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Le trafic des enfants au bénin: analyse des conditions socio-juridiques et du cadre administratif

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par El-Oumar ABOUBAKAR
Université de Parakou - Maà®trise es sciences juridiques 2009
  

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A/ Rapatriement : Processus

Ce paragraphe entend mettre en exergue les différentes approches de la notion de rapatriement et exposer les procédures liées à sa mise en oeuvre.

Dans le cadre des enfants victimes de trafic, le rapatriement peut être défini comme un acte de faire revenir ces derniers dans leur pays d'origine ou de départ.

En effet, aux termes de l'article 1er, du chapitre I de l'Accord de Coopération entre le Bénin et le Nigéria sur la prévention et la suppression de la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants,  « le rapatriement désigne le processus qui consiste à faire revenir un ou plusieurs enfants victimes de la traite dans leur pays » 79

Selon l'Accord de Coopération en Matière de Lutte Contre la Traite des Enfants en Afrique de l'Ouest en son article 1 alinéa 7 du chapitre I, le rapatriement se définit comme étant « le processus humanisant et sécurisé consistant à faire revenir un ou plusieurs enfants victimes de traite dans leur pays d'origine, en tenant compte de son opinion et de son intérêt supérieur. Il comporte l'identification, la prise en charge, notamment l'hébergement, les soins, la nourriture, l'appui psychologique et le transport vers le pays d'origine». 80

En un mot, le rapatriement est le mouvement par lequel les enfants victimes de la traite ou de l'exploitation sont retirés à leur(s) exploitant(s) pour être ramenés dans leur pays d'origine.

Le rapatriement a pour objectif de permettre aux enfants de rejoindre leurs parents ou leur pays et de leur éviter une exploitation, n'importe laquelle, afin de leur bâtir un avenir meilleur. Ceci nous amène à nous intéresser au processus du rapatriement.

Le concept de rapatriement met en jeu plusieurs acteurs à savoir : l'Etat d'accueil, les ambassades des pays concernés (par le rapatriement), des « cellules de coordination et d'intervention ».

79Source : MAEIA-Bénin, projet en cours de signature officielle

80Article 1 alinéa 7 de l'Accord de Coopération en Matière de Lutte Contre la Traite des Enfants en Afrique de l'Ouest, signé à Abidjan, le 27 juillet 2005.

Le processus qui aboutit au rapatriement proprement dit des enfants victimes de trafic débute par une descente des autorités compétentes de l'Etat d'accueil dans les plantations, les carrières ou les ménages selon leurs sources d'information. Ces autorités recherchent par la suite les pays d'origine des enfants afin de leur constituer un dossier. Après quoi, elles avertissent les ambassades des pays concernés afin qu'elles organisent le processus de rapatriement. Entre temps, les enfants sont pris en charge et hébergés soit par un centre d'accueil soit par l'Ambassade de leur pays d'origine si elle en a les possibilités. L'Ambassade saisit le Ministère des Affaires Etrangères de son pays par correspondance aux fins de connaître l'attitude à adopter et également de savoir dans quelle mesure les autorités locales pourraient intervenir. Le Ministère des Affaires Etrangères saisit à son tour le Ministère en charge de l'enfant ou de la famille qui prend sur lui d'informer les autres structures étatiques et les ONG intervenant dans la lutte contre le trafic des enfants.

Toutes ces structures suscitées se rencontrent et négocient afin de voir dans quelle mesure elles peuvent travailler en synergie pour que l'opération s'effectue sans difficulté. Après les différentes concertations, une correspondance est envoyée à l'Ambassade de l'Etat d'accueil dans l'Etat d'origine des enfants pour l'informer des dispositions à prendre pour convoyer les enfants à la frontière. Le jour officiel de rapatriement, toutes les structures compétentes des deux pays concernés arrivent à la frontière où les enfants sont accueillis par les autorités locales de leur pays d'origine. Ils sont ensuite transférés dans une cellule de coordination et d'intervention qui a la charge de les répartir dans les divers centres d'accueil du pays où ils devront séjourner, le temps que les intervenants sociaux ou les animateurs des centres retrouvent leurs parents.

De tout ce qui précède, on déduit que le rapatriement est un long processus qui n'est guère exempt de difficultés.

En effet, le processus de rapatriement est parsemé de nombreuses difficultés depuis le pays de départ jusqu'au pays de destination des enfants, en passant par les ambassades.

La première difficulté que connaît ce processus est liée à l'absence ou à l'insuffisance de représentations diplomatiques de certains pays de départ d'où partent des enfants dans les pays de destination, surtout dans ceux qui connaissent un fort taux d'accueil d'enfants victimes de trafic. Ceci engendre un déficit, voire, un défaut de sensibilisation des nationaux de l'Etat de départ dans l'Etat d'accueil et des ressortissants des Etats tiers quant à l'aide qu'ils pourraient apporter aux autorités de l'Etat d'accueil dans la mise en oeuvre de rapatriement.

Une deuxième difficulté est d'ordre organisationnel. En effet, aucune organisation matérielle n'est faite pour contrôler les réseaux de trafic des enfants. Ceci est d'autant plus vrai que le nombre d'enfants victimes de trafic est de plus en plus élevé. Les trafiquants ont également développé de nouvelles stratégies pour venir à bout des normes établies par les Etats pour lutter contre le trafic. Cela a pour effet de déjouer les plans des autorités.

Il faut également souligner le manque de discrétion qui caractérise les descentes des autorités de l'Etat d'accueil lorsqu'elles entreprennent de récupérer les enfants étrangers exploités sur leur territoire. Les descentes tapageuses entraînent comme conséquence le nombre peu élevé d'enfants finalement rapatriés, les trafiquants ayant été avertis par leurs réseaux de renseignements ou par les sirènes des véhicules policiers.

Ce manque de discrétion soulève également le problème de l'intense médiatisation qui est faite autour du phénomène du trafic des enfants. Il est vrai que l'objectif premier de cette intense médiatisation est d'informer les populations. Mais elle a par ailleurs un effet traumatisant. C'est qu'elle heurte l'opinion publique et, partant, génère une crise de confiance entre les tuteurs qui ne maltraitent pas les enfants à eux confiés.

A ces difficultés, il faut ajouter également celles liées au manque de moyens de déplacement pour assurer le transport des enfants rapatriés.

En effet, les structures qui doivent aller à la rencontre des enfants à la frontière ne disposent pas toujours de moyens appropriés pour accomplir leur mission. Elles sont parfois obligées d'emprunter des véhicules ou au mieux de confier la mission à d'autres organisations qui s'occupent du rapatriement des enfants victimes de trafic, l'effectif des agents réellement compétents est limité. Ce qui fait qu'on assiste parfois à une lenteur notoire dans l'exécution des tâches administratives et même dans l'accueil des enfants à la frontière.

De même, l'inexistence de démembrements des cellules de coordination et d'intervention au niveau des frontières ne permet pas de contrôler les transactions qui s'y font, vu la perméabilité de certaines frontières. Cette perméabilité des frontières favorise également la corruption des agents de sécurité à la frontière. En effet, ces agents ne résistent pas longtemps aux pots-de-vin que leur glissent les trafiquants.

Au regard de tout ce qui précède, quelle a été l'expérience béninoise en matière de rapatriement ?

Au Bénin, il n'existe pas un processus standard de rapatriement. Cela dépend des accords entre le Gabon et le Nigéria. Le Bénin qui a eu à effectuer des rapatriements d'enfants à partir de ces pays. Cependant, il faut noter que le procédé est le même dans tous les cas à quelques différences près. Grâce à ce processus de rapatriement, la BPM a pu faire revenir en 2003, 190 enfants béninois victimes de trafic et d'exploitation dans des carrières au Nigéria. En 2004, ce sont près de 247 enfants en provenance du Gabon, du Nigéria, du Ghana, du Cameroun, du Burkina Faso et de la Côté- d'Ivoire qui ont foulé le sol de leur terre d'origine, le Bénin. Il faut également dire que 25 trafiquants ont été interceptés dans la même année et transférés devant les tribunaux après que la BPM a enclenché la procédure de répression. 81

Sur ces entrefaites, le Consul honoraire du Bénin à Yaoundé informa l'ambassadeur du Nigeria par correspondance N°027/CHB/YDE/OU du 17/9/04 de la situation. 82 Celui-ci informe à son tour le MAEIA qui prit sur lui le soin de mettre au courant le MFPSS. A la suite de cet échange de correspondances, le MFPSS saisit la BPM et les centres d'accueil pour une réunion de concertation où il fut décidé de la date et de l'heure de rapatriement.

81TERRE DES HOMMES : Les petites mains des carrières de pierre, Cotonou, 1998, p. 31.

82 Correspondances N°027/CHB/YDE/OU du 17/9/04 entre le Consul honoraire du Bénin à Yaoundé.

Ainsi, lorsque les autorités compétentes du Gabon ou du Nigéria effectuent des descentes dans les ménages ou les carrières, elles récupèrent tous les enfants qu'elles y trouvent. Après leur récupération, elles les conduisent au poste afin d'établir leur identité pour constitution de dossiers. Par la suite, elles avertissent les ambassades des pays d'origine des enfants récupérés.

Dans le cas du Bénin, lorsque l'Ambassade est ainsi saisie, elle envoie une correspondance aux autorités béninoises pour les informer de la situation.

Elle en informe particulièrement le Ministère des Affaires Etrangères et de l'Intégration Africaine (MAEIA) qui à son tour saisit le Ministère de la Famille, de la Protection Sociale et de la Solidarité (MEPSS). A ce niveau, il revient à la Direction de la Famille, de l'Enfance et de l'Adolescence (DFEA) de prendre les dispositions nécessaires afin que le rapatriement s'effectue sans difficultés. Pour ce faire, une correspondance est envoyée aux centres d'accueil et aux ONG qui s'occupent des enfants et également à la Brigade de Protection des Mineurs (BPM).

Souvent, les ministères de l'intérieur, de la justice et des Affaires étrangères sont associés dans la mise en oeuvre du processus.

Lorsque toutes ces structures sont informées de la situation, une réunion de concertation est tenue entre elles afin de définir une stratégie commune pour faciliter le rapatriement et pour que les enfants ne soient pas traumatisés. Ainsi, chaque structure connaît le rôle qu'elle doit jouer le jour du rapatriement.

Le jour du rapatriement, les différentes structures ci-dessus énumérées se rencontrent à la frontière pour accueillir les enfants mais surtout pour constater les faits et procéder aux premiers soins qu'il est souvent nécessaire d'apporter aux enfants. Après quoi, ils sont envoyés à la Brigade de Protection des Mineurs (BPM) où les agents s'occupent des formalités administratives afin de légaliser leurs actes et d'avoir dans les archives le nombre d'enfants accueillis et les différents centres qui s'en sont occupés. Ainsi, chaque structure (centre d'accueil et ONG) prend en charge un certain nombre d'enfants selon ses moyens et selon des critères d'admission propres.

Par exemple, l'ONG « Terre des hommes » s'occupe des enfants de 0 à 14 ans. 83 Les centres de l'Archevêché de Cotonou prennent en charge, en plus des petits enfants, les plus âgés c'est-à-dire les enfants de plus de 14 ans. Avec l'appui du Bureau Central d'Analyse Technique (BCAT) et de l'IPEC (International Program for Elimination of Child Labour), la BPM arrive à s'en sortir à mener à bien ces activités.

Le rapatriement a eu lieu le 10 novembre 2004 à l'Aéroport de Cadjèhoun. Il y avait les accompagnateurs de Fabricia, âgée de 11 ans, les agents de la BPM qui étaient sous la direction du Commissaire et les agents du Centre d'écoute et d'orientation (CEO) d'Abomey-Calavi. L'adresse des parents de Fabricia étant déjà mentionnée sur la correspondance de l'Ambassadeur, il n'a pas été difficile de les retrouver dans un village de Pobè.

Le rapatriement étant élucidé, il reste à s'intéresser au processus de réinsertion qui fait suite à celui du rapatriement.

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