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Le contrôle de la société anonyme par les actionnaires

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par Jacques Derthal ALBAS
Université de Lomé - DEA 2007
  

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B - La confiscation du pouvoir de l'assemblée d'actionnaires par le conseil d'administration

La confiscation du pouvoir de l'assemblée d'actionnaires par le conseil d'administration est le résultat de l'absentéisme parfois excessif des actionnaires aux assemblées. En effet, malgré un développement notable de l'information organisée en leur faveur, ces derniers ne participent pas de façon active à la vie sociale comme le voudrait l'affectio societatis. Ils ne se sentent pas réellement impliqués dans la marche des affaires sociales et n'ont pas une bonne mentalité d'associés. Cette confiscation des pouvoirs s'effectue fréquemment par le truchement des pouvoirs en blanc dont bénéficient les dirigeants sociaux.

Dans les grandes sociétés, l'actionnaire qui ne peut ou ne veut assister à l'assemblée ne connaît pas d'autre actionnaire à qui donner procuration. C'est pourquoi les sociétés demandent aux banques d'adresser à leurs clients, moyennant commissions, une formule de procuration, signée par l'actionnaire et renvoyée sans indication de nom de mandataire : c'est la pratique des pouvoirs en blanc ou mandats en blanc189.

187 André TUNC, « L'effacement des organes légaux de la société anonyme », D. 1952, p. 74.

188 Paris, 9 janvier 1942, D. 1952, p. 383.

189 Philippe MERLE, Droit commercial, Sociétés commerciales, 12eme éd., Précis Dalloz, Paris, 2008, n° 470, p. 563.

Cette pratique se traduit par la présence de quelques dizaines ou centaines d'actionnaires aux assemblées190. Elle peut entraîner des abus car elle renforce les pouvoirs des dirigeants qui vont utiliser les voix des dizaines ou milliers d'actionnaires qui se désintéressent de la vie sociale. Elle est un mode d'accaparement des voix pour le conseil d'administration et rend illusoire l'omnipotence de l'assemblée d'actionnaires. Autrement dit, le pouvoir de l'assemblée est normalement confisqué par le conseil grâce aux mandats qu'il reçoit et les dirigeants « sont en mesure de conduire la société aussi aisément que le ferait un entrepreneur individuel dans son entreprise »191.

Dès lors, c'est la direction qui fait la majorité aux assemblées d'actionnaires, et le contrôle capitaliste ne s'exerce plus véritablement192. Le pouvoir est exercé sans partage par les dirigeants qui s'appuient sur une fraction relativement élevée du capital pour diriger la société. N'est-ce pas une insulte à la « démocratie actionnariale »193. A cet effet, comme l'écrivait M. Louis LOSS en 1961 : « Sans règlementation, le mandat est une invitation ouverte à l'auto-perpétuation et à l'irresponsabilité de la direction »194 et M. D. E. MANGUELLE a justement relevé que « prenez n'importe lequel d'entre nous, donnez-lui une parcelle de pouvoir et il deviendra suffisant, arrogant, intolérant, jaloux de ses prérogatives qui ne souffrent d'aucune délégation »195.

En pratique, ces pouvoirs sont utilisés par le président qui les répartit entre les actionnaires présents qui lui sont fidèles ; ce qui assure la stabilité de son pouvoir, parfois même de manière abusive, en particulier en cas d'appel public à l'épargne196. Ainsi l'assemblée se trouve en marge de la gestion sociale. En conséquence, les assemblées seraient donc une illustration de la théorie des trois L : « litanie, liturgie, léthargie »197.

D'ailleurs, les pouvoirs en blanc remis aux dirigeants sociaux qui les utilisent à leur guise pour orienter les décisions de l'assemblée en leur faveur expliquent un chevauchement dans les compétences de ces deux organes. Grâce à ces pouvoirs, les dirigeants de la société deviennent « maîtres des assemblées »198, car ils obtiennent plus facilement le quorum. De plus, cela leur permet d'éviter les frais et retard d'une seconde convocation199. Cet état des lieux consacre le déclin de l'assemblée d'actionnaires et remet en cause la théorie contractuelle de la société. Au total, il ne reste que les bribes de la théorie démocratique200 de la société anonyme. D'autres raisons rendent davantage le contrôle interne collectif insuffisant.

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