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La forêt : Interface entre le divin et l'humain. Forêt Antsahabe - Est / Anjozorobe - Madagascar

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par Sikinera Flore Anna RASELIARISOA
Université d'Antananarivo - Madagascar - Maîtrise en Géographie 2005
  

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INTRODUCTION GENERALE

Situé à 110 Km au Nord - Est d'Antananarivo, Antsahabe - Est, accessible après la RN 3 par une piste carrossable toute l'année, est connue par la subsistance de la forêt naturelle de moyenne altitude. Elle constitue l'un des derniers vestiges forestiers des Hautes Terres Centrales de Madagascar reliant la forêt d'Anjozorobe à celui de Manjakandriana. La forêt occupant une superficie d'environ 210 ha est encore dans un état louable notamment par la présence d'une très grande diversité floristique indicatrice de la forêt naturelle de la série Tambourissa.sp et Weinmania, ainsi que par la présence des espèces faunistiques spécifiques comme les lémuriens (Indri indri, Propitecus diadema) et les différentes espèces de reptiles et d'amphibiens.

La subsistance de cet environnement exceptionnel implique le rôle primordial de la population locale dans la gestion de la forêt. L'on ne pourra exclure dans ces conditions l'importance de la perception paysanne du milieu naturel imprégné par la croyance ancestrale. En effet, la croyance locale fait de la forêt un patrimoine culturel inégalable dont l'histoire est la racine qui assure l'ancrage à l'identité culturelle. De ce fait, l'histoire et la croyance constituent la référence pour justifier les valeurs qui réglementent la gestion du milieu forestier.

Toutefois, la situation actuelle reflète des changements de comportement vis-à-vis de la logique traditionnelle et des pratiques coutumières dans le mode d'approche au milieu forestier ce qui constitue un signe précurseur de l'utilisation des ressources naturelles.

Le thème qui s'intitule : «La forêt : interface entre le divin et l'humain» se focalise sur l'évolution des relations de l'homme avec la forêt basé sur des considérations sociologiques et économiques, auxquelles s'ajoute les facteurs d'ordre historiques et culturels.

La problématique de la recherche se résume en deux questions :

- La croyance ancestrale et les pratiques traditionnelles de la communauté locale favorisent - elles la survie du milieu forestier ?

- Les changements de comportement vis-à-vis de ces pratiques peuvent-elles constituer une des causes de dégradation de la forêt ?

Les objectifs de ce travail consistent donc à :

- Décrire les rites, les coutumes, les moeurs et les usages de la communauté locale en étroite relation avec l'utilisation du milieu forestier;

- Mettre en évidence l'importance de l'organisation et des pratiques sociales dans la gestion des ressources forestières ;

La présente recherche sera une première dans la forêt d'Anjozorobe a étudié la perception paysanne du milieu naturel fondée sur les spécificités historiques, culturelles et cultuelles dans la gestion de la forêt. Elle tente d'expliquer le rôle de l'organisation sociale et l'importance de la tradition dans l'utilisation et l'accès en milieu forestier.

Le thème traité tend à combiner plusieurs domaines de recherche en ce qui concerne :

- L'importance historique de la zone dans l'implantation humaine et l'utilisation des ressources forestières,

- L'importance de l'organisation sociale dans le circuit de décision dans la gestion de l'espace forestier,

- La présence des richesses biologiques de la forêt,

- Enfin le rôle de la perception paysanne du milieu forestier dans la subsistance de la forêt.

Pour réaliser à bien notre recherche, nous avons choisi de porter notre attention sur un groupe social dans laquelle les membres du groupe étaient fortement impliqués dans le processus de gestion de la forêt. Le poids historique et culturel de la zone considérée, liée à sa position géographique permet à la fois de réaliser une étude sur les relations inter communautés ainsi que la représentation du milieu naturelle au sein de ces communautés établis sur une terre attribuée à l'esprit des ancêtres.

Contexte de l'étude

Cette étude entre dans le cadre du projet F@DES ou Fond d'Appui au Développement de l'Enseignement Supérieur. C'est un Programme du Ministère de l'Education National et de la Recherche Scientifique qui s'inscrit dans le cadre du CRESED II, financé par la Banque Mondiale. Le Sous-projet F@DES SPO1v1_05/Anjozorobe est un projet du Département de Biologie Animale de la Faculté des Sciences orientée vers la conservation de la biodiversité et qui s'intitule « Site forestier d'Anjozorobe : Domaine de Recherches et Formations Universitaires pour la Conservation, le Développement et l'Eco tourisme » .

Les objectifs du Sous-projet SPO1v1_05/Anjozorobe sont de trois ordres :

- Promouvoir les travaux de recherches au sein de l'Université d'Antananarivo;

- Préserver les espaces forestiers représentatifs de la biodiversité des Hautes Terres Centrales malgaches ;

- Contribuer au développement local dans les activités relatives à la conservation de la forêt.

Le Sous-projet est composé d'équipe de chercheurs pluridisciplinaires dont :

- des biologistes du Département de Biologie Animale

- des biologistes botanistes du Département de Biologie végétal

- des géographes du Département de Géographie à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines.

Démarches et techniques

Pour la réalisation de ce travail, nous nous sommes basés sur la compréhension de l'histoire de la région d'Anjozorobe, de la société locale et des activités fondées sur la perception paysanne du milieu naturel. Nous avons consulté les anciens manuscrits, les traditions orales et les récits de voyages des plus grands explorateurs de la grande île, en particulier les traditions orales écrites par le RP Callet dans le Tantaran'ny Andriana eto Madagasikara de 1908 à 1913, les récits de voyages des Grandidiers de 1914 évoqués en partie dans les Notes Reconnaissances et Explorations ainsi que les Annales de Madagascar sur la Monographie du Fivondronana Anjozorobe depuis 1950 à 1971. Ces documents nous ont permis de :

- Comprendre les différentes étapes de la vie communautaire et de la dynamique de l'espace.

- Définir les problématiques et les hypothèses qui nous ont servi de bases durant tous nos travaux de recherche sur le terrain.

Ainsi, cette recherche comprend trois étapes :

- L'élaboration des problématiques et des hypothèses de travail ;

- Les travaux de terrains ;

- Le dépouillement et la rédaction.

A . Les hypothèses de travail.

Les hypothèses de travail sont les suivantes :

1) La population locale attribue des pouvoirs aux éléments du milieu naturel. Animaux, plantes (arbres), cours d'eaux et certains lieux sont associés à l'univers des esprits et des divinités. Ainsi, le respect de ces croyances explique certains nombres de comportements humains relatifs à la subsistance de la forêt.

2) Ces croyances engendrent des interdits/tabous qui protègent et assurent l'équilibre socio - écologique au niveau du terroir. Objets, êtres, temps et lieux peuvent être pour chacun empreint de puissance surnaturelle protégée par les tabous appelés tous simplement « fady »

3) Le respect de ces pratiques renforce la cohésion et la stabilité sociale. Cette solidarité émanant du « fihavanana» fait de chaque individu un homme entièrement intégré dans la société. L'individu dans ce cas agit et pense comme tous les membres du groupe auquel il est rattaché. Ce qui renforce le respect de la tradition et des pratiques ancestrales. En tout, elle aboutit à la préservation de ce qui est sacré : «la forêt»

B . Les travaux de terrains.

Ils comprennent 2 phases différentes :

- la phase exploratoire

- les enquêtes.

B. 1. La phase exploratoire.

Cette phase a pour objectif de réunir plus d'information concernant la zone d'étude. Elle nous permet de vérifier les problématiques et les hypothèses élaborées. La phase exploratoire a été réalisée à partir :

- du choix des sites d'observations

- et du test des questionnaires à utiliser dans les enquêtes.

B.1.1. Le choix des sites d'observations

Le choix a été dicté par plusieurs critères dont :

- La proximité des villages par rapports à la forêt, ce qui permettra d'observer et de comprendre les relations de la population avec le milieu naturelle ;

- La date et le mode d'implantation humaine;

- L'organisation sociale et l'utilisation des ressources forestières ;

- La composition ethnique des groupes sociaux existants.

B.1.2. Les prés - enquêtes

Lors de cette première intervention sur le terrain, nous nous sommes présentés à la population locale. Nous avons exposé les motivations et le contexte de nos études dans le cadre du projet. Nous avons également réalisé des entretiens avec les personnes susceptibles de nous fournir des informations sur la communauté locale. Pour cela, nous avons sélectionné un certain nombre de personne en fonction de leur rôle au sein de la communauté locale :

- Les autorités coutumières : Tangalamena...

- Les autorités administratives : le Maire de la commune Anjozorobe, le chef du cantonnement forestier et le chef quartier du fokontany Antsahabe- Est

- Les responsables de l'Association KASTI ou Komity ny Ala sy ny Tontolo Iainana

- Les notables des villages.

B.2. Les enquêtes.

B.2.1. Les démarches adoptées

Les démarches sont basées sur la participation locale. Ainsi, nous avons intégré des membres de la communauté locale dans notre équipe pour nous servir de guide. Leur participation nous permet non seulement de faciliter notre intégration au sein de la communauté mais elle contribue en grande partie à la compréhension de la situation actuelle. Par ailleurs, l'adoption de la MARP ou Méthode d'Approche et de Recherche Participative a été très appropriée. C'est une forme de processus d'apprentissage pour une meilleure connaissance des conditions de vie et des problèmes locaux. Ces démarches nous ont permis d'observer, de décrire et de comprendre les relations que la population entretient avec le milieu forestier.

B.2.2. Les techniques d'enquêtes

Les techniques d'enquêtes sont composées par des enquêtes par sondage suivis par des séances d'entretiens par groupe.

F Les enquêtes par sondage

Compte tenu du rôle et de l'influence du chef de famille sur les décisions relatives à l'approche du milieu forestier et aux activités économiques, l'unité d'analyse choisie est le ménage. Ces enquêtes ont pour objectifs de :

- Dégager une typologie des ménages dans ses habitudes, les pratiques quotidiennes et les coutumes ;

- Cerner les problèmes essentiels concernant l'utilisation des ressources naturelles;

- Comprendre la logique paysanne dans l'approche de la forêt ;

· L'élaboration des fiches d'enquêtes

Les fiches d'enquêtes ont été fondées sur les résultats des entretiens réalisés lors des pré-enquêtes de la phase exploratoire. Toutefois, compte tenu du thème à traiter, elles ont été initiées dans sa grande ligne avec les autorités coutumières et les notables des villages.

· L'échantillonnage

Pour éviter les problèmes de représentativité, nous avons réalisé les enquêtes sur une fraction représentative de la communauté locale. Le taux d'échantillonnage était de 25% soit 34 ménages enquêtés sur les 134 existants au sein du fokontany. L'unité primaire de sondage est le hameau. Au niveau de chaque hameau a été appliqué le taux d'échantillonnage.

· Les critères de choix

Pour ne pas exclure chaque élément représentatif de la communauté, les enquêtes doivent tenir compte des critères de chaque chef de ménage :

- La fonction et le statut social ;

- La classe d'âge ;

- Le niveau d'éducation ;

- L'appartenance lignagère et religieuse

F Les entretiens par groupe

Une fois les enquêtes ménages terminés, nous avons organisé des séances d'entretiens par groupe. Les groupements ont été basés sur les critères de choix susdit. Les séances d'entretiens ont suivi les ordres établis dans le guide questionnaire. Le guide elle-même est composé par des thèmes ordonnés par ordres d'importances résultants des enquêtes par ménages. Toutefois, ils peuvent être modifiés durant chaque séance selon le déroulement de la discussion du groupe. Des thèmes supplémentaires ont été également ajoutés.

Ces séances d'entretiens ont pour objectifs :

- Dégager les points essentiels évoqués lors des enquêtes par ménages ;

- Renforcer et justifier les résultats d'analyse dans la réalisation de la recherche.

C. Dépouillement et rédaction

Cette dernière phase a été consacrée aux dépouillements des fiches d'enquêtes et des guides questionnaires ainsi qu'aux travaux d'analyses des résultats, d'interprétations et de rédaction. Une dernière descente a été faite avant la finalisation du travail pour valider nos données et renforcer les résultats des études sur le terrain.

3. Plan

Pour analyser et comprendre la logique paysanne dans ses relations avec le milieu forestier, il est important de décrire l'organisation de l'espace. On pourrait ensuite cerner l'histoire de l'implantation humaine et de l'organisation sociale. C'est seulement alors que l'on pourra saisir le cadre local actuel des rapports de l'homme avec le milieu forestier et son évolution récente. Ainsi, nous avons opté pur un plan à trois parties :

- Seront développés dans la première partie le milieu naturel qui possède une dynamique propre dans lequel se déploient les activités humaines. Parallèlement, la société marque le paysage. Elle inscrit des relations avec son milieu dans un contexte historique large qui nous permet de comprendre le comportement de la société sur le long terme ;

- La deuxième partie sera consacrée à l'étude des pratiques coutumières qui apporte de nombreuses informations sur le comportement social vis-à-vis de la nature ; des modes d'utilisation de la forêt indissociable aux besoins de la communauté ;

- L'analyse de l'évolution récente de la société sera évoquée dans la troisième partie. Grâce aux questions posées lors des enquêtes et entretiens, nous avons pu comprendre la mutation sociale et la pression qu'elle exerce sur l'équilibre socio-écologique.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery