WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Comment réussir sa transmission/reprise de petite entreprise de façon pérenne ?

( Télécharger le fichier original )
par Jean-Louis Mourot
Université Catholique de Lille (Iéseg Lille) - Master  2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Section 3 : La présentation du repreneur potentiel aux collaborateurs.

Suite à la phase d'analyse et à une première évaluation de l'entreprise, le cédant signe une lettre d'intention avec un repreneur qu'il estime compétent et digne de diriger l'entreprise à l'avenir. Il avertit les salariés par e-mail qu'il dispose d'un candidat sérieux à la reprise, et leur présente les différentes étapes de son arrivée prochaine dans l'entreprise.

La seconde réunion du processus est organisée le jour même, dans l'objectif d'établir un premier contact entre les salariés et le repreneur potentiel, avant toute signature définitive. Les deux hommes devront véhiculer une image positive de l'opération en cours et de leur relation de travail. Le dirigeant rappelle tout d'abord sa décision de céder et la justifie à nouveau. Il présente le planning de la visite de son invité et lui passe la parole.

Le discours du repreneur sera centré sur sa personnalité et ses compétences (valeurs défendues, expérience, éventuelles connaissances du marché et du métier...). Le contenu de son projet de reprise ne doit pas être explicité, afin de travailler exclusivement sur la relation humaine repreneur/collaborateurs. Certaines questions des salariés peuvent permettre d'aborder des sujets pertinents quant à l'adéquation homme - fonction. Le dirigeant leur aura fait remarquer en amont qu'il relèvera leurs impressions, ressentis, inquiétudes ou incertitudes lors d'un feed-back organisé dans les jours suivants, avant de les transmettre au repreneur potentiel. L'ensemble des collaborateurs sont ainsi au courant du déroulement de l'arrivée du repreneur potentiel.

Etant donné l'attente qu'il suscite, le candidat à la reprise peut percevoir une certaine
pression, se sentant sous les feux des projecteurs. Cette impression doit être minimisée, dans

la mesure où son arrivée sans annonce préalable aurait suscité plus d'émoi et de réactions négatives de la part des employés.

Suite à cette réunion, il va être amené à visiter les locaux, et se faire présenter les différents salariés par le dirigeant ou un chef de service. Ceux-ci lui expliqueront brièvement leur métier. Ce parcours dans l'entreprise doit être planifié.

Dans cette situation, le cédant peut rencontrer le risque qu'un ou plusieurs membres de l'entreprise, ou un actionnaire, cherche à dissuader le potentiel acquéreur lors de sa visite de l'entreprise. Le cédant doit donc aborder ce point avec son entourage, en particulier avec ses associés, et, dans certains cas, avec les personnes clés de l'entreprise, en amont de cette visite du repreneur. Il prend aussi le risque de voir son interlocuteur prendre une position de force dans la relation de négociation si ce dernier est globalement apprécié des salariés, qui souhaitent le voir intégrer l'entreprise.

La personne invitée approfondira enfin sa connaissance de l'entreprise grâce à des entretiens individuels avec les personnes clés de l'entité. Il obtient au terme de ce parcours une première idée de la répartition réelle du pouvoir au quotidien, en se focalisant sur les personnes qui interviennent régulièrement ou coupent la parole à leurs collègues.

Présenter dans un premier temps un dirigeant potentiel contribue à rassurer considérablement les collaborateurs dans la mesure où ils maîtrisent encore leur avenir en compagnie du dirigeant. L'accueil qu'ils lui réservent est de ce fait apaisé, et les tensions émotionnelles réduites. Ils attachent ainsi plus d'attention aux déclarations des intervenants.

Le cédant qui ne divulgue pas cette information à l'avance souhaite limiter l'inquiétude des salariés. Mais l'effet est à terme inverse. Lors de l'arrivée du nouveau dirigeant, ceux-ci ne veulent pas croire à la réalité des faits, et ne se sentent pas en sécurité, en présence d'un inconnu qui dispose maintenant d'un pouvoir sur eux et sur leur emploi. Dans ce cas, le déroulement de l'arrivée est rendu plus compliqué pour le cédant comme pour le repreneur.

En outre, ils jouent un rôle d'acteurs dans l'opération en échangeant leur point de vue avec le dirigeant sur la personnalité du successeur éventuel rencontré, même si ils ne disposent d'aucun pouvoir sur la décision finale.

Des retours positifs de leur part renforcent l'opinion du cédant d'avoir trouvé la personne adaptée à l'identité de son entreprise. Le repreneur potentiel va recevoir des feedbacks encourageants, ce qui conforte sa relation de confiance avec le cédant, et l'encourage à reprendre cette entreprise, dans laquelle son intégration a toutes les chances de se dérouler

idéalement. La prise de risque de chacun est donc fortement réduite, notamment concernant la prise de leadership du repreneur et la phase de départ du cédant.

Des retours nuancés vont permettre au cédant de rassurer ses collaborateurs en clarifiant certains points et en expliquant son point de vue lorsqu'il en a la possibilité. Pour les questions restant en suspens, il doit les transmettre à son interlocuteur lors d'un entretien, afin de débattre de ces sujets et d'estimer les efforts consentis par son interlocuteur pour répondre aux incertitudes des salariés. Il leur redescendra les informations, qui déboucheront soit sur un soulagement et une satisfaction des salariés, donc une transmission en bonne voie, soit sur une récurrence des problèmes et questions, et donc une méfiance confirmée des salariés.

En cas de problème social dans l'entreprise ou de tensions naissantes, le repreneur potentiel se rendra sur place afin de rassurer les équipes en abordant cette fois certains points de son projet de reprise.

La décision du dirigeant concernant la signature du protocole d'accord interviendra en connaissance de cause, prenant ou non en compte l'avis négatif de ses collaborateurs. Elle devra être rapidement portée à leur connaissance, afin de limiter la durée de cette période d'incertitude.

La confirmation de l'opération de cession au repreneur rencontré consolide indiscutablement leur relation, et apporte des garanties sur la qualité de l'accompagnement du nouveau dirigeant. En parallèle, cette décision peut malheureusement mener à une rupture de la relation de confiance cédant/collaborateurs, mais dans tous les cas moins brutale que dans le cas de l'arrivée du nouveau dirigeant sans annonce préalable. Nous avons vu que cette rupture est souvent bénéfique au nouveau dirigeant, au niveau de la reconnaissance de son statut, donc de sa légitimité. Cette situation concerne les repreneurs dont la personnalité représente clairement le changement, source de résistances et d'inquiétudes de la part des employés les plus expérimentés. La date de son arrivée devra dans ce cas être spécifiée suite à la signature de l'acte de vente.

Le fait que le cédant comprenne ses salariés et refuse de réaliser la transaction avec ce repreneur renforce la relation de confiance cédant/collaborateurs. Ils ont le sentiment d'avoir participé à la prise de décision et sont donc confiants quant à la décision finale du dirigeant de céder à une personne qu'ils apprécieront. Cette décision provient d'une prise en compte de différents points de vue et d'un débat d'idées, qui permet finalement d'éviter une phase de transition difficile, et une possible défaillance de cette entreprise reprise. Le cédant abordera de nouveau l'étape de l'étude des profils des candidats.

Dans le cas où les collaborateurs penchaient pour la venue de ce repreneur, une décision
positive du cédant renforcera les relations tripartites au sein de l'entreprise, tandis qu'une

décision négative provoquera une déception, même si les salariés seront conscients qu'un repreneur au profil adéquat peut être trouvé.

La lettre d'intention contient en règle générale une clause d'exclusivité pendant la durée des négociations. Il est effectivement déconseillé de réaliser ce processus avec plusieurs candidats, étant donné que cela oblige les salariés à faire un choix. Les désaccords se multiplieraient, les choix possibles passant de deux à trois : préférence pour le premier candidat, pour le deuxième, ou pour aucun. Les débats engendrés risqueraient de dépasser le dirigeant, qui doit rester au centre des préoccupations.

Ce processus proposé aura l'avantage d'éviter certaines conséquences d'une succession telles que les décrit Mouline (2000) : "la succession a des répercussions dans l'entreprise face à des salariés désormais orphelins et considérant la transmission comme une rupture du contrat psychologique qui les unissait à l'entreprise." Ce cas peut aussi être transposé aux partenaires de l'entreprise (clients et fournisseurs), qui y voit une rupture du partenariat qui les liait au cédant depuis parfois plusieurs décennies.

Le candidat peut en parallèle demander à rencontrer certains clients, fournisseurs ou banquiers. Il s'agit d'estimer plus précisément le leadership du cédant et son pouvoir de négociation. Le dirigeant ne peut en effet affirmer que tous ses contacts ont un intérêt stratégique fort. Rencontrer un client permet d'observer l'attitude du cédant dans une situation de la vie quotidienne, autre que touchant à une opération aussi sensible que la vente de l'entreprise qu'il a créée.

Nous devons préciser que dans le cas où l'annonce de la cession a des répercussions sur le climat social, sur la productivité des équipes, ou sur les résultats, le repreneur potentiel va être tenté de discuter le prix durant la phase de négociation. Le cédant prend donc des risques au niveau financier, qu'il peut compenser en se rémunérant pour la baisse des risques et incertitudes du repreneur.

Cette méthode basée sur la transparence et la confiance va donc provoquer un écart de prix grandissant entre les premières évaluations de chacune des parties. Le cédant mène le jeu : il fait un point sur la situation de l'entreprise, et la valorise au-dessus de l'évaluation de ses conseils. Mais la clarté que possède son interlocuteur sur l'entreprise lui permet difficilement de passer outre la mise en avant de plusieurs facteurs qui impactent négativement sur sa valeur. Le prix de cession n'atteindra pas celui espéré par le cédant, qui sait désormais que sa priorité est ailleurs. Le déroulement de la phase d'arrivée du repreneur est un moment qui va

être difficile à vivre, particulièrement dans le cas où il est fondateur. Il portera enfin toute son attention à la phase d'intégration et d'adaptation de son successeur à son poste, tout en planifiant son départ définitif.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld