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Crise systémique et paradigme de la décroissance : effondrement ou métamorphose

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par Billy FERNANDEZ
Université de Savoie - Master 2 Système Territoriaux, Développement Durable et Aide à  la Décision 2010
  

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5. L' Ç invisibilité du mal È moderne

Le monde moderne serait caractérisé par ce que Jean Pierre DUPUY appelle, à la suite d'Hannah ARENDT notamment, <<l'invisibilité du mal >>. Ainsi, <<le mal moderne a ceci de terrible qu'il peut résulter des meilleurs intentions du monde, ou d'une absence totale d'intention. Il est invisible aux yeux de celui qui le commet >>79. Ainsi en serait -il de l'entreprise du développement qui, au80 prétexte de croissance économique, de désenclavement ou <<d'arrivée du progrès >>, à tendance à engendrer des territoires <<hétéro-dirigés>> (LATOUCHE), à répandre l'imaginaire économique et le principe de concurrence, à détruire le tissu social local ou la beauté des paysages.

B. Le développement

1. Origines, définition et critiques

a. Le développement est fondé sur la croissance

Le développement est défini par ROSTOW comme << self-sustaining growth >>, ou croissance auto-soutenable81. Il est ainsi fondé sur << l'idée de croissance continue>> (MORIN, 1981) tandis que Ç le développement et la croissance sont directement liés en économie >>82, selon François PERROUX. Nous nous rangeons ainsi au jugement selon lequel << il ne peut y avoir de développement sans croissance>> (PERROUX) et considérons que celui-ci procède du passage des sociétés de Ç reproduction È à celles de ÇproductionÈ (DURAND, 2009).

b. Utilisations et critiques

Le développement, aujourd'hui surtout l'apanage des institutions internationales83, est apparu au point IV du Discours sur l'état de l'Union du président Harry TRUMAN, en 1949.

Ç L'entreprise du développement>> (LATOUCHE, 2004) a fait l'objet d'une critique radicale par le courant de Çl'après-développement >>84. Outre qu'il répandrait le mythe du progrès, l'idéologie

7 9 Petite métaphysique des tsunamis, 2004. Il note par ailleurs que le mot de <<Shoa >>, comme celui de <<Tsunami>> utilisé par les << Hibakushas È -irradiés d'Hiroshima, signifie <<catastrophe naturelle >>, comme si cela ne provenait d'aucune intention humaine. Voir également le << thoughtleness>> d'ARENDT à propos d'Eichmann dans Eichmann à Jérusalem.

80 Ce que Hannah ARENDT a montré à propos d'Auschwizt, Gunther ANDERS à propos d'Hiroshima-Nagasaki et Ivan ILLICH à propos de la société technico-industrielle.

81 Théorisé notamment dans Les étapes de la croissance économique.

82 Un débat existe pourtant sur la question, voir en particulier le texte de Bernard Billaudot, disponible en ligne et intitulé << Après-développement ou autre développement ? Un examen des termes du débat. È

83 Banque Mondiale et Fond Monétaire International en tête.

de la domination de la nature et de l'économisme néolibéral au Sud, il détruirait les cultures locales et l'autonomie des peuples au nom du mirage occidental.

Le développement avait pourtant constitué une <<espérance È pour le Sud, mais le développement réellement existant, alors qu'il maintient ou réaffirme la domination des élites, n'est autre qu'une <<entreprise visant à transformer les rapports des hommes entre eux et à la nature en marchandise >>85.

Ainsi, en plus d'être anthropocentriste (LATOUCHE, 2004), le développement est ainsi << occidentalo-centré >>86 (ibid). Il est fondé sur la domination de l'Occident <<développé >> face aux pays et civilisations << sous-développés >>87. Cette domination prend alors des allures de Çnouvelle mission civilisatrice È (ibid). On peut ainsi s'interroger sur les liens que le développement entretient avec l'idéologie et l'expérience coloniale, même lorsqu'on lui adjoint le qualificatif <<durable »88

c. Développement et imaginaire économique

Le développement est par ailleurs fondé sur l'approche pro-avenir (DURAND, 2009) du temps, propre à l'Occident, qui considère que << demain sera mieux qu'aujourd'hui >>. Or, dans l'imaginaire << développementiste>> (LATOUCHE, 2006) le Ç mieux È réside en l'augmentation du produit intérieur brut (PIB)89. Ainsi, selon l'INSEE, le <<moral des ménages >> n'est rien d'autre que l'estimation de leur situation économique et de leur capacité à consommer. Pourtant, on sait que l'addiction consumériste, les accidents de voitures, la destruction de la nature et les catastrophes sont facteurs de la croissance (ibid), tandis que << les remèdes >> qu'on y apporte sont aussi facteurs de croissance. Ainsi, selon Jacques Ellul, <<on considère toute activité rémunérée comme une valeur ajoutée, génératrice de bien être, alors que l'investissement dans l'industrie antipolluante n'augmente en rien le bien être, au mieux permet-il de le conserver. Sans doute arrive-t-il parfois que l'accroissement de la valeur à déduire soit supérieur à l'accroissement de la valeur ajoutée >>90. Aussi, la Ç déséconomicisation des esprits È semble être le pré-requis à tout mouvement vers un <<après- développement È.

d. Une insolvable contradiction

Par ailleurs, le mode de développement occidental souffre d'une contradiction rédhibitoire : il se veut universel mais n'est pas universalisable. En effet, alors que notre empreinte écologique globale est déjà insoutenable, une perspective de << rattrapage>> des pays du Sud est une illusion. Le seul moyen de diminuer les inégalités Nord/Sud - 20% des humains consommant

84 Parmi lesquels Gilbert RIST, Ivan ILLICH, Wolfgang SACHS ou Cornélius CASTORIADIS et bien sûr François PARTANT. Voir notamment La ligne d'horizon, l'ouvrage phare de ce dernier, précurseur du mouvement ancien << banquier du développement >>.

85 Serge LATOUCHE, Survivre au développement, p.28

86 Celui-ci considère d'ailleurs que << le développement durable est le nouvel avatar du colonialisme >>, in Survivre au développement

87 Selon l'expression pionnière de Truman.

88 Question notamment étudiée par Olivier Soubeyran et Vincent Berdoulay dans leur livre collectif Millieu, colonisation et développement durable, 2000, L'Harmatan, 272p.

90 Jacques Ellul, Le Bluff Technologique, Hachette Littérature, Paris, 1998. p.76. On retrouve ici la logique du détour.

86 % des ressources- serait ainsi d'organiser la décroissance au Nord, afin d'honorer notre éthique de justice sociale.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote