En dehors de la dépression et de la crise suicidaire,
il a été constaté différentes sortes de troubles
psychiatriques comme le delirium ou l'épisode maniaque en
cancérologie.
Gagnon (2002) s'est surtout intéressé au
delirium en cancérologie. Il a mis en évidence que le niveau de
stress est très élevé chez ces patients, avec beaucoup de
troubles de l'humeur et troubles anxieux (entre 10 et 45%), surtout avec une
maladie sév»re. La plupart des patients présentent une
réaction de tristesse « normale «, ou de deuil, avec des
troubles de l'adaptation, mais beaucoup développent un trouble
psychiatrique dont le delirium.
Pour rappel, le delirium est une perturbation de la
conscience, avec des altérations cognitives, des idées
délirantes ou des hallucinations. Il est causé par le
vieillissement, des métastases cérébrales, une
déshydratation, des variations hydroélectrolytiques, une
insuffisance rénale, certains médicaments ou une démence
préexistante.
Le delirium est fréquent en milieu hospitalier. On
compte une prévalence entre 15 et 85% selon les populations de malades.
Les patients en phase terminale sont les plus à risque de
développer un delirium par rapport à ceux qui ont un pronostic
favorable. Sur 628 patients atteints de cancer, l'étude de Gagnon a
montré que 54,5% des malades ont des troubles de l'adaptation, 13,1%
souffrent de delirium (%oge moyen de 62,7 ans supérieur de 8 ans aux
autre s patients) et 10,9% de dépression majeure. Des associations entre
le delirium et les antécédents d'alcoolisme, la prise
d'opio
·des, de corticostéro
·des, de l'hospitalisation
et de l'%oge avancé ont été mise en évidence.
Il n'y a pas d'association entre le delirium et un trouble de
la personnalité ou d'autres antécédents psychiatriques.
L'indication de traitement du delirium est l'administration
d'un antipsychotique. Les antidépresseurs sont aussi utilisés
comme anti-panique, anxiolytique, hypnotique et analgésique. Il est
important d'adresser un patient d»s le début d'un trouble de
l'adaptation, avec la dégradation psychique.
D'autres études s'intéressent aux
épisodes maniaques délirants en cancérologie Ils
sont
plutôt rares mais assez spectaculaires et mettent la vie du malade en
grand
danger. Citons l'étude de Onishi (2000) qui
présente le cas d'un patient âgé de 66 ans qui consulte
pour hyperactivité, insomnie et comportement agressif. Le diagnostic
somatique de cancer remonte à 2 mois et il est en cours de soins, rayons
et chimiothérapie. Il a sympathisé avec un autre patient dont
l'état s'est aggravé subitement et qui est
décédé une semaine plus tTMt. Le patient a
été très déprimé pendant 3 jours, puis a
développé un état d'agitation, sans repos, avec fuite des
idées et tension. Il a de fausses idées très optimistes
sur son état. Après un traitement d'haloperidol, son humeur se
régule et il reconna»t avoir eu un choc émotionnel.
L'épisode maniaque a été unique et
s'explique par un état de deuil avec un délire que la personne
décédée est toujours vivante (délire de deuil ou
«funeral mania «). C'est un deuil pathologique,
d'une part car le déc»s n'est pas accepté et d'autre part
car le déc»s éveille une forte angoisse de mort chez le
patient.
L'état maniaque s'explique comme une défense
maniaque qui prot»ge d'un effondrement dépressif et diminue les
émotions.
Chez les patients cancéreux, la défense maniaque
est courante et un chemin vers le déni, l'euphorie et la manie.