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Comment réussir sa transmission/reprise de petite entreprise de façon pérenne ?

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par Jean-Louis Mourot
Université Catholique de Lille (Iéseg Lille) - Master  2009
  

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Chapitre 4: Une période d'accompagnement réciproque.

Comme nous l'avons vu précédemment, la loi d'Août 2005 en faveur des PME rassure l'environnement car il promeut l'accompagnement du cédant auprès du repreneur, et donc diminue les risques de transfert partiel des informations. La contrepartie est d'augmenter les risques au niveau de la qualité de la relation cédant/repreneur. Le nouveau dirigeant va en effet devoir être plus patient pour mettre en oeuvre ses projets de réforme, tandis que l'ancien dirigeant va voir son rôle dans l'entreprise s'amenuiser de jour en jour, et donc les interactions avec le personnel évoluer profondément.

Le repreneur doit apprendre à poser les bonnes questions concernant le métier même de l'entreprise, s'il ne possède pas les connaissances techniques nécessaires. Il doit préciser clairement aux salariés ou au cédant les points qu'il souhaite aborder, mais il doit porter attention à ne pas se dévaloriser, même si cette perpétuelle recherche d'informations n'est pas évidente pour lui. Ce serait en effet compliquer sa quête de légitimité et de respect.

Les salariés ne perçoivent pas l'apport d'infos au nouveau dirigeant comme une contrainte mais comme un service qu'ils apportent. Ils sont conscients de jouer aussi un rôle au niveau de son insertion et de sa compréhension de l'entreprise et de son environnement.

Les personnes clés sont aussi des conseils indispensables au nouveau dirigeant, qui n'est pas expert dans tous les domaines de l'entreprise. Ils l'assistent et l'oriente dans la prise de décision, même si le seul responsable demeure le repreneur. Le fait d'échanger des informations et des conseils permet d'approfondir la connaissance de l'autre et d'établir une relation de confiance.

Cette relation de confiance est à l'origine de salariés-relais, qui disposent souvent du statut cadre, dont le rôle, le champ de responsabilités et les missions vont être élargis. Le dirigeant se concentre ainsi sur la stratégie de l'entreprise et la politique d'investissement à moyen terme. En outre, il accorde plus de temps aux partenaires externes de l'entreprise, et peut remettre en cause les contrats de l'entreprise.

Cette démarche a des limites car les salariés-relais détiennent de cette façon de plus en plus de pouvoir, de part leur caractère indispensable à la bonne marche de l'entreprise. Le repreneur doit donc formaliser ses principales demandes et changements éventuels dans l'organisation, afin que chaque membre de l'entreprise connaissent précisément les missions de chacun.

Le cédant, quant à lui, est investit d'une mission de formation de son successeur : d'après Boussaguet (2006), le "mentoring" se révèle indispensable à la socialisation du repreneur. Le cédant dispose en effet des qualités nécessaires pour constituer un véritable mentor : il est expérimenté et à un statut important dans l'organisation. Il va lui faciliter la formation d'un réseau interne à l'entreprise et externe vis-à-vis des partenaires commerciaux. Mais humainement les informations ne seront jamais entièrement transmises. Au repreneur de se faire ses propres idées et opinions, et de s'auto-former.

On peut donc noter que les salariés, tout comme le cédant, participent à la définition du rôle du dirigeant de la part du repreneur.

La majorité des cédants tiennent toujours autant à l'entreprise pendant la phase d'accompagnement. Il est donc possible que leur action contredise leur pensée, basée sur la raison. Ils gardent en effet le contrôle et le pouvoir de décision sur certaines personnes ou domaines qu'il maîtrise parfaitement. Cette attitude ambivalente complique la période de transition et donc la relation cédant/repreneur. Dans ce cas, le départ est d'autant plus difficile pour le cédant, tandis que le repreneur prend du retard sur son adaptation au poste et sa légitimité vis-à-vis des collaborateurs et partenaires de l'entreprise.

Afin d'éviter cette dérive, le repreneur doit aborder régulièrement le point des projets postdépart du cédant, et l'accompagner dans son travail de deuil, en positivant, notamment sur la baisse de responsabilités et de pression à la suite de son départ.

Cette méthode limite, pour le repreneur, les risques liés à d'éventuels retards d'intégration et de déficits de légitimité. Cependant, le cédant voit son rôle et sa considération diminuer plus rapidement, ce qui peut provoquer des conflits d'autorité. Il doit être reconnu par tous en tant que "mentor" du nouveau dirigeant et se sentir valorisé.

Lorsque les salariés connaissent plus précisément le repreneur, leurs questionnements se tournent vers l'organisation du transfert des informations et connaissances techniques entre les deux principaux acteurs de l'opération. Ils sont en droit de penser que des informations vont être perdues ou déformées avant d'arriver au repreneur. Dans le même temps, le repreneur doit prendre en compte le risque que certains stakeholders déforment une partie des informations pour cacher une réalité des faits qui ne plaident pas en leur faveur (problèmes

liés à la qualité des produits d'un fournisseurs, avantages divers perçus par différents salariés, problèmes financiers de la part d'un client...). Le cédant lui présentera directement les fournisseurs et clients principaux, afin de les rassurer au niveau du prolongement ou de l'évolution de la stratégie, et de la volonté du repreneur de poursuivre leur collaboration.

Le nouveau dirigeant doit percevoir l'évolution de ses relations avec l'ensemble des stakeholders, ainsi que son niveau d'intégration et de leadership dans l'entreprise. Son intégration est davantage basée sur la personnalité de chacun, tandis que la détention du pouvoir provient principalement de son niveau de connaissance et de compréhension de l'entreprise.

Le repreneur doit être conscient qu'il devient un acteur du territoire. Il doit donc se faire connaître et s'insérer sur le territoire, et non pas seulement dans l'entreprise.

Après avoir analysé les résultats de changements mineurs d'ordre psychologique, le repreneur peut lancer des changements au niveau organisationnel. La différence de génération et de profil entre l'ancien et le nouveau dirigeant engendre un type de management différent, moins centralisé. Un management de type participatif va s'installer, insistant sur l'autonomie des groupes de travail et la prise d'initiative de chacun. L'écart dirigeant/collaborateurs est ainsi réduit, ce qui permet de multiplier les feedbacks de la part des employés sur les décisions et actions préventives ou correctives mises en place Déléguer davantage permet de responsabiliser chaque membre de l'entreprise. Ils voient donc leur champ d'action élargi, ce qui est bien perçu si leur niveau d'activité reste maîtrisé. Chaque cercle dispose d'une liberté accrue, ce qui rend le contexte de travail propice à l'innovation.

Ces changements, touchant directement à l'identité de l'entreprise, se concrétisent après un délai que le repreneur trouve souvent trop long. Il devra faire preuve de patience et d'écoute afin que chacun vive convenablement et assume leur nouvelle polyvalence.

L'accompagnement des salariés auprès du dirigeant connaît donc à terme ses limites, à partir du fait où ils acceptent les changements proposés par le chef d'entreprise, liés à leurs méthodes de travail ou leur organisation. Ils acceptent ainsi la politique sociale et organisationnelle qu'il met en place. Ce dernier va à son tour jouer un rôle d'accompagnement afin d'aider ses collaborateurs à franchir les différents obstacles liés aux changements dont il donne l'impulsion. Il s'impose de ce fait comme "référence", dirigeant qui influence l'organisation, et qui aide les salariés à évoluer et s'y adapter.

On peut constater que le contexte est mouvant durant la période de transition, entre les
changements mis en place à l'initiative des salariés et du dirigeant. Le nouveau cap fixé et
l'accroissement des responsabilités et de l'autonomie implique de mettre ne place un système

de suivi et de contrôle doit être mis en place, afin d'ajuster ses décisions en fonction des résultats. Celles-ci dépendent de nombreux facteurs sociaux, dont les informations vont être rassemblées afin de constituer des tableaux de bord. Il se donne de cette façon la possibilité de mesurer les résultats de sa politique sociale, qui est à l'origine du niveau de compétences des salariés, de leur motivation et de la qualité du climat social. Comme l'explique Taieb (2006), le tableau de bord est un outil de pilotage de la Gestion des Ressources Humaines. Rappelons que la GRH dans une petite entreprise est basée sur le relationnel, la communication réalisée à propos de ces outils doit donc être progressive et limitée.

Chaque tableau de bord réalisé permet de calculer un indicateur social, qui joue trois rôles :

· Informer les salariés, en priorité les salariés-relais. Le dirigeant entame donc un partage d'information, qui permet de compenser les multiples informations qu'il reçoit continuellement de la part des collaborateurs.

· Etablir un diagnostic. Le repreneur compare la valeur d'un indicateur, avec celle perçue ou calculée en amont de la reprise.

· Prévoir une action corrective afin d'éviter d'éventuelles erreurs ou dysfonctionnements.

On peut par exemple citer un tableau calculant la masse salariale de l'entreprise, menant à la réalisation d'une des actions suivantes : réduire, stabiliser ou augmenter ce coût. Cet indicateur suivra la politique de rémunération suivie : rémunération fixe, variable individuelle (primes sur objectifs et de résultats) et variable collective (primes, participation, intéressement). L'objectif est de fidéliser et motiver les salariés, en particulier à un travail d'initiative menant à un progrès pour l'entreprise.

Les tableaux fréquemment utilisés concernent l'étude de l'absentéisme, l'appréciation du personnel (ayant pour but d'adapter la rémunération de chacun aux compétences), les effectifs, la formation et le suivi budgétaire.

Le dirigeant a à sa disposition des informations de structure (âge, niveau d'études, statut des employés...), de compétence (formations, diplômes...) et de comportement (implication et motivation, absentéisme...). Une autre possibilité consiste à utiliser un référentiel externe, afin de les comparer avec les entreprises concurrentes présentes sur le marché, au niveau national, régional ou local. Fixer un seuil lui permettra d'être averti en cas de dépassement d'un indicateur.

Le repreneur doit analyser la sensibilité des indicateurs sociaux afin de savoir dans quelle proportion il peut intervenir. Elle dépend de trois critères:

· La flexibilité, qui correspond à la capacité d'un indicateur à répondre à une sollicitation (Taieb, 2009). Le but est de hiérarchiser les indicateurs à utiliser en cas de besoin.

· Le coût, afin d'évaluer la rentabilité de l'action corrective.


· La réactivité, afin de définir le délai avant d'obtenir les résultats escomptés.

Avant d'entamer une action, les dirigeants de petites entreprises utilisent parfois le benchmarking, qui consiste à se baser sur une entreprise-modèle, dont la performance est jugée meilleure. Cette méthode atteint rapidement ses limites car chaque petite entreprise et ses salariés disposent d'une histoire et d'un projet commun, indépendants à tout autre.

Les investissements menés afin de développer le bien-être et la motivation des collaborateurs doivent dans un premier temps limiter les pertes de productivité dues à un climat éventuellement instable et aux changements mis en place par le nouveau dirigeant. Il sera ensuite à même d'attendre des retours sur investissements de la politique sociale menée afin de consolider la santé financière de l'entreprise.

Au moment de son départ définitif, l'ancien dirigeant bénira cette annonce précoce et le processus suivi, car il aura mis toutes les chances de son côté pour assurer la pérennité de l'entreprise et partir en bons termes avec "ses" salariés. Il n'y aura en effet aucun sentiment de trahison, ni d'avoir été victimes d'un manque de considération de leur part, ce qui constitue une situation fréquente aujourd'hui. Les risques décrits dans la Partie 2 sont donc limités.

Le repreneur aura quant à lui les cartes en main pour diriger l'entreprise, aux côtés d'une équipe motivée lui accordant une entière légitimité.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus