Il s'agira donc de la seconde rencontre entre le repreneur et
l'ensemble des équipes (ou plus en cas de conflit social
antérieur). Dans le cadre d'un évènement primordial dans
la vie d'une entreprise, le changement de dirigeant aura du être
préparé précisément par les deux acteurs en
présence. Ils doivent éviter les longs discours car ils disposent
d'environ trois minutes pendant lesquelles ils gardent toute l'attention des
collaborateurs.
Le cédant résume l'aventure qu'il a
vécue en tant que dirigeant de l'entreprise, et présente, de
façon claire et objective, son successeur comme la personne qui prend
maintenant les décisions et les responsabilités. Il restera dans
l'entreprise en tant que conseiller et accompagnateur. Il s'avère que la
démarche de présenter la personne qui s'apprête à
prendre la tête de son entreprise est une démarche difficile,
particulièrement sur le plan psychologique. Un entrainement est donc
obligatoire pour fluidifier le passage de témoin.
Le repreneur remercie le dirigeant, se tourne, et, face aux
salariés, s'exprime pour la première fois en tant que dirigeant
de l'entreprise. Ses premières déclarations sont liées
à la situation de l'entreprise et à son projet de reprise. Il
doit se concentrer sur la mise en confiance de ses auditeurs et sur la mise en
avant de sa motivation afin de réussir, en compagnie de ses
collaborateurs, la reprise de l'entreprise, et ainsi assurer sa
pérennité.
Si l'entreprise est dans un cas bien spécifique
(potentiel de développement considérable, activité en
baisse...), le repreneur peut définir une stratégie claire et
rassurer les salariés. Un dirigeant rencontré a
présenté son discours de la façon suivante :
· Vision du marché.
· Vision de l'entreprise sur le marché.
· Stratégie afin d'attaquer le marché.
La conclusion concerna une demande d'entretiens individuels, qui
facilitent l'intégration du dirigeant dans l'entreprise, et
améliorent sa compréhension de l'entreprise.
La seconde option ouverte au nouveau dirigeant est de savoir
dire « je ne sais pas », et de proposer de rencontrer les
salariés individuellement pour débattre des propositions de
chacun, même si il dispose d'un business plan et de premières
idées. Cette méthode lui permet aussi de développer son
leadership, car il doit trier les constats et propositions des salariés,
et
prendre des décisions. Cette méthode est
très appréciée des collaborateurs, qui en profitent
parfois pour mener des opérations de lobby. Les règles doivent
souvent être rappelées par le dirigeant : l'entreprise repart sur
des bases saines et justes. Il ne dispose d'aucun a priori sur les
salariés, et se formera une opinion sur les faits futurs accomplis au
cours de la phase d'accompagnement. Les salariés comprennent qu'ils
doivent à nouveau faire les preuves de leurs compétences et
professionnalisme.
Un pot facilite les premiers contacts, concrétisant un
évènement particulier auquel ils participent. Ils ne sont donc
pas simplement objets et simples spectateurs de la phase d'arrivée.
Le nouveau dirigeant doit montrer lors de cet
évènement qu'il compte beaucoup sur eux, dans l'optique que tout
le monde sorte gagnant de la vision qu'il apporte. Dans le cadre d'une
démarche donnant/donnant, il leur apporte des garanties sur la
préservation des emplois et une reconnaissance de leurs
compétences, et donc de la compétitivité de l'entreprise,
ainsi que son potentiel de croissance.
S'il possède un dossier de reprise cohérent, il
doit être capable d'annoncer lors de son arrivée une vision claire
du futur, qui servira de base à la mise en place, dans un premier temps,
de mesures simples, d'ordre psychologique, afin de rassurer et
fédérer les collaborateurs.
L'étape suivante consiste à planifier et
réaliser des entretiens individuels, afin de faire connaissance avec
chaque employé et réaliser un point sur leur situation
personnelle, et la vision qu'ils ont de leurs poste et compétences. Il
répond alors aux questions personnelles de chacun et note les attentes
que son arrivée suscite. Il sera à même de mieux comprendre
les relations interpersonnelles au sein de l'entreprise, et de montrer que
chacun est considéré car il tient une place importante.
Le repreneur les motive afin d'apporter des propositions
d'amélioration, au niveau du métier ou de l'organisation. Ils
participent à la vie de l'entreprise et aux progrès
réalisés, et l'objectif réside dans le fait qu'ils se
sentent ainsi plus que jamais impliqués dans l'avenir de
l'entreprise.
Les salariés demandent pour la plupart d'être
informés régulièrement des avancées de
l'entreprise. Une des obligations du repreneur consiste donc à
communiquer, lors de réunions hebdomadaires, les résultats
concernant l'activité et la santé de l'entreprise, ainsi que le
degré d'avancement des projets et des changements planifiés.
Les remarques des salariés portent souvent sur des
mésententes et des injustices au sein des équipes. Le nouveau
dirigeant doit donc être à l'écoute de ces remarques, afin
de corriger d'éventuelles iniquités. Il fixe donc de nouvelles
règles et peut remettre en cause certaines politiques menées par
son prédécesseur (rémunérations aléatoires,
avantages en nature...),
dans un souci de justice. Il doit préserver au maximum
les rites et routines, pratiques souvent acceptables qui font partie
intégrante de l'identité de l'entreprise.
Il demande en parallèle, de manière formelle,
à l'ensemble des salariés de faire "table rase" des conflits
passés et d'oeuvrer ensemble dans un but commun de progrès. Il
sera alors temps d'intervenir si des excès sont constatés, en
utilisant une échelle de sanctions applicables.
Les changements peuvent aussi concerner la mise en place
d'outils afin d'améliorer le bienêtre des salariés. Le
repreneur marque ainsi une rupture avec son prédécesseur, en
concrétisant certaines de leurs demandes.
Plus la préparation des employés à
l'arrivée est soignée, plus l'intégration du repreneur
sera rapide et de qualité. L'ambigüité des rôles sera
ainsi limitée. Les salariés ont donc un rôle tout aussi
important que le cédant dans l'intégration du nouveau
dirigeant.
En outre, le cédant officialise rapidement
l'arrivée du nouveau dirigeant auprès de ses partenaires
commerciaux dont la relation est proche et de confiance. Il peut à cette
occasion proposer un rendez-vous afin d'établir un premier contact entre
son successeur et les meilleurs clients et fournisseurs. Ils feront
connaissance dans le but de fonder les bases d'une relation dans la
continuité de celle entretenue entre le cédant et ses
partenaires. L'objectif du nouveau dirigeant est de les rassurer sur ses
projets, et éventuellement de leur démontrer le potentiel futur
de leur partenariat.
Il est en effet primordial, pour assurer la
pérennité de l'entreprise, de continuer à
bénéficier de prestations aux conditions avantageuses de la part
des fournisseurs (qualité, coûts, délais) et des clients
(tarifs, délais de paiement). Bénéficier du soutien du
cédant auprès des partenaires commerciaux permet donc au
repreneur de préserver l'équilibre de l'entreprise, et donc de
rassurer les salariés.
Le repreneur se rendra compte des responsabilités qui
lui incombent, devenant maître de l'avenir de la relation
cédant/partenaire commercial. Le cédant aura en effet
confié au nouveau dirigeant son "bébé", mais aussi la
qualité de ses relations futures avec son entourage professionnel. Une
défaillance de l'entreprise, avec à l'origine des erreurs
répétées du repreneur, déconstruirait son
réseau professionnel.
Le cédant est donc à l'origine de la relation
repreneur/partenaires, facteur clé du potentiel de développement
de l'entreprise.
On peut de même citer le banquier, grâce à
qui l'entreprise bénéficie de conditions
particulières
en cas de découverts ou de retards de paiement. Préserver en
toute confiance la
collaboration avec une personne qui connaît parfaitement
la situation de l'entreprise est vivement conseillé.
Un rendez-vous sera idéalement organisé avec
tous les acteurs qui font partie de l'environnement de l'entreprise, et qui
jouent un rôle dans la situation économique actuelle de
l'entreprise. Le repreneur décidera d'une éventuelle remise en
cause du contrat, mais disposera en tout cas d'une entière
légitimité, grâce aux déclarations du
cédant.