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Une difficulté majeure en psychologie de la santé : comment appréhender des refus de soins chez des malades atteints d'une maladie grave et d'un syndrome dépressif ?

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par Veronique DI MERCURIO
Université Paris 8 - Master 2 psychologie clinique 2008
  

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RESUME

Le champ de la psychologie de la sante dans le cadre d'une équipe de psychiatrie de liaison touche aux situations psychopathologiques extremes qui dépassent les compétences des équipes soignantes et psychologues des services médicaux. Ce travail s'intéresse tout particulierement à une situation oil l'enjeu vital pour le patient et l'angoisse du malade et de l'équipe soignante est particulierement importante : la co-morbidité entre une maladie somatique grave et une dépression severe.

La réflexion s'entendra aux conduites à risque ainsi qu'aux demandes d'euthanasie et de suicide assisté de ces malades. Ces conduites auto-agressives peuvent etre con9ues selon différents points de vue qui influencent l'approche de la prise en charge et la decision de soins. Les deux extremes de ces approches, d'une part, l'attitude moraliste et d'autre part l'attitude prTMnant la liberté individuelle, risquent toutes deux de faire dispara»tre un sujet derri»re une idéologie.

Afin de nous extraire de ce biais, ce travail s'appuie à la fois sur un état des recherches, un suivi psychothérapeutique et des réflexions issues de différents champs de la psychopathologie.

L'issue positive du suivi selon une approche à tendance moraliste laisse penser que le choix de la legislation francaise favorise un principe de precaution coherent avec le devoir d'assistance d'une personne en souffrance et en état de désespoir. Ce principe semble adapté à la fois aux representations sociales en France et aux situations des malades soignés dans les hTMpitaux généraux.

INTRODUCTION

C'est dans le cadre d'un stage en psychiatrie de liaison au Centre Hospitalier Intercommunal (ou CHI) de Montfermeil, que nous avons été confrontés à des troubles psychologiques varies dans le contexte de conduites à risque ou de maladies somatiques graves. L'équipe de psychiatrie de liaison (psychiatres, psychologu es et infirmiéres psychiatriques) est appelée à la demande des malades eux-mêmes ou de leurs médecins avec l'accord de leur patient. Cette consultation psychopathologique a pour but d'évaluer ou d'orienter vers un suivi adéquat des patients dans des situations de souffrance psychologique là oil les prises en charge psychologiques classiques que peuvent proposer les équipes soignantes et les éventuels psychologues de service ne suffisent pas. Les psychiatres de cette même équipe sont egalement sollicités lorsque la loi prévoit une consultation d'évaluation psychiatrique, par exemple aprés une tentative de suicide, dans le cas d'un danger vital ou d'une maltraitance.

Bien que les cas de patients vus et suivis dans le cadre du stage aient été trés varies (voir partie B), nous avons choisi d'orienter notre réflexion sur des cas de patients bien spécifiques. Il s'agira de patients touches à la fois par une maladie somatique grave comme le cancer, et une dépression s'aggravant sur un mode délirant de type mélancolie. Ces situations sont d'une extreme gravité car elles mettent la vie physique et psychologique du malade en danger, aboutissant à l'échec de toute tentative de prise en charge thérapeutique sur les plans psychologiques et somatiques, alors que les pronostics vitaux sont plutTMt optimistes à un court et moyen terme.

Nous avons ainsi suivi le déroulement des différentes phases d'aggravation et d'amélioration de l'état psychologique d'une malade atteinte d'un cancer et d'une depression à forme délirante et melancolique. Elle a bénéficié du soutien psychologique et de plusieurs reevaluations psychiatriques au cours de son hospitalisation et de son traitement chimiothérapique. Ce suivi sera présenté plus longuement dans la 2e partie de ce mémoire.

Les malades touchés par cette forme de dépression refusent soins et alimentations, mettant en échec toute tentative thérapeutique et parfois même vont jusqu'à demander l'euthanasie dans les pays oü celle-ci a été légalisée. Il s'agit donc de situations où la question se pose de savoir dans quelle mesure la liberté individuelle de décision peut ou doit être respectée alors que des signes délirants sont présents, preuve d'une perturbation de la conscience du sujet.

Ce cas nous a menés à approfondir différentes réflexions :

· d'ordre psychopathologique pour le diagnostic psychiatrique,

· d'ordre éthique pour la place du malade en tant que sujet,

· et d'ordre psychothérapeutique pour le rôle du psychologue au sein de l'équipe de soin.

Ce mémoire porte donc sur le theme des actes suicidaires dans un contexte de maladie physique grave à risque vital élevé.

Ce mémoire sera ainsi structuré de la mani»re suivante:

Dans un premier temps, nous présenterons l'état des recherches concernant les dépressions et conduites suicidaires des malades touchés par un cancer. La dépression s'accompagne parfois d'idées noires, d'attirance pour la mort et d'actions auto-agressives de refus de soins et d'alimentation, de l'ordre des actes suicidaires. Ceci nous am»nera rapidement à des questions sur les demandes d'euthanasie et de suicide assisté de la part de personnes atteintes d'une maladie grave. Doit-on considérer une demande d'euthanasie comme l'acte délibéré d'un sujet libre ou bien comme le symptôme d'une dépression dont souffre le sujet ? En réponse, doit-on répondre au sujet ou bien le soigner de sa dépression?

Dans un second temps, nous présenterons l'activité de l'équipe de psychiatrie de liaison et le rôle du psychologue au sein d'une telle équipe, puis nous détaillerons le suivi d'une patiente en état dépressif grave. Ce cas a été choisi d'une part pour l'importance de l'implication personnelle que nous avons pu avoir en tant que psychologue dans un suivi de plusieurs mois, et d'autre part, pour la gravité de la situation et la crainte de l'équipe quant à la tournure dramatique que prenait l'état de cette patiente.

Enfin, nous proposerons une réflexion clinique sur la dépression de malades touchés par une maladie somatique chronique et grave. Nous nous proposons de réfléchir à la difficulté de discerner entre différentes interprétations de situations très semblables de malades demandant un suicide assisté ou une euthanasie :

- soit comme des actes symptomatiques d'une dépression,

- soit comme l'expression d'une grande détresse psychologique,

- soit encore comme un acte délibéré d'un sujet en pleine possession de son
jugement mais justifiable au vue de la dégradation de la qualité de vie.

Dans les pays qui pratiquent l'euthanasie, c'est au niveau sociétal que la demande est éventuellement accordée, selon des crit»res objectifs d'évaluation, comme c'est le cas en Hollande. Pourtant nous nous interrogerons sur la difficulté de discernement que peut avoir une équipe soignante, alors qu'elle -même se trouve au milieu de processus psychique complexe de défense contre l'angoisse de mort, ainsi que de représentations idéologiques.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle