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L'utilité d'une coopération technique au sud du Sahara: Le cas des relations Cameroun-Unesco

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par Gérard Martial AMOUGOU
Université de Yaoundé II SOA - DEA en Science politique 2006
  

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PARAGRAPHE I : LES RADIOS RURALES DE SA'A ET DE MBALMAYO

« Conçus pour encourager la participation d'un large échantillon représentatif de niveau socio-économique, d'organisation et de groupes minoritaires ou sous-cultures au sein d'une même communauté », le projet des médias ruraux et communautaires est le fruit de l'effort conjugué de l'UNESCO et des partenaires au développement, ainsi que des pouvoirs publics et de la société civile camerounaise. Facteurs de changement social à même de stimuler le développement endogène, les mass médias, comme cela est reconnu en milieu urbain, permettent le renforcement des capacités de communication et d'analyse des individus en zone rurale, en même temps qu'elles renforcent leur participation à la gouvernance démocratique. (BEPI POUT et BEND, 2005 : 238) Il convient de commencer par la toute première radio financée sous l'égide de l'UNESCO, avant de poursuivre par l'une des toutes dernières, qui est également l'un des produits de la radio mère de Mbalmayo.

A. LA RADIO DES FEMMES DE MBALMAYO

Produit de la coopération UNESCO-Cameroun avec la participation des partenaires financiers, l'apparition de la radio des femmes de Mbalmayo60 dans le paysage médiatique camerounais est également considérée comme une initiative de la société civile, du fait de l'implication de la Ligue pour l'Éducation de la Femme et de l'Enfant (LEFE). Il faut dire que cette radio qui émet depuis septembre 2000 a pour lourde tâche de constituer la matrice au sein de laquelle devra naître les médias de même type en Afrique centrale. Si la réussite du projet ne souffre d'aucune contestation aux yeux de la coordinatrice Sophie BEYALA, force reste tout de même que la réalité sur le terrain ne relève pas toujours de l'évidence.

1. UN PARI RÉUSSI AUX YEUX DES PROMOTEURS

60 Localité située à 50Km au sud de Yaoundé

Nous sommes le 05 août 2000, Olivia Marsaud, à la veille du fonctionnement effectif de la première radio communautaire financée sous l'égide de l'UNESCO, écrivait dans le journal Afrik-Com : « avec un accent mis sur la santé de la femme et de la jeune fille (...), une programmation à caractère social et largement tournée vers l'action citoyenne, (...) La radio sera dirigée par les femmes de la communauté. Elles ont demandé à intégrer 15% d'hommes dans leur effectif, et ont baptisé la radio «Femme-FM Mbalmayo» ». En effet, dès le mois de septembre 1999, 18 personnes responsables de la gestion de la radio ont été formées, avant d'être suivies en octobre et novembre par des animateurs se spécialisant aux techniques d'animation radiophonique en milieu rural. Pour finir en janvier 2000, dix techniciens parmi lesquels sept femmes et trois hommes, ont reçu la formation nécessaire pour entretenir la radio.

L'UNESCO n'étant pas un bailleur de fonds, il faut noter que ce projet a également vu le jour grâce à la contribution des partenaires financiers tels que le FNUAP, l'UNICEF et surtout le PNUD dont la politique pour accroître la contribution des femmes au développement consiste à aider les gouvernements, conformément aux priorités nationales et aux préoccupations mondiales. Une telle politique consiste à intégrer les femmes et leurs activités de développement et à promouvoir le rôle qu'elles peuvent jouer à cet égard.

L'UNESCO également va s'attacher la collaboration de l'ONG « la ligue pour l'éducation de la femme et de l'enfant ». Aussi prévoyait-elle de cogérer pendant deux années pendant lesquelles elle devait assurer la formation continue des membres, afin que ces derniers assurent la relève dans une totale et parfaite indépendance. « Les petites tracasseries émanant de certains fonctionnaires du Mincom, et qui ont quelque peu freiné le projet, n'ont en rien entamé la foi de Mme BEYALA », peut-on lire dans le journal `'Afrik-com».

Il faut dire que l'UNESCO dans le cadre du PIDC avait octroyé 40 000 dollars en mai 2000 à la création de cette radio dirigée par les femmes de la communauté, radio qui en principe devrait couvrir l'ensemble du département. Bien qu'émettant entre 15 et 18h à ses débuts, notre radio dont l'orientation va se pencher pour l'essentiel vers la femme et la santé de la reproduction, constitue un réel succès aux yeux de sa promotrice : « les femmes profitent de la radio pour dénoncer les choses qui leur paraissent injustes et qu'elles voudraient voir changer. Elles ont compris qu'elles avaient entre les mains un véritable outil de communication ». Et Sophie BEYALA de poursuivre : « c'est une telle réussite que nous avons de plus en plus de demandes d'installation de radio à travers le pays (...) c'est un sujet qui accroche ». Sept années se sont écoulées et les sentiments de notre promotrice

(fonctionnaire international en service au bureau régional de l'UNESCO) sont restés identiques. Bien plus, c'est avec beaucoup de satisfaction et d'optimisme qu'elle nous présentera le bilan parcouru jusqu'à ce jour, un bilan sanctionné par 16 radios dispatchées sur l'ensemble du territoire national (voir tableau en annexe). Mais peut-on véritablement affirmer que la réalité sur le terrain soit aussi accrochante ? Seule une descente sur place nous permettrait d'apporter quelques éléments de réponse à cette interrogation.

2. LA RADIO DE MBALMAYO VUE PAR LES RIVERAINS

2-1. UNE AVANCEE CERTAINE...

Notre décente sur le terrain nous a permis de recueillir les avis des différents acteurs sur le fonctionnement de la radio. La première impression retenue, et qui est d'ailleurs frappante, est que les responsables et animateurs de la radio, partagent les même sentiments que les populations, ce qui créé une atmosphère de solidarité assez solide pour être révélée. Ainsi, une impression générale que nous prenons le soin de regrouper en quelques articulations va se dégager:

- Une grande avancée pour les droits de l'homme, beaucoup de procès ayant eu lieu grâce à l'accès aux femmes à l'information. Une grande avancée également de la démocratie, avec les informations et la vulgarisation sur le calendrier et le processus électoral. Aujourd'hui, le mari ne détient plus le monopole de la prise des décisions relatives au vote, du moins pas comme dans le passé.

- Radio apolitique, l'éducation à la citoyenne requiert une place considérable avec la sensibilisation sur le vote, la possession des cartes d'identité, ainsi que la nécessité de déclarer les naissances des enfants.

- Beaucoup de programmes qui relevaient du « domaine réservé » du gouvernement sont développés ici, à l'instar du projet PPTE sur l'agriculture, où il existe des prix pour les jeunes planteurs, ainsi que sur « la plus belle plantation ».

- Non moins important constituent les décentes sur le terrain en vue de sensibiliser les populations sur la vaccination sur les épidémies telles que la poliomyélite et le sida. Et même si l'on décèle encore des cas de réticences, le changement des comportements étant un phénomène progressif, il faut noter ici que l'information se véhicule par tranche d'âge.

- Enfin dans le domaine de l'éducation, il existe une collaboration « fructueuse » avec le MINEBASE et le MINESEC, surtout dans le cadre de l'aspect genre. De même une émission est réservée aux élèves les mercredi, samedi et dimanche.

Dans l'ensemble, ainsi que nous rappelle cet animateur originaire du Nord-Cameroun, la radio rurale tire un bilan positif dans la mesure où elle reste l'unique radio de cette ville « cosmopolite ». Aussi, un effort est-il effectué en vue de refléter l'ensemble des couches ethniques, ce qui n'est pas rien dans un média où 70% des informations sont diffusées en langues locales. Les fulbé, bamiléké, bassa et autres s'y impliquent en vue d'une meilleure adhésion, ainsi que l'indique le cahier de charge sur la diffusion de l'information.

Ainsi serait-on tenté d'affirmer que la radio communautaire de Mbalmayo est une réelle réussite. A condition de faire abstraction de l'approche anthropologique qui fait du chercheur non un expert, mais celui qui apprend. L'expert dans ce contexte étant la population dont on tire les connaissances. Et de même que « les anthropologues ne peuvent que transmettre ce qu'ils ont appris de leurs maîtres, à savoir de ceux dont ils étudient la culture et les institutions. » (Baxter, cité par Massimo Tommasoli, 2001 :143), de même notre présence sur le terrain nous a permis de déceler quelques « points noirs » dont le développement, si l'on n'y prête guère attention, pourrait considérablement entacher et porter atteinte à l'éclat d'un projet aussi noble que celui de la vulgarisation sur l'étendu du territoire national, des radios communautaires.

2-2. ...EN DEPIT DE QUELQUES DIFFICULTÉS FONCTIONNELLES

En dépit de sa « vraie réussite », témoin de sa bonne santé apparente, la radio de Mbalmayo connaîtrait tout de même quelques difficultés relatives aussi bien à son fonctionnement qu'à son statut juridique.

Le gouvernement camerounais qui signe les conventions de coopération avec les Organisations Internationales, est tenu de créer un cadre juridique favorable au bon fonctionnement des projets et programmes réalisés à l'intérieur de ses frontières. Il en va également pour les radios communautaires dont le statut juridique est indispensable pour un fonctionnement légal, sinon légitime. Or, à en croire le chef de station Irène MBAZOA, l'Accord Cadre, convention de base de coopération relative aux radios communautaires est inexistant, aussi bien au MINCOM qu'au sein du bureau régional de l'UNESCO. Aussi pour cette dame, il est plus qu'indispensable que le « Gouvernement camerounais définisse d'abord le véritable statut des radios communautaires », qui à ses yeux ne sauraient être catégorisées dans le cadre des médias privés. Aussi va-t-elle ajouter : « Jusqu'aujourd'hui, nous n'avons

pas de licence, parce que c'est lourd financièrement, et nous fonctionnons avec des attestations ».

Au niveau du fonctionnement, le besoin d'antennes de relais semble être l'un des plus prégnants, chaque unité administrative nécessitant un minimum de deux. En outre, les responsables décrient l'attitude d'un ministère comme celui de la Promotion de la Femme et de la Famille qui ne collabore presque pas avec la radio.

Les conventions de collaboration et de partenariat, de production et de diffusion, constituent les principales sources de financement, à l'instar des thématiques à produire et à diffuser : « faire du social », c'est ainsi que les animateurs définissent le rôle de la radio qui va jusqu'à lire des communiqués gratuitement, lorsque la circonstance l'impose.

L'équilibre entre l'offre et la demande est un indicateur de la bonne santé économique, dans la perspective libérale. Transposé dans notre cas, un sondage auprès des populations indique un public insatisfait du temps de diffusion (12h-19h) qu'il aimerait bien voir prolongé. Malheureusement, les responsables avancent que les coûts financiers de l'électricité, maintenance du matériel, salaire du personnel (payée par la radio elle-même), ne permettent pas un ajout des heures supplémentaires. « Vu les salaires, nous explique l'animateur Ali Daoudou, on peut conclure que c'est une oeuvre sociale, du bénévolat !

Au départ, la surface d'émission était prévue à 75Km2, or nous en sommes encore à 25% environ, la plus grande surface du département n'étant toujours pas couvert.

Peut-être pourrait-on croire que ces propos sont emprunts d'une dose assez importante de subjectivité, mais comprenons nous bien :

Mbalmayo à été crée comme radio pilote par l'UNESCO. Encore appelée « radio mère », elle est censée être la matrice à partir de laquelle devraient naître les autres radios, aussi bien au Cameroun qu'en Afrique centrale. Et comme nous le savons, la naissance d'un enfant bien portant est fonction de l'état de santé des géniteurs. Or, il semblerait bien qu'il y ait eu des « mort-nés », faute d'un empressement sans véritables études de faisabilité. Bien plus parmi les seize présentées (voir annexe), toutes ne sont pas en parfaite santé, certaines étant même déjà dans un état critique. Ce sont les cas de Lolodorph et Ebolowa qui ont pratiquement fermé, de Esse qui fonctionne « épisodiquement », pour ne prendre que ces cas. Des craintes similaires sont également portées sur la radio de la ville de Sa'a.

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"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite