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Des glaciers au vignoble : gestion de l'eau et stratégies d'irrigation dans les "terroirs" vitivinicoles de l'oasis de Valle de Uco (Mendoza, Argentine)

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par Joris Robillard
Université Paris 1 Panthéon Sorbonne - Master 1  2008
  

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B) Une « démocratie de l'eau » fragile

Le superintendant, à la tête du DGI, et l' « Inspecteur des canaux d'irrigation », à la tête de l' « association d'usagers », sont les deux acteurs de la gestion de l'eau qui tirent leur légitimité des urnes.

L'eau relevant du domaine public, le Superintendant est nommé par le Gouverneur de la

Province et confirmé par le Sénat provincial, comme c'est le cas pour tous les fonctionnaires des

organes décentralisés du gouvernement provincial (RETA, J., s.d.). Sa nomination peut alors rapidement devenir un casse-tête pour le gouverneur ne disposant pas d'une majorité au Sénat. De plus, le mandat du Superintendant dure cinq ans soit plus que celui du Gouverneur de la Province, d'une durée de quatre, ce qui fait de la Superintendance un « État dans l'État » (Los Andes, 19/07/2009) selon l'expression de Lucio Duarte, Superintendant de 2002 à 2007. L'eau dans la province de Mendoza est donc moins une affaire d'hydraulique que de politique...

L' « Inspecteur des canaux d'irrigation » est, quant à lui, élu par les usagers. Toutefois, le vote, qui a lieu tous les quatre ans est obligatoire sous peine d'amende39, se réalise sur la base de la superficie irriguée par des « droits à l'irrigation ». Ainsi, plus la superficie que l'usager irrigue avec des « droits à l'irrigation » est grande, plus sa voix pèse dans l'élection de l' « Inspecteur » : le rapport des voix pouvant aller de un à huit.

Tableau 3 : Pondération des votes en fonction de la superficie irriguée par des « droits à l'irrigation » (source : site internet DGI, 20/07/2009)

Superficie irriguée par des « droits à

l'irrigation »

Votes pondérés

de 1 000 m2 à 5 ha

1

de 5 à 10 ha

2

de 10 à 20 ha

4

de 20 à 30 ha

6

plus de 30 ha

8

Dès lors, ce système avantage clairement les usagers dont la superficie irriguée par des « droits à l'irrigation » est grande. Il avantage, en outre, les usagers irriguant leurs cultures avec les techniques d'irrigation sous-pression qui, détachées des contraintes de la gravité, permettent d'augmenter les superficies cultivées. Les modalités de cette « démocratie de l'eau » pourraient ainsi expliquer le relatif désintérêt des usagers pour la gestion de l'eau. Selon l' « association d'usagers » Canal Matriz Valle de Uco Margen Derecha, très peu d'usagers assistent aux deux assemblées annuelles (Entretien n°4). Les entretiens réalisés avec quelques-uns d'entre eux contredisent cette affirmation, les usagers affirmant s'y rendre aussi souvent que possible.

39 Le montant de l'amende est égal à trois fois le prix de l'irrigation d'un hectare de terre à la date de l'élection

L'assistance à ces assemblées est, en effet, perçue comme un devoir par les usagers : « Nous assistons aux assemblées non-seulement pour approuver ou solliciter des travaux, mais aussi pour exercer notre droit de regard sur la gestion de l'eau. Car, aussi bien le DGI que « l'association d'usagers » sont des organismes autonomes qui fonctionnent grâce à l'argent qu'ils nous prélèvent pour le service d'approvisionnement en eau » (Entretien n°2).

Cependant, lorsque ce devoir a lieu en même temps que leur « tour d'eau », les usagers n'ayant pas les moyens de contracter un tiers pour irriguer à leur place ne peuvent le remplir : « Si je suis en train de travailler, je ne peux pas y aller car je n'ai pas les moyens de déléguer mon travail à quelqu'un d'autre. En plus, je ne peux pas me permettre de perdre un " tour" d'eau car, ici, l'intervalle entre deux " tours" est de 12 jours. Donc, "au revoir" l'assemblée ! » (Entretien n°3). Pour ce qui est des motivations des usagers pour assister aux assemblées, elles sont essentiellement financières : « J'assiste à ces assemblées car on y apprend généralement beaucoup de choses sur la gestion de l'eau : comment est calculé le budget de l' "association d'usagers", combien coûte l'irrigation... » (Entretien n°6) ; « J'y vais pour savoir quels sont les travaux à venir et combien va être dépensé sur ce que je paye » (Entretien n°2) ; « Ces assemblées sont organisées pour calculer le budget de l' " association d'usagers". On décide des travaux à réaliser, on évalue leurs coûts et on décide du prix de l'irrigation » (Entretien n°3). Très peu d'usagers déclarent assister aux assemblées pour l'élection de l'Inspector de Cauces (Entretiens n°1 et 14) ou pour les coupures d'eau en hiver (cortas de agua, Entretien n°5). Les usagers se préoccupent donc davantage des questions financières que des autres, car c'est sur eux, à travers le prix de l'irrigation qu'ils payent aux différents acteurs de la gestion de l'eau, que repose le financement du système d'irrigation traditionnel : « le système est entièrement financé par l'usager » (Entretien n°9).

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand