Brisset, 1999, Propriété publique et environnement, Paris, Librairie générale de droit et de jurisprudence, p.194

19 Attac, 2001, Enquête au coeur des multinationales, Mille et une nuits, p.49

20 Michelle Kergoat, op.cit., p.19

prix unique sur tout le territoire français qui ne reflète pas le prix réel, EDF rend artificiellement le recours à des énergies renouvelables peu compétitif, alors qu'il l'est normalement en milieu rural.

Quelques soient les vertus de la propriété privée, il n'en reste pas moins qu'elle peut s'apparenter à une confiscation en cas de rareté : est-il légitime de s'approprier un puits dans un désert? C'est précisément ce que pourraient faire les pays riches en instituant un marché mondial des droits à polluer : ils seraient alors en mesure d'acheter la quasi-totalité de ces droits, ce qui leur permettrait de continuer à polluer sans remettre leur croissance en cause, pendant que l'économie des pays pauvres se trouverait bloquée. C'est d'autant plus choquant que la croissance dans les pays riches répond à des besoins superflus tandis que celle des pays pauvres vise à satisfaire des besoins fondamentaux. Et même si les échanges internationaux de permis d'émissions étaient limités, comme le propose l'Union Européenne, il reste l'un des principaux problèmes du marché de permis : la distribution initiale. Car si on a recours à la méthode des Etats-Unis, dite du grandfathering, qui consiste à distribuer gratuitement les permis suivant les émissions passées, le partage est peu équitable, même si la compétitivité est normalement conservée, car même si une entreprise a reçu plus de droit qu'une autre, le coût marginal de sa production inclut le prix des permis et elle ne peut donc pas prendre de nouvelles parts de marché. Les pays en voie de développement seraient les principaux laissés pour compte du grandfathering et trouvent donc ce principe inacceptable : il suggère que la répartition soit faite proportionnellement à la population.

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